Sam Bell vit depuis plus de trois ans dans une station lunaire, où il gère l'extraction de l'hélium 3, seule solution à la crise de l'énergie sur Terre. Souffrant en silence de son isolement et de la distance le séparant de sa femme et de sa fille, il passe son temps à imaginer leurs retrouvailles.
Mais quelques semaines avant la fin de son contrat pour l'entreprise Lunar, Sam se met à voir et à entendre des choses étranges... Au cours d'une sortie sur le terrain pour inspecter une moissonneuse, il est victime d'un accident. Il se réveille dans la station, mais sa curiosité le pousse à retourner sur les lieux de l'accident, où il se trouve face... à lui-même.
Moon est un huis-clos avec un seul personnage, incarné par le talentueux et sous-exploité Sam Rockwell (Iron-Man 2, Cow-boys et envahisseurs, H2G2, Galaxy Quest). Le film parle de manipulation, de mémoire, de solitude...
Je n'avais jamais entendu parler de ce film, avant de le voir figurer dans des listes de "best-of" de la SF à l'écran (merci les réseaux sociaux).; du coup, l'ayant trouvé à un prix modique (et en blu-ray), je me suis laissé tenter... Sans aucun regret.
Le premier film de Duncan Jones, fils de David Bowie, est un petit bijou.
Il baigne dans une atmosphère très particulière, presque onirique parfois, histoire de nous montrer que l'on est dans une atmosphère "autre". Au fil des scènes, il distille un sentiment diffus de malaise, surtout lorsque Sam Bell commence à avoir des hallucinations. Lesquelles constituent une fausse piste pour le spectateur, qui ne s'attend pas à voir ce qu'il va voir. Bien sûr, le rythme est lent, comme dans 2001, l'Odyssée de l'espace, mais c'est aussi pour que l'on ne sente pas venir ce qui va venir. La musique de Clint Mansell participe aussi à cette ambiance très inquiétante ; ce nom ne vous dit rien ? Et si je vous dis Pi, Requiem for a dream, The Hole, The Fountain, Stoker, Noé, Black Swan... ? Et pour le plaisir, je vous remets en lien l'un de ses morceaux qui me hantent depuis des années...
Oh, un autre détail qui m'a marqué dès les premières scènes : la combinaison spatiale de Sam Bell n'est pas immaculée, comme dans la plupart des films de SF : elle est tachée, un peu abîmée, bref, elle a VECU. Et cela renforce le réalisme des scènes, malgré le contexte science-fictionnel. une manière pour le réalisateur d'appuyer encore plus sur la dimension humaine de l'histoire, sans doute.
Sam Rockwell apparaît dans 99% des scènes, on peut quasiment dire que c'est un film avec un seul personnage. Il fallait un acteur qui soit en mesure de tenir un film sur ses épaules, et Rockwell en est incroyablement capable. Son physique, très commun, lui permet de se glisser dans la peau de quasiment tous les personnages possibles, et ici il se retrouve en train de jouer face à lui-même, ou sa doublure, ce qui n'est pas facile non plus. Le film se tient remarquablement bien, il n'y a pas de fausse note dans l'histoire, tout au plus arguera-t-on que la curiosité de Sam Bell envers son accident est peut-être moyennement amenée, et qu'un plan, UN SEUL, dans tout le film, est maladroit. Il y a bien sûr des effets spéciaux, il s'agit d'un film de SF, mais ils sont cantonnés aux scènes en extérieur, avec la base ou les véhicules d'exploration. Rien à dire, sans être spectaculaires, ils sont efficaces. A noter que la voix de l'IA qui accompagne Sam au quotidien est assurée par Kevin Spacey, dans une tonalité monocorde, parfaitement neutre. Efficace.
A noter que le film a été remarqué dans les festivals, et a obtenu le Prix de la Critique internationale et celui du Jury au festival Fantastic'Arts de Gérardmer, ainsi que le BAFTA Award du meilleur premier film, tout cela en 2010.
En bref, je recommande chaudement ce petit film qui compense son manque de moyens par un scénario à toute épreuve, et surtout un acteur remarquable qui amène ce drame humain à des altitudes inespérées.
Spooky