L'adaptation en film d'une œuvre de Stephen King est toujours scrutée avec anxiété par votre serviteur. Le résultat est très diversifié. On a du bon, voire du très bon, avec Christine, Les Evadés, Misery ou le récent Ça. Parfois on a le pas bon, voire le pitoyable, et je ne vous ferai pas l'insulte de citer des daubes absolues.
Jake Chambers, 12 ans, fait de drôles de rêves, dans lesquels un homme armé de deux pistolets pourchasse un homme en noir doté de grands pouvoirs. Mais le jour où deux personnes viennent le chercher pour l'emmener dans une clinique psychiatrique, Jake, pressentant qu'ils ne sont pas humains, s'échappe et arrive dans une maison abandonnée, dans laquelle s'ouvre un portail dimensionnel. Jake saute le pas, et se retrouve dans l'Entre-Mondes, où il rencontre les personnages de ses rêves...
La mise en chantier d'une version grand écran de la Tour Sombre, la série qui constitue le point nodal de l'œuvre kingienne, était donc particulièrement attendue... et crainte, d'autant plus qu'à part Ron Howard en producteur et Akiva Goldsman en tant que scénariste, peu de grands noms étaient attachés au projet. Et puis sont arrivés Idris Elba pour incarner Roland de Gilead et Matthew Mc Conaughey pour l'Homme en Noir. Sans doute alléchés par le titre. Le projet ne date cependant pas d'hier, puisque King a vendu les droits de sa série à JJ Abrams et Damon Lindelof, les créateurs de Lost. Plusieurs producteurs et réalisateurs ont été approchés, mais ont abandonné suite à l'ampleur du projet. En effet la saga majeure de King s'étend sur 8 romans, et prend pied sur au moins deux mondes, dont celui de Roland, très diversifié, et que l'on pourrait placer dans le genre de la fantasy.
Le film de Nikolaj Arcel, réalisateur danois de films confidentiels, dure au final 1h35. Autant dire que l'inventivité et l'ampleur du monde de King ont été réduites comme une peau de chagrin. Et autant le préciser : C'EST UN PUTAIN DE RATAGE A PEU PRES A TOUS LES NIVEAUX. La réalisation est molle, Arcel a été suppléé dans la gestion des scènes d'action par son responsable des cascades, et les effets spéciaux sont assez moyens. Ils sont d'ailleurs, en moitié, réalisés dans des scènes nocturnes, pour cacher leur pauvreté... Les décors naturels, trouvés en Afrique du Sud, sont très beaux, mais les designs sont trop modernes, trop éloignés de l'ambiance médiévalo-westernienne des romans de King. Et les personnages.... Matthew Mc Conaughey semble s'amuser -un peu- dans le rôle de Walter, l'Homme en Noir qui a pour but de détruire la Tour Sombre, pivot défensif de tous les mondes, afin de faire entrer le Chaos au sein de ceux-ci... Elba, quant à lui, est réduit à une sorte de Jack Bauer qui abat tous les méchants, parce que leur chef a tué son papa. Exit ses états d'âme très complexes. Les évènements du film se déroulent en quelques jours, alors que l'intrigue de la série de romans dure plusieurs années... Le personnage de Jake est peut-être, après celui de Roland le plus gâché dans l'histoire.
La Tour Sombre est donc réduit à trois scènes d'action, avec cinq personnages parlants et des effets spéciaux pitoyables par moments. C'est bien simple, on se croirait dans une évolution du Labyrinthe (en moins inventif) avec des morceaux de Heat dedans. Un gros, gros gâchis. A la limite, le plus intéressant se trouve dans les bonus du Blu-ray : King y livre quelques anecdotes sur la création de la Tour Sombre. On y a droit également à des featurettes de l'équipe technique, mais à part dire qu'ils travaillent en équipe, ils ne savent pas dire grand-chose de significatif. A noter tout de même la musique de Tom Holkenborg (Mad Max Fury Road), envoûtante, surtout le dernier morceau. C'est peut-être dû au fait qu'on en a enfin fini avec cette daube... La seule bonne nouvelle, c'est qu'il n'y aura -en principe- pas de suite. Bon ben je vais me regarder Ça à nouveau...
Spooky