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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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May, dix ans, est peut-être en train de mourir. Le Dr Goldberg l’a envoyée dans la maison ronde, au milieu de la forêt, rejoindre Thomas et Lola, Nora et la docteure Anne, chargés de distraire les enfants malades. Et de leur apprendre le monde. Un monde qui ressemble au nôtre. Mais qui en est prodigieusement distinct et distant. Où tout est différent, subtilement ou violemment. Encore heureux qu'il y ait le changement, sans lequel la vie ne vaudrait pas d'être vécue. Et l'Extension, si vaste qu'elle cache peut-être ce que May nomme en langage grimm’s mondo paradisio.

 

Michel Jeury, au début des années 1970, a changé la science-fiction avec sa trilogie, Le Temps incertain, Les Singes du temps et Soleil chaud poisson des profondeurs. Il revient au crépuscule de sa vie d'auteur avec ce roman gigogne, qu'il appelle lui-même son testament au genre. J'ai été désarçonné presque d'entrée de jeu, et j'ai dû cravacher en cours de lecture pour raccrocher les wagons. Car ce roman se déroule dans un monde en déliquescence, un monde qui tourne autour de May, laquelle, ainsi que les autres personnages (si j'ai bien compris), créent d'autres réalités, générées par des changements. A l'issue de ces changements, chacun n'est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, et garde un vague souvenir de sa vie passée. C'est assez déroutant, car ils changent aussi de noms, de caractères...

 

Là où Jeury m'a vraiment touché, surpris, c'est dans l'invention d'une sorte de novlangue, un Espéranto fortement inspiré du français avec des touches d'anglais, composé parfois de mots-valises, parfois de termes tronqués tout aussi évocateurs... Il y a ainsi plusieurs niveaux de langage, plusieurs "langues" suivant le plan de réalité -ou la phase- où l'on se trouve, ce qui donne une véritable identité à ce roman.

 

Jeury n'exclut pas le souci de l'écologie, l'attention à l'autre au travers de son personnage de May, une adolescente un peu frivole mais aussi attentive au monde qui l'entoure (animaux, hélicoptères...). Il y a de la poésie dans May le Monde, c'est indéniable.

 

Et au final, Jeury ne tranche pas : avons-nous simplement suivi une histoire avec des identités multiples, ou s'agit-il simplement d'une sorte de mécanisme de défense de la petite May, dans un état critique ? C'est dans cette ambigüité, à mon sens, que tient le véritable intérêt du roman. Dans le doute.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Vie du blog

Bon, après 5 années d'existence, il serait peut-être temps de songer à faire des cartes de visite pour ce blog, qu'en pensez-vous ?

 

Du coup -et là je m'adresse aux camarades blogueurs-, quels éléments pensez-vous qu'ils doivent figurer sur ladite carte ? Je pensais mettre mon nom, mon pseudo, l'adresse du blog, un petit laïus expliquant sa nature... Quoi d'autre ?

En termes de visuel, vous auriez des idées ? Des propositions de design ? Que faut-il mettre au recto, que faut-il mettre au verso ?

 

Donnez-moi vos avis, je suis open :)

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Oui je sais, l'année est déjà bien entamée, un quart est déjà presque passé. Mais je n'avais pas trop de visibilité sur les films de l'imaginaire de l'année...

 

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Bon, on va commencer fort, avec Cloud Atlas, réalisé par les frère et soeur (ex-frère) Wachowski et Tom Tykwer (Cour Lola cours), avec cette adaptation d'un roman de David Mitchell, qui raconte une histoire sur plusieurs siècles, avec des acteurs (dont Tom Hanks, Halle Berry) qui jouent plusieurs rôles.

 

Sorti le 20 mars également, et très visible grâce à une campagne marketing agressive, Warm Bodies raconte l'idylle naissante entre une humaine "vivante" et un zombie... Adapté d'un roman dont je vous avais déjà parlé.

 

Le 17 avril une nouvelle version de Carrie, adapté du roman éponyme de Stephen King, sort sur nos écrans, avec l'adolescente qui monte Chloe Moretz (Kick-Ass) et Julianne Moore en mère fanatique.

 

Dans Oblivion, Tom Cruise incarne un soldat assigné par une cour martiale sur une planète déserte pour y détruire les derniers vestiges de traces de vie extra-terrestre... et qui va aller petit à petit au-delà des apparences.

 

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Iron Man 3, qui s'annonce plutôt comme un gros thriller technologique, avec à la barre Shane Black, ami personnel de Robert Downey Jr, est LA production Marvel de cette année (oui, l'affiche est moche). Sortie le 1er mai.

 

Un nouveau volet de la saga Star Trek débarque le 12 juin, toujours avec JJ Abrams à la barre de l'Enterprise. Ca paraît très très spectaculaire.

 

Dans After Earth, Shyamalan met en scène un film qui voit un père et son fils s'échouer sur une Terre devenue inhospitalière et hostile. Dans les deux rôles principaux : Will Smith et son fiston Jaden. Sortie le 5 juin.

 

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Après le semi-échec de Bryan Singer, la Warner tente de redonner une nouvelle à l'Homme d'Acier avec Man of Steel, dirigé par le roi de l'image léchée Zack Snyder, cornaqué par Christopher Nolan. Sortie le 19 juin.

 

Le 3 juillet, c'est Brad Pitt qui combat les zombies dans World War Z, adapté du best-seller éponyme de Max Brooks.

 

Le 17 juillet, dans Pacific Rim, Guillermo Del Toro orchestre ici la guerre entre les "Kaijus", des créatures gigantesques surgies des flots, et les "Jaegers", des robots géants pilotés par les humains. Un duel au sommet qui s'annonce peut-être comme LE blockbuster de l'été 2013.

 

Le 24 juillet ce sont les origines de Wolverine qui nous seront racontées.

 

Un Matt Damon au crâne rasé plonge en 2159, alors que la population riche vit sur une station spatiale artificielle le reste de la population tente de survivre sur la Terre dévastée. Face à lui, on retrouvera Jodie Foster qui incarnera... une Française. Elysium sort le 24 août.

 

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18 septembre : La Cité des Ténèbres. Dès la sortie du premier tome en 2007 aux Etats-Unis, The Mortal Instruments de Cassandra Clare est devenue l’une des sagas littéraires les plus populaires chez les jeunes adultes. On y suit les pas de Clary (Lily Collins), témoin d'un meurtre commis lors d'une soirée. Elle est terrifiée lorsque le corps de la victime disparait mystérieusement devant ses yeux... Elle découvre alors l'existence d'un monde obscur et parallèle et y fait la rencontre d'un chasseur de démons. La jeune fille va alors se retrouver dans une guerre qui fait rage entre les chasseurs d'ombres et les forces démoniaques...

 

Le deuxième volet de la saga Hunger Games, l'Embrasement, devrait réchauffer les salles de cinéma au coeur de l'hiver prochain. Sortie le 27 novembre.

 

The Host 2 fait suite au film coréen de monstres qui avait secoué le box-office en 2006.

 

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Scary movie 5 : On ne prend (presque) pas les mêmes... et on recommence ! Emmené par Ashley Tisdale (qui remplace donc Anna Faris) et Simon Rex (vu dans Scary Movie 3 et 4), ce nouvel opus passe à la moulinette de la parodie des Black Swan, Paranormal Activity et autres Inception. Avec en guest-star le couple Charlie Sheen / Lindsay Lohan ! Oui, là encore, l'affiche est moche, mais ce coup-ci, c'est voulu.

 

Et vous, qu'en pensez-vous ?

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Personnalités

[Réédition et remasterisation]

 

Personnellement, j'ai découvert Stephen King à l'âge de 16 ans, sur les conseils d'un camarade de classe. Très vite, il est devenu l'un de mes auteurs préférés, même si je reconnais que sa plume n'est pas toujours aussi altière que je le souhaiterais. Je vous invite donc à le découvrir...

 

A l'heure où j'avais écrit la première version de ces lignes (mai 2003), Stephen King a annoncé qu'il allait mettre un point final à sa carrière d'écrivain. Cette déclaration survenait après un accident qui faillit lui ôter la vie en 1999 : un chauffard l'avait en effet violemment percuté sur une petite route du Maine. Cela signifiait alors qu'il faudrait probablement attendre 2006 ou 2007 pour voir apparaître son ultime oeuvre littéraire sur les étals des librairies. Il est vrai que l'"Horrorus Rex" a inondé le marché mondial de ses romans éléphantesques, la plupart du temps caractérisés par des sujets horrifiques (sur une large palette), un langage très argotique parfois et une présence active du sexe. Des éléments qui ont amené les critiques "grand public" à considérer son oeuvre comme de la sous-littérature clinquante, à tel point que les gens se cachent lorsqu'ils lisent du King, même dans le métro !

 

Parti de rien (King père abandonnera sa femme, aide ménagère, et ses deux fils lorsque Steve a 2 ans), l'écrivain de Bangor, dans le Maine, est devenu, par la force des mots et l'agressivité des couvertures, l'écrivain le plus lu dans le monde. Son style très visuel lui a permis d'être également l'un des auteurs les plus adaptés au cinéma et à la télévision (une trentaine de films, téléfilms et mini-séries à ce jour). Parmi ces adaptations, je citerai Carrie (Brian de Palma, 1977), Shining (Stanley Kubrick, 1980), Misery (1992), Les Evadés (Frank Darabont, 1995), Stand By Me (Rob Reiner, 1987)... King en a profité pour jouer dans certaines de ces adaptations des petits rôles, et même de passer à la réalisation avec le catastrophique Maximum overdrive (1986).

 

Je l'ai dit, King a annoncé sa retraite artistique. 2 fois même.

 

Pourtant, chaque année entre février et avril, l’éditeur Albin Michel sort invariablement un Stephen King. En 2006, c’est Cellulaire qui est sorti. En 2007, Histoire de Lisey. En 2009, Duma Key. En 2012 un recueil de nouvelles a vu le jour. Et pour 2013, année où il fête ses 40 ans de carrière (rappelons que Carrie est sorti en 1973 aux Etats-Unis), il frappe fort avec 22/11/63, qui replonge le lecteur dans l'un des évènements les plus sombres de l'histoire des Etats-Unis. 

 

Il faut croire qu'il en a encore sous la semelle, puisque quelques nouveaux textes sont encore annoncés. On remarquera d'ailleurs que la plume de l'auteur a évolué avc le temps, ses thèmes de prédilection aussi. Avant son accident, nombre de ses héros étaient des adolescents, souvent victimes de leurs parents, lesquels étaient rongés par les maux de l'Amérique profonde : le fondamentalisme religieux, la presse à scandale, le port d'armes à feu, l'obscurantisme... Son accident marqua un arrêt, un tournant dans son oeuvre ; les romans qui suivirent ressemblaient à des brouillons recyclés, son essai Ecriture nous montra un homme et un auteur meurtri dans sa chair et dans sa tête. Et puis depuis quelques années la qualité est de nouveau au rendez-vous, les obsessions du King ayant changé : vieillesse, maladie, mort bien sûr sont des motifs récurrents de ses romans écrits à partir de 58 ou 60 ans. Il n'a donc pas fini de nous parler de nos peurs, même les plus intimes...

 

J'ai eu la chance de le rencontrer pour une dédicace et de l'écouter lors d'une rencontre avec les fans à Paris en novembre 2013. Un grand moment.

 

Sa carrière n'est pas terminée, mais pour commémorer à mon humble niveau ces 40 ans de carrière, voici une bibliographie commentée puis quelques ressources. Les dates données sont celles de la première édition en France, qui diffère parfois de beaucoup de l'édition originale aux USA.

 

1976 : Carrie : roman. Adapté au cinéma dans un film très impressionnant par Brian de Palma (1977) ; avec Sissy Spacek dans le rôle-titre. L'histoire d'une jeune fille rudoyée par ses camarades de classe qui prend sa revanche de façon sanglante, grâce à des pouvoirs insoupçonnés... Après une suite un peu honteuse et un téléfilm, une nouvelle adaptation est sortie de l'année 2013, avec Chloe Grace Moretz dans le rôle-titre et Julianne Moore dans celui de sa mère. Un résultat mi-figue mi-raisin.

 

1979 : Shining : roman. Intéressante variation sur les maisons hantées et la plongée dans la folie. Le film éponyme de Stanley Kubrick (1980, avec Jack Nicholson), a complètement dénaturé le propos de King. A noter que King écrira une suite en 2013, intitulée Docteur Sleep.

 

1977 : Salem : roman. Sympathique variation sur le vampirisme.

 

1980 : Danse Macabre : recueil de nouvelles. Très bon recueil, peut-être le meilleur de King.

 

1981 : Le Fléau (édition complète et augmentée en 1991) : long roman.  Adapté pour la télévision en 1997 par Mick Garris, avec Gary Sinise en vedette. A également connu une adaptation en comics, actuellement en cours de publication en France. Dans un monde ravagé par une pandémie, les survivants se regroupent autour de deux personnages emblématiques et antinomiques. Le mal est à l'oeuvre.

 

1982 : Cujo : roman. Une terrifiante histoire d'un chien rendu fou par la rage inoculée par une chauve-souris. A été adapté (assez moyennement) au cinéma en 1983 par Lewis Teague.

 

1983 : Creepshow : recueil de nouvelles et de bandes dessinées. Adapté au cinéma en 1982 par Georges A. Romero, scénariste qu'admire King.

 

1983 : Dead Zone : roman. Excellent roman d'ambiance, portant sur la montée de l'extrême-droite aux USA. Adapté avec bonheur la même année au cinéma par David Cronenberg, avec Christopher Walken en vedette.

 

 1984 : Christine : roman. Adapté en 1983 au cinéma par John Carpenter. L'histoire d'une Plymouth Fury 1958 hantée. Le roman est nettement plus efficace que le film. Les belles voitures hantées ou dotées de pouvoirs particuliers sont un motif récurrent dans les oeuvres de King. L'une des facettes du rêve américain révélée dans toute son horreur, en quelque sorte.

 

1983 : Simetierre : roman. Adapté dans un style assez réaliste par Mary Lambert pour le cinéma en 1989. Cette histoire de morts qui reviennent à la vie est proprement terrifiante, car faisant appel aux peurs les plus anciennes, les plus intimes aussi...

 

1984 : Charlie : roman. Oeuvre intéressante sur la psychokinésie et la pyrokinésie. Adapté au cinéma la même année par Mark L. Lester.

 

1986 : Différentes saisons : recueil de nouvelles. Regroupe quelques oeuvres de jeunesse de King.

 

1986 : Peur Bleue / La Nuit du Loup-Garou : scénario. Une histoire de lycanthropie peu réussie.

 

1986 : Le Talisman : roman coécrit avec Peter Straub. Une vaste saga sans queue ni tête...

 

1987 : Chantier (sous le nom de Richard Bachman) : roman. Descente vers la folie meurtrière d'un homme seul qu'une expropriation menace de mettre à la rue...

 

1987 : Brume : recueil de nouvelles. On y retrouve certaines des meilleures productions de l'auteur, plus régulier dans cet exercice que dans celui du roman. A noter que la novella qui donne son titre au recueil a fait l'objet d'une bonne adaptation au cinéma 20 ans plus tard.

 

1987 : La Peau sur les Os : roman. Ecrit sous le pseudonyme de Richard Bachman, cette histoire de malédiction indienne ne suscite que peu d'intérêt, tout comme son adaptation cinéma, réalisée en 1996 par Tom Holland.

 

1988 : Ça : roman Adapté en mini-série par Tommy Lee Wallace en 1990, avec Tim Curry. L'histoire d'un groupe de gamins confrontés à des peurs anciennes... Je vous renvoie vers l'excellent article de Shanaa sur ce bouquin qui représente peut-être le sommet de l'oeuvre de King. 

 

 

1988 : Running Man (sous le nom de Richard Bachman) : roman. Adapté au cinéma par Paul Michael Glaser en 1987, avec Arnold Schwarzenegger. Une oeuvre de science-fiction mineure, très mineure.

 

1989 : Marche ou crève : roman. L'une des oeuvres méconnues du King, qui se cachait alors derrière le pseudo de Richard Bachman. Pourtant une histoire très efficace, assez prenante, à rapprocher du Prix du danger, d'Yves Boisset.

 

1989 : Les Tommyknockers : roman. Oeuvre moyenne sur les extraterrestres, qui donna lieu à un assez bon téléfilm en deux parties (1995, réalisé par John Power).

 

1989 : Misery : roman. Une histoire d'amour qui conduira à la mort, avec dans l'adaptation de Rob Reiner (1992), une incroyable Kathy Bates.

 

1990 : Rage : roman. Une oeuvre crépusculaire, pleine de désespoir et d'adolescence en colère... Paradoxalement, bien qu'écrit sous son pseudo de Richard Bachman, peut-être l'une de ses meilleures productions...

 

1990 : La Part des Ténèbres : roman. Un roman très fort sur le romancier et sa part d'ombre... A fait l'objet d'une adaptation en 1992 par Georges A. Romero.

 

1991 : Minuit 2 / Minuit 4 : recueils de nouvelles.

 

1991 : Le Pistolero (La Tour Sombre 1) : recueil de nouvelles formant un roman. Le début d'une longue, très longue saga de fantasy, sorte de fil rouge de l'oeuvre de King. A été adapté en comics, dont la publication est en cours en France.

 

1991 : Les Trois cartes (la Tour Sombre 2) : roman. Suite de la saga...

 

1992 : Terres perdues (La Tour Sombre 3) : roman.

 

1992 : Bazaar : roman. Adapté au cinéma sous le titre Le Bazaar de l'Epouvante en 1993 par Fraser C. Heston, avec Ed Harris. L'histoire d'une petite ville livrée à la zizanie meurtrière sous l'égide d'un étrange boutiquier... Ce roman a une place assez centrale dans l'oeuvre de King, car son personnage principal est en effet la ville de Castle Rock.

 

1993 : Dolores Claiborne : roman. Adapté au cinéma en 1995 par Taylor Hackford, avec une incroyable Kathy Bates (à nouveau) dans le rôle-titre. L'un des rares récits non-fantastiques de King. A lire en résonance avec Jessie.

 

1993 : Jessie : roman. Un roman mineur, inadaptable à l'écran (l'héroïne passe les 9 dixièmes du livre en petite culotte, enchaînée à son lit...). A lire en résonance avec Dolores Claiborne.

 

1994 : Rêves et cauchemars : recueil de nouvelles. Recueil assez bon de quelques oeuvres de jeunesse mêlées de nouvelles plus fraîches...

 

1994 : Insomnie : roman. Une étonnante histoire portant sur les trouble s du sommeil. Un roman méconnu mais un peu long.

 

1996 : Les Yeux du Dragon : roman. Un incroyable conte, que King a écrit au départ pour sa fille, Naomi. Une oeuvre à part.

 

1995 : Rose Madder : roman. Une oeuvre mineure.

 

1995 : Anatomie de l'horreur / Pages Noires : essai. Très intéressant essai sur la littérature fantastique.

 

1996 : Désolation : roman. Western contemporain écrit en résonance avec Les Régulateurs.

 

1996 : Les Régulateurs (sous le nom de Richard Bachman) : roman. Western contemporain écrit en résonance avec Désolation.

 

1996 : La Ligne Verte : roman-feuilleton. Une histoire sur le milieu carcéral (un des motifs récurrents chez King), très bien écrite et haletante. King maîtrise très bien l'exercice difficile du feuilleton. A été adapté avec succès et talent au cinéma (en 1999) par Frank Darabont, avec l'oscarisé Tom Hanks.

 

1997 : Magie et Cristal (La Tour Sombre 4) : roman.

 

1999 : La Tempête du Siècle : scénario. A été adapté au cinéma en 1999 par Craig R. Baxley.

 

1999 : Sac d'Os : roman. Oeuvre difficile d'approche sur l'esclavagisme au 19ème siècle...

 

2000 : La Petite fille qui aimait Tom Gordon : roman. King traite là l'un de ses sujets favoris, l'enfance. Une curiosité.

 
 

2001 : Coeurs perdus en Atlantide : recueil de nouvelles et novellas réunies en ensemble romanesque. La guerre du Vietnam a profondément traumatisé les Américains. Le King de l'horreur donne ici sa vision de ce phénomène (de mode ?). Oeuvre touffue, brouillonne, qui trouve des échos dans La Tour Sombre et Le Talisman. A été adapté en 2001 au cinéma par Scott Hicks, avec Anthony Hopkins.

 

2001 : Ecriture : essai. A la suite d'un accident de voiture dont il est victime en 1999, l'Horrorus Rex écrit sur sa condition d'écrivain et d'homme. Une oeuvre forte, assez éloignée de sa production habituelle. Incontestablement un tournant dans sa carrière d'homme et d'auteur.

 

2002 : Dreamcatcher : roman (adapté au cinéma en 2002 par Lawrence Kasdan, avec Morgan Freeman en vedette). Une histoire d'extraterrestres très pessimiste reprenant certains des thèmes privilégiés de King : traumatisme enfantin, communauté d'amis, horreur viscérale (à tous points de vue). Un roman mineur cependant.

 

2002 : Territoires (avec Peter Straub) : roman plutôt long, où les écritures des deux auteurs s'entrechoquent et s'annihilent. Suite de Talisman.

 

2003 : Tout est Fatal : recueil de nouvelles. Un ensemble assez plaisant regroupant des nouvelles écrites par King depuis 10 à 15 ans.

 

2004 : Roadmaster : roman. Des Buick, il y en a partout... Celle-ci sera votre pire cauchemar. Cela ressemble un peu à Christine.

 

2004 : Les Loups de la Calla (La Tour Sombre t.5) : roman.

 

2005 : Le Chant de Susannah (La Tour Sombre t.6) : roman.

 

2005 : La Tour Sombre (La Tour Sombre t.7) : roman. Une adaptation de son cycle (en fait, un prequel) en bandes dessinées a été réalisée pour les Editions Marvel.

 

2006 : Cellulaire : Roman. Si votre portable sonne, surtout ne répondez plus. L'enfer est au bout de la ligne. Un roman mineur très mal adapté pour la télévision par King lui-même.

 

2006 : Colorado Kid : roman.

 

2007 : Histoire de Lisey : roman. Curieuse évocation de la création littéraire et des peurs de l'enfance, souvent intimement liées. Un peu verbeux cependant.

 

2008 : Blaze : roman. un fond de tiroir nerveux, mais à l'intrigue assez pauvre, contant l'histoire d'un simple d'esprit décicant de faire un dernier "coup" avec le fantôme de son complice...

 

2009 : Duma Key  : roman. Très verbeux, ce roman reprend cependant des motifs qui caractérisent l'oeuvre actuelle de King : l'art pictural, la Floride et le pouvoir des rêves.

 

2010 :  Juste avant le crépuscule  : recueil de nouvelles. Ce recueil marque le retour de King à l'un des exercices qu'il préfère, le format court.

 

2011 : Dôme : Un énorme roman en deux parties. Très très prenant, du grand King.

 

2012 : Nuit noire, étoiles mortes  : un recueil de longues nouvelles assez réussies.

 

2012 : La Clé des Vents (La Tour Sombre t.8) : roman. King donne un nouveau chapitre à son cycle de la Tour sombre, que l'on croyait achevé au tome 7.  

 

2013 : 22/11/63 : roman. King s'attaque à l'un des évènements majeurs de l'histoire des Etats-Unis, l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Un grand, très grand roman. 

 

2013 : Docteur Sleep. Une suite à Shining, un peu décevante cependant.

 

2014 : Joyland. On est dans la veine non horrifique de l'oeuvre kingienne. Excellente écriture.

 

2014 : La nouvelle Plein Gaz, coécrite avec son fils aîné Joe Hill, se place dans son oeuvre "cylindrée".

 

2015 : Mr Mercedes. L'amorce d'une trilogie orientée polar.

 

2015 : Revival. Un roman mineur, qui démarre très fort cependant. Très légèrement fantastique.

 

2016 : Carnets noirs. La suite du réjouissant Mr Mercedes, dans une veine très polar. Tout aussi bon.

 

2016 : Le Bazar des mauvais rêves. Un recueil de nouvelles, plutôt bon.

 

2017 : Fin de ronde. Avec ce troisième opus King boucle sa série policière légèrement teintée de fantastique consacrée au Commissaire Hodges.

 

2018 : Sleeping Beauties est un roman écrit à quatre mains avec son fils cadet Owen. On sent qu'il y a encore du boulot pour rejoindre le paternel...

 

2018 : Gwendy et la boîte à boutons est une nouvelle co-écrite avec son ami Richard Chizmar. Sympathique sans être inoubliable.

 

2019 : L'Outsider est un roman mineur sur un personnage étrange.

 

2019 : La nouvelle Laurie, disponible gratuitement en ligne, témoigne de la meilleure verve de l'auteur. La même année Elévation perpétue ce niveau d'écriture.

 

2020 : Le roman l'Institut ramène King sur les terres de l'enfance, pour un résultat mitigé.

 

2021 : Si ça saigne : Quatre novellas d'un très bon niveau, dont une avec Holly Gibney, découverte dans la trilogie Hodges.

 

Spooky.

 

Pour aller plus loin :

 

Un autre site intéressant, bien qu'un peu fouillis.

 

Le club Stephen King

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Jake Epping, professeur d’anglais à Lisbon Falls, n’a pu refuser d’accéder à la requête d’un ami mourant : empêcher l’assassinat de Kennedy. Une fissure dans le temps va l’entraîner dans un fascinant voyage dans le passé, en 1958, l’époque d’Elvis et de JFK, des Plymouth Fury et des Everly Brothers, d’un taré solitaire nommé Lee Harvey Oswald et d’une jolie bibliothécaire qui deviendra le grand amour de Jake, un amour qui transgresse toutes les lois du temps.

 

Ce 22/11/63 était précédé d'une réputation très flatteuse. 

 

En effet, ce roman énorme (plus de 900 pages pour l'édition française, écrit plus petit que d'habitude, sur un papier également plus fin pour rendre moins épais le bouquin) ramène l'auteur sur certaines de ses terres préférées. Pas celles de l'enfance, qu'il a largement explorées (mais j'y reviendrai dans un autre post), mais bel et bien celles de l'Amérique profonde, celle qui trouve les racines de sa culture actuelle dans les années 1950-1960, lorsque plusieurs évènements tragiques ont marqué leur histoire. Car dans la foulée de l'assassinat de JFK, c'est celui de Martin Luther King qui survient, puis l'engagement au Vietnam, dans lequel s'embourbent les Américains, etc.

 

Encore une fois l'élément fantastique n'est qu'un prétexte. Celui qui lui permet de nous montrer ces Etats-Unis des années 50, de son Maine natal au Texas semi-rural, en passant par la Floride. L'occasion de raccrocher ce nouveau roman à sa mythologie personnelle, puisque la ville de Derry, dévorée de l'intérieur par le Mal, y est une nouvelle fois montrée (après Ça, Simetierre, Sac d'os et Insomnie), est le théâtre d'une partie du roman, et que le personnage principal y croise des protagonistes de Ça en particulier. Il va donc par la suite à Dallas, théâtre de l'attentat sur la président, vite comparée à Derry : une ville moche, sans attrait, où il décide de ne pas rester. Très vite il s'installe à Jodie, petite ville à taille humaine, comme les apprécie King. Là, il va faire son trou, se construire une nouvelle vie, au point de ne plus avoir envie de rentrer dans sa "véritable" époque... Et King sait s'y prendre pour nous faire aimer une époque, un lieu : la confiance des gens, leur simplicité... Mais loin de se comporter comme un nostalgique un brin réac (pour info Stephen King avait entre 12 et 18 ans à l'époque), il sait remettre les choses à leur place. Juste après un passage "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil", il vous balance comme ça, sans prévenir, un petit rappel de la condition des personnes de couleur, en prenant comme exemple les "toilettes" qui leur sont réservées sur une aire d'autoroute...

 

Autre clin d'oeil en passant, Jake voit à plusieurs reprises une plymouth Fury 1958, une voiture chargée d'histoire puisqu'elle est l'héroïne-titre de Christine, l'un de premiers succès de l'auteur dans les années 1958. King l'intègre même de façon plus forte dans le récit, puisqu'à chaque fois que le héros en croise une, il ressent une sorte de tintement de cloche dans son esprit, peut-être une manifestation du passé, du destin, lui signifiant qu'ils sont à l'oeuvre pour l'empêcher de les changer.

 

22/11/63 c'est aussi une petite mise en abyme de la vie de Stephen King ; comme lui, Jake Epping est enseignant en anglais ; comme lui, il se met à écrire pour raconter la société dans laquelle il vit ; et bien sûr, le bouquin qu'il écrit (enfin, l'un des deux, puisque 22/11/63 est son oeuvre principale, le roman étant à la première personne) raconte une ville possédée par le Mal (ce qui est raconté dans Ça, si vous avez suivi...). Tout est lié, chez King.

 

Le rythme de ce roman est branché sur courant alternatif. Le roman a un peu de mal à décoller avant la page 200, mais après il est suivi par plusieurs moments d'anthologie : les rencontres des adolescents de Derry ; la station-service dont j'ai déjà parlé ; la scène de représentation théâtrale des lycéens de Jodie, la disparition de plusieurs personnages secondaires attachants... Jake, alias George, avait réussi à s'installer dans une certaine routine à Jodie, et le récit a connu, entre les lignes, quelques petites longueurs.

 

Vous l'aurez compris, cette lecture fut assez frustrante. Pour les raisons déjà évoquées, mais aussi du fait que King reste, malgré les évolutions récentes dans son oeuvre, un page-turner de compétition, une qualité qui devient un défaut dans un roman où on a l'impression que chaque détail compte, puisque tout ce que Jake fait, les gens dont il influence la vie, tout peut avoir une résonance plus ou moins forte dans le futur, qu'il soit de quelques jours ou de cinquante ans... Il prend soin de ne pas influer sur l'affaire qui l'a mené en cette époque, à savoir l'assassinat de JFK, mais sa présence va bien sûr changer quelques destinées, d'autant plus en tant qu'enseignant...

 

Le voyage dans le temps, a fortiori dans le passé, sous-entend bien sûr des paradoxes temporels, un élément du tapis narratif dans lequel plusieurs générations d'écrivains se sont pris les pieds au cours de leurs tentatives. King évacue la difficulté en plaçant le temps, ou plutôt le passé, comme un acteur à part entière, qui "corrige" en temps réel les éventuelles perturbations sur l'histoire "déjà écrite"... Ainsi plus Jake approche de son objectif, plus les obstacles augmentent, jusqu'à frôler le ridicule parfois. Curieusement, lors de cette séquence, j'ai pensé aux films Destination finale, où une bande d'adolescents échappe de peu à la mort en refusant au dernier moment de monter dans un avion qui va se crasher, et où la mort s'ingénie à vouloir réparer cette erreur. Je digresse mais cette idée que le temps (dont la mort n'est, finalement, qu'une division ou un agent) m'a séduit. Et le Mal est permanent, mais le Bien aussi, puisqu'il est à l'oeuvre, surout dans les dernières pages du roman, très émouvantes. 

 

Au final mon avis sur ce nouvel opus, que King a mis près de deux ans à réaliser (après y avoir songé une première fois en... 1972) est largement positif. L'écriture y est -comme souvent chez l'auteur- maîtrisée, sur le plan technique et sur le plan narratif : truffé de petits détails fort importants, utilisant la boucle à la fois comme motif et comme sujet, proposant des portraits brillants d'une Amérique révolue, c'est un roman qui restera dans les mémoires, non seulement grâce à ces qualités, mais aussi grâce au sujet, l'assassinat de Kennedy, qui marqua un tournant dans l'histoire des Etats-Unis. Cinquante ans après, l'Oncle Sam est encore marqué...

 

A noter deux petites choses dans cette édition française (et certainement déjà présentes dans l'édition en VO) : au début de certains chapitres se trouvent des clichés, datant de l'époque de l'histoire, comme le bâtiment d'où Oswald a tiré sur le Président, d'autres lieux -réels- où se déroule l'action, une scène de danse, puisque la danse est au coeur de plusieurs scènes-clés, ou encore les portraits d'Oswald, du général Walker... Une première dans les romans de King, il me semble ; mais il est vrai qu'il s'agit de son premier roman aussi ancré dans l'Histoire véritable...


L'autre point est la postface, réalisée par King lui-même (comme c'est toujours le cas il me semble), dans laquelle il signale un petit évènement, ou plutôt deux, qui ont changé la direction de cette Histoire véritable. Toujours ce souci des petites choses qui changent tout... Il évoque aussi, rapidement, sa position concernant les armes à feu, une position qu'il développera plus tard dans Guns, sorti aux USA au début de cette année. Il s'agit plus d'un essai que d'un roman. Je suis curieux de le lire, si Albin Michel a acheté les droits.

 

Il ne s'agit peut-être pas du meilleur roman de King (Dôme, sorti il y a deux ans, m'a un peu plus marqué), mais ce roman contient en creux beaucoup d'éléments inhérents à l'oeuvre de King, il s'inscrit dans sa "mythologie" grâce à des personnages ou des décors, et ose affronter frontalement l'un des évènements majeurs du XXème siècle pour son pays, un évènement qui a déjà fait couler énormément d'encre, et va certainement en refaire couler... Il a également traité le 11 septembre dans une novella très intéressante. Comme l'indique King, il ne faut pas prendre pour argent comptant ce qu'il a écrit sur Oswald, il a "arrangé" ce qu'on en sait pour servir son histoire. Et c'est bien normal. C'est un très grand roman.

 

Spooky

 

NB : en complément, la page dédiée sur le site du Club Stephen King

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

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Oui, vous avez bien lu, les super-héros ont subi la censure... en France. Ce documentaire, acheté en librairie BD, retrace l'une de ces actions de censure. Après la seconde guerre mondiale, l'emprise politique et culturelle des Etats-Unis sur l'Hexagone était très forte. A tel point que les bandes dessinées américaines ont déferlé sur le pays. Afin de protéger nos chères têtes blondes (ok, ce sont nos parents maintenant), une loi fut votée en juillet 1949, assujetissant les publications destinées à la jeunesse à un certain nombre d'exigences. Une commission fut mise sur pied quelques mois plus tard. Ces deux instances sont toujours actives à l'heure actuelle, même si leur action est plus symbolique que dans les années 1950 et 1960.

 

Il faut savoir qu'à l'époque les associations d'obédience catholique, au premier rang desquelles l'UNAF (Union nationale des associations familiales) étaient plus influentes sur la vie politique. Et qu'elles en ont abusé, essayant de limiter l'arrivée de titres transatlantiques pour des motifs parfois farfelus. Ainsi Mandrake a-t-il été censuré car imprimé en Italie, et non pas en France. Ainsi Zorro et Flash Gordon se sont-ils vus retirer leurs masques dans les éditions françaises, car le masque, c'est le mensonge, et le mensonge, c'est pas bien. Ainsi certains épisodes de Tarzan n'ont pu être publiés à l'époque dans notre beau pays car on y montrait -par exemple- des gorilles trop proches de l'homme sauvage... Les robots, également, avaient mauvaise presse...

 

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Ainsi les Editions Lug, qui dans les années 1960 ont commencé à publier certaines histoires réalisées par les Editions Marvel, en ont fortement pâti. La revue Fantask a ainsi été menacée d'interdiction de publication en 1969, pour, je cite, "ses couleurs violentes, ses monstres impressionnants...". Lug a pris note de ces restrictions, a arrêté la revue qui s'est scindée en deux nouveaux titres, Strange et Marvel, pour lesquelles tout un atelier a été monté à l'époque. Traductrices, lettreurs, dessinateurs ont ainsi travaillé à rendre les comics de super-héros plus acceptables aux yeux de messieurs les censeurs. Jean-Yves Mitton et Reed Man, deux anciens de la maison Lug, témoignent en expliquant qu'il leur arrivait fréquemment de "gommer" des détails des planches (des armes, des perforations, du sang, les onomatopées, les expressions grimaçantes de certains personnages...). Les règles de publication pour la jeunesse obligeaient également les éditeurs à encarter des "reportages" n'ayant rien à voir avec le magazine (sur les trains, comment changer une roue...) ; bref, ça devenait un peu n'importe quoi, même si le talent des retoucheurs était réel et que leur travail n'empêchera pas plusieurs générations de jeunes lecteurs -dont votre serviteur- à parcourir émerveillé ces pages. Les équipes de Lug en étaient même arrivées à s'auto-censurer, à devancer les demandes de la commission de censure... Le documentaire montre d'ailleurs plusieurs exemples "avant/après" assez révélateurs...

 

Mais que voulez-vous, quand on reçoit un courrier avec en-tête du Ministère de la Justice menaçant d'une action en justice contre soi, ça fait peur, même si comme le souligne Bernard Joubert, qui a écrit un livre sur la censure envers les livres en France, il y avait peu de chances pour que cette menace aboutisse. A cette époque une seule maison d'édition, Artima, a été réellement interdite de publier.

 

Mais la commission de censure tenait à faire des soucis à Lug, car en février 1971, la revue Marvel se voit obligée de publier, dans son numéro 13, la lettre dont elle fait l'objet, toujours par rapport à son contenu, trop violent. Elle est ainsi interdite de publication aux mineurs... Essentiellement lue par les adolescents, elle va donc disparaître à terme. Les responsables éditoriaux, la mort dans l'âme, se résolvent à arrêter la publication, rendant le numéro 14 de la revue, pourtant annoncé, impossible à imprimer. Mais d'après Claude Vistel, responsable éditoriale (oui, c'est une femme) de Lug, il existait des épreuves de ce numéro 14, et peut-être même des deux suivants, car son équipe travaillait sur trois mois à l'avance. Lors de la vente du catalogue Lug à Semic, en 1998, les équipes et le matériel sont transférés de Lyon à Paris ; cela ne s'est pas fait sans remous, les anciens de Lug s'étant quelque peu révoltés contre leur nouvel employeur, et dans la confusion, il se pourrait que des documents aient été perdus ou même détruits. Ce qui explique que ce Marvel 14 ait acquis un statut de Graal pour les initiés... Des petits malins se sont d'ailleurs amusés à réaliser des faux Marvel 14...

 

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Anecdote amusante, dans ce n°13 de Marvel, la rubrique du courrier des lecteurs accueille un intervenant inattendu, Stan Lee lui-même. Le créateur de Spider-Man, des 4 Fantastiques, du Surfer d'Argent et des X-Men (entre autres) y exprime sa peine de voir la publication des comics US ainsi contrariée. Car les publications françaises étaient de grande qualité -malgré les caviardages dont je parlais précédemment- par rapport aux américaines, en termes de technique : aux petits points se substituaient alors des aplats de couleur. Là encore l'exemple d'un "avant/après" dans le docu est édifiant.

 

Un petit mot tout de même des deux co-réalisateurs, puisqu'ils font l'objet d'une interview filmée par Sci-fi Universe disponible en bonus du DVD du documentaire. Philippe Roure tomba un jour sur un article qui évoquait cette légende urbaine du Marvel 14, et eut l'idée d'en faire un court-métrage mêlant documentaire et fiction, à la manière d'une enquête. Il alla voir Metaluna Productions, dirigées par Jean-Pierre Putters (fondateur de Mad Movies, pour les amateurs de films de genre) et Fabrice Lambot, qui le mit en relation avec un scénariste, Jean Depelley, passionné par les comics et fan en particulier de Jack Kirby (créateur graphique des 4 fantastiques, de Hulk, des X-Men...). Tous deux partirent donc sur un documentaire de 52 minutes, avec une version raccourcie à 26. Leur témoignage me permit d'ailleurs d'apprendre comment Stan Lee fonctionnait avec ses collaborateurs : il donnait un pitch général au dessinateur, qui faisait seul le découpage, le scénario, avec des phylactères blancs, que Lee remplissait après coup, le résultat final étant souvent d'une troublante efficacité. Et voilà comment, un peu par hasard, votre serviteur comprend un élément essentiel qui lui avait échappé à la lecture d'un ouvrage sur les comics.

 

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Parmi les intervenants du documentaire, on trouve également Jean-Pierre Dionnet, fondateur de la revue Métal Hurlant, lui aussi dans le collimateur des censeurs pendant longtemps, et Alain Carrazé, journaliste et fan des comics de super-héros. Le résultat de tout ça est un documentaire franchement intéressant, mais trop court, j'imagine qu'une bonne heure et demie aurait peut-être permis de parler plus précisément de ce phénomène de censure en France dans les années 50 et 60, alors que ce n'était pas du tout le cas chez nos voisins européens...

 

Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, vous pouvez voir la version courte du documentaire (26') sur Youtube.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Son nom est Corvus. Il deviendra un grand roi. Vingt-trois ans ont passé depuis que les Macht ont retrouvé le chemin de leur foyer après la lutte contre l’Empire Asurian. L’homme qui dirigeait cette armée, Rictus, est maintenant un capitaine mercenaire âgé et fatigué. Il ne souhaite rien d’autre que poser sa lance et devenir le fermier que son père était. Mais le destin ne voit pas les choses de cette façon. Un jeune chef de guerre, stratège de génie, prend la tête des mercenaires et défie les nations. Son nom est Corvus. Les rumeurs prétendent qu’il n’est pas seulement humain. Il deviendra un grand roi.

 

Corvus est le second tome d'un cycle de fantasy épique écrit par Paul Kearney, entamé par 10 000 - au coeur de l'Empire. L'une des caractéristiques de l'oeuvre de Kearney est que ces tomes peuvent se lire indépendamment, bien qu'il y ait des personnages récurrents. Ici c'est Rictus, qui après une longue campagne n'aspire qu'à retrouver la paix auprès des siens. Le vent du destin va l'emener sur une autre guerre, aux dimensions presque cosmiques, dont il ne sortira bien sûr pas indemne. 

 

Corvus est construit d'étrange façon. Une première partie, presque la moitié du bouquin, est faite de discussions autour de Rictus, avant de basculer, presque subitement, dans l'action pure et dure, jusqu'à la fin ou presque. Il s'agit bien de fantasy épique, puisque les stratégies militaires y sont largement décrites, rendant les batailles extrêmement vivantes. Mais à côté de cette dimension se trouve un côté tragique, au sens classique du terme, puisque Rictus va être touché dans sa chair (et même la chair de sa chair) au cours de cette guerre. Les personnages revetus d'une aura légendaire vont d'ailleurs descendre de leur piédestal. Cette ambiance très particulière est renforcée par le background très inspiré du decorum de l'Antiquité romaine : nombre d'éléments (noms propres, termes techniques, organisations politiques) s'y réfèrent. 

 

Un autre élément intéressant est la multiplicité des points de vue ; nous sommes du côté de Rictus et Corvus, mais aussi de celui de leurs ennemis, de la famille de Rictus qui l'attend, etc. Pas mal pour bien comprendre la mécanisme de la narration.

 

Personnellement je ne suis pas trop preneur de récits guerriers, où l'adrénaline et le sang remplacent tout autre moteur narratif. Je dois cependant reconnaître que Paul Kearney a une belle écriture, très évocatrice et d'une puissance rare. A lire si vous aimez le genre. A noter que le roman possède en annexe une carte du monde de Kuf (beaucoup plus grand que ne le laisse entendre le cadre de ce roman) ainsi qu'un glossaire des termes militaires spécifiques et des divinités (inventés par Paul Kearney).

 

Spooky

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