Paris, mois d'avril 2016... Le passage de David Duchovny dans la capitale est annoncé. Mon coeur de geek et de fanboy des X-Files frétille à l'idée de peut-être croiser la route d'une personne qui a marqué mon imaginaire (au même titre que Stephen King, par exemple), au point d'avoir pris comme pseudo le surnom qu'il possède en VO dans la série télévisée qui l'a rendu célèbre. Mais trêve de préambules, comment cela s'est-il passé ?
Arrivé sur place à 8h45, avec déjà 30 personnes devant moi... On patiente dehors jusqu'à 10h, jusqu'à ce que la Fnac Saint-Lazare ouvre. Ensuite on patiente jusqu'à midi dans une cage d'escalier, avec les odeurs corporelles des gens à côté, super-sympa. Puis on entre dans l'espace rencontre, où on entre en zigzag comme chez Mickey, et on patiente debout jusqu'à 12h30, en profitant pleinement des odeurs corporelles du même mec, parce que figurez-vous qu'on nous a fait nous pousser les uns les autres, pour faire rentrer un max de personnes (190 tickets ont été distribués, d'après mes sources). Sans parler des vigiles qui s'ennuient un peu et qui passent toutes les 10 minutes pour vous dire de vous pousser un peu. Là arrive Duchovny à 12h30 (ouf, pas de retard), auquel une personne pose 4 ou 5 questions, auxquelles il répond avec humour et intelligence (je vais y revenir).
Ensuite séance de dédicaces à la chaîne : "Bonjour, merci, au revoir". Et si vous avez le malheur de vous attarder, genre pour prendre en photo la demie-seconde où votre copine, qui était derrière vous, reçoit sa dédicace, eh bien 3 matamores d'un quintal chacun se précipitent vers vous pour vous virer poliment mais fermement. "On a des consignes, désolé". Bon, pas grave, je l'ai quand même croisé et j'ai eu ma dédicace :)
Alors, pour la partie "rencontre"... L'intervieweur lui a donc demandé comment lui était venue cette idée d'écrire, parce que quand même c'est fou, il est avant tout acteur et... Eh bien figurez-vous que ce brave Dave (oui je l'appelle Dave, on est intimes maintenant) a toujours écrit, et que le métier qu'il voulait faire quand il serait grand, c'était écrivain, et pas acteur ou chanteur (parce qu'il chante aussi, et oui). C'est donc un vieux rêve qui devient réalité, car David se destinait originellement à l'enseignement et obtint un diplôme de littérature anglaise à l'université de Princeton et aussi une maîtrise à l'université de Yale, où il commence à s'intéresser à l'art dramatique.
Le roman pour lequel il a accepté cette rencontre, intitulé Oh la vache ! (Holy cow en VO) raconte l'histoire d'une vache, Elsie, qui décide de partir pour l'Inde après avoir découvert que son destin était de mourir à l'abattoir et d'être mangée sans sentiments par les humains qu'elle pensait jusqu'alors bienveillants. De fil en aiguille, en écrivant son histoire, il parle aussi d'un porc qui souhaite aller en israël (pour la même raison) et d'une dinde (turkey en VO) qui veut aller en... Turquie, pensant que le nom du pays a été choisi en hommage à son espèce. L'auteur raconte donc ces anecdotes avec humour, reconnaissant par exemple que la dernière blague marche moins bien en français. Il dit avoir proposé son histoire sous forme de scénario à plusieurs studios, dont Disney, pensant que cela ferait un chouette film d'animation, sans succès.
Tiens, le français, langue qu'il a apprise à l'école, avec une maîtresse qu'il appréciait beaucoup. Mais faute de pratique, il ne lui en reste pas grand-chose et une traductrice est présente pour l'aider à comprendre les questions. Le roman nous met dans la peau d'un trio d'animaux de ferme au comportement humanisé, ce qui lui permet de mettre en lumière toute l'absurdité de certains comportements "humains". C'est assez éclairant d'ailleurs, car le roman s'avère plus profond que de prime abord. Duchovny avoue avoir été végétarien pendant quelques temps, mais avoir arrêté depuis.
Lorsqu'on évoque son second roman (pas encore traduit en français), dont le titre est Bucky F*cking Dent, on lui dit que c'est un titre "à la Hank Moody", son personnage d'écrivain jouisseur et anarchiste de la série Californication. Duchovny rétorque qu'il n'a pas attendu cette série pour dire des gros mots. Ce roman, visiblement acclamé par la critique, se déroule dans le milieu du base-ball ; Duchovny dit d'ailleurs qu'il l'a écrit pour le public français, parce qu'il sait qu'il adore le base-ball...
Pour finir, une brève évocation de son avenir, avec entre autres une nouvelle saison de Twin Peaks, une nouvelle de X-Files, une autre d'Aquarius, dont la diffusion commence en juin aux Etats-Unis...
Au final une rencontre mi-figue mi-raisin, avec une organisation défaillante (carton rouge pour la salle sans chaises, qui leur a cependant permis de vendre un max de Oh la vache !, mais la satisfaction de rencontrer "en vrai", même si tout est relatif un artiste qui a sans doute des choses à dire si on lui en laisse le temps.
Spooky