Ce week-end a donc eu lieu le deuxième Salon du vampire, auquel j'ai participé. Au cadre chaleureux et étriqué de la librairie Le Bal des Ardents, dans le vieux Lyon, a succédé la Médiathèque municipale de Meyzieu, ville de la banlieue lyonnaise. Le cadre est idéal, spacieux, bien éclairé, fonctionnel. Une salle, à proximité du hall d'accueil, est d'ailleurs conçue pour recevoir des conférences ou des spectacles. Nous avions prévu environ 80 places assises, lesquelles se sont progressivement remplies au fil de l'après-midi du samedi. En termes de fréquentation, ce fut donc un succès, la partie conférences étant gratuite.
Cette année le Salon avait comme thématique Dracula, oeuvre -presque- fondatrice de tout un pan de la littérature imaginaire, et dont on a fêté cette année le centenaire de la mort de l'auteur, Bram Stoker.
Les travaux ont commencé à 14h. Après une brève introduction par Adrien Party, président de l'association The Lyon Beefsteak Club et organisateur en chef, c'est Alain Pozzuoli, essayiste et biographe, qui nous a raconté par le menu la vie et l'oeuvre de Bram Stoker.
Devant un auditoire déjà conquis, il a passé le relais à Jean Marigny, universitaire, essayiste et auteur d'une thèse marquante sur le sujet. Celui-ci a dressé le panorama de l'héritage littéraire, fort étoffé, de Dracula.
A 15h45 une première pause a permis aux intervenants et aux visiteurs de se restaurer, mais aussi d'acquérir quelques ouvrages sur le sujet (librairie Colibris), mais aussi d'autres dans le genre plus vaste de l'imaginaire, avec ActuSF. Ils pouvaient également se faire dédicacer des ouvrages des conférenciers.
Un peu plus tard le cycle s'est continué par une table ronde, où les deux premiers conférenciers ont été rejoints par Jean-Michel Ropers, acteur et réalisateur passionné du genre, entre autres, Nicolas Guépin, comédien et metteur en scène de théâtre, et Jérémie Fleury, illustrateur jeunesse, qui tous ont adapté l'oeuvre maîtresse de Stoker. Le thème ? "Adapter Dracula", bien sûr. La table ronde fut rythmée par Adrien Party et votre serviteur, qui n'ont hélas pas pu poser autant de questions que ce qu'ils avaient prévu ; cependant les échanges furents passionnés et passionnants. Trois quarts d'heure plus tard, la place fut laissée à Simon Sanahujas et Gwenn Dubourthoumieu, qui ont relaté leur voyage en Roumanie et en Angleterre, sur les traces de Dracula. A noter que leur exposé fut illustré par certaines de leurs photos, qui furent projetées derrière eux. Je vais revenir ultérieurement sur toutes ces personnes, bien évidemment.
A 17h30 le cycle de conférences fut clos, laissant la place à un nouveau temps de pause. Les plus courageux eurent droit à une deuxième ration de vampires, avec la diffusion de deux films : le premier s'appelle Whitby, la ville de Dracula, écrit par Alain Pozzuoli et réalisé par Jean-Michel Ropers ; tous deux ont brièvement introduit la projection dans la salle du cinéma attenant à la Médiathèque.
Après une courte pause, c'est au tour du Bram Stoker's Dracula, film de Francis Ford Coppola, d'être diffusé. Je vous en reparlerai dans une autre note, mais toutes ces adaptations ont mis en perspective le roman de Bram Stoker de façon très intéressante.
La soirée se termina aux alentours de 23h ; rendez-vous était pris pour le lendemain après-midi...
Sous une pluie battante, les plus valeureux se rendirent dans le vieux Lyon, au théâtre l'Acte 2, pour assister à une représentation de... Dracula (non non, je n'ai pas fait d'indigestion !) par la compagnie lyonnaise Broutille et Compagnie. Avec la mise en scène de Nicolas Guépin, donc, lequel joue dans la pièce en compagnie de deux autres jeunes acteurs, lesquels se sont répartis l'ensemble des rôles. Arrêtons-nous un peu sur cette pièce.
Comme je l'ai indiqué, seuls trois comédiens interviennent pour interpréter la dizaine de personnages principaux et secondaires. Une performance plutôt réussie, d'autant plus que l'un des comédiens est une jeune femme à la fois fine et délicatement galbée. Mais par le jeu des costumes, des masques, des attitudes, elle interpète des personnages masculins sans coup férir, secondée par des voix enregistrées. Pour représenter Dracula, par exemple, un masque grimaçant et quelques contorsions ont suffi, génie du metteur en scène. Pour pallier à la taille réduite de la scène, la représentation s'est déroulée dans la pénombre, avec comme seules sources de lumière, deux lampes de bureau blafardes (idéales pour revenir à une époque victorienne), un video projecteur, ainsi que divers effets stroboscopiques sur un côté.
Cette pénombre par contre a pu inciter les spectateurs à un certain assoupissement, de plus l'effet stroboscopique, relativement violent, n'étant pas forcément agréable pour les personnes aux yeux fragiles. Une partie des scènes se rédroulait d'ailleurs derrière un rideau, avec des ombres chinoises assez précises et évocatrices. Par le biais de la projection de commentaires du style "Lettre de Mina Harker à Lucy Westenra, 15 septembre" et de certaines voix enregistrées, l'utilisation des unités de temps était intelligemment posée. Les trois comédiens sont assez bluffants. Voilà pour le positif, essentiellement sur le plan technique.
Dans le champ du négatif, il y a certains choix narratifs. Il manque en effet tout le début du roman, comme la nouvelle L'Invité de Dracula (adaptée en film inachevé par JM Ropers, d'ailleurs), ou encore l'origine de la condition de Dracula. Une scène cruciale a été supprimée également, lorsque Mina Harker, une fois mordue par Dracula en Angleterre, déclare qu'elle est damnée. Mais pour le reste, la fidélité est là. Le gros souci, à mon sens, est sur le choix du rythme. Nicolas Guépin a laissé quelques séquences longues, sans véritable intérêt. La pièce atteint ainsi les deux heures de durée environ, alors qu'à mon avis elle aurait tenu en moins de 90 minutes sans perte de sens. On cemprend tout de même l'ensemble de ce qu'il se passe, ce qui n'est pas toujours le cas dans une pièce de théâtre, y compris une adaptation.
C'est donc sur le coup de 18 h que s'est achevé ce Salon du Vampire consacré à Dracula.
Un petit retour sur les différents intervenants, comme promis.
Il y avait donc Simon Sanahujas et Gwenn Dubourthoumieu, respectivement écrivain et photographe, qui ont relaté leur voyage sur les traces de Dracula. Il en résute un ouvrage, édité aux Moutons électriques, qui mêle textes et photos.
Jérémie Fleury est un tout jeune illustrateur, diplômé de l'Ecole Emile Cohl à Lyon, qui propose, avec l'aide de Dominique Marion (adaptateur), sa vision "pour enfants" de Dracula. En préparant le Salon, je suis allé sur son site, où j'ai été scotché par sa technique et son talent. Cerise sur le gâteau, le garçon est charmant. Mon coup de coeur du salon.
Nicolas Guépin a des faux airs de Chrstian Bale, le dernier interpète de Batman en date (tiens, une chauve-souris...). Avec deux autres acteurs il forme la compagnie Broutille et Compagnie. J'espère qu'il saura trouver d'autres astuces de mise en scène pour affiner son adaptation du chef d'oeuvre de Stoker.
Jean-Michel Ropers est un petit bonhomme bien en chair, qui a des idées bien arrêtées sur la création, cinématographique en particulier. Un véritable personnage, avec lequel la discussion tourne vite à la passion et à la controverse. La vision qu'il donne de la petite ville de Whitby dans son documentaire est vraiment intéressante, et procure incontestablement envie de découvrir ce port de pêche aux confins de l'Angleterre et de l'Ecosse.
En tant que membre de l'organisation, j'ai pu passer du temps avec toutes ces personnes, qui se sont montrées très abordables et sympathiques, et avec lesquelles j'ai pu avoir des conversations informelles sur leurs travaux, le cinéma, la littérature... Voilà. je tenais à saluer également Sarah, compagne d'Adrien, véritable tour de contrôle de l'association et de l'évènement, ainsi que Nicolas Delestre, lui aussi membre de l'association, qui n'a pas pu venir à la manifestation pour des raisons professionnelles (sauf à la projection de Dracula) mais étant présent au travers de ses gâteaux :)
Au final une excellente édition, très intéressante et assez complète sur le chapitre de l'oeuvre de Stoker. Quelques petits soucis matériels (météo capricieuse, transports en commun pas au top...) n'ont cependant pas entaché la qualité de l'évènement et (nous autres, de l'organisation, l'espérons), le bon souvenir des participants. Pour ma part je suis fier et heureux d'y avoir participé. J'espère vous avoir donné envie, au travers de ce compte-rendu, de venir à la 3ème édition, dont la date n'est pas encore fixée, mais dont je vous parlerai sans faute.
Spooky.
Si vous souhaitez voir encore plus d'images, je vous invite à aller faire un tour sur la page facebook dédiée à l'évènement (accès ouvert à tous, pour peu que vous n'ayiez pas bloqué facebook).