Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, timide mais intelligent, est enlevé par un tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où s’époumoner n’est pas d’une grande utilité. Quand un téléphone accroché au mur, pourtant hors d’usage, se met à sonner, Finney va découvrir qu’il est en contact avec les voix des précédentes victimes de son ravisseur. Ils sont aussi morts que bien résolus à ce que leur triste sort ne devienne pas celui de Finney.
Scott Derrickson, réalisateur de l'Exorcisme d'Emily Rose, Sinister et Hellraiser 5, mais aussi du premeir Dr Strange, a voulu revenir à ses premières amours, le film d'horreur. Se souvenant avoir lu au début des années 2000 la nouvelle de Joe Hill Black Phone, il a commencé à travailler à son adaptation. Pour incarner le méchant Ravisseur, il a pensé à Ethan Hawke, qu'il avait déjà dirigé dans Sinister. Malgré le fait qu'il passe 90% du temps le visage masqué, c'est la voix de l'acteur, à la fois caverneuse et fragile, qui donne une dimension particulière à son personnage. La gestuelle aidant, il compose un méchant assez convaincant, et imposant physiquement.
Face à lui le jeune Mason Thames, dont c'était le premier rôle au cinéma, est lui aussi pas trop mal en gamin futé ayant quelques pouvoirs particuliers. Des pouvoirs, sa petite soeur Gwen en possède aussi. Elle fait en effet des rêves en rapport avec les enfants disparus depuis quelques mois dans cette banlieue nord de Denver. Mais cette fois-ci, c'est la vie de son frère qui est en jeu. Faisant fi des brimades et avertissements de leur père alcoolique, elle décide d'agir et de retrouver la maison que ses rêves lui indiquent. Quasiment tout le film repose sur l'intensité et la présence des jeunes acteurs, lesquels interagissent avec d'autres adolescents. A ce titre, la séquence où le fantôme d'un enfant disparu explique à Finney comment frapper le ravisseur avec un objet contondant est assez bluffante, voire hypnotisante.
On ne peut pas dire que Joe Hill soit beaucoup mieux loti que son père Stephen King en termes de qualité d'adaptation, mais celle-ci est plutôt correcte, et par les temps qui courent, on s'en contentera.
1846. Un soir d’automne, le ciel est rouge au-dessus du village de Thiercelieux. Lapsa et Lune ont grandi ensemble mais cette nuit-là, l’appel de la lune rousse va les séparer. Lapsa découvre qu’on lui a menti sur la mort de ses parents et se jure de découvrir la vérité. Lune se lance à la poursuite d'un loup noir, jusqu’à un coffre...
Les Loups-Garous est un petit jeu sorti depuis 10 ou 15 ans, qui a connu un succès considérable. C'est en effet le jeu idéal pour une bande de copains... Qu'il inspire une série d'histoires originales n'était qu'une question de temps, et c'est Castelmore, division "poche" et "jeunesse" du géant de l'Imaginaire Bragelonne, qui a décroché la timbale. deux auteurs français reconnus de ce même Imaginaire, Silène Edgar et Paul Beorn, se sont donc associés pour raconter l'historie de ce groupe de gosses qui se retrouvent sous l'influence d'une sorte de malédiction dans leur village, aux prises avec des loups agissant seulement la nuit... Dès les premières pages ils font sauter les limites imposées par le jeu, en racontant une sorte de conte social dans les campagnes, dans une ambiance de paranoïa grandissante. C'est fin, c'est fun, c'est frais, je recommande.
Le hasard fait parfois bien les choses. C'est en préparant une table ronde pour le festival Voyageurs immobiles, qui s'est tenu à Cherbourg en août 2023, que j'ai lu ce roman de Silène Edgar, une autrice de fantasy qui faisait jusque-là "seulement" partie de mes contacts facebook, mais dont j'avais pu apprécier par ce biais la joie de vivre, la gentillesse apparente et l'enthousiasme lors de la sortie de chacun de ses livres. Et un jour j'ai lu La Maison de Feu. Voici le pitch, récupéré sur le site de l'éditeur, Bragelonne :
Sous le soleil de Monos s’étale un gigantesque marais parsemé de volcans et d’atolls. Sur Polis, l’île centrale, le couple sacré, aux pouvoirs ancestraux, maintient l’Équilibre durant les quarante-neuf ans de la ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre.
Une guerre qui semble lointaine à la naissance d’Aïone. Et pourtant, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble à l’origine d’une cascade de bouleversements. Le volcan se réveille. Au contact de sa peau, ses frères sont transformés et développent le pouvoir de saisir l’avenir, de discerner le mana, de commander au vent…
Débute alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Équilibre ou de Chaos ? Le couple sacré et les mages de guerre accepteront-ils son existence ? Aïone et ses frères, aux dons enviables, seront-iels enlevés à leur village ? Et surtout… qui aura le pouvoir de calmer le Maelström au cœur du volcan ?
Sous le soleil de Monos s’étale un gigantesque marais parsemé de volcans et d’atolls. Sur Polis, l’île centrale, le couple sacré, aux pouvoirs ancestraux, maintient l’Équilibre durant les quarante-neuf ans de la ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre.
Une guerre qui semble lointaine à la naissance d’Aïone. Et pourtant, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble à l’origine d’une cascade de bouleversements. Le volcan se réveille. Au contact de sa peau, ses frères sont transformés et développent le pouvoir de saisir l’avenir, de discerner le mana, de commander au vent…
Débute alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Équilibre ou de Chaos ? Le couple sacré et les mages de guerre accepteront-ils son existence ? Aïone et ses frères, aux dons enviables, seront-iels enlevés à leur village ? Et surtout… qui aura le pouvoir de calmer le Maelström au cœur du volcan ?
Vous l'aurez deviné (ou pas), ce roman de fantasy a un cadre géographique que l'on pourrait qualifier de "proto-polynésien". Je ne suis pas très familier des histoires et légendes venant du pacifique sud (euphémisme, mes connaissances en la matière doivent se résumer au film Vaiana), mais de ce que j'en sais, les noms, les éléments cités, le cadre (des îles regroupées en royaumes libres, un climat plutôt chaud avec de la mousson...) y font nettement référence. Mais cela n'a au final pas d'importance, car l'immersion dans ce cadre est totale, Silène Edgar proposant de nous initier à un ensemble de rites, de traditions, une Histoire même, qui ont une grande cohérence. Nous voici en effet dans un village qui a les pieds dans l'eau, et la tête tournée vers le volcan qui le surplombe, et qui menace de faire des siennes, au mépris du cycle habituel consigné dans les archives dudit village, appelé "faré". Dans ce cadre, tenu par les mages, des personnes ayant à la fois des dons de medium, de guérisseurs, mais aussi un statut de chef et de juge de paix, un évènement inattendu va en effet bouleverser un quotidien presque immuable, rythmé par la saison de pêche, les cultures fruitières et la mousson.
La plume de Silène Edgar est sans fioritures, à la fois sensitive et élégante. Elle dit être plus habituée aux formats courts, mais prouve avec ce premier volet d'une trilogie qui devrait tutoyer le millier de pages, qu'elle sait aussi, sans diluer, prendre le temps de raconter une histoire, pleine de péripéties. Une histoire pleine de magie, de personnages intrigants, de bruit et de fureur, dès ce premier tome, où certains protagonistes importants disparaissent déjà, sans qu'on s'y attende vraiment.
"Le nouveau chef d’œuvre de Hayao Miyazaki" "Chaque image est un tableau peint à la main." Voilà quelques-unes des accroches de certains medias au sujet du dernier -en date- film du maître japonais de l'animation. Autant vous dire que c'est totalement vide de sens. Une œuvre d'un même auteur ne peut avoir qu'un seul sommet, un seul chef d’œuvre, sinon cela ne veut plus rien dire. Quant aux tableaux peints à la main... Les tableaux étaient peints à la main, tous, avant que d'autres outils soient mis à la disposition des peintres, devenus pour certains des illustrateurs.
Voilà, ces agacements passés, transportons-nous donc dans ce film, qui a créé le buzz une fois de plus. Non seulement parce qu'il s'agit d'une œuvre de Miyazaki, mais aussi parce que le studio Ghibli a choisi de n'en faire aucune promotion, de n'en livrer aucune image -hormis une affiche, un brin énigmatique- jusqu'à sa sortie japonaise, en juillet dernier. Alors que la sortie française officielle est imminente, le jeu habituel de la distribution s'est tout de même mis en marche sous nos latitudes : avant-premières, images promotionnelles, bande-annonce alléchante...
Mahito, douze ans, a perdu sa mère lors d'un incendie dû aux bombardements pendant la guerre dans l'hôpital où elle était soignée quelques années auparavant. En compagnie de son père il déménage à la campagne, où ce dernier a fait construire une usine à proximité du manoir de sa belle-famille. En effet il a épousé la soeur cadette de son ex-femme, et cette dernière porte déjà son enfant. Quelque peu déprimé par cette istuation et hanté par sa course désespérée pour sauver sa mère dans une Tôkyô en flammes, Mahito traîne son spleen à l'école, où il devient rapidement le souffre-douleur de ses camarades. Il se mutile volontairement, pour ne plus y retourner. C'est alors qu'un héron cendré commence à le harceler, lui affirmant que sa mère n'est pas morte comme on le lui a fait croire, et qu'il sait où la trouver. Mahito le suit jusqu'à une tour désaffectée à proximité du manoir de sa belle-famille, une tour qui aux voies emmurées qui recèle un passage vers une autre dimension...
Après des films fabuleux comme Le Voyage de Chihiro, Nausicäa de la vallée du vent ou encore Mon Voisin Totoro, après Le Vent de lève, qui se présentait comme le film-testament du réalisateur tant il brassait ses thèmes favoris et de nombreux éléments autobiographiques, Miyazaki arrive encore à surprendre et un peu dérouter ses fans et ses exégètes. Mais dans un premier temps, à ravir leurs yeux. Car en effet, la finesse du trait et la fluidité de l'animation, toujours réalisée "à l'ancienne" sont par moments à couper le souffle. Il y a toujours cette poésie visuelle, ces images sublimes qui constituent la patte de Miyazaki-san dans Le Garçon et le Héron. Et toujours, toujours, cette musique symphonique et délicate de Joe Hisaishi pour l'accompagner. Et une histoire dense, avec un enfant déraciné (comme dans Chihiro, Souvenirs de Marnie, Mon voisin Totoro...) au centre de l'histoire. Une histoire inspirée par plusieurs romans comme Et vous, comment vivrez-vous ?, écrit par Genzaburô Yoshino, un best-seller réédité plus de 80 fois et paru en 1937. Miyazaki y a également inséré des éléments issus du roman de John Connolly, Le livre des choses perdues, sorti en 2006.
Mais surtout, un connaisseur de la vie du réalisateur y verra des éléments autobiographiques : comme lui, Mihato est le fils d'un chef d'entreprise qui prospéra grâce à 'industrie aéronautique pendant la guerre,e t sa mère était malade et soignée à l'hôpital. L'adolescent rencontre un vieil homme, qui aimerait trouver un successeur, capable de maintenir grâce à sa sensibilité et ses gestes délicats un monde sur le point de s'effondrer, symbolisé par des pièces de formes disparates. On peut y voir une allégorie de Miyazaki, tentant de maintenir à flot un studio Ghibli dans une situation très difficile.
Le thème principal du film est cependant la mort. Elle n'est ici pas définitive, d'une certaine façon, puisque dans la dimension onirique où voyagent Mihato et Héron (oui, le héron, qui n'en est pas vraiment un, s'appelle comme ça) la mort, le temps et la vie n'ont plus vraiment de sens, ou peuvent s'apprécier différemment. C'est une nouvelle synthèse de l'oeuvre miyazakienne qui s'offre à nous, mais de façon moins accessible, moins évidente que par le prisme de ses précédents films. Ce qui risque de placer ce garçon et le Héron un, voire deux crans en-dessous ces films précédemment cités. Il faudra probablement plusieurs visionnages pour saisir la portée et la profondeur de ce douzième long-métrage du réalisateur.
Après un premier volume intrigant, dans lequel, après une crue ayant presque submergé la petite ville de Perdido, on assiste à la reprise en main de la ville par ses habitants, ce deuxième volume de la série à succès de Michael Mc Dowell entre dans le dur.
Ainsi Oscar, héritier de l'une des scieries principales de la ville, a-t-il épousé Elinor, cette jeune femme mystérieuse apparue avec la crue, et lui a-t-il fait deux enfants, au grand dam de sa mère, Mary-Love. Ainsi les édiles de la ville ont-ils engagé Early Haskew, un ingénieur brillant, pour élaborer et mettre en œuvre le chantier d'une digue permettant de protéger la ville de futures crues de la rivière boueuse. Mais ce chantier va amener son lot de désagréments et de troubles, et l'ambiance particulière de la ville va peu à peu changer...
Blackwater est une petite ville avec ses enjeux de pouvoirs, ses mesquineries. Mc Dowell, par sa précision et la parfaite maîtrise de ses personnages (Elinor reste très mystérieuse) réussit à nous garder en haleine. Il tisse une toile comportant de nombreux fils, avec des personnages encore plus nombreux, mais dont lez positionnement est plutôt clair. Une seule scène étrange dans ce deuxième opus, mais c'est pour faire basculer l'histoire de cette fameuse digue dans une certaine direction. Et les ambitions d'Elinor, si elles ne sont pas encore complètement claires, commencent à se préciser un peu...
Miles Morales est un adolescent vivant à Brooklyn, admirant Spider-Man comme de nombreux habitants de New York. Brillant étudiant, il vient de rejoindre la prestigieuse Visions Academy, où il ne sent pas vraiment à l'aise, mais est soumis à la pression de son père, Jefferson Davis, un policier qui voit d'un mauvais œil les actions de Spider-Man. Miles peut compter sur le soutien de son oncle, Aaron Davis, qui l'emmène dans une station de métro abandonnée, afin que Miles puisse y peindre des graffitis, où l'adolescent est mordu par une araignéeradioactive. Le lendemain, ses pouvoirs d'araignée se manifestent. Il revient à la station et assiste à un combat entre Spider-Man et plusieurs de ses ennemis (le Bouffon Vert et le Rôdeur) tandis que le Caïd lance l'activation d'un portail interdimensionnel via un Synchrotron. Spider-Man surprend Miles et comprend grâce à son sens d'araignée qu'il partage ses pouvoirs, mais doit d'abord désactiver le portail. Le Bouffon Vert pousse Spider-Man dans le portail, provoquant une explosion qui laisse le héros gravement blessé. Il donne à Miles une clé USB pour désactiver le collisionneur, avant d'être retrouvé et tué par le Caïd devant Miles, qui doit fuir le rôdeur qui le poursuit. Miles se retrouve seul, avec ses nouveaux pouvoirs, et un possible héritage très lourd. Comment stopper le Caïd ? C'est alors qu'il est accosté par... Spider-Man. Pas celui qui est mort, mais celui qui vient d'une autre dimension.
Ce long-métrage d'animation ne s'inscrit PAS dans le Marvel Cinematic Universe. En effet il est produit par Sony, qui possède les droits du personnage, en association avec Marvel. ce qui explique qu'en début du film on a droit à un -rapide- rappel de ce qu'il s'est passé dans les films live Spider-Man et The Amazing Spider-Man. Mais ce film adapte le gros arc narratif du nom de son héros, Miles Morales, et le met aux prises avec le multivers, et différentes incarnations de Spider-Man. Comme dans le récent Spider-Man: No Way Home, on intègre différents éléments d'univers, on saupoudre d'ironie et on donne un but commun à ces incarnations. Pour sauver leur existence. Bien sûr, la technique de l'animation, dont les studios Sony sont l'un des fers de lance, permet des séquences absolument vertigineuses. Miles est le nouveau Spider-Man, mais il ne devient pas pour autant un adulte mature et sûr de lui. C'est encore un adolescent, dont les parents l'exaspèrent mais qu'il aime profondément, et c'est simplement et finement montré. Il voudrait qu'ils soient fiers de lui, sans forcément en faire des tonnes.
Le voilà le premier chaînon manquant du Marvel Cinematic Universe. Black Widow était en effet presque la dernière, dans l’équipe « initiale » des Avengers, à ne pas avoir encore eu son film dédié. C’est triste à dire, mais ce retard était sans doute dû à la condition féminine de l’héroïne, mais aussi au fait qu’elle n’a pas de super-pouvoirs, ou d’armure renforcée la transformant en tank volant, comme Iron-Man. Alors qu’en face, Wonder-Woman a eu son propre film (en 2017), et même un deuxième, trois ans plus tard. Sous la pression des fans, mais aussi de Scarlett Johansson, qui l’incarne à l’écran, la production du long-métrage a été lancée en 2019, sous la férule de Cate Shortland, proposée par l'actrice, qui est aussi productrice exécutive. Mais une fois terminé, le film a mis du temps à sortir. La faute à l'épidémie de COVID, entre autres. Et une fois sur les écrans, les critiques et la fréquentation (après un bon démarrage) ont été plutôt désastreux, à tel point qu’à l’heure actuelle, aucun nouveau film mettant scène Natasha Romanoff n’est prévu. Tentative d’explication.
Comme je l’ai indiqué, Natasha Romanoff, alias Black Widow, n’a pas de super-pouvoir. Tout juste peut-on imaginer, au vu des précédents films où elle apparaît (notamment Avengers : l'ère d'Ultron), qu’elle a été cobaye dans une expérience scientifico-militaire dans sa Russie natale au cours de sa jeunesse[1]. C’est cet aspect de son histoire (mais pas une histoire de ses origines) que l’on va découvrir, avec en ouverture du film le départ précipité d’une famille d’origine russe de son domicile de l’Idaho. Une précipitation due à l’arrivée d’une colonne paramilitaire commandée par le Général Ross (William Hurt), qui court aussi, la plupart du temps, après Hulk. La famille, non sans y laisser des plumes, atterrit à Cuba, où les deux jeunes filles de la famille, Natasha et Yelena, vont se retrouver dans une sorte de bunker pour un programme secret…
21 ans plus tard, alors qu’elle vient de récupérer des échantillons d’un gaz aux propriétés mystérieuses dans un laboratoire secret après les évènements ayant conduit à la mort du roi du Wakanda, Black Widow se fait intercepter de manière extrêmement violente par un personnage mutique revêtu d’une combinaison cuirassée, armé entre autres d’un bouclier robuste et véloce. Cette rencontre va l’amener à devoir renouer avec un passé qu’elle avait sinon oublié, du moins enfoui…
Au-delà du woman bashing dont a pu être victime le film, il faut avouer que les pontes de Marvel ont presque tout fait, ou presque, pour assurer son échec. L’histoire, si elle s’inscrit dans une continuité temporelle du MCU avec cette mention des évènements décrits dans Captain America: Civil War, aurait pu se passer à peu près à n’importe quel moment de la timeline du MCU. Il y a très peu de mentions des autres personnages de cet univers, hormis Captain America et Œil de Faucon, qui a été un temps le coéquipier de Natasha. Contrairement à d’autres films « spin-off » de la trame constituée des films Avengers, aucun autre super-héros déjà connu n’apparaît. Cela se justifie, dans la mesure où la plupart des Avengers sont soit rentrés dans le rang, soit disparus.
Mais tout de même, cela réduit les possibilités narratives (et le budget, de fait), puisqu’on n’a que cinq personnages principaux, et deux secondaires. La plupart des effets spéciaux sont réunis dans la représentation d’une cité volante, refuge du grand méchant, dont la plupart des scènes visibles sont celles d’une destruction en cours ou terminée. Et parmi ces personnages, on retiendra la performance de deux personnages : Yelena, jouée par Florence Pugh et Alexei Shostakov, alias le Red Guardian, père adoptif des deux fillettes devenues super-espionnes, qui oscille entre l’esbroufe et le dramatiquement pathétique. Mais David Harbour a au moins un peu de présence. Quant aux autres personnages, y compris celui incarné par Scarlett Johansson elle-même, ils sont totalement anecdotiques dans leur expression. Pourtant elle avait déclaré, au moment de la sortie, fin 2021 : "Au sein de l’Univers Cinématographique Marvel, Natasha représente une personnalité aussi impénétrable que redoutable. C’est une femme téméraire et incontrôlable, dotée d’un intellect hors pair. Quels sont ses secrets ? A-t-elle des faiblesses ? Je suis impatiente de partager ses fragilités et ses forces avec le public. Elle évolue dans un monde masculin et y apporte une autre façon d’être. Notre volonté était de révéler la vraie Black Widow. Comment flinguer un film de A à Z, voilà la grande leçon de ce 24ème long-métrage de la franchise, et peut-être le pire…
Spooky
[1] Nous partons ici du principe que vous ne connaissez pas les comics mettant en scène Black Widow, en considérant comme seule source d’info les films du MCU.
Ces derniers temps j'ai un peu lâché les films Marvel. Hormis les sagas Spider-Man et Black Panther, je ne m'y retrouvais pas vraiment. Trop de personnages (dont certains m'étaient inconnus), des intrigues qui tournent un peu en rond, et puis aussi la Phase 3 qui s'est terminée (ou presque) avec Avengers: Endgame me semblait ne pas vraiment avoir besoin de suite. Mais il restait une franchise que j'avais découvert avec le premier, c'était Les Gardiens de la Galaxie. Cette équipe de bric et de broc, combinant différentes races, avait su m'accrocher, m'émouvoir, et aussi, avouons-le, me faire rire, avec son côté déjanté. Le deuxième opus en revanche, m'a laissé relativement froid, malgré la présence de Kurt Russell, de David Hasselhoff et de Sylvester Stallone au casting pour des rôles d'importances diverses. On y explorait les origines de de Peter Quill, alias Star-Lord, dans une révélation qui... et bien ma foi ne m'a pas vraiment intéressé. Quant à celles des frangines Gamora et Nebula, on en a eu un peu dans plusieurs films, et ça suffisait. Et puis les joutes verbales un brin absurdes entre Mantis et Drax, c'est rigolo un film, un film et demi, mais en faire plus aurait été de trop, d'autant plus que Dave Bautista, en avait un peu soupé du rôle du destructeur un peu bas de plafond... James Gunn avait été viré du MCU pour des vieux tweets pas très malins, et s'était bien occupé en bossant un peu pour la maison d'en face, à savoir DC/Warner, notamment en réalisant The Suicide Squad. Cela ne s'annonçait pas super bien pour ce troisième épisode, mais heureusement Disney a fini par convaincre tout le monde de s'embarquer une dernière fois, en promettant un ultime volet qui resterait dans les mémoires.
J'étais pourtant curieux de voir la conclusion de la saga, dont le raton-laveur modifié Rocket allait être le moteur. Car au-delà de la bestiole enragée qui adore défourrailler se trouve une créature au destin d'une tristesse immense. Et les producteurs et les scénaristes l'ont bien compris, puisqu'au cours d'une intrusion de leur repaire par un certain Adam Warlock, celui-ci se trouve dans le coma, et que ses amis vont tout faire pour essayer de le sauver. Pour cela ils doivent récupérer une sorte de carte-mémoire chez la société qui a modifié Rocket, et on se doute bien que Gamora, qui a pourtant quitté les Gardiens après sa mort-résurrection due à Thanos, va jouer un rôle non négligeable dans le processus. On perd un peu de vue les enjeux en cours de route, car le scénariste-réalisateur James Gunn va utiliser une part non négligeable du temps imparti pour nous raconter la genèse de Rocket, de bébé raton-laveur servant de rat de laboratoire, à celui de combattant super-vénère alors qu'il était justement d'un caractère doux...
Pari gagnant parce qu'avec cet arc narratif, le réalisateur a été honoré par l'association PETA, au sujet de la cruauté des expérimentations sur les animaux. Le plaidoyer est vibrant, et tout cet arc est déchirant. Complètement. Mais chacun des personnages principaux a son enjeu, qui est résolu -un brin rapidement pour chacun- à la fin, ce qui donne une "vraie" fin à la série. Autre élément important dans l'action : la relation douce-amère entre Peter Quill et une version alternative de la Gamora qu'il aimait. Le capitaine des Gardiens arbore ainsi régulièrement une mine triste, ayant perdu presque toute sa joie de vivre. Pour l'occasion Gunn a mis en face des Gardiens un méchant typique de Marvel : mégalomane, sans réelle nuance ni épaisseur. Il faut dire qu'avec une petite dizaine de personnages dont il faut régler la situation, il n'avait pas trop de place, ce pauvre Maître de l'Evolution. Idem pour Adam Warlock, annoncé depuis le second film, il n'a droit qu'à quelques mini-séquences et à une dimension comique quand il s'exprime, ce qui est une réduction presque criminelle au personnage des comics.
Au début du film, alors que l'équipe de Star-Lord a désormais -littéralement- pignon sur rue, celle-ci se déchire, chacun songeant à son cas, et le ton est profondément mélancolique (au passage, la bande-son est encore incroyable, avec une version de Creep de Radiohead tout à fait indiquée). Comme le dit lui-même Gunn au cours d'une interview, tout l'équipage du Milan (puis du Bowie -bel hommage) est constitué de marginaux, de personnages qui ne se sentent pas à leur place. Mais qui se retrouvent unis grâce à leurs failles, leurs doutes, leurs histoires dramatiques.
Bien sûr, les effets spéciaux tiennent une place énorme dans le film : entre une planète organique, des animaux à qui on a greffé des éléments métalliques (et pas dans le style Toy Story, c'est nettement plus crade, ce qui rajoute encore au mélange dégoût/chagrin qu'on a pendant toutes les séquences où le Rocket modifié est emprisonné), mais aussi un méchant à la peau tirée façon RoboCop (référence assumée par une réplique de Quill), on a même droit à un film un brin nauséeux, ce qui n'était pas encore arrivé dans cet univers cinématique.
Le meilleur Marvel (parmi les 32 sortis à ce jour) ? Probablement pas, le premier et les deux derniers Avengers sont quand même de haut niveau. Mais le plus émouvant, le plus remuant avec Black Panther 2, jouant sur d'autres sujets. A noter la présence sympathique d'un acteur qui se fait rare, Nathan Fillion (the Rookie, Serenity, la série Castle...).
A l'origine du film, il y a une, ou plutôt deux attractions des parcs à thème Disney : Small World et Carrousel of Progress. Toutes deux apparaissent dans le film (heureusement la musique de la première est très discrète). Le réalisateur Brad Bird, qui jusque-là s'était surtout distingué par des films d'animation (Le Géant de fer, Ratatouille, les Indestructibles) avait fait ses débuts comme réalisateur de films live avec Protocole fantôme, le Xème segment de la franchise Mission Impossible. Il cosigne le scénario, avec Damon Lindelof, co-créateur de la série Lost (et scénariste de Cowboys and aliens, Prometheus et Star trek: into darkness). Au casting, comme l'indique l'affiche, George Clooney tient une partie du film sur ses épaules. Il est soutenu par deux jeunes actrices, Britt Robertson, qui se contentait jusque-là de seconds rôles, et Raffey Cassidy. Elles s'en sortent plutôt pas mal, avec un Clooney qui cabotine peu, dans une histoire qui débute bien, très bien même, en abordant de manière habile le sujet de la destruction prochaine de l'environnement. En passant, la fin est ambiguë, semblant d'une part remettre en question cet état de fait, et faisant part d'un optimisme presque angélique, production Disney oblige.
Au final, difficile d'avoir un avis vraiment tranché. Autant Lindelof est un scénariste intéressant (parfois), autant Bird un réalisateur inventif (et c'est le cas ici encore), autant le patronage Disney invite à la méfiance. Il reste tout de même des séquences cool, comme la fusillade dans un magasin rétro-geek au début ou la découverte de ce fameux Monde de demain lors d'une visite en jet-pack. Et la surprise de voir la Tour Eiffel changer totalement d'objectif, en lien avec une rumeur attachée à son créateur : il se serait réuni avec Jules Verne, Thomas Edison et Nikola Tesla, afin de discuter du futur. Ce qui a donné aux co-scénaristes l'idée au centre de l'histoire : la construction d'une cité idéale.
Et voici donc le nouveau Stephen King, réglé comme du papier à musique, sorti au mois d'avril dans sa traduction française.
Charlie Reade, un adolescent de 17 ans sans histoires, entend un jour les hurlements déchirants d'un chien derrière une maison réputée pour être habitée par un vieux grigou. N'écoutant que son courage, il passe par-dessus le portail rouillé et découvre le vieil homme en question, Howard Bowditch, qui s'est cassé la jambe en tombant d'une échelle devant sa maison. Le jeune homme appelle les secours, et propose à M. Howditch de s'occuper de sa maison et de son chien pendant sa convalescence. N'ayant aucune famille proche, le misanthrope accepte à contrecoeur. Mais un nouveau revers de fortune va bouleverser la vie de Charlie à jamais.
Ça commence bien, très bien, même si plusieurs éléments font écho à d'autres histoires de King : l'ado qui aide une personne âgée ronchonne (Un Elève doué, Le Téléphone de M. Harrigan) ; une pièce ou une dépendance visiblement habitée (plein de ses histoires)... Ça commence bien, avec la chienne Radar, qui va vite devenir le fil rouge de l'histoire, et aussi la raison pour laquelle Charlie va entrer dans ce cabanon, qui recèle un passage vers un autre monde. Un monde qui semble gagné par une forme malveillante d'entropie appelée la gris, laquelle s'attaque aux humains qui y vivent et les gangrène petit à petit...
Vous l'aurez compris, le monde dans lequel bascule Charlie est un monde de fantasy, un genre déjà exploré par l'auteur par le passé avec des fortunes diverses. D'abord pour La Tour Sombre, une série romanesque de huit tomes qui ne m'a pas vraiment convaincu. Ensuite pour Le Talisman des Territoires, un diptyque coécrit avec son ami Peter Straub et que j'ai trouvé bancal. Mon avis sur le volume 1 ici, et sur le 2 là. Et puis il y a Les Yeux du Dragon, le conte écrit pour sa fille Naomi lorsqu'elle avait 13 ans. Peut-être son meilleur de la bande, parce qu'allégé pour coller à son public, malgré un caractère kingien assez présent. Dans Conte de fées, il y a quelques 'allusions au reste de son oeuvre, hormis Cujo au début. On pourrait voir des connexions avec La Tour Sombre (avec ce puits obscur, les pistolets de cow-boy de M. Bowditch, ou encore quelques occurrences du nombre 19, étroitement lié au cycle précité. Mais ce qui fait, à mon sens, la réussite des contes de fées classiques, c'est leur brièveté, leur concision grâce à des figures, des scènes fortes. Chez King, les allusions aux contes tels que Jack et le Haricot magique, les Trois petits cochons et le Magicien d'Oz sont fréquentes, très fréquentes, mais mal amenées. Certes, Charlie est quasiment seul dans sa quête, malgré quelques rencontres fortuites ou pas, et il y pense, mais il pense assez peu à autre chose, et cela alourdit le récit (qui compte 730 pages dans cette édition grand format).
En fait je suis globalement déçu, voire très déçu par ce roman. Billy Summers, qui ne comportait pas de fantastique, m'a enthousiasmé. Si ça saigne comportait trois très bons segments sur quatre, et même si tout n'était pas exceptionnel, la moyenne de qualité de ses derniers écrits (la Trilogie Hodges, les Gwendy Peterson...) était relativement élevée. Je n'ai retrouvé ce King, capable de nous faire émouvoir presque aux larmes, de mettre en place des personnages empathiques, forts, que dans le premier quart, quand l'essentiel de l'histoire prenait pied dans notre quotidien, notre monde. Il n'y avait pas (encore ?) cette ironie, ce cynisme, ces charges habituelles contre la religion, la société de consommation, le populisme, mais je pensais les retrouver plus tard dans le récit. Or, dès que Charlie pénètre dans cet autre monde (qui s'appelle finalement Empis), on perd tout second degré, toute subtilité, pour se retrouver dans une quête qui devient épique, avec des enjeux qui changent et nous perdent en cours de route. Et ça devient long, chiant. Même l'évocation ténue du mythe de Cthulhu ne ressemble à rien. Robert E. Howard et Edgar Rice Burroughs sont aussi invoqués dans la dédicace). La fin, qui se déroule à nouveau dans notre monde, est d'une platitude sans nom. Bref, c'est foiré à 75%, de mon point de vue. Je n'avais pas détesté un King à ce point depuis le trou d'air narratif du début des années 2000, avec des histoires comme Cellulaire, Histoire de Lisey, Duma Key.
Pour tout vous dire, j'ai eu l'impression que toute cette partie de l'histoire avait été écrite par quelqu'un d'autre. Mais contrairement à Sleeping Beauties, où j'ai attribué à demi-mots le foirage à son fils Owen, là il n'y a qu'un seul nom sur la couverture. Espérons que son prochain récit, Holly, centré sur son personnage fétiche de cette bonne dernière décennie (et prévu pour avril 2024 en France), lui permettra de remonter le puits de médiocrité où il s'est vautré avec ce roman quasiment sans intérêt. On gardera tout de même la synergie entre Charlie et sa vieille chienne Radar, qui transpire de l'amour de King pour les canidés. La relation si particulière entre l'ado et son père, qui a sombré dans l'alcoolisme après la mort dramatique de son épouse, avant de remonter la pente avec l'aide de Charlie, dont les sentiments contrastés et complexes sont bien rendus. Ainsi que le transfert entre King lui-même (ou plutôt ses peurs) et M. Bowditch : le handicap, la vieillesse, la solitude, l'addiction aux médicaments et à l'alcool (on revient au père de Charlie)... Des éléments qui auraient probablement fait une bonne novella...
Sur le plan de la maquette, le roman tranche avec ses devanciers puisque les Editions Albin Michel proposent un rabat des deux côtés de la couverture (pour présenter Stephen King d'une part - c'te blague !- et pour livrer un court commentaire de l'auteur en guise d'accroche pour le roman), et chaque grand chapitre comporte en guise de titre une suite d'actions qui y sont contenues (comme dans d'anciens romans-feuilleton) ainsi que des illustrations (fort belles) en noir et blanc réalisées par Gabriel Rodriguez (pour les chapitres pairs) et Nicolas Delort (chapitres impairs). De quoi spoiler le contenu desdits chapitres, et/ou attiser la curiosité de la lectrice ou du lecteur. A noter que les droits d'adaptation du roman ont été achetés par le producteur et réalisateur Paul Greengrass qui va certainement les vendre au studio le plus offrant.
Bref, l'un des pires King depuis plus de dix ans. Voire plus.