De temps en temps j'aime bien me replonger dans la SF "à l'ancienne", les bons vieux romans post-apocalyptiques qui ont un cachet tout particulier. Tombé par hasard sur une édition (a priori originale) de ce roman de 1955 de Francis Carsac, je m'y suis plongé avec délices.
Nous sommes en 1975. Un évènement cosmique -qui restera un peu mystérieux- provoque l'arrachage d'un morceau de Terre, précisément une bande d'environ 300 km², et l'envoie sur une planète inconnue. Les survivants, au nombre de près de 3 000, ayant constaté leur éloignement inéluctable de leur monde d'origine, tentent alors de s'organiser autour d'un groupe d'ingénieurs, dont notre narrateur, en répartissant les tâches suivant les spécialités de chacun. Mais un riche châtelain du coin ne l'entend pas de cette oreille. Trafiquant d'armes, celui-ci profite de la relative confusion pour constituer une véritable petite armée destinée à prendre le pouvoir. Mais nos héros se prennent en main, et ils réussissent, après une seule journée, à réduire totalement l'apprenti dictateur.
Nonobstant la naïveté du propos, c'est le long passage (environ un tiers du bouquin) concernant cette bataille rangée qui m'a soulevé les lèvres de moquerie. A peine arrivés sur leur nouveau monde, nos survivants se tapent dessus. Ensuite les non-militarisés arrivent presque par enchantement à fabriquer des armes (dont... une catapulte comme au Moyen-Âge...) et agissent comme des soldats chevronnés, disciplinés, doués en tir.
Bon, passons.
Le calme revenu, le héros, qui ne tient pas en place, propose de faire une exploration de leur nouvel environnement. Dans un camion spécialement équipé, une petite dizaine de personnes part donc pendant plusieurs semaines. Le camion semble ne pas avoir de problèmes de carburant, et la découverte miraculeuse de pétrole brut va bien arranger les affaires de la communauté par la suite. Une faune étrange va toutefois faire son apparition, comme des octopodes volants très agressifs, une race de centaures archers, ou encore un "tigrosaure" particulièrement dangereux. Bientôt le coin où vivent les survivants se montre impraticable, étant la proie continuelle des Hydres (les fameux octopodes volants).
Assez vite j'ai pensé à Malevil au cours de ma lecture, car il y a des points communs : une petite communauté, coupée du monde suite à un évènement extraordinaire, qui se déchire, un château (et dans la même région, le sud-ouest de la France), le pouvoir de la science sur la force brute, etc.C'est assez curieux cette certitude chez les auteurs -français en particulier- de la supériorité des ingénieurs sur les militaires ou les hommes politiques...
La naïveté du propos m'a parfois fait décrocher du bouquin, là encore c'est un peu dommage...
Je ne dirais pas qu'il s'agit d'un classique, car le propos a franchement vieilli.
Spooky