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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


LYONESSE
D’une manière générale, j’ai pour habitude de prendre grand soin de mes livres. Même les livres de poche, même ceux que je n’aime pas. J’aime lire des livres en très bon état, cela fait pour moi partie du plaisir de la lecture. Pourtant dans ma bibliothèque, certains ouvrages sont dans un état assez lamentable : coins largement arrondis, carton dédoublé, tranche fendue, couleurs s’en allant… Je parle bien sûr de ces livres lus et relus deux, cinq, dix fois, avec toujours autant de plaisir.

Le Jardin de Suldrun fait partie de ceux-là. Avec La perle verte et Madouc, il forme la trilogie de Lyonesse, écrite par Jack Vance dans les années 80. Célèbre auteur de science-fiction, il a touché à des genres variés, dont le space opéra, la fantasy, la science-fiction plus classique, et a écrit nombre de livres plus ou moins intéressants dont Le cycle de Tschaï, La geste des princes démons, etc. Disons-le sans ambages : la trilogie de Lyonesse compte parmi le tout meilleur de son œuvre, et pour ma part je le place loin au sommet.


Pour parler de cette oeuvre colossale de 1500 pages, j’utiliserai la comparaison avec Le Seigneur des anneaux, dont il se rapproche par bien des points (en supposant évidemment que vous connaissez cette œuvre incontournable de la fantasy). Il en va de Lyonesse comme du SdA : on peut commencer par raconter le début de l’histoire mais cela n’a aucun intérêt. Le début est en effet très lent, et d’ailleurs là où Tolkien commençait par une digression sur l’herbe à pipe, Vance commence par une note préliminaire sur les isles anciennes et leur population. Le Lyonesse est un duché situé sur ces isles anciennes, allant grossièrement de la Grande-Bretagne au large de l’Aquitaine. Elles comptent non seulement une population d’hommes comme on en trouve partout en ces temps médiévaux, mais aussi des Skas, un peuple mystérieux, guerrier, se croyant supérieur, et complètement indifférent aux autres peuples, des fées, êtres étranges, enfantins et malicieux mais à l’humour dangereux pour le mortel qui passerait par-là, des ogres, des hafelins – croisement entre des fées et des mortels, des magiciens, rares mais aux pouvoirs craints par tous, plus encore diverses autres créatures… La situation politique est extrêmement tendue, puisque Casmir, roi du grand duché de Lyonesse, voudrait (re)conquérir l’ensemble des isles anciennes, empêché en cela par la puissance de son grand voisin, le Dahaut, et de multiples autres états plus petits mais non négligeables. La lutte pour le pouvoir s’annonce sévère, chacun voulant soit dominer les autres, soit ne rien faire pour fâcher un voisin puissant, soit encore simplement maintenir l’équilibre…

Tout ce délicat équilibre, largement instable, est un jour mis en péril par la jolie et quelque peu fantasque princesse Suldrun, fille de Casmir. La petite princesse se révèle en effet peu docile aux souhaits royaux, et ne veut pas épouser un allié potentiel du Lyonesse. Casmir l’enferme alors dans un vieux jardin qu’elle affectionne, et c’est là qu’elle rencontre par le plus improbable des hasards le prince Aillas (un beau jeune homme, bien sûr !), rescapé d’une mystérieuse tentative de meurtre sur sa personne alors qu’il naviguait pour une mission diplomatique… Arrive ce qui doit arriver, et naît un enfant : Dhrûn. Trahis par un prêtre et le destin, les amants sont séparés : Aillas est jeté dans un cul de basse fosse, Suldrun est maintenue dans son jardin et se suicide… cependant que Dhrûn est enlevé par des fées. Aillas va s’évader, et partir à la recherche de son fils. Il va désormais s’opposer à Casmir, non de façon brutale, mais plutôt par la ruse et la conquête intelligente. Dhrûn, lui, est élevé par des fées pendant huit années (soit un an de notre temps à nous mortels). Chassé du fort in fée de Thripsey parce qu’il est désormais trop grand et victime d’une malédiction de la part d’un vilain lutin, il part à l’aventure, guetté de tous côtés par les dangers étranges de la sombre forêt de Tantrevalles…

La découverte de ce monde très singulier, régi par des lois bien particulières astucieusement créées par Vance, se fait au fur et à mesure des pérégrinations des protagonistes. Le lecteur visite avec eux les différents pays du Lyonesse, découvre les subtilités de la magie, les ambitions des puissants, les stratégies qui vont permettre telle conquête, l’histoire de ces isles… Vance mélange avec bonheur l’anecdotique et les grands thèmes, usant d’un ton somme toute quelque peu monotone, mais très personnel, abondant de petites astuces et de préoccupations qui confèrent à cette œuvre une qualité assez exceptionnelle.

Si vous ne connaissez pas encore Vance, si vous aimez un minimum la fantasy, et si vous avez un peu de patience, cette trilogie est faite pour vous !

CoeurdePat

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


QUE LA LUMIERE SOIT

Arthur C. Clarke, qui vient de s'éteindre, était l'un des survivants de l'âge d'or de la SF. Il a donné au genre certains de ses chefs d'œuvre (La Cité et les astres, la série des Odyssées de l'Espace, de Base Vénus, le cycle de Rama, Les Enfants d'Icare…) ; astrophysicien renommé, enseignant brillant, Stephen Baxter (lisez Voyage et Titan), né 40 ans plus tard, peut être considéré comme son fils spirituel. En 2000, ils écrivent ensemble Lumière des jours enfuis (J'ai Lu SF), une petite bombe de hard SF. Il existerait dans l'espace des "trous de ver", sorte de raccourci à la Star Trek permettant d'aller d'un point donné à un autre, distant, en temps réel. La société Our World, dirigée par Hiram Patterson, est en passe de mettre au point un procédé permettant de se servir de ces trous de ver comme d'une caméra, et ce, en temps réel, et quelle que soit, potentiellement, la distance entre les deux points. Mais s'il est possible de se déplacer dans l'espace, il doit donc être possible de se déplacer dans le temps, et en particulier dans le passé. Les implications d'une telle avancée scientifique et technologique sont proprement incalculables…



Et pourtant nos deux cracks se mettent à spéculer comme des super-calculateurs. Recherches historiques, investigations policières, religieuses, scientifiques, de la Joconde à la vie d'Abraham Lincoln ou celle de Moïse, rien n'est laissé au hasard. Un très bon thriller hard science, sur un élément d'astrophysique peu connu. Solidement documenté, mais tirant un peu sur la métaphysique (défaut clarkien), c'est une lecture édifiante et distrayante.


Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres

A défaut d'être un expert, je pense être un amateur de fantasy. La première, celle que j'ai découverte avec Le Seigneur des Anneaux, l'œuvre intemporelle et immortelle de Tolkien que certains d'entre nous découvrent actuellement au travers des films de Peter Jackson. Mais un jour, j'en ai eu marre de me cantonner à un seul auteur, fût-il le meilleur. Alors j'ai essayé Moorcock, Eddings, ou encore Pratchett et Goodkind. Mais même si chacun a ses qualités (Pratchett étant mon préféré de cette mini-liste), je n'ai jamais retrouvé un auteur qui enflamme mon imagination, qui transcende ma soif d'épopées, de créatures magiques et de petites pépées.
 
Et un autre jour, un petit gars dont j'ai suivi le parcours a fondé les Editions Bragelonne, spécialisées dans la fantasy et ayant pour fer de lance un auteur britannique encore peu publié en France, j'ai nommé David Gemmell. Spooky échaudé craignant l'eau froide, j'hésite longuement (deux ans) avant de me jeter à l'eau. Mais, me direz-vous, on trouve déjà sur Ansible une critique sur un bouquin de Gemmell (L'Homme de Jérusalem), réalisée par Hélanye Driel… Il a fallu une rencontre décisive avec ce même fondateur de Bragelonne, Alain Névant, pour me décider. J'achète donc Légende, ouvrage qui a révélé l'auteur au grand public.
 
Légende, c'est Druss. Un guerrier dont tout le monde connaît le nom et l'histoire. Une évocation qui, à elle seule, peut renverser des montagnes… Druss a renversé des situations incroyables, seulement armé de sa hache. Mais Druss est avant tout un homme, ayant décidé de vivre en ermite dans les montagnes, essayant de vivre avec les souvenirs de sa femme tant aimée, mais morte si longtemps auparavant… Mais un jour Druss reçoit un appel à l'aide du Comte de Delnoch. Au sujet de la Dros Delnoch. Une forteresse réputée imprenable, mais pourtant menacée par la plus grande armée qui aie jamais parcouru la Terre… Car si elle tombe, rien ne pourra empêcher la horde des Nadirs de déferler sur l'empire Drenaï. Un combat à huit mille contre cinq cent mille. Autant dire que seul un miracle ou une montagne pourra arrêter les assaillants. Ou une légende.


Je vous accorde que cela semble mince comme histoire. Une situation désespérée, des créatures malfaisantes, un surhomme qui arrive à la rescousse, on a écrit des centaines de bouquins sur ce thème, filmé des douzaines de films aussi. Seul un écrivain exceptionnel, ayant écrit tout le background de son univers, pourrait transcender un genre que l'on pense usé jusqu'à la trame. Et je dois dire que j'ai été assez impressionné par la maîtrise de Gemmell…
 
Car son roman est mené sur un rythme trépidant, non seulement au moment de la bataille (qui dure de nombreuses semaines), mais aussi sur les chapitres de présentation des personnages et de leurs relations, complexes dans la mesure où elle ne répondent pas aux canons habituellement médiévaux de la fantasy. Une écriture très moderne, donc, doublée par un sens de l'intrigue assez jouissif par moments, car Gemmell ne mène pas ses personnages où on les attend ; j'ai été surpris bien des fois, à la lecture du livre, ce qui est un gage d'intérêt. Il semblerait également que l'auteur ait écrit par avance toute l'histoire, les décors, la géographie, la cosmogonie de son monde. Un véritable démiurge. A nous de lire ses autres romans pour en être convaincus.
 
La traduction, réalisée par Alain Névant, rend justice à l'ampleur, au souffle que Gemmell a insufflé à son œuvre. Vous avez certainement vu la couverture de cet excellent roman chez vos libraires : une hache sombre plantée en face d'une forteresse assaillie par une multitude. La prochaine fois, ouvrez-le et lisez quelques phrases. Légende est une forteresse à lui tout seul, le lire procure un plaisir sans limites, même si on rend les armes dès les premières pages…

 
Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres

 

Après le cycle consacré à la nation Drenaïe, l’éditeur français Bragelonne continue de nous offrir les romans de David Gemmell, et c’est tant mieux. L’Homme de Jérusalem est le premier d’un nouveau cycle intitulé Les Pierres de Sang.


Sur une Terre dévastée par un cataclysme, Shannow est une célébrité : toujours prêt à aider la veuve et l’orphelin contre les pillards qui massacrent et exploitent les gens innocents. Sa dextérité aux armes à feu est légendaire, ainsi que sa quête d’une cité perdue, aujourd’hui enfouie sous les eaux. Mais cet homme fait peur en raison même de son habileté et de son caractère impitoyable : il se croit investi d’une mission divine qui le pousse à exterminer les méchants de ce monde. Un jour, cependant, une femme s’offre à lui par reconnaissance et révèle l’homme caché derrière la cuirasse. Aussi, lorsqu’Abbadon, qui se croit l’envoyé du Diable, s’en prend à lui et à la femme qu’il aime, Shannow va bouleverser le monde et contribuer à détruire un empire que tous croyaient indestructible.

 

Résumer un roman de David Gemmell n’est jamais facile, tant ceux-ci sont riches en rebondissements et en personnages hauts en couleurs. Ce quatrième opus édité en France reprend néanmoins plus ou moins les ingrédients qui ont fait le succès des précédents romans : un héros surhumain mais vieillissant et qui ne manque jamais de se moquer de lui-même, une femme au caractère bien trempé qui révèle les failles de Superman, des seconds couteaux qui se demandent toujours ce qu’ils font là, qui se disent qu’ils n’y arriveront pas et qui accomplissent des miracles, des méchants très méchants et l’indispensable traître.

 

On pourrait se dire que lire sans arrêt des histoires au canevas identique est lassant. Il n’en est rien, grâce au style de l’auteur, enlevé, guilleret et toujours ironique avec ses super-héros. De plus, le monde qu’il crée autour de ses personnages se révèle fouillé, soulève de nombreuses questions et l’on a hâte de découvrir les autres romans prenant place dans cet univers. Enfin, même si c’est toujours plus ou moins la même histoire, on ne peut que reconnaître que David Gemmell sait admirablement la raconter et l’on ne peut pas s’empêcher d’être envoûté, une fois de plus, par ce merveilleux conteur d’histoire(s).
 

Hélanye Driel

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres



DIRTY HARRY
A chaque sortie d’un épisode (écrit) de la série de Joanne Rowling, la pression augmente, l’hystérie des fans se déchaîne. Le tome 5, Harry Potter et l’Ordre du Phénix, ne déroge pas à la règle. Il s’agit d’un véritable pavé : près de 800 pages en VO, près de 1000 pour l’édition “grand format” française.

A la lecture des deux premiers tiers de l’ouvrage, on a tendance à s’ennuyer quelque peu, car il ne se passe pas grand-chose, à part les états d’âme d’harry. A l’inverse, la dernière partie foisonne d’une action débridée. Harry aborde sa cinquième année à Poudlard, rempli d’appréhensions ; en effet, ses camarades et lui passeront en fin d’année des examens capitaux pour la suite de leur scolarité, mais ils devront également se méfier du retour de Voldemort (entre parenthèses, ça fait 4 ans qu’il est de retour... Ca serait bien qu’il arrête de jouer au strip-poker avec les copains) et de l’ingérence du ministère de la magie dans l’Ecole des sorciers. Le livre s’ouvre sur l’agression de Harry et de son cousin Dudley par des Détraqueurs, ces spectres encapuchonnés au baiser fatal. Pour assurer sa sécurité Harry sera amené à intégrer le mystérieux Ordre du Phénix du titre. Au fil de l’intrigue, nous allons découvrir de nombreux lieux jusqu’alors simplement évoqués, tels le ministère de la magie, l’hôpital Ste Mangouste... Des masques vont tomber, de nombreux personnages et créatures vont faire leur apparition, l’un d’entre eux (très important) va perdre la vie.

Un roman très dense, touffu même. peut-être le meilleur de la série jusqu’ici. Car en plus d’atteindre des sommets de tension dramatique, il nous plonge dans le subconscient de Harry, en pleine crise d’adolescence, qui cherche à la fois sa place dans le monde et le sens de tout ce qui l’entoure. une trame narrative très noire, à cent lieues de la littérature enfantine classique. De même on remarquera une écriture très “visuelle”, à la limite du scénario, sans doute dans l’optique des futures adaptations sur grand écran. Une adéquation entre l’évolution des personnages, la maturité des lecteurs et l’écriture de l’histoire tout à fait remarquable. 

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres





Attention, curiosité ! Globalia, de Jean-Christophe Rufin, est un roman de science-fiction qui n'ose pas le dire. Comme Le Meilleur des Mondes et 1984 en leur temps. Il est d'ailleurs édité dans la collection "nrf" chez Gallimard, soit la collection grand public de l'éditeur. La jaquette supplémentaire (voir photo) n'est pas plus significative. Pourtant l'intrigue ne laisse aucun doute. Globalia est un super-Etat qui regroupe les anciens Etats les plus riches du monde (en gros, l'Europe élargie, l'Amérique du Nord et l'Australie), où la liberté est totale, donc nulle. Car comme dans tous les états totalitaires, la pensée a tendance à s'uniformiser. Le reste du monde est désigné sous le nom générique de non-zones, et malgré les apparences, il noue des liens étroits avec Globalia, où les dirigeants s'ennuient. Pour déjouer et démasquer d'éventuels ennemis intérieurs, ils mettent sur pied une grande machination. Au centre du complot, Kate et Baïkal, jeune couple aux envies d'ailleurs. Trouveront-ils le bonheur dans les non-zones ? Je vous le concède, ce n'est pas un scénario très original. Ce qui tranche, c'est la vitalité de l'écriture de Rufin -malgré quelques longueurs- et la justesse de sa connaissance de la géopolitique. Il est vrai que Rufin a été salué pour ses romans très portés sur l'humanitaire et l'aide aux nations déshéritées (L'Abyssin…). Son parcours et ses convictions trouvent ici une confluence certes inattendue, mais logique. Globalia, une histoire d'aventures et d'amour, comme le claironne la jaquette ? On peut le dire. Mais c'est aussi et surtout une nouvelle vision utopiste très cohérente.


Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


EVOLUTIONNAIRE

Je l’ai déjà clamé sur tous les toits, et dans le présent fanzine (oui, j’exagère, mais c’est moi le rédac’chef, hahahah), mais je considère Stephen Baxter comme le digne successeur d’Arthur C. Clarke, l’un des plus brillants auteurs de “Hard SF” des années 1950 à... nos jours, puisqu’il vient juste de décéder. Il utilise toutes les connaissances actuelles de la science pour imaginer ce qui pourrait en découler, et livrer des romans brillants dans leur rigueur et leur propos, mais un peu difficiles à digérer de par l’aridité de son écriture (Voyage, Titan...). Son dernier roman sorti en France, Evolution, témoigne une fois encore de ce défaut (qui court sur plus de 700 pages), mais cette fois-ci sa technique s’est quelque peu retournée ; ainsi, ce n’est plus (pour l’essentiel) de la prospective, de l’anticipation qui fait le terreau sur lequel il élève son arbre fruitier, mais bien de l’histoire supposée.
L’ambition d’Evolution est vaste, mais inscrite dans son titre même. Proposer une histoire de l’évolution qui a mené à l’Homme, depuis un petit mammifère vivant il y a 65 millions d’années, jusqu’à son futur, 500 millions d’années dans le futur. Oh bien sûr, des humains vivant à notre époque, des archéologues qui plus est, servent de pivot, mais les neuf dixièmes du bouquin sont découpés en longues nouvelles (une vingtaine en tout) où l’on suit un personnage (une femelle essentiellement) présente à un moment-clé de notre histoire, ou plutôt de notre proto-Histoire la plupart du temps. Car, une fois n’est pas coutume, Baxter se montre plutôt inventif dans les récits se déroulant dans le passé, plus que dans celles se déroulant dans le futur. Etrange paradoxe, car l’essentiel de sa fiction rétrospective se base, comme il l’avoue lui-même, sur des suppositions pas forcément fondées, en accord avec les connaissances que nous avons de nos ancêtres. Il en résulte un ouvrage baroque, bancal, sombre le plus souvent, car l’humanité est née du chaos. Elle causera sa propre perte, et disparaîtra après avoir dévasté sa planète, si riche de promesses jusqu’à son arrivée. Dans le torrent des siècles, Baxter a pêché des éléments par-ci par-là, donnant des scènes dramatiques, comiques, intenses... ce n’est pas une thèse, mais une fiction qui se termine sur une chaîne moléculaire étincelante, partie de Purga (le mammifère qui a tout “déclenché”), avait traversé des générations de créatures qui avaient grimpé, bondi, appris à marcher et à arpenter le sol d’un monde différent. A la fin de la chaîne, ces créatures étaient redevenues petites et sans conscience, étaient remontées dans les arbres. L’ouvrage se termine sur l’image d’une étrange symbiose entre l’ultime petite-fille de Purga et les arbres. Riche en poésie darwinienne (si tant est qu’on puisse associer ces deux termes), Baxter réussit son pari à écrire une Histoire de l’Humanité excitante et plausible, mais échoue encore une fois à intéresser son lecteur.


Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


ORSON SCOTT CARD : PLUS DE CREDIT

Les Enfants de l’esprit était l’un des ouvrages les plus attendus de la Science-fiction, au même titre que L’Héritage de Saint Leibovitz. Ce récit, qui clôt le cycle d’Ender, initié par La Stratégie Ender, tourbillon de virtuosité et d’originalité (justement récompensé par les prix Nebula et Hugo), sombre dans un galimatias mystico-poussif (normal, c’est un Mormon). Souvenez-vous : Ender c’est un petit garçon qui, dans un futur relativement éloigné, est élevé pour devenir un stratège militaire. Il réussit si bien qu’au cours de ce qu’il croyait être une énième simulation, il vaporise intégralement la civilisation la civilisation des Doryphores, alors ennemi juré de l’humanité. Par la suite, dans La Voix des Morts et Xénocide, il va tenter de trouver un foyer pour la dernière Reine des Doryphores, sauvée in extremis de la mort ; il va également tenter de trouver la paix de l’esprit en épousant une veuve sur la planète Lusitania, au milieu de cet étrange petit peuple des Piggies. Dans cette troisième suite, on assiste à la lente agonie d’Ender, entouré par sa famille véritable et d’adoption, mais aussi à la disparition puis à la renaissance de Jane, sa compagne-intelligence artificielle (dont l’origine reste obscure). Andrew Wiggin, alias Ender, n’est plus le héros du cycle ; on suit plutôt la renaissance physique de Jane (dans le corps d’une des filles adoptives d’Ender), les tribulations de son frère Peter dans des sociétés orientales ou les états d’âme de ses enfants adoptifs et de ses 3 ex-femmes (la vie mormonne). Il nous tarde qu’Ender casse sa pipe, un comble pour un personnage dont on ne pouvait se détacher dans La Stratégie Ender. L’ensemble est très bavard et se perd dans des discours politico-religieux dans la droite ligne de Xénocide. Arrêtez d’écrire des suites !

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films

 

 

A Scanner darkly (2006) est l'adaptation un peu libre du roman de Philip K. Dick Substance mort. Celui-ci s'était inspiré de sa propre vie, et en particulier son rapport à la drogue, puisque Substance mort parle d'un flic des stupéfiants qui se retrouve affecté à sa propre surveillance. Philip K. Dick est un auteur qui a la grâce du 7ème art, puisque plusieurs de ses oeuvres ont déjà été adaptées, avec pas mal de bonheur. Je citerai Paycheck, Blade Runner, Minority Report.


Substance mort a fasciné pas mal de réalisateurs (après des millions de lecteurs), puisque Charlie Kaufman, Terry Gilliam se sont succédés sur le projet avant que Richard Linklater ne s'y attelle pour finalement le réaliser.


Celui-ci a utilisé une technique déjà éprouvée sur son précédent long-métrage, Waking Life. Les acteurs sont filmés numériquement, avant que le film ne soit retouché par des artistes. A Scanner darkly ressemble donc à un énorme film d’animation, extrêmement réaliste puisque les artistes ont collé au plus près au film originel. Cela donne au film un cachet un peu étrange, comme une réalité un peu difficile à saisir, un peu fuyante. Ce choix artistique s’avère judicieux puisque le roman de Dick (que je n’ai pas lu) parle justement de l’identité, et de la dualité latente du cerveau, dualité rendue plus palpable avec l’absorption de la Substance M. (Substance D. en VO).


Le récit se situe 7 ans dans le futur. 25% de la population sont des toxicodépendants. Dans le Comté d’Orange, en Californie, « Fred » est un flic des stups, qui participe à des réunions d’information au sujet de la Substance D. La plupart de ses interventions, ainsi que son activité de flic s’effectuent avec une combinaison de camouflage permettant de changer continuellement d’apparence pour ne pas être identifié. Son boulot c’est  l’infiltration. Un jour on lui affecte la surveillance d’une maison où vit Bob Arctor, un junkie/dealer notoire, avec deux de ses amis, un peu shootés eux aussi. Bob fréquente Donna, qui est son fournisseur officiel de dope, mais il aimerait aller plus loin dans leur relation. Ce que personne ne sait, ou fait semblant de ne pas savoir, c’est que « Fred » et Bob ne font qu’un. Commence alors un étrange jeu du chat et de la souris, le cerveau de notre flic junkie s’amusant à brouiller les cartes.

 


 

Je l’ai dit, le choix artistique majeur de Linklater s’avère payant, puisque la réalité s’échappe, se modifie, glisse entre les doigts de Bob. Il a aussi choisi un casting impressionnant, puisqu’on a à l’écran les avatars de Keanu Reeves dans le rôle principal, mais aussi Robert Downey Jr (excellent en chimiste surexcité), Woody Harrelson et Winona Ryder. Des acteurs qui ont des réputations plus ou moins sulfureuses, obligés de jouer des drogués, mais aussi des personnages aux apparences biaisées. Keanu Reeves ne se départit pas de son air lunaire, carrément inexpressif, mais curieusement le crayon lui apporte un surplus d’humanité. Les acteurs son globalement bons, rien à redire là-dessus.

 

Le fond du film, s’il est clair, n’est toutefois pas totalement servi par la forme. Ainsi Linklater ne va-t-il pas vraiment au fond des choses. La psychose de Bob Arctor n’est qu’effleurée, on ne ressent pas vraiment cette lente descente en-dessous de la réalité. Si le sujet du flic infiltré, mais aussi manipulé, est classique, il n’est ici que pour servir les visions paranoïaques de Dick. Or cet aspect n’est là non plus pas trop mis en avant, mais cela ne laisse cependant pas assez de place pour le côté schizophrène de l’histoire. Le film dure 1h36, mais il aurait sans doute gagné en épaisseur avec une demie-heure supplémentaire.

C’est dommage, vraiment dommage, car le film est assez bon, mais au final, il reste trop sage, malgré l’épitaphe édifiante de Dick inscrite au générique de fin. La parabole sur l'identité n'est qu'un film expérimental de plus. Lisez le bouquin, c’est d’ailleurs ce que je vais faire.
 

Spooky.

 

 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films


Le Labyrinthe de Pan est un film de Guillermo del Toro (2006), réalisateur mexicain auquel on doit le très réussi Hellboy.
Espagne, 1944. Carmen, enceinte de son second enfant, voyage dans les forêts pour rejoindre son second mari, le capitaine Vidal. Avec elle, la petite Ofelia, 11 ans, qui sympathise en cours de route avec un étrange insecte. Ofelia découvre la face cahée de son beau-père, un fasciste tyrannique et dénué de sentiments, simplement attaché à la vie de son fils à naître. Entre temps, la fillette suit le petit insecte dans les dépendances du moulin où se trouve le détachement de Vidal. Elle entre dans un labyrinthe de verdure et de pierre, au fond duquel se
cache un étrange personnage.

Guillermo del Toro a dit porter ce projet en lui depuis 20 ans. Ce n'est qu'avec le succès de Hellboy qu'il ne pourra le mener à bien. Au départ l'histoire que voulait porter le réalisateur à l'écran était bien différent : "Il y était question de la révolution espagnole et l'histoire parlait d'une jeune femme enceinte qui rejoignait son mari dans une maison restaurée par ce dernier. En visitant la demeure, la future mère découvrait un jardin en forme de labyrinthe, où elle croisait un satyre. Elle faisait l'amour avec la bête qui lui proposait de sacrifier son enfant pour que le labyrinthe puisse fleurir. Si la femme avait accepté, elle aurait vécu pour l'éternité aux côtés du satyre. Même si au final, des ressemblances demeurent, la nouvelle version du Labyrinthe de Pan est malgré tout très différente, mon côté sentimental ayant finalement pris le dessus."
La version finale d'El laberinto del fauno diffère en effet pas mal. D'abord l'héroïne est une pré-adolescente. Pas de relations contre nature du coup. Et le mari devient un militaire borné et diabolique, campé par l'excellent Sergi Lopez. Le détachement militaire est en effet harcelé par un groue de partisans communistes, qui a ses ramifications jusque dans le personnel de la ferme. Le film est l'occasion pour Del Toro de déployer une partie de son imaginaire, et notamment quelques créatures légendaires, comme un faune, un homme blanc "sans" yeux, et
des fées quelque peu originales. Les effets spéciaux sont impeccables, et le maquillage de Doug Jones, qui avait déjà été remarqué en Abe Sapien dans Hellboy, revêt encore une fois des costumes incroyables. La petite Ivana Baquero, qui joue Ofelia, est sans doute promise à un grand avenir, si elle ne subit pas la malédiction qui entoure les enfants ayant commencé dans des grands succès fantastiques.

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Le véritable monstre du film est en fait le fascisme, énorme pieuvre bouffie, avide de pouvoir, et difficile à abattre. Un fascisme entièrement incarné par Vidal, qui n'hésite pas à achever ses ennemis de 10 coups de revolver. Le Labyrinthe de Pan est un beau film, il bénéficie d'une magnifique photographie, et le bestiaire développé par le réalisateur est intéressant. Mais le film rate le statut de chef d'oeuvre à cause d'un certain manque de folie.
On ne profite pas vraiment du labyrinthe, par exemple. Del Toro est resté sage.

Spooky.

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