Et hop, lecture d'une nouvelle jusque-là inédite en français du King.
Trois chemins permettent de gagner Castle View depuis la ville de Castle Rock : la Route 117, Pleasant Road et les Marches des suicidés. Comme tous les jours de cet été 1974, la jeune Gwendy Peterson a choisi les marches maintenues par des barres de fer solides qui font en zigzag l’ascension du flanc de la falaise. Lorsqu’elle arrive au sommet, un inconnu affublé d’un petit chapeau noir l’interpelle puis lui offre un drôle de cadeau : une boîte munie de deux manettes et sur laquelle sont disposés huit boutons de différentes couleurs.
La vie de Gwendy va changer. Mais le veut-elle vraiment ? Et, surtout, sera-t-elle prête, le moment venu, à en payer le prix ? Tout cadeau n'a-t-il pas sa contrepartie ?
Bon, je savais que King appréciait beaucoup Chizmar, qu'il citait de temps en temps dans ses préfaces, et qu'il avait sauté le pas il y a peu pour écrire un texte avec lui. Sa (mini) notice sur le site du Livre de Poche (qui publie la présente nouvelle) le présente comme l'un des éditeurs de... King, mais aussi comme un auteur de fantastique traduit dans le monde entier. En France, c'est une première, et il a fallu que King y soit associé pour que cela arrive. Pour l'anecdote c'est d'ailleurs l'écrivain de SF Michel Pagel qui s'y est collé.
Bref, pour en revenir à cette nouvelle, elle s'inscrit bien dans la veine de l'oeuvre de King, une fraction qui prend pied dans sa ville fictive de Castle Rock (qu'on a toujours plaisir à retrouver), et qui a surtout comme sujet le temps qui passe (oui bon, comme 80% des oeuvres de fictions), ou plutôt de la possibilité d'influer sur les conséquences de celui-ci. En effet Gwendy, jusqu'au moment où elle reçoit la boîte à boutons, est une préadolescente boulotte, à la peau ingrate, et un peu mal dans sa peau. De ce jour, tout s'améliore : elle devient jolie, très jolie, connaît une cursus puis une carrière accomplis... Elle a même la possibilité de s'enrichir grâce à cet objet si particulier. Mais elle a toujours cette crainte que, comme il le lui a dit, l'homme au petit chapeau noir ressurgisse et réclame la boîte. Celle-ci est donc devenue, au fil du temps, autant un trésor qu'un fardeau. Et la vie de Gwendy, du fait de cette dualité mortifère, va un jour basculer dans le pire des cauchemars, de la manière la plus cruelle possible...
Il ne s'agit pas, et de très loin, de la meilleure nouvelle de King. Elle n'est pas désagréable à lire, loin de là même, mais constitue, visiblement une sorte de cadeau fait à l'un de ses vrais amis, une collaboration un peu "fond de tiroir" (quand on pense que certains de ses "fonds de tiroir" sont devenus des bouquins énormes...) qui constitue une variation sympathique sur un de ses thèmes favoris.
Sympathique, donc, mais pas inoubliable.
Spooky.