Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
...:::Ansible:::...

...:::Ansible:::...

Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Dans un Japon fantaisiste, des mots même de l’auteur, nous partons sur les traces du célébrissime rônin Miyamoto Musachi. En réalité, nous passerons plus de temps en compagnie de Mikeki, jeune fils de seigneur, devenu apprenti de Musachi suite au passage de ce dernier à la forteresse de son père. Se présentant sous la forme d’une quête initiatique, nous suivrons le duo sur 6 années durant lesquelles Mikeki tentera de trouver sa voie.


Malheureusement, ce roman n’est pas exempt de défauts. A son habitude, Thomas Day ne souhaite pas s’éterniser, et nous avons donc droit à des ellipses importantes. Là où l’on aurait souhaité de plus amples développements, comme l’entraînement rude de Musachi, la difficulté des conditions de vie qui auraient permis d’apprécier un peu plus les moments de repos, nous nous retrouvons avec une simple description lointaine des faits et gestes là où l'on aurait aimé les vivre avec Mikeki. De même, ce faible développement empêche de jouir plus longuement du style de l’auteur, qui possède une plume de platine puisque le silence est d’or. On se laissera donc facilement emporter par le lyrisme dont fait preuve Thomas Day, mais on ne pourra s’empêcher de noter la brièveté des descriptions et des actions, qui se traduit par des chapitres relativement courts qui ne dépassent pas la plupart du temps la dizaine de pages.


Le problème qui en découle est que l’on ne se sent pas en phase avec le héros, Mikeki. Puisque le développement des conditions de vie est parfois réduit au strict minimum, Day employant fréquemment des ellipses sur une ou deux années, on ne peut ressentir les émotions de Mikeki, seulement les lire. D’où un sentiment d’inachevé, d’un voyage initiatique auquel il manquerait des morceaux, qui a pour conséquence de nous donner l’impression d’une faible montée en puissance. Il en résulte également une interaction peu présente entre le maître et l’élève, qui passeront malgré tout de précieux moments ensemble, rendus cristallins par leur rareté en début de récit. Et l’on ne peut que regretter ce faible développement, qui a pour conséquence d’atténuer la personnalité des protagonistes. On y découvre en effet Musachi présenté comme un surhomme, autant par ses prouesses techniques que par sa sagacité. Quant à ses enseignements, et sans critiquer l’auteur, ils se révèlent malgré tout peu profonds, mais surtout, la plupart du temps, placés peu élégamment, à la manière d’une morale dans une fable. On aurait apprécié plus de subtilité de ce côté-là, mais c’est néanmoins un plaisir de découvrir une partie de l’enseignement de Musachi.


Au final, c’est un sentiment d’insuffisance qui prédomine. Le principal point noir provient de la volonté de brièveté alors que certaines situations auraient mérité plus de développement. Et malgré la critique d’apparence négative, ce fut une lecture plaisante à défaut d’être réellement excitante.


GiZeus.

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Ne vous fiez pas à la couverture très "bit-lit" de ce roman, car le contenu contredira très vite cette imagerie.
En effet nous sommes dans un récit très classique, où les personnages troubles sont vite visibles, où les chasseurs de vampires sont relativement naïfs, où les ailes de la nuit sont toujours porteuses de mauvaises aventures.



Allemagne, fin du XIXème siècle. La sortie peu d'années auparavant du roman Dracula de Bram Stoker, a secoué l'Europe. Pourtant son sujet, les vampires, n'est pas une fiction. Gérald de Lacarme, jeune érudit français épris de surnaturel, doit remplacer au pied levé son père qu'un vieil ami teuton a appelé au secours. En effet sa maisonnée semble être en proie à une malédiction à laquelle les saigneurs de la nuit ne seraient pas étrangers. Lorsqu'il arrive, Gérald ne rencontre que Marion, l'une de leurs deux filles, dont la beauté égale le comportement énigmatique. Sa soeur jumelle, Charlotte, est elle clouée au lit par une anémie quasi mortelle en plus d'être handicapée par une cécité congénitale. Gérald finira par découvrir la nature du mal qui ronge la demeure et ses habitants, mais le combat laissera des traces... 

 

Le Mal en la demeure est le premier roman d'un jeune auteur, Stéphane Soutoul, passionné par le fantastique et les récits vampiriques en particulier. On sent l'influence d'oeuvres comme Dracula (cité dans les premières pages) pour le déroulement de l'intrigue ou les films de la Hammer pour le manque de nuances parfois. Cela plante le récit dans cette tradition classique dont je parlais plus haut. Mais le point intéressant est que ce récit s'inscrit dans un cycle plus large, où une famille (les Lacarme) voue sa vie au combat contre les forces de ténèbres, ce qui laisse présager plusieurs romans aux héros différents, mais aux liens familiaux ou affectifs très forts. A ce titre, la nouvelle (De simples souvenirs...) qui complète le récit principal sert de passerelle avec la suite, ce qui est un procédé original et bien mené, cette nouvelle révélant plus de dynamisme que le récit principal. Le roman n'est pas exempt de menus défauts, telle une petite propension à la logorrhée parfois, alors qu'une concision aurait apporté plus d'efficacité. Ou encore, par endroits, une certaine défaillance dans la correction des fautes d'orthographe, un défaut pas insurmontable mais gênant.




Il y a tout de même de la qualité. Stéphane Soutoul écrit bien, son style, bien qu'ampoulé par moments, permet de bien saisir les sentiments des personnages, ou de comprendre l'action lorsque celle-ci s'emballe, ce qui n'est pas toujours le cas dans des récits fantastiques. L'auteur a visiblement voulu toucher le public le plus large possible, et l'objectif est atteint, il n'est nul besoin d'avoir des connaissances dans le genre vampirique pour bien saisir le récit. Comme l'auteur se positionne sur un créneau classique, certains diront "basique", la lecture est plaisante et accessible. L'idée d'utiliser le tissu familial comme point de départ et soutien de l'intrigue est intéressante, il ne reste qu'à bien la développer dans les récits suivants.

 

 

Spooky.

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

Pas facile en ce moment d'écrire une chronique sur quelque chose de récent, entre journées très intenses, lectures insatisfaisantes (et qui parfois ne vont pas à leur terme) et sorties réduites à néant ou presque. Du coup comme vous l'avez vu, je réédite des papiers ayant plus de trois ans, ou c'est l'excellent GiZeus qui prend le relais.

 

J'ai presque dû me faire violence pour accepter l'invitation d'un blogueur influent à aller voir ce film. Non par manque d'envie, mais seulement parce que, comme je le disais, mon temps de loisirs est très limité. De même l'écriture de ce billet ne s'est pas faite en une fois, et n'a pu être commencée qu'une semaine après le visionnage du film. Mais comme celui-ci ne sort que le 30 juin, le timing est finalement bon si vous souhaitez le voir à sa sortie. Mais trêve de racontars sur ma vie, passons à ma chronique.

 

Splice (dont la traduction littérale en français est "épissure", un terme de matelot qui désigne la jonction de deux bouts de corde) est donc le nouveau film de Vincenzo Natali, encensé pour son premier long-métrage, Cube. On l'avait un peu perdu de vue, mais pourtant il n'a pas arrêté de tourner depuis le complexe mais insatisfaisant Cypher, avec Jeremy Northam et Lucy Liu. Il y eut aussi l'intrigant Nothing, où un couple se retrouve projeté dans un autre monde. Natali est aussi un adaptateur de classiques de la SF : après IGH, d'après le roman éponyme de JG Ballard (produit en 2008 mais non sorti en France), il s'attaquera bientôt à Neuromancien, le roman de William Gibson, plus ou moins considéré comme le fondateur du mouvement cyberpunk. Mais pour l'heure c'est donc Splice qui nous intéresse.


Splice qui nous présente Clive et Elsa, des superstars de la science puisqu'il ont réussi à combiner les ADN de différents animaux pour obtenir des hybrides capables de guérir de nombreuses maladies. Mais bien sûr le laboratoire pharmaceutique qui leur sert de mécène refuse de continuer à les soutenir juste au moment où leurs brevets deviennent économiquement viables. Ils décident de franchir -en catimini- le pas du tabou : combiner de l'ADN animal avec celui d'un humain. Une étrange créature va bientôt apparaître, ressemblant à un lapin écorché sur des pattes de sauterelle. D'abord craintive, puis agressive, la créature se laissera finalement plus ou moins apprivoiser, et va grandir à toute allure. Au bout de quelques semaines elle a une taille et une allure presque humaines. Surnommée Dren, celle-ci va finir par expérimenter certains comportements humains, et notamment l'amour, faisant basculer le film dans un ménage à trois un peu étrange, avant de partir sur les terrains de l'horreur.


Splice aborde différents thèmes. En premier lieu la manipulation génétique, et comme je l'indique, celle qui concerne l'ADN humain. Un sujet relativement bien traité, même si j'aurais aimé qu'il y eût plus de désaccords, de doutes au sein du couple de scientifiques au moment de basculer dans cette aventure interdite. Ensuite celui de la maternité. Elsa ne souhaite pas sentir un enfant grandir dans son ventre, mais lorsque Dren apparaît et fait preuve d'intelligence, son instinct maternel s'éveille et elle finit par l'élever exactement comme un enfant normal, tandis que son compagnon est plus en retrait. Une peinture un peu caricaturale de la famille au passage, mais bon. Le dernier thème traité en filigrane est celui de l'inceste, puisqu'épiant les ébats de ses parents adoptifs, Dren va chercher à séduire Clive. Situation oedipienne typique. Une richesse thématique certaine, mais que Natali, hélas, effleure seulement, puisqu'on passe en 1h47 du biothriller à la bluette pour finir sur un film de monstre. Il en résulte une posture un peu maladroite, car on ne sait pas si le second ou troisième degré présent est réellement voulu ou si le réalisateur se prend au sérieux. Par exemple le laboratoire où oeuvrent nos tripatouilleurs de chromosomes s'appelle N.E.R.D, ce qui prête à sourire puisque c'est précisément ce qu'ils sont, des personnes solitaires et intelligentes, à la fois socialement handicapées (mais pas toujours isolées car un nerd peut conserver une vie sociale) et passionnée par des sujets liés à la science et aux techniques (merci Wikipedia pour la définition de ce terme d'origine anglaise entré dans la culture populaire).

Mais cet esprit nerd n'est plus vraiment utilisé par la suite, le ton étant le plus souvent assez sérieux. La salle riait pourtant à gorge déployée pendant des scènes pas forcément drôles... Un élément appréciable est la façon dont le supposé "monstre" dévoile son humanité, en opposition aux deux "vrais" humains qui eux peuvent trouver des ressources de cruauté insoupçonnées... Un motif de choix, que l'on peut trouver ailleurs, mais rarement bien utilisé comme dans Splice.


Sur le plan artistique, pas grand-chose à dire, Natali pose bien ses cadrages, sa lumière, et panache bien les moments de calme et de "précipitation", mêmes si ces derniers sont quand même concentrés dans le dernier quart du métrage. Le casting est de qualité, car plutôt que d'avoir des gravures de mode pour incarner ces scientifiques asociaux, nous avons deux excellents acteurs, comme Adrien Brody, vu récemment dans King Kong ou the Jacket, et Sarah Polley, vue dans L'Armée des morts de Zack Snyder. Deux acteurs au physique banal, presque passe-partout. Par contre le rôle de Dren adulte est tenu par la française Delphine Chanéac, qui n'a joué presque que dans des séries TV. Elle est surprenante, sensuelle, lunaire, énigmatique, inquiétante et surtout androgyne à souhait... C'est peut-être elle la vraie surprise du film. Par contre Brody a une coiffure absolument immonde dans ce film, et ça, ce n'est pas vraiment une révélation... Celui-ci est d'ailleurs presque un huis-clos, puisqu'il ne compte que 8 rôles parlants, l'essentiel de l'intrigue se passant entre les trois personnages principaux.


Au final je n'ai pas détesté ma séance de cinéma, j'ai vu un film relativement agréable à suivre, correctement filmé et interptété, mais  qui malheureusement a le cul entre deux chaises et a bien du mal à se relever. J'espère que l'on retrouvera le Natali inventif de Cube dans ses prochaines productions. Attention cependant, certaines scènes sont à la limite du malsain. A prendre avec des pincettes donc.


Spooky.


Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Séries TV


Vous vous souvenez tous de la série Arrête j'ai mal au bout, où des poupées gonflables courent le long de la plage dans des maillots une-pièce trop petits de deux tailles. Ne niez pas, tous les mecs de 40 ans, je sais que vous avez tous regardé. 


Eh bien j'ai trouvé une nouvelle série avec cette tendance icônique. Il s'agit de Truc à linge. Euh non. Tricot Lange. Non, c'est pas ça, attends... Ah oui, Tru Calling. Ca passe le samedi soir sur M6, dans "La trilogie du samedi". J'ai découvert ça ce week-end chez des amis (merci Wali), et je ne m'en suis pas remis.


En gros, l'histoire, c'est celui d'une étudiante en médecine qui, pour arrondir ses fins de mois, travaille à la morgue. De temps en temps, un mort lui parle, et lui demande de l'aider. Instantanément, Trudy ("Tru" étant un diminutif pas très glorieux pour une fille) se retrouve propulsée au début de sa journée, avec pour alternative d'aider le futur refroidi. En général, elle y arrive, mais elle essaie aussi de "réparer" des petits soucis quotidiens, genre éviter qu'un pot de fleurs se casse, aider son frère à mieux préparer un entretien d'embauche, etc. Ce qui fait que parfois les choses ne s'arrangent pas, et empirent dans certains cas. Seuls son patron à la morgue et son frère sont au courant de son "pouvoir", mais pas son petit ami, qui se fait pas mal balader, le pauvre... J'ai bien aimé les deux épisodes vus chez Wali, d'une part parce que c'était pas trop mal fait, que l'héroïne a parfois du mal à se dépétrer de petits tracas tout bêtes alors qu'elle sauve des vies...


Mais ce qui m'a frappé, et mon ami Wali avant moi, c'est quand même l'actrice principale, Eliza Dushku (Faith dans Buffy contre les vampires). Elle a une lèvre inférieure énorme, genre le chirurgien s'est endormi une heure au moment de l'injection de collagène. Quand tu l'embrasses, tu dois avoir l'impression de faire la bise à un pneu. Et puis surtout, elle a des... avantages physiques non négligeables, qui font que quand elle court, ça balance dans tous les sens, de façon asymétrique. Résultat, les scènes où elle court sont de grands moments de télé. On s'est même repassé le générique, car il y a une séquence où elle court. Dans le second épisode de samedi soir, il y avait une scène où elle courait ET où elle plongeait dans une piscine, en courant. C'était formidable. 


Sinon, j'en ai profité pour regarder hier les épisodes de la semaine précédente. Bon, elle courait déjà (en fait, il y a une scène de course à chaque épisode), mais c'était moins intéressant au niveau de l'histoire. Au final, c'est une série au concept qui, s'il n'est pas très original (dans un genre un peu similaire, citons la série Demain à la Une et le film Un Jour sans Fin), mérite l'attention. Par contre le traitement est un peu inégal.


Pour les curieux et les amateurs, il existe un site français pas trop mal fait sur la série.

 

Spooky.

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Films




Trouble Jeu est l'histoire d'un psychiatre (Robert de Niro) qui vient de perdre sa femme, qui s'est ouvert les veines dans sa baignoire. Contre avis médical, il décide d'aller se mettre au vert à la campagne quelques temps, en compagnie de sa fille de 7 ans, qui semble prostrée depuis le décès de sa mère. Ils vont dans une grande maison, où la petite fille développe une relation avec Charlie, un ami imaginaire qui commence à faire peur à son père... Et puis un jour, tout bascule. Une amie de la famille est tuée, apparemment par Charlie...

Eh bien en fait, il fonctionne pas mal ce film, sur les deux premiers tiers. L'ambiance est oppressante, inquiétante. On sent que le père et la fille n'arrivent pas à communiquer, on comprend le refuge de cette dernière dans une relation imaginaire... A partir du moment où le "noeud" du film est dévoilé, ça devient poussif, facile, trop gros... C'est dommage, parce que la réalisation, même si elle n'est pas très originale, tient la route. Côté acteurs, De Niro fait du cacheton, et c'est Dakota Fanning, le nouveau petit prodige du cinéma américain, qui lui vole la vedette. Dans La Guerre des Mondes, elle ne joue presque que sur le registre de la sale gamine hystérique, alors que dans ce thriller, elle est impressionnante. Dérangeante plutôt. On a l'impression de voir un adulte dans un corps d'enfant. Elle est minuscule, mais elle prend toute la place de l'écran. Elle est parfaite ; parfois mystérieuse, secrète. Parfois elle laisse libre cours à une pure terreur, quand le fameux "Charlie" dévoile enfin sa vraie nature. A noter la présence de la délicieuse Famke Janssen (X-Men) et d'Elizabeth Shue (L'Homme sans Ombre).

Le film est donc à voir pour la prestation de Dakota Fanning, mais c'est dommage de gâcher un talent pareil dans un film à moitié raté.

 

Spooky.


Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

La Ferme des Animaux fut finalisé en février 1944 mais seulement publié en août 1945. La faute en incombe à la guerre qui opposait alors les puissances des Alliés à celles de l'Axe. L'Angleterre, en pleine lutte contre le Toisième Reich, ne voulait pas affaiblir son allié d'alors, l'URSS. Car cet apologue est en réalité un pamphlet assez éloquent contre le régime soviétique d'alors.


En effet, beaucoup d'éléments nous mettent la puce à l'oreille. Si l'emblême du drapeau de la Ferme, un sabot et une corne superposés, qui rappelle fortement le drapeau soviétique (un marteau et une faucille sur fond rouge), peut-être que le second indice vous mettra sur la voie. Le chant révolutionnaire évoque bien entendu l'Internationale. Ainsi certains événements d'apparence anodine feront référence au passé historique de l'ex URSS. Par exemple, la rivalité qui oppose Boule de Neige et Napoléon est l'équivalent animalier de la lutte Trotsky-Staline qui se termina par l'exil du premier.


D'autre part, chaque animal représente un concept ou un groupe de personnes. Ainsi on pourra voir en Malabar, le cheval, l'allégorie du stakhanoviste qui a une confiance aveugle, dans n'importe quelle circonstance, au soviétisme et en son chef. Les moutons quant à eux symbolisent la masse des endoctrinés qui n'ont d'autre rôle que de faire taire les contestataire en répétant inlassablement des slogans qu'ils ne comprennent absolument pas. Les révolutionnaires Bolcheviks sont eux représentés par des cochons (représentation pas si innocente), s'accaparant graduellement le pouvoir et les richesses.


A travers l'histoire de l'URSS, il est intéressant de noter la manière dont Napoléon/Staline s'accapare progressivement le pouvoir, revisite l'histoire, établit le culte de la personnalité et arrive à maintenir ses sujets dans un état de plus en plus dramatique alors qu'il s'enrichit en parallèle. Mais en établissant l'allégorie de la montée du régime soviétique, Orwell montre que les nobles idéaux de départ sont oubliés en route au profit du confort des dirigeants. En effet, les sept commandements de l'Animalisme seront retouchés en cours de route, dans la plus obscure clandestinité, pour se voir à la fin totalement remodelée.


GiZeus.

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

La fin des blockbusters bourrins ?

Vaste débat qu'engage la question en guise de titre. Je me pose cette question après avoir vu le dernier (ndlr : en 2004) film de Michael Bay, le cinéaste des grosses productions épileptiques souvent vides de sens (Bad Boys, Armageddon, Pearl Harbor...). Car The Island, sa dernière réalisation, rompt quelque peu avec cette tendance dont il était devenu lui-même le champion, le symbole et l'archétype. Certes, le film n'est pas exempt d'un montage quelque peu énervé (notamment sur les scènes de poursuite), mais il a su, pour sa première production hors Bruckheimer (historiquement, le producteur intimement lié à la filmographie de Bay), se démarquer de ce qui faisait jusque-là sa marque de fabrique : premièrement en s'entourant de vrais acteurs peu coutumiers de ce type de film (SF/action -Ewan Mc Gregor, Scarlett Johansson, Djimon Hounsou), deuxièmement en s'emparant d'une vraie histoire, un film d'action/anticipation un peu "à l'ancienne", qui lorgne du côté de Bienvenue à Gattaca. Car le film est plutôt bien foutu, assez haletant, et bien sûr porté par l'interpréation à la fois sobre et gouailleuse de Mc Gregor, en particulier. Il y a un vrai univers, une vraie vision qui s'en détachent, même si on ne se refait pas et que Bay fait quand même du bourrin, notamment dans la seconde partie.


Alors voilà ma conclusion, ne jamais cataloguer un cinéaste dans un style d'où il ne pourrait pas sortir, car certains acceptent de jouer les "yes-men" pendant un certain temps, histoire d'obtenir plus facilement une liberté artistique plus tard. Pensez-vous que Rob Cohen (qui vient de sortir Furtif), qui cachetonne un peu dans le même genre, pourra un jour faire son The Island (toutes proportions gardées, bien sûr) ?


Spooky.

 

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Matheson signe ici un roman qui se démarque de la production habituelle de mort-vivants. Son récit a la particularité de former un huis-clos très prenant, où le lecteur est pratiquement en tête à tête avec le héros. Mais peut-on traiter Neville de héros, tant Matheson s'attache à rendre son personnage humain, avec ses doutes, ses craintes et ses faiblesses. Loin d'être un récit d'action, Je suis une légende est un récit posé, où les réflexions de Neville occupent une part importante du roman. On suit ainsi la progression de cet homme ordinaire, dernier survivant sain d'esprit de la grande pomme maintenant rongée par les vampires.


Matheson tente également une approche intéressante en ce qui concerne le vampirisme. En prenant à contre-pied les poncifs du genre, il nous propose une interprétation scientifique de ce phénomène. Malheureusement, à moins d'avoir quelques notions de biologie, vous n'en piperez pas grand mot, même si les passages explicatifs se veulent plutôt concis et relativement éloignés d'un traité de médecine.

Mais le grand intérêt de ce livre, au-delà de l'aspect psychologique déjà captivant, réside dans l'étude de la nature humaine et des relations entre minorité et majorité. A travers l'opposition manichéenne, ou du moins que l'on considère comme telle durant une grande partie, c'est véritablement une réflexion du libre arbitre qui transparait, gardant pour la fin une révélation évidente qui se veut fracassante. Ce qui n'empêche pas Matheson de conclure sur une note shakespearienne troublante.


S'il ne fallait retenir que l'essentiel, c'est que ce roman aurait pu faire un flop. Mais c'était sans compter sur le talent narratif de Matheson qui parvient à conjuguer scènes banales et ennuyeuses au plaisir de lecture. La tentative d'explication du vampirisme est intéressante malgré son côté un peu trop abscons, mais on regrettera surtout une réflexion qui aurait pu être plus poussée.


GiZeus.

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Films


J'ai vu Capitaine Sky et le monde de demain. Au-delà du titre un peu bizarre du film, c'est un véritable OVNI cinématographique. Tout part d'un court-métrage réalisé entre 1998 et
2002 par Kerry Conran et son frangin dans leur garage, ou presque. Kerry est un fan de cinéma, mais surtout un fan-boy qui imagine tout un monde uchronique, où des robots géants envahissent la Terre, avec comme héros un aviateur intrépide, accompagné d'une jeune et jolie journaliste non moins intrépide. Avec son frère Kevin, illustrateur doué, ils préparent des tonnes de story-boards, invitent des copains.

Ainsi naît un court-métrage de 6 minutes, qu'une amie commune propose au producteur et réalisateur Jon Avnet. Bluffé, celui-ci décide d'aider les frangins à réaliser un long-métrage dans le même univers. Peu à peu, ils trouvent le financement, puis les acteurs principaux. Outre Jude Law, qui joue le rôle-titre, on trouve dans le film Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Michael Gambon et Giovanni Ribisi. Excusez du peu ! Ceux-ci vont passer plusieurs mois à jouer devant des fonds bleus, l'essentiel des décors et autres personnages étant réalisés en post-production, sur ordinateur. Le résultat, sur le plan esthétique, est incroyable. On a à l'écran une espèce de platine très "glamour", ainsi qu'une identité visuelle très ancrée dans les années 1950. Gwyneth Paltrow est par exemple superbe dans le style. Au niveau de l'histoire, on a une espèce de savant fou qui s'apprête à dominer le monde grâce à une espèce d'arme absolue. Mais pour être tranquille, il doit éliminer d'autres scientifiques avec lesquels il a travaillé. C'est pourquoi il envoie des robots géants casser des villes. L'armée appelle à la rescousse le capitaine Sky, sorte de Buck Rogers classieux, qui va devoir composer avec Polly Perkins, son ex-fiancée et accessoirement journaliste écervelée.

Bon, ok, c'est un peu maigre comme argument pour un long métrage. Mais Conran a vraiment l'envergure d'un démiurge (difficile pour l'heure de le comparer à un cinéaste de référence, pour moi). Le design des robots est vraiment pas mal, et la façon dont ils sont mis en scène (ainsi que d'autres créatures du film) a quelque chose d'hypnotique. Dans un style rétrofuturiste qui rappelle à la fois HG Wells et Miyazaki, il y a du visuel de qualité. S'il a un savoir-faire technique indéniable, Conran est par contre un piètre directeur d'acteurs. Jude Law, laissé à lui-même, n'arrive pas à amener son personnage au-delà du beau gosse tout lisse, certes courageux, mais un peu... gland. Gwyneth Paltrow est pas mal, mais mis à part le fait qu'elle est jolie à regarder, pas grand-chose à retenir. Angelina Jolie, qui est plus en retrait, n'a elle pas grand-chose à faire (avec deux scènes, c'est dur, me direz-vous). Quant à l'histoire, je l'ai

dit, c'est un peu mince. Rajoutez à cela des incohérences, et on se dit que c'est bien dommage de gaspiller un univers visuel aussi riche avec une production sans relief…

 

 

 

Spooky .


 

Voir les commentaires

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Qu'est donc Janua Vera ? Rien dans l'introduction ou dans le développement ne semble élucider ce titre énigmatique, aux consonances harmonieuses. Nous opterons pour le nom secret du Vieux Royaume, que Jean-Philippe Jaworski, au travers des huit nouvelles proposées, tentera de nous initier. L'auteur, apparemment un grand fan de jeu de rôles puisqu'il est le créateur de deux JdR déjà (Te Deum pour un massacre, et Tiers Âge), réussit brillamment son coup. Bien qu'on soit dans un premier temps surpris par sa prose si délicate, on finit par accrocher aux histoires qui nous sont narrées avec tant de talent.

En effet, la plume de Jaworski est décidément exquise. Elle effleure le verbe, caresse le papier et stimule nos sens. Jaworski brode comme un maître tisserand, il emploie des fils d'or, d'argent et de multiples autres teintes exquises, qu'il s'amuse avec passion à coudre ensemble, pour former au final un motif majestueux. Et clairement, quand je dis qu'il brode, c'est à prendre également au figuré. Car sous les frusques étincelantes, se cache la plupart du temps une histoire peu haletante, qui sous la plume d'un autre eut souffert d'un développement moins harmonieux. Oui, les histoires ne sont pas toujours passionnantes. Ca traîne même en longueur. Mais ce rythme paresseux de l'auteur est voulue, il souhaite nous faire profiter de son style inimitable, décrivant avec un souci du détail les environnements, les changements d'état, les micro-variations.


En revanche, dès que la scène s'anime et que les protagonistes passent à l'action, l'immersion enveloppe encore un peu plus le lecteur de son manteau brodé, et ainsi calé, bien au chaud, le spectateur ne peut que vivre l'action qui se déroule sous ses yeux. Moult détails et gestes anodins poussent le lecteur à plonger en apnée sous l'écriture délictueuse de Jarowski. Tout comme les paysages alentours, les faciès et comportements sont longuement étudiés et fidèlement rendus. Il faut reconnaître à l'auteur, en sus de sa narration exemplaire, une maîtrise très poussée du français et de termes désuets. C'est surtout à propos des vêtements que l'on notera une minutie époustouflante, de locutions peu parlantes, mais finalement si immersives.


Mais le lecteur que je suis déplorera par instants le manque de dialogues, qui auraient certainement dynamisé le récit. En effet, il y a peu de dialogues dans Janua Vera. Le style est éminemment rapporté, ce qui n'exclue pas une psychologie plutôt réussie des protagonistes. Mais le point de vue omniscient peut parfois lasser, et l'on souhaiterait alors plus de discours léchés comme il nous en est parfois servis. Car à l'instar du reste, les rares échanges sont très réussis. Mais j'ai parfois eu l'impression d'être en décalage avec les personnages et la narration. Par exemple, l'introspection omnisciente d'un barbare m'a donné une idée plutôt intelligente du guerrier, alors qu'il s'avère plutôt benêt, des dires du narrateur. A l'opposé, quand Jaworski raconte des batailles (celle de Kaellsbruck en particulier), on ne peut être que captivé par le réalisme de la situation. De même, lorsqu'il s'essaie brièvement à l'humour, il réussit avec brio à mixer histoire et malice.


Cependant, il est dommageable que les nouvelles ne bénéficient pas d'une histoire plus attirante. Non pas qu'elles soient fades, mais si on extirpe les faits en eux-mêmes, les histoires n'ont rien d'exceptionnel. Certaines comme celle de l'assassin sont vraiment réussies, et d'autres un peu moins, comme Le Conte de Suzelle, beaucoup plus prévisible. A ce titre, les deux nouvelles narrées à la première personne m'ont le plus plu, bien que Le Confident, dernière nouvelle du recueil, ne fasse qu'une trentaine de pages. Et il semble que Benvenuto, l'assassin que l'on rencontre dans Mauvaise Donne, la meilleure nouvelle selon moi, soit le protagoniste de la suite de ce très bon livre introductif du Vieil Empire. Au vu des critiques, il y a des chances pour que Gagner la guerre soit de meilleur niveau que Janua Vera, qui, rappelons-le, est le premier livre de Jean-Philippe Jaworski. Chapeau l'artiste pour ce premier essai, d'entrée transformé, surtout aux yeux d'un piètre admirateur de la Fantasy.


Du très bon divertissement, et peut-être un auteur qui me fera épisodiquement zieuter sur ce genre dont je ne suis pas le plus fervent défenseur.

 

GiZeus.

Voir les commentaires

1 2 > >>

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog