Double épisode final de la saison 9
Que nous révèle The Truth (en VF La Vérité), le double épisode qui clôt la neuvième saison ? Eh bien pas grand-chose finalement, un peu à l’instar de l’ensemble de la série. Que s’y passe-t-il ? Mulder pénètre incognito dans une base ultra-secrète pour récupérer des informations secrètes, où il affronte et “tue” un super-soldat ; arrêté, il est jugé pour ce meurtre ; sa défense est assurée par Skinner face à un tribunal militaire, présidé par le Directeur Kersh. L’ensemble de la trame de la Conspiration y est rappelé, de manière un peu trop brutale... Le procès est truqué du début à la fin, et l’issue est sûre : Mulder est condamné à mort par injection létale... Ses amis (Scully, Skinner, Doggett et Reyes, aidés par un enfant prodige) le font évader. Mulder et Scully, en fuite, se rendent dans un pueblo du peuple disparu, les Anasazi, au Nouveau-Mexique, où ils retrouvent l’Homme à la Cigarette, qui leur révèle que le 22 décembre 2012 est la date de l’invasion finale de la Terre par les extra-terrestres. Mais Rohrer, le super-soldat soi-disant tué par Mulder apparaît, suivi par des hélicoptères de la Conspiration, pour détruire les dernières preuves. Les deux ex-agents du FBI réussissent à s’échapper, laissant le Gardien de la vérité face à son destin... L’épisode se termine sur une scène où Scully réaffirme sa dévotion et son amour pour Mulder, laissant la porte ouverte à toutes les possibilités.
Le gros de ce double épisode est centré sur un procès, “classique” des séries télé, et l’on voit que l’équipe d’ X-Files n’est pas à l’aise dans cet exercice. Le rythme est trop haché, les personnages sont assez mal filmés...
Au cours de cet épisode réapparaîtront quelques personnages que l’on pensait disparus, comme l’ex-agent Alex Krycek, l’homme de paille à géométrie variable du Syndicat ; comme l’agent Jeffrey Spender, demi-frère de Mulder et fils du Smoking Man, au cours d’un passage totalement dénué d’intérêt, permettant simplement à l’acteur Chris Owens - au demeurant excellent- d’apparaître une dernière fois ; comme Marita Covarrubias, qui travaille pour l’ONU, et dont le rôle aurait pu être mieux exploité. Notre agent préféré recevra l’appui inattendu du jeune Gibson Praise, un enfant qui peut lire dans les pensées. On retrouve l’aspect fantastique lorsqu’il révèle que l’un des “jurés” n’est pas un humain, scène assez chargée au niveau dramatique, mais qui malheureusement n’aura pas de suite... Au cours de sa détention, Mulder recevra la visite de l’esprit de Mr X, au cours de sa fuite il verra les Lone Gunmen...
Du point de vue de la forme, en plus de la scène citée plus haut, seuls deux passages de ce double épisode renouent avec l’esprit X-Files : la base secrète du début, et le pueblo de la fin, comme un grand écart entre la technologie, la modernité et l’industrie (soit un grouillement symbolisant la vie) d’une part, et les traditions ancestrales, le désert, le passé et la mort d’autre part, des concepts élaborés et exposés tout au long des neuf saisons. Il est donc dommage que la fin se déroule de manière aussi peu typique de la série. On a un peu l’impression que Chris carter, crédité comme scénariste, a tenté de rappeler tout ce qui s’est passé en neuf ans (gageure non relevée) au cours d’un double épisode (ce qui explique l’idée du “procès” - procès qui bafoue toutes les règles de droit, ce qui est ouvertement dit mais ne s’excuse pas), tout en revenant aux sources de l’histoire (cette région du Nouveau-Mexique et l’évocation des Anasazi ont rythmé certains des meilleurs épisodes de la saga).
Une forme un peu hybride donc, qui hésite entre l’exposition (prélude aux prochains films ?) et l’action (une fin uniquement bavarde aurait fortement chagriné les fans). Et la dernière scène, teintée d’un sentimentalisme au sirop d’érable, n’arrange pas l’affaire... Difficile donc d’être satisfait par cette non-fin, qui, au lieu de dévoiler la vérité, ne fait qu’embrouiller les cartes et ouvrir de nouvelles pistes de réflexions pour les dizaines de millions de X-Philes qui peuplent les fan-clubs.
Saison 10
13 ans après la dernière saison, les agents Mulder et Scully sont de retour pour une saison que l'on annonça un temps comme l'ultime de l'une des séries-culte des années 1990. Chris Carter, créateur de la série, n'avait peut-être pas l'esprit tranquille en laissant la saga inachevée. Mais pour autant, cela justifiait-il le retour de Mulder et Scully ?
Episode I : la vérité est ailleurs (1/2)
Mulder et Scully ne sont plus ensemble, ils ont confié leur fils William à l'adoption, et rentrent en contact avec Tad O'Malley, un champion des théories du complot qui rencontre un énorme succès avec son émission sur le net. Celui-ci, pensant avoir découvert une importante conspiration gouvernementale, tente de convaincre les anciens agents spéciaux que de nouvelles preuves d'enlèvements par des extra-terrestres ont été cachées. Le département des dossiers cachés est donc rouvert au sein du FBI.
Au-delà des retrouvailles avec Mulder, Scully et Skinner, qui est toujours Directeur adjoint au FBI (ainsi qu'avec un autre personnage, mais... chut !), j'ai été particulièrement attentif à la narration. Et le sentiment qui prédomine c'est qu'il y a du boulot, beaucoup de boulot à faire. Ce premier épisode sonne faux, presque du début à la fin. L'idée principale est de ramener les deux agents aux affaires, Scully étant redevenue médecin, Mulder étant reclus depuis plusieurs années. Mais la vue d'une émission paranoïaque a suffi pour les faire changer d'avis, pof ! Et le FBI les reprend sans souci, malgré tout ce qui a pu se passer... Les dialogues, qui fusent au rythme d'une mitraillette, reprennent la plupart des arguments des 9 premières saisons, mais de manière aussi peu naturelle que possible. J'ai eu l'impression d'assister à une pièce de Shakespeare, avec une tension dramatique proche du néant. Alors oui, il y a quelques jolies scènes, avec un vaisseau extra-terrestre, ce n'est pas trop mal filmé (merci James Wong, fidèle réalisateur de la meilleure période de la série), mais qu'est-ce que c'est poussif... La scène finale renoue un peu avec les grandes heures du syndicat, et pourrait laisser entrevoir beaux rebondissements.
Episode 2 : les Enfants du chaos
Mulder et Scully tentent de découvrir ce qui a poussé un scientifique du département de la Défense au suicide. L'homme travaillait pour le Dr Augustus Goldman, un scientifique conduisant depuis des décennies des expériences génétiques extrêmes, créant ainsi des sujets aux capacités hors du commun…
On renoue avec un autre classique de la série, à savoir "le monstre de la semaine". Un genre qui a déjà fait l'objet de nombreux épisodes par le passé. Un peu plus d'action donc, quelques vitres brisées, du sang. La trame, qui comporte des enfants aux pouvoirs paranormaux ou affligés d'anomalies génétiques, est aussi l'occasion pour nos deux agents de faire le lien avec leur propre histoire, évoquant des passages fantasmés de leur vie avec William, leur fils. Si l'idée générale, disséminer le besoin de leur enfant dans leurs enquêtes me semble intéressante, en espérant que cela a un but final, la réalisation est un peu lourde. On a un peu l'impression que James Wong, qui scénarise et réalise cet épisode, n'a pas beaucoup évolué depuis 15 ans...
Episode 3 : Rencontre d'un drôle de type
Mulder et Scully sont appelés sur les lieux d'une apparition étrange, celle d'un homme-lézard qui sème la panique. Un épisode qui se place dans la lignée des plus drôles de la série, qu'il faut prendre comme une parodie de la série elle-même. Dialogues foutraques, situations absurdes (Duchovny et Anderson ont chacun leur petite "scène" particulière), la panoplie est complète (comme dans Faux-frères siamois, Voyance par procuration ou le seigneur du magma)... Bref, la franche rigolade, presque de bout en bout. Il faut vraiment le prendre au second degré pour l'apprécier. La (seule ?) vraie réussite de la saison 10.
Episode 4 : Esprit vengeur
Alors que Mulder et Scully sont appelés à Philadelphie sur les traces d'un tueur qui semble démembrer ses victimes, Scully reçoit un appel : sa mère a fait une crise cardiaque et se trouve dans le coma. Cet épisode mène donc deux intrigues, l'une relevant du "monstre de la semaine", l'autre de la mythologie de la série. Il brasse de nombreux sujets : la maternité, la création, la vie dans la rue, la pollution, l'euthanasie (et les soins palliatifs), le don d'organes... Tout cela n'est qu'effleuré, et c'est bien dommage, on sent que les auteurs aimeraient faire passer plusieurs messages, comme ils l'ont fait depuis les débuts de la série. Et bien sûr le coma de sa mère rappelle à Scully sa propre expérience, plusieurs années auparavant, sa propre maternité et les angoisses inhérentes, puisque rappelons-le William a été adopté et n'a depuis plus aucun contact avec ses parents...
Episode 5 : Babylon
Deux jeunes hommes, parlant arabe, entrent dans une galerie d'art et la font sauter. Mais l'un des deux, atrocement brûlé et mutilé, survit. Le FBI est chargé d'enquêter.
On voit dans cet épisode Mulder et Scully rencontrer des versions plus jeunes d'eux-mêmes, les agents Miller et Einstein, lui étant grand, brun et ouvert aux possibilités paranormales, elle étant petite, rousse et complètement cartésienne, limite caricaturale (interprétée par la charmante Lauren Ambrose, toute jeune dans l'excellent série Six Feet Under). Dans un segment où sont traités le fondamentalisme religieux et le racisme anti-Arabes aux etats-Unis, cet épisode rassemble toute la maladresse de Carter : les personnages ne semblent pas vraiment concernés par ce qui leur arrive, la charge contre les Musulmans et les habitants du sud des Etats-Unis est frontale et maladroite, sans doute à l'opposé de l'ambition des auteurs... et la fin est un long dialogue moralisateur sans aucune justification.
Episode 6 : La vérité est ailleurs (2/2).
Cet épisode final se pose en suite du premier de la saison, et en écho à toute la série, puisqu'en préambule nous entendons Scully évoquer son parcours au sein du FBI et les diverses expériences qu'elle a traversées au sein des X-Files. Scully arrive dans le bureau de Mulder et trouve une video de Tad O'Malley (Ep. 10x01) expliquant qu'il a la preuve que le génome humain est mêlé d'ADN extra-terrestre. Le domicile du web-polémiste a été fouillé. Mais Mulder reste introuvable, tandis que des personnes présentant d'étranges mutations arrivent dans les hopitaux, créant un début de panique. Scully, Miller et Einstein enquêtent. L'appel à la paranoïa est encore une fois présent, mais rappelez-vous, c'était le cas il y a 22 ans... Cet épisode tourne autour d'un personnage central, que l'on croyait mort et enterré.
Encore une fois, les dialogues et les situations sonnent faux. Scully court pour aller chercher Mulder, alors que des centaines, des milliers de personnes sont en train de mourir autour d'elle... Les motivations du grand méchant ne sonnent pas juste du tout, et la fin... n'est pas une fin, ce qui correspond aux "canons" de la série, mais qui a le don d'agacer le téléspectateur lambda des années 2000...
Conclusion
Il va sans dire que j'étais curieux de voir ces nouveaux épisodes ; mon pseudo, pour celles et ceux qui ne l'auraient pas encore compris, en étant directement issu. Je ne m'étalerai pas plus sur le retentissement que la série a eu sur moi, mais si vous voulez en savoir plus, je vous invite à faire un tour par là. Et si vous voulez être complets, je parle du premier film ici et du deuxième là.
Je suis assez déçu de l'ensemble de cette saison 10. C'est mou, creux, les dialogues sonnent faux : les personnages parlent de façon tellement elliptique que c'en devient agaçant. Le 11 septembre et l'ère des réseaux sociaux sont passés par là, tandis que Carter et ses comparses sont restés dans les années 1990... La volonté de parler de phénomènes de société est toujours présente, mais abordée de façon très maladroite... Mises à part quelques fulgurances, cette saison dans sa globalité ne se justifie pas. Je pense qu'un téléfilm de 90 minutes, sans les "monstres de la semaine", regroupant l'ensemble des instants "mythologiques", aurait été plus intéressant (mais du coup moins grand public). L'auteur boucle certaines boucles, et en ouvre d'autres... On retrouve certaines figures iconiques de la série, parfois de façon suggestive, parfois de façon plus marquée, comme dans le dernier épisode. Il y a des nouveaux personnages, mais difficile de croire qu'ils pourraient être originaux... C'est dommage, même si on a plaisir à croiser Mulder et Scully à nouveau. La nostalgie joue à plein dans cette saison 10, mais elle tourne dans le vide.
A noter que lors de sa diffusion en France sur M6, en février 2016, quelques semaines seulement après leur diffusion aux USA, la chaîne a flouté et coupé certaines scènes jugées "choquantes pour un jeune public", soulevant l'ire de nombreux fans. Le site de replay de la chaîne propose les épisodes en version intégrale.
EDIT du 18 mai 2016 : Comme David Duchovny l'a laissé fuiter lors de sa venue à Paris il y a quelques jours, il est officiel qu'une saison 11 est sur les rails.
Spooky