Gagner la guerre m’avait littéralement démis la mâchoire, Janua Vera (lu après) n’avait pas eu un effet moindre. Une plume bluffante, une poésie de la langue impressionnante dès le premier chapitre, un imaginaire discret mais pourtant bien présent. C’est dire si j’attendais avec impatience ce premier tome de la nouvelle série de Jean-Philippe Jaworski édité chez les Moutons Electriques.
Parlons déjà de l’objet, puisqu’il diffère des publications habituelles de l’éditeur, qui a tenu ici à propose un vrai format hardcover (couverture en dur) à l’américaine, avec jaquette à rabats, papier épais, etc. Avant même d’avoir ouvert le livre, c’est donc déjà un vrai plaisir de lecteur bibliophile, qui trônera fièrement dans les rayonnages de toute bibliothèque imaginaire qui se respecte.
Pour ce qui est du roman, j’ai été comme je m’y attendais happé par cette nouvelle saga, qui nous plonge en plein âge du fer. L’auteur repose sa narration sur une crédibilité historique indéniable, sans pour autant mettre celle-ci trop en avant, évitant ainsi d’alourdir son propos par un trop-plein de détails. Jean-Philippe Jaworski choisit également de coller à la dynamique des grands textes mythiques, en jouant sur les nombreux analepses et autres récits dans le récit (à la manière d’une Illiade ou de la Matière de Bretagne, pour citer quelques-uns des plus connus) qui émaillent ce premier volet, et agissent comme autant de clés pour la compréhension de l’histoire. On comprend certes d’emblée certains éléments sur le passé de Belovèse et de sa famille, mais ils ne sont pas explicité d’emblée, les détails venant bien plus tard.
Le style littéraire et la plume sont à mon sens moins difficile à aborder que dans Gagner la guerre. Ce qui n’empêche pas la langue d’être d’une richesse rare, la rythmique des phrases venant donner corps à ce vocabulaire qui ne nuit aucunement à la compréhension, malgré l’absence totale de notes de bas de page (pas franchement utiles étant donné que même le sens des termes très peu usités se déduisent sans mal du contexte). Et à jouer de cette manière avec sa manière de narrer, l’auteur gagne à mes yeux en fluidité.
Le récit mélange donc intrigues politiques, histoire de vengeance, querelles de familles et mythologie pour un résultat du plus bel effet, qui aurait autant sa place en littérature imaginaire qu’en littérature blanche. Car la force des récits de Jean-Philippe Jaworski, c’est aussi leur utilisation très intelligente du fantastique, qui ne pénètre le récit que par petites touches discrètes. C’est très intelligemment construit, l’ensemble mettant en branle une galerie de personnages assez dense sans pour autant créer de confusion dans l’esprit du lecteur.
Avec ce Même pas mort, Jean-Philippe Jaworksi réinvente la saga pour notre plus grand plaisir. A égalité, voire au-delà d’un Gagner la guerre, même si ce premier opus est court, d’autant que la lecture est d’une fluidité rare. Chapeau bas !
Vladkergan