Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.
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April 02, 2014
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April 02, 2014
Ce n'était pas sa journée... Gary était un de ces cadres en retard, dont le pantalon se tache à la première flaque d'eau, et dont la voiture rend l'âme sur une route déserte. Panne sèche. A cinquante mètres d'une pompe à essence. Ce qu'il ne savait pas, c'est que cet évènement allait probablement être un des plus forts de toute sa vie. Car le vieillard présent derrière le comptoir était tout sauf un pompiste ordinaire...
Avec cette nouvelle de 45 petites pages, Greg Hocfell, écrivain français "spécialisé" dans le fantastique, fait un hommage à son écrivain préféré, Stephen King (d'où les initiales qui tiennent lieu de titre). Un auteur qu'il a eu le plaisir de croiser, comme votre serviteur, lors de sa venue en France en fin d'année dernière. Cela lui a donné envie d'écrire une histoire à la manière de son auteur préféré. Une envie qui visiblement lui a pris comme une envie d'uriner, sans raison particulière. Et le résultat, écrit en trois heures, est un vrai cri d'amour, une déclaration enflammée au King des débuts, à l'écrivain qui incarne peut-être le mieux l'esprit américain, avec ses défauts, ses addictions, mais aussi son amour infini pour sa femme et son talent incroyable pour raconter des histoires...
Emouvant.
Spooky
Luca Terracini, journaliste, vit à Bagdad, hors du périmètre sécurisé. Il mène une enquête sur une série de braquages meurtriers. Des dizaines de millions de dollars se sont volatilisés. Dans sa quête de la vérité, il s’apprête à barrer la route à des agents clandestins et de puissantes nations qui s’évertuent à enfouir des secrets et à manipuler la vérité, quel qu’en soit le coût.
Pendant ce temps-là, à Londres, alors qu’il boit un verre dans un pub, l’ancien policier Vincent Ruiz vole au secours d’une jeune femme, Holly Knight, aux prises avec son petit ami violent pour découvrir en se réveillant le lendemain matin qu’elle l’a dévalisé. Il a été victime d’un coup monté des plus subtil. Furieux contre lui-même, et contre elle, il se lance à la poursuite de Holly…
A Londres toujours, Elizabeth, enceinte de son deuxième enfant, s'inquiète après la disparition depuis plusieurs jours de son mari, haut responsable d'une institution bancaire...
Trois fils narratifs sont lancés dès le début du roman, et bien malin celui qui devinera leur point commun... Michael Robotham doit donc gérer une dizaine de personnages qui vont jouer un rôle déterminant dans cette affaire. Il ne s'agit pas vraiment d'un polar classique, dans la mesure où les enjeux dépassent le cadre classique, et les frontières. Il y a cependant deux personnages-fils conducteurs de l'ensemble, un ex-flic à la retraite et un journaliste d'investigation free-lance, deux profils qui permettent de nombreux développements à l'avenir, si l'auteur décide de les utiliser à nouveau. La trame est tellement dense qu'il m'a été un peu difficile, par moments, de rester acroché, malgré les efforts de Robotham pour simplifier son propos, notamment sur le volet financier de l'affaire.
Par contre ce qui m'a vraiment intéressé, c'est la dimension sociale, lorsque l'enquête a emmené nos investigateurs dans une banlieue déshéritée de Londres, ou dans l'enfer permanent de Bagdad. Un auteur à suivre, pour cet aspect-là.
Spooky
À Seattle, personne n’a oublié le mystère de la Hoh River : trois gamins enlevés, cachés dans les bois. Seuls deux d’entre eux avaient réapparu, incapables de se souvenir de ce qui leur était arrivé.
Vingt-cinq ans plus tard, un couple et ses deux fils sont sauvagement assassinés. Au-dessus de la porte de la chambre, le tueur a laissé un message : 13 jours.
Très vite convaincue que les deux affaires sont liées, puisque le père de famille qui vient d’être assassiné était l’un des trois enfants kidnappés, la police manque pourtant de preuves. Pour sa première grande enquête, l’inspecteur Alice Madison devra se fier à son instinct. Au cœur des forêts, le cauchemar va recommencer. Dans 13 jours.
Premier roman d'une auteure britannique, ce 13 jours propose une plongée dans la noirceur, la vengeance et le mensonge. Il se déroule à Seattle et dans ses environs, dans l'esprit d'une femme-flic nouvellement arrivée à la Criminelle, mais pas seulement, puisque nous sommes aussi dans l'esprit de plusieurs autres protagonistes de l'affaire. C'est là que réside le principal défaut de ce roman, un éclatement narratif pas forcément justifié, même si on peut raccrocher les wagons par la suite. Cela m'a ralenti dans ma lecture, pourtant bien enclenchée grâce à l'empathie éprouvée pour Alice, jeune flic à l'instinct fort intéressant, même si cela manque encore de maîtrise. De même, la façon très particulière dont le tueur perçoit son environnement n'est qu'effleurée, alors qu'elle aurait pu être nettement développée.
Cependant Valentina Giambanco installe un univers classique mais plutôt intéressant, avec le supérieur, les collègues qu'on apprécie ou pas, les amis (qui sont déjà mis à contribution dès ce premier épisode), et bien sûr le fonctionnement interne de la police criminelle. Il résulte de l'ensemble une histoire assez prenante, malgré une certaine confusion narrative.
Spooky
Attention, la lecture de ce billet sous-entend que vous connaissez l'intrigue du Seigneur des Anneaux, qu'il s'agisse du roman initial ou des trois films de Peter Jackson. Dans le cas contraire vous risquez de vite être perdus... Du coup, une séance de rattrapage s'impose !
Bien avant l'adaptation (vraiment réussie de mon point de vue) par Peter Jackson et son équipe, un autre réalisateur s'est attaqué au roman de Tolkien : l'américain Ralph Bakshi. En 1978 est donc sortie cette première partie de l'adaptation, qui ne sera pas suivie de la seconde, probablement à cause de l'échec artistique qui en découla, car le public répondit présent à l'époque.
Car on peut vraiment parler d'échec artistique, tellement Bakshi semble à côté de la plaque. Son métrage est truffé de raccourcis narratifs, de contresens et de situations ridicules... Mais parlons-en plus en détail.
La première erreur du réalisateur a été de vouloir faire un film techniquement hybride, mêlant les prises de vue réelles avec le dessin animé. L'essentiel de l'intrigue est représentée par l'animation, alors que des scènes additionnelles sont en prises réelles, légèrement retouchées, notamment les scènes avec des chevaux. L'imbrication des deux fait souvent mal aux yeux, et cette technique, la rotoscopie (ou rotoscope) confère une atmosphère étrange. Du coup les Orques, par exemple, ont vraiment un aspect inquiétant, peut-être pas de la façon dont s'y attendait le réalisateur. Car cela induit un décalage parfois incroyable avec la partie animée. Celle-ci, assez rudimentaire (on se croirait presque dans les tout premiers Walt Disney), apparenterait presque le film à un long métrage pour enfants, tant l'image est édulcorée, les personnages presque caricaturaux... Sam est d'une laideur inconcevable, Frodo d'une mièvrerie sans borne et Aragorn change de tête dès qu'il la tourne.
Boromir se sert de son épée comme d'une raquette, le nain est aussi grand que les humains (pourtant il est animé, ce n'est pas un vrai acteur), l'arc de Legolas change d'aspect entre deux plans, et les combats sont tournés au ralenti... Un tel amateurisme est effarant. Le mélange des techniques amène parfois de drôles de scènes, comme ces personnages desinés qui semblent flotter devant un décor "réel" mais passé par un trucage indéfinissable. L'animation a l'air vraiment ancienne, elle est même parfois difficile à décrypter. Ca sent très mauvais, et je n'ai parlé que du visuel.
Sur le plan de l'histoire, c'est presque pire. Bakshi prend d'énormes libertés avec le roman de Tolkien. Comme chez Jackson, le passage avec Tom Bombadil est totalement sucré. Le Conseil d'Elrond est expédié en deux temps trois mouvements. Les Spectres de l'Anneau sont censés être inquiétants mais sont facilement mis en fuite dès leur première attaque. Ils attaquent d'ailleurs à cinq, puis s'enfuient à quatre, et puis sont à nouveau cinq... Il y en a un qui était parti pisser je pense. J'ai fait un bond lors de la rencontre avec Legolas, qui se retrouve carrément à la place d'Arwen (qui du coup disparaît totalement du script...). En Lothlorien également le récit est haché en morceaux, entre scènes d'un angélisme vomitif et une Galadriel qui ressemble à Cendrillon... Le Balrog ressemble à un lion à la robe sombre, et avec des ailes ; le comble du ridicule... Bakshi s'est quand même efforcé d'essayer de retranscrire l'attirance de Bilbo, Boromir, entre autres, pour l'Anneau unique. Mais ça ressemble plus à Quasimodo regardant sous les jupes d'Esmeralda dans le Notre-Dame de Paris de Disney qu'à autre chose... Le sous-entendu homosexuel entre Sam et Frodo est présent, mais camouflé par une bonhomie enfantine, qui là encore désamorce presque toute analyse sérieuse. Et puis franchement, entendre LE Comté pendant tout le film, ça m'a hérissé les poils.
Le supplice dure un peu plus de deux heures. Le temps pour Bakshi de (mal) "traiter" le premier Livre, et un premier tiers du second. Une fois la bataille du Gouffre de Helm finie, et avant la rencontre de Frodo et Sam avec Arachne. Pourquoi m'infliger un truc pareil, me demanderez-vous ? "Spooky, serais-tu masochiste ?" Peut-être. Mais je suis surtout avide de lire ou voir tout ce qui a trait au Seigneur des Anneaux, que ce soit de qualité ou pas (enfin bon, ça se discute hein). En l'occurrence c'est tout de même intéressant, à titre historique, car il s'agit, à ma connaissance, de la première tentative plus ou moins aboutie de l'oeuvre maîtresse de Tolkien. C'est kitsch, donc collector. En plus c'est une cassette VHS. Oui, je sais.
Spooky.
NB : En faisant quelques recherches sur ce long métrage j'ai découvert que le studio qui l'a produit a également produit deux dessins animés dans le même univers, l'un adaptant Bilbo le Hobbit, l'autre le Retour du Roi. Ces productions, destinées à la télévision, n'ont jamais été distribuées en france, même si j'ai cru lire sur un blog que la Fnac les avait proposés en pack il y a quelques années... Si quelqu'un a des infos à ce sujet, je suis preneur...
EDIT du 3 mars 2014 : Après visionnage de la version DVD du film, je rajouterai simplement que celle-ci comporte en bonus un documentaire retraçant en 30 minutes le parcours de Ralph Bakshi, qui a eu son heure de gloire à l'époque où le maison Disney était un peu en berne, notamment lorsqu'il a réalisé Fritz the Cat, d'après l'oeuvre de Robert Crumb. Documentaire un peu partial, mais pas inintéressant par moments. L'autre bonus est une bande-annonce pour le jeu video La Quête d'Aragorn.
Revoilà le Département V, à la recherche de l'explication d'une série de disparitions ayant eu lieu en 1987, des disparitions apparemment sans rapport entre elles, mais c'est sans compter sur Carl Morck et son équipe, toujours réduite à deux personnes.
Jussi Adler Olsen poursuit sa série avec énergie et succès. La personnalité des enquêteurs est moins approfondie dans cet épisode, même si certains éléments viennent ajouter quelques pierres à l'édifice. Mais cette fois-ci nous sommes en grande partie dans l'esprit d'une personne liée à ces disparitions, un procédé forcément diabolique, mais encore plus avec le twist final, que je n'ai absolument pas vu venir, et lui aussi d'une efficacité redoutable. Il y a pas mal d'action, on ne s'ennuie pas du tout durant ces 600 pages, et les lieux de l'action, tout comme les époques, sont assez diversifiés. On va par exemple sur l'île de Sprogo, qui abrita un asile réservé aux femmes, en passant par un appartement cosy ou encore les boudoirs d'une importante organisation politique aux revendications douteuses. Nouvelle plongée dans le Danemark d'aujourd'hui et d'hier donc, et le fait d'utiliser les deux assistants de Morck comme des consciences, qu'elles soient bonnes ou pas, est là encore très judicieux. Je ne m'en lasse pour l'heure pas du tout.
Spooky.
pour lire mes chroniques sur les épisodes précédents, par ordre chronologique :
Bastien Balthasar Bux a douze ans. Orphelin de mère, élevé par un père absent, il s’évade de son quotidien grâce à sa passion pour la lecture. Un matin, il entre dans une librairie et dérobe un livre ancien. Un livre pas comme les autres, qui décrit un monde peuplé d’elfes et de monstres… Mais le Pays Fantastique est rongé par un mal étrange et vit une lente agonie. Un héros, Atréju, est nommé par la Petite Impératrice, souveraine incontestée, pour accomplir une grande quête : trouver un remède afin de sauver leur monde. Et voilà que Bastien, irrésistiblement, passe de l’autre côté du miroir et entre dans l’histoire, l’Histoire sans fin…
La plupart des trentenaires ou des quadras ne connaissent cette histoire (sans fin, donc) qu'au travers du film éponyme de Wolfgang Petersen datant des années 1980 et considéré comme un classique de la fantasy. Mais avant le film il y eut un roman, lui aussi de nationalité allemande, écrit par Michael Ende et sorti en 1979. Cette lecture est une sorte de vieux fantasme pour votre serviteur, car j'ai toujours voulu approfondir l'univers qui se cachait derrière le(s) film(s) (car oui, il y a eu une suite, un peu honteuse, réalisée par George Miller en 1990, et qui reprenait en partie la deuxième partie du roman).
Le roman, en poche, approche les 500 pages, et dès les premiers passages évoquant le Pays fantastique (qui s'appelle aussi l'Empire Fantastique sur certains passages, ce qui me fait dire que la traduction n'est peut-être pas optimale), on se rend compte que l'imagination de Michael Ende est très fertile, à tel point qu'arrivé à peu près à la moitié du bouquin (qui correspond donc au film de Petersen), on se dit que ça suffit. Mais non, ça continue, Bastien continue son épopée au pays Fantastique. Le but n'est pas forcément de montrer ladite imagination fertile, mais plutôt de montrer l'influence qu'a le Pays Fantastique, ou plutôt Auryn, le bijou qu'offre l'Impératrice à Atréju, dont la vie est indissociablement liée à l'existence du Pays Fantastique. Un bijou qui lui donne des pouvoirs quasi illimités dans ce pays imaginaire, mais lui corrompt également l'esprit en rongeant peu à peu ses souvenirs d'"avant". Tout cela dans un monde peuplé de créatures fantastiques, très diverses.
Ah tiens, un élément qui m'a semblé intéressant ; un personnage du roman explique à Bastien que toutes les histoires ont été écrites avec 26 caractères, ceux de l'alphabet latin (ce qui n'est pas vrai, il existe d'autres alphabets, mais passons), et le roman est découpé en... 26 chapitres, chacun précédé de la lettre correspondante, et d'illustrations du contenu du chapitre en question.
Voici une de ces illustrations, dans l'édition originale (merci à Erwelyn pour l'image).
En bref, une lecture loin d'être désagréable, avec un univers foisonnant, mais un roman un peu long, malgré les implications du hors texte. Je pense que cela aurait mérité de faire un triptyque pour que le développement de l'univers, ainsi que le plaisir de lecture, soient optimaux.
A noter que l'illustration de couverture ici présentée est l'oeuvre de Fleurine Rétoré, dont je vous avais déjà un peu parlé ici.
Spooky