Dans l’univers de The Walking Dead, il n’y a pas plus méchant que le Gouverneur. Ce tyran sanguinaire qui dirige la ville retranchée de Woodbury a son propre sens – complètement déviant – de la justice, puisqu’il organise des combats de prisonniers contre des zombies dans une arène pour divertir les habitants, ou qu’il tronçonne les extrémités de ceux qui le contrarient… Sa rencontre avec les héros de la série couvre plusieurs épisodes et en constitue le point fort. Mais aucune explication sur la cause de sa folie et ses manies n’est donnée : pourquoi aime-t-il se détendre en regardant la « télé » (c’est-à-dire 53 aquariums remplis chacun d’une tête de zombie animée) ? Pourquoi a-t-il des rapports malsains avec Penny, une zombie de 12 ans qu’il garde en laisse et à qui il a arraché les dents pour pouvoir l’embrasser ? L’Ascension du Gouverneur décrit son parcours et celui de ses proches depuis le début de l’invasion zombie jusqu’à la prise du pouvoir à Woodsbury. Il s’attache ainsi au premier mois de l’invasion, période non couverture par la BD puisque Rick la passe dans le coma.
Depuis presque le début de la parution de The Walking Dead en France, je suis un grand fan. J'ai tous les comics traduits, je suis la série TV, et je jette un oeil attentif à l'avancement du jeu video, bien que les survival-horror ne soient pas forcément ma tasse de thé en termes de videoludicité. Lorsque j'ai appris qu'un roman se passant dans cet univers paraissait, je n'ai pas beaucoup tergiversé, bien qu'ayant toujours la crainte d'une qualité variable, comme en témoignent les romans Star Wars, par exemple.
Très vite mes craintes ont été balayées. Sous le haut patronage de Robert Kirkman, créateur de la mirifique série, c'est Jay Bonansinga, auteur de quelques thrillers, qui s'y colle. Et, le jeu de mots est facile, c'est une tuerie.
Jay Bonansinga accroche tout de suite le lecteur par un sens du suspense incroyable, on est tout de suite pris par l'histoire, qui passe sans arrêt par des scènes d'action entre les périodes plus calmes, plus introspectives. Etant donné que le but de ce roman est de nous présenter le futur Gouverneur, l'auteur prend le temps de bien développer ses personnages, entre Philip le colosse qui commande, Brian l'introverti qui réfléchit, Nick le suiveur croyant (eh oui, malgré l'ambiance d'Armageddon...), et même Penny la petite fille qui essaye de tenir dans l'horreur ambiante. On s'attache très vite à ce petit groupe, dont on se demande comment il va bien pouvoir se sortir des situations impossibles où il se retrouve. Bien sûr, le facteur chance entre en ligne de compte, il en faut sinon l'histoire s'arrêterait au bout de 20 pages (et non 350). Tout y est : l'ambiance crépusculaire, la peur permanente des Bouffeurs ou des pillards, l'instinct de survie chevillé au corps... Et, détail non négligeable, la plupart des scènes sont visuellement très bien décrites, ce qui fait qu'on s'imagine tout à fait la scène dans l'ambiance de la série TV. Et -je ne sais pas si c'est dû à l'auteur ou au traducteur- la langue est très diversifiée, vivante, dynamique.
Mais ne vous inquiétez pas, si vous ne connaissez pas la série de comics ni la série TV (dont les protagonistes n'ont pour l'heure pas encore croisé la route du Gouverneur), vous ne serez pas perdus. Ce roman peut se lire de façon indépendante, il se suffit à lui-même, même si sa fin laisse le lecteur dans l'attente d'une suite, qui se trouve dans les comics. Tiens parlons-en de cette fin, qui est vraiment forte, c'est un retournement de situation bien amené. Bonansinga, Kirkman et les éditeurs nous ont bien eus sur ce coup-là.
Spooky.