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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Chaque nouveau livre de Stephen King est un évènement, et a fortiori quand il s'agit d'un recueil de nouvelles, comme c'est le cas ici. Il s'agit d'ailleurs du XXème en la matière, chez ce maître de l'exercice.

 

Le recueil s'ouvre sur Deux crapules emplies de talent, un récit encapsulé où le fils d'un écrivain célèbre, désormais décédé, tente de découvrir pourquoi celui-ci a justement, brusquement, rencontré le succès, alors que rien ne l'y prédestinait, et qu'il avait passé les quarante première années de sa vie à faire tout autre chose, tout comme son meilleur ami, qui lui est devenu un peintre de renom au même moment. Il semblerait que la réponse à l'énigme se trouve dans une partie de chasse dans un coin reculé du Maine (toujours dans cette géographie imaginaire de King), en fin d'année 1978... Le recueil commence fort, avec cette histoire qui mélange ruralité, amitié et sensibilité artistique, avec un argument fantastique assez rare chez King. C'est très plaisant.
 

Dans Cinquième étape un inconnu aborde un vieil homme sur un banc dans un parc, et lui parle de son parcours au sein des Alcooliques anonymes, réparti en cinq étapes. Et la cinquième consiste à parler de ses démons à un inconnu. La fin de la nouvelle est cruelle, mais j'avoue l'avoir moyennement appréciée. 

 

Willie le Tordu est le surnom d'un préadolescent présentant des troubles autistiques, et qui apprécie beaucoup les histoires de son grand-père, au crépuscule de sa vie, et qui prétend avoir vécu très loin dans le passé. Là encore, une fin cruelle, mais que j'ai trouvée plus sympa, ne l'ayant pas vue venir. A noter que la nouvelle avait été précédemment traduite et publiée en France dans la revue Bifrost en 2021, sous le titre Willie le Zinzin.

 

Vient ensuite le morceau de choix du recueil, la novella Le Mauvais rêve de Danny Coughlin. Responsable du ménage dans un lycée, Danny Coughlin rêve qu'il trouve une cadavre de femme dans une ancienne station-service, dans un endroit où il n'est jamais allé. N'en tenant d'abord pas compte, le rêve se met à le hanter, jusqu'au jour où Danny décide d'aller voir sur place, et se retrouve à faire exactement les mêmes gestes que dans son rêve, et trouve le cadavre vu en rêve. estimant que personne ne le croirait, il décide de signaler le problème anonymement à la police, qui parvient rapidement à le retrouver. Il devient, de fait, le principal suspect du meurtre de la jeune femme. 
On est sur du grand King avec cette novella, qui je crois est déjà en cours d'adaptation. Il faut dire que tout y est : un peu de paranormal, un gars ordinaire qui ne veut pas d'ennuis, un flic paranoïaque et obsessionnel. 

 

Finn est un gamin qui est poursuivi par la malchance depuis sa plus tendre enfance. Jusqu'à se retrouver kidnappé par erreur par une bande de malfrats pas bien malins. Le ton de l'histoire est presque burlesque, mais j'avoue que pour une fois un ado héros d'une histoire kingienne m'a laissé un peu froid. 

 

Slide Inn Road. Une famille (grand-père, parents, petits-enfants) embarque dans la vieille voiture du premier pour aller voir une grand-tante mourante, et prend un raccourci à travers champs recommandé par le grand-père. Et se paume un peu, en tombant sur deux gars bizarres qui semblent vouloir cacher un cadavre encombrant dans les ruines d'une vieille baraque. La vie de la famille est menacée, jusqu'au moment où le grand-père prend les choses en main. Le rythme est enlevé dans cette nouvelle somme toute assez classique, mais la personnalité et l'énergie du grand-père la rendent bien sympathique.

 

Ecran rouge : On entend parler d'une rumeur sur des extraterrestres malveillants qui se cacheraient dans la population, et qui se dévoileraient juste après l'apparition d'un écran rouge sur le smartphone de leur victime. J'ai trouvé cette nouvelle assez plate, et un peu redondante, quelque part, avec Willie le Tordu.

 

Le Spécialiste des turbulences. Nous voilà sur les traces d'un homme qui embarque, sur ordre d'un mystérieux mécène, qui embarque dans des avions qui doivent subir des turbulences pouvant mener au crash. Grâce à ses pouvoirs particuliers, l'avion ne s'écrase pas. J'ai moyennement apprécié cette histoire, l'ayant déjà lue dans l'anthologie Classe tous risques. La deuxième lecture s'avère plus décevante que la première.

 

Autre nouvelle déjà lue, mais cette fois-ci en anglais, Laurie raconte comment un petit chien, offert à un veuf en pleine dépression, va lui sauver la vie dans une situation totalement inattendue. Une très bonne histoire, exempte de fantastique, mais pas d'émotion. 

 

La nouvelle Serpents à sonnettes se déroule, comme la précédente, en Floride. Mais sur des lieux déjà explorés par King, puisque nous sommes juste à côté de Duma Key, théâtre du roman du même nom. Là aussi, deux enfants jumeaux vont jouer un rôle particulier dans cette histoire où un retraité occupant la maison d'un ami va être mis sur la sellette par la mort de sa seule et unique voisine. Autre clin d'oeil à son oeuvre, le héros apparaît dans Cujo. On retrouve dans cette histoire, outre l'enfance, un autre thème cher à l'auteur, la hantise, ainsi qu'un flic harceleur, comme dans Le Mauvais rêve de Danny Coughlin. 

 

Les Rêveurs se passe, contrairement aux autres, récentes, dans un cadre ancien, dans l'entre-deux-guerres. Un scientifique très particulier est persuadé de pouvoir aller par-delà le mur du sommeil, et cette expression est assumée par King, puisqu'elle se veut un hommage à l'une de ses inspirations régulières, Lovecraft. Un de ses livres est d'ailleurs présent dans l'histoire. Je me suis un peu ennuyé sur les trois premiers quarts de l'histoire, moins sur la fin, même si celle-ci m'a semblée un peu expédiée. 

 

L'homme aux réponses a installé son stand sur le bord de la route, et lorsqu'un homme en proie à un dilemme majeur (embrasser la carrière d'avocat dans le cabinet dirigé par son père et faire plaisir à son futur beau-père, ou déplaire à celui-ci et s'installer à son compte dans une petite ville dont il est tombé amoureux) s'arête pour lui poser des questions lui permettant de faire son choix, il se passe quelque chose d'étrange : l'homme aux réponses disparaît, et notre héros se réveille au volant de sa voiture, à l'arrêt, mais avec des certitudes. Il va recroiser ce même homme aux réponses en deux autres occasions, à des moments cruciaux de sa vie, et on a droit un récit vraiment noir. A noter un récit encapsulé lorsqu'il se retrouve à défendre les intérêts d'une femme au visage brûlé. Un récit plutôt prenant, plein d'énigmes.

 

Dans l'ensemble j'ai bien aimé ce recueil, même si ce n'est pas son meilleur (difficile de faire mieux que Brume et Danse macabre). La qualité est diverse, entre longs récits vraiment prenants et fonds de tiroirs à l'intérêt ou à la force limité(e). Et j'ai trouvé que cela manquait un peu de diversité, certaines histoires se répondant sur des thématiques. 

 

King a été un peu feignant dans sa postface, ne donnant pas d'infos particulières sur les circonstances dans lesquelles il a écrit ces histoires, probablement parce que certaines sont assez anciennes et qu'il ne s'en souvient pas. En revanche il parle du fait qu'il n'a été satisfait que deux fois des histoires finalement écrites, c'est à dire qu'il les estimait à la hauteur des idées qui les ont inspirées : il s'agit de La Ligne verte, et The Shawshank Redemption. Deux histoires adaptées et portées à l'écran par Frank Darabont. Coïncidence ? Chacun jugera.



Spooky

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