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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

livres

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Et voici donc le nouveau Stephen King, réglé comme du papier à musique, sorti au mois d'avril dans sa traduction française.

Charlie Reade, un adolescent de 17 ans sans histoires, entend un jour les hurlements déchirants d'un chien derrière une maison réputée pour être habitée par un vieux grigou. N'écoutant que son courage, il passe par-dessus le portail rouillé et découvre le vieil homme en question, Howard Bowditch, qui s'est cassé la jambe en tombant d'une échelle devant sa maison. Le jeune homme appelle les secours, et propose à M. Howditch de s'occuper de sa maison et de son chien pendant sa convalescence. N'ayant aucune famille proche, le misanthrope accepte à contrecoeur. Mais un nouveau revers de fortune va bouleverser la vie de Charlie à jamais.

 

Ça commence bien, très bien, même si plusieurs éléments font écho à d'autres histoires de King : l'ado qui aide une personne âgée ronchonne (Un Elève doué, Le Téléphone de M. Harrigan) ; une pièce ou une dépendance visiblement habitée (plein de ses histoires)... Ça commence bien, avec la chienne Radar, qui va vite devenir le fil rouge de l'histoire, et aussi la raison pour laquelle Charlie va entrer dans ce cabanon, qui recèle un passage vers un  autre monde. Un monde qui semble gagné par une forme malveillante d'entropie appelée la gris, laquelle s'attaque aux humains qui y vivent et les gangrène petit à petit...

Vous l'aurez compris, le monde dans lequel bascule Charlie est un monde de fantasy, un genre déjà exploré par l'auteur par le passé avec des fortunes diverses. D'abord pour La Tour Sombre, une série romanesque de huit tomes qui ne m'a pas vraiment convaincu. Ensuite pour Le Talisman des Territoires, un diptyque coécrit avec son ami Peter Straub et que j'ai trouvé bancal. Mon avis sur le volume 1 ici, et sur le 2 . Et puis il y a Les Yeux du Dragon, le conte écrit pour sa fille Naomi lorsqu'elle avait 13 ans. Peut-être son meilleur de la bande, parce qu'allégé pour coller à son public, malgré un caractère kingien assez présent. Dans Conte de fées, il y a quelques 'allusions au reste de son oeuvre, hormis Cujo au début. On pourrait voir des connexions avec La Tour Sombre (avec ce puits obscur, les pistolets de cow-boy de M. Bowditch, ou encore quelques occurrences du nombre 19, étroitement lié au cycle précité. Mais ce qui fait, à mon sens, la réussite des contes de fées classiques, c'est leur brièveté, leur concision grâce à des figures, des scènes fortes. Chez King, les allusions aux contes tels que Jack et le Haricot magique, les Trois petits cochons et le Magicien d'Oz sont fréquentes, très fréquentes, mais mal amenées. Certes, Charlie est quasiment seul dans sa quête, malgré quelques rencontres fortuites ou pas, et il y pense, mais il pense assez peu à autre chose, et cela alourdit le récit (qui compte 730 pages dans cette édition grand format).

En fait je suis globalement déçu, voire très déçu par ce roman. Billy Summers, qui ne comportait pas de fantastique, m'a enthousiasmé. Si ça saigne comportait trois très bons segments sur quatre, et même si tout n'était pas exceptionnel, la moyenne de qualité de ses derniers écrits (la Trilogie Hodges, les Gwendy Peterson...) était relativement élevée. Je n'ai retrouvé ce King, capable de nous faire émouvoir presque aux larmes, de mettre en place des personnages empathiques, forts, que dans le premier quart, quand l'essentiel de l'histoire prenait pied dans notre quotidien, notre monde. Il n'y avait pas (encore ?) cette ironie, ce cynisme, ces charges habituelles contre la religion, la société de consommation, le populisme, mais je pensais les retrouver plus tard dans le récit. Or, dès que Charlie pénètre dans cet autre monde (qui s'appelle finalement Empis), on perd tout second degré, toute subtilité, pour se retrouver dans une quête qui devient épique, avec des enjeux qui changent et nous perdent en cours de route. Et ça devient long, chiant. Même l'évocation ténue du mythe de Cthulhu ne ressemble à rien. Robert E. Howard et Edgar Rice Burroughs sont aussi invoqués dans la dédicace). La fin, qui se déroule à nouveau dans notre monde, est d'une platitude sans nom. Bref, c'est foiré à 75%, de mon point de vue. Je n'avais pas détesté un King à ce point depuis le trou d'air narratif du début des années 2000, avec des histoires comme Cellulaire, Histoire de Lisey, Duma Key.

Pour tout vous dire, j'ai eu l'impression que toute cette partie de l'histoire avait été écrite par quelqu'un d'autre. Mais contrairement à Sleeping Beauties, où j'ai attribué à demi-mots le foirage à son fils Owen, là il n'y a qu'un seul nom sur la couverture. Espérons que son prochain récit, Holly, centré sur son personnage fétiche de cette bonne dernière décennie (et prévu pour avril 2024 en France), lui permettra de remonter le puits de médiocrité où il s'est vautré avec ce roman quasiment sans intérêt. On gardera tout de même la synergie entre Charlie et sa vieille chienne Radar, qui transpire de l'amour de King pour les canidés. La relation si particulière entre l'ado et son père, qui a sombré dans l'alcoolisme après la mort dramatique de son épouse, avant de remonter la pente avec l'aide de Charlie, dont les sentiments contrastés et complexes sont bien rendus. Ainsi que le transfert entre King lui-même (ou plutôt ses peurs) et M. Bowditch : le handicap, la vieillesse, la solitude, l'addiction aux médicaments et à l'alcool (on revient au père de Charlie)... Des éléments qui auraient probablement fait une bonne novella...

 

Sur le plan de la maquette, le roman tranche avec ses devanciers puisque les Editions Albin Michel proposent un rabat des deux côtés de la couverture (pour présenter Stephen King d'une part - c'te blague !- et pour livrer un court commentaire de l'auteur en guise d'accroche pour le roman), et chaque grand chapitre comporte en guise de titre une suite d'actions qui y sont contenues (comme dans d'anciens romans-feuilleton) ainsi que des illustrations (fort belles) en noir et blanc réalisées par Gabriel Rodriguez (pour les chapitres pairs) et Nicolas Delort (chapitres impairs). De quoi spoiler le contenu desdits chapitres, et/ou attiser la curiosité de la lectrice ou du lecteur. A noter que les droits d'adaptation du roman ont été achetés par le producteur et réalisateur Paul Greengrass qui va certainement les vendre au studio le plus offrant.

 

Bref, l'un des pires King depuis plus de dix ans. Voire plus.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Je me fais rare sur ce blog depuis quelques temps. Comme beaucoup le savent, c'est principalement dû à l'activité d'auteur qui prend une partie non négligeable de mon temps libre depuis quatre ans maintenant. Oui, quatre ans. L'occasion de faire un petit bilan de cette activité, d'abord en déroulant ma bibliographie.

Hommage à J. R. R. Tolkien - Promenade en Terre du Milieu est sorti en mars 2020. Six jours avant le premier confinement, ce qui a probablement obéré son début de carrière, plus virtuel que physique, les librairies ayant fermé pendant 3 mois à l'époque. Cela reste mon bébé, le bouquin que je voulais faire depuis 30 ans, et dont je suis fier à 99%. Emaillé d'une iconographie abondante et variée (dont une partie vient directement de ma collection personnelle), il vous permet d'en savoir plus sur la vie, l'oeuvre et l'influence (dans des domaines inattendus, comme les sciences) du Professeur.

 


Hommage à The Witcher - La Saga d'un chasseur de monstres est sorti 18 mois plus tard. Soit juste avant la sortie de la première saison de la série Netflix centrée sur Geralt de Riv. Il vous permet d'en savoir plus sur les nouvelles, les romans, les séries télé, le film, la comédie musicale, le jeu de rôle, la comédie musicale qui ont forgé la légende d'un véritable phénomène culturel polonais. Avec toujours plein d'images dedans.

 


Curieux d'explorer de nouveaux formats, mais également soucieux de continuer à partager ma passion pour des grands noms de l'imaginaire, je passe chez les Editions ActuSF en mars 2022, pour vous proposer le Guide Stephen King. Un ouvrage qui se veut avant tout un guide de lecture (et de visionnage, la part d'adaptations étant aussi fructueuse que sombre). Avec ce souci d'être au plus près de l'actualité, d'amener des expertises au travers d'interviews soigneusement choisies.

 

 

Parce que je n'avais pas tout dit dans mon premier ouvrage, je vous propose un complément avec Le Guide Tolkien en octobre 2022 chez le même éditeur ActuSF.

 

 

Parce que Stephen King est un auteur que tout le monde connaît (parfois sans le savoir), le public a répondu présent en librairie et un an après, le Guide dédié est ressorti en version poche, avec des corrections, ainsi qu'une mise à jour à tous les niveaux, l'actualité kingienne étant un maelström permanent.

 

Un petit mot de l'ouvrage ci-dessus. Il s'agit d'une encyclopédie visuelle consacrée aux figurines inspirées de l'oeuvre de Tolkien. Son auteur et éditeur, Christian Mallet, m'a fait l'honneur et le plaisir de me demander d'en écrire la préface. Tâche dont je me suis acquitté avec le plus grand plaisir, ravi de figurer dans cet ouvrage de qualité. Lequel est disponible essentiellement par correspondance, n'hésitez pas à cliquer ici pour en savoir plus !

 

Et sans encore spoiler, sachez qu'un nouveau Guide sur un auteur majeur de l'imaginaire est prévu pour ce mois d'août en librairie, cette fois-ci en collaboration avec une personne qui tient une place importante dans tout ça : il s'agit de Stéphanie Chaptal, traductrice-autrice-éditrice (elle a fait plein de trucs en -ice, au bon lait de brebisss), notamment chez Ynnis. C'est aussi grâce à elle que j'ai rencontré Sébastien Rost, mon premier éditeur chez Ynnis. Ses ouvrages sont tous bons, mangez-en !

Au-delà de cet ouvrage, qui est au stade de la relecture, je commence tout juste l'écriture d'un autre Guide. Mais il est bien sûr trop tôt pour vous en parler, sauf pour vous dire que si tout va bien, il sortira d'ici un an. Et après ? Trois autres projets en tête, seul ou en collaboration, qui ont bien sûr besoin d'être maturés avant d'en parler aux éditeurs.

Et l'occasion est bonne pour mettre en lumière le travail de relecture de quelques amis qui de par leur vision d'aigle, leur intransigeance et leur culture étendue, ont su rendre ces ouvrages meilleurs avant de passer entre les rets de l'éditeur. Un clin d'oeil amical et rempli de gratitude en direction de Guillaume Narguet, AnneEli Mo et Vivien Stocker.

Que vous dire d'autre sur cette deuxième vie d'auteur ? Elle me remplit de fierté. L'écriture est un besoin vital chez votre serviteur, depuis plus de trente ans. Le fait que des éditeurs y trouvent apparemment leur compte est une satisfaction immense, et que des lectrices et des lecteurs les achètent un honneur dont je n'avais jamais osé rêver. Cette vie d'auteur me permet de voyager un peu, d'aller défendre ces ouvrages derrière des tables de dédicace un peu partout en France, et même en Belgique, et c'est vraiment quelque chose d'unique. C'est aussi l'occasion de rencontrer d'autres autrices et auteurs, des éditrices et des éditeurs, de discuter de sujets très divers à bâtons rompus, et parfois de voir apparaître des projets. Alors pour tout ça, MERCI.

 

Spooky, en apesanteur.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Benjamin Planchon est un jeune auteur de fantastique français, rencontré lors d'un festival du fantastique à Annecy en 2022. Le Domaine des Douves est son premier roman, et il ne manque pas d'attraits.

 

Clovis, restaurateur de tableaux, est en train de faire son footing dans la forêt de Saint-Ouen qu'un message tragique lui parvient. Un incendie a ravagé le Domaine des Douves, théâtre de ses jeux d'enfant, et le corps retrouvé dans les ruines fumantes serait celui de sa grand-mère, Phéodora. Il traverse la France pendant des heures pour rallier les lieux, et redoute de revenir sur se lieux magnifiques et cruels. Lorsqu'il arrive, les lieux presque inchangés, mais aussi la catatonie du policier qui l'avait contacté devant le puits de l'oubli font remonter de nombreux souvenirs à la surface : les fêtes somptuaires données par son clan, le mutisme de sa grand-mère, les errances de sa mère avant sa noyade dans les douves du domaine... Mais aussi sa jeunesse de peintre maudit à Paris, avec ses toiles toxiques (au sens premier du terme), une toxicité qui lui permet de jeter son enfance torturée aux orties, ou plutôt dans la Seine.
 

Le ton est très vite donné dans le roman : on a l'impression que la pourriture, la corruption, l'horreur sont à portée de mains, qu'il suffit de fermer les yeux pour toucher du doigt ce pourrissement généralisé. L'ensemble du récit baigne dans une atmosphère d'étrangeté, entre ces créatures fantasmées (mais que l'on peut imaginer grâce notamment à leur identification via des noms-valises), les actions qui sortent de l'ordinaire. Ce Domaine des Douves dans lequel revient Clovis est un endroit hors du temps, hors du monde, mais auquel il est irrémédiablement lié. C'est délirant, un peu à la manière de ce qu'un Boris Vian a fait en son temps. Dès lors, si l'on choisit de suivre Benjamin Planchon dans son délire, il faut se laisser porter, prendre pour argent comptant toute cette étrangeté, et prendre le roman pour ce qu'il est : un récit sur l'identité, le deuil, la rédemption, la résilience.

Inclassable, surprenant.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.

Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.

Après que James Caskey, le patriarche, ait proposé à Elinor de l'héberger en attendant qu'elle se retourne, a jeune femme se met à fréquenter Oscar, son neveu. Le mariage est bientôt prononcé, malgré les réticences fortes de Mary-Love, la mère du marié. Elinor fait l'unanimité dans la petite communauté, sauf auprès de Mary-Love, et de Bray, le jeune domestique de couleur qui travaille pour Oscar. Mais elle reste un mystère pour tous : aucun contact avec l'extérieur, Elinor dit être la seule survivante de sa famille.

Voilà une histoire qui a récemment fait beaucoup parler d'elle dans la presse et dans la sphère imaginaire française. En effet cette histoire est sortie en six livraisons mensuelles en 1983, tenant en haleine de nombreux lecteurs et lectrices. Stephen King, qu'il a inspiré pour La Ligne verte, dit de lui que c'est le meilleur auteur de romans de poche américain. C'était également un scénariste remarquable : co-créateur des mythiques Beetlejuice et L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Ici il était probablement au sommet de son art : sous couvert d'une saga familiale sus le soleil et la torpeur du Sud des Etats-Unis des années 1910-1920, il nous livre un récit dont on ne peut se détacher, car l'horreur surgit au détour du chemin, presque sans prévenir.

Il aura fallu attendre 2022 pour qu'un éditeur français, Monsieur Toussaint Louverture, décide de le publier, en financement participatif d'abord, puis dans le commerce. Au-delà du soin apporté à la traduction, assurée par Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier, il y a également un souci de créer des objets particuliers : "Autant inspirés par Hetzel, que les jeux de cartes ou les tatouages, nous avons voulu créer des livres un peu fantasmatiques, une version toute personnelle des pulps, qui ne ressembleraient à aucun autre livre tout en faisant penser à tous. Chaque couverture est le résultat de très nombreuses heures de travail, que ce soit pendant sa conception ou son impression.

Elles sont toutes les six différentes mais toutes unies par un même processus de fabrication. Impression offset suivie d’une dorure noire puis d’une dorure dorée et enfin d’un gaufrage pour donner du relief et mieux capter la lumière."

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Billy Summers est un tueur à gages, le meilleur de sa profession, mais il n’accepte de liquider que les salauds. Aujourd’hui, Billy veut décrocher. Avant cela, seul dans sa chambre, il se prépare pour sa dernière mission…

 

Chaque nouveau bouquin de Stephen King est un évènement en soi, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Il émarge dans plusieurs genres ou sous-genre. Au premier niveau c'est un thriller, puisque nous suivons l'histoire du dernier contrat d'un tueur à gages. Dans un second temps c'est aussi un récit de guerre, puisque la couverture -je vais y revenir- de Billy est celui d'un écrivain, et que celui-ci se met à raconter sa vie, en particulier son passé de marine en Irak. C'est aussi un road trip, puisque Billy et la personne -totalement inattendue- qui l'accompagne vont traverser les Etats-Unis à deux reprises, et vont se poser un peu dans les petites villes, un élément présent dans la quasi-totalité des récits de l'auteur.

 

J'ai donc parlé de couverture ci-dessus. Car le contrat que l'on propose à Billy Summers consiste à abattre un criminel, au moment où il doit arriver, au terme de son transfert depuis une prison, sur les marches du tribunal où il doit être jugé pour avoir abattu une personne sans défense et en avoir agressé plusieurs autres. Car Billy a une spécificité, en tant que tueur à gages : il n'accepte d'abattre que des méchants (terme utilisé dans le récit). Ce qui ne fait pas de lui, bien sûr, un ange. Mais comme on ne sait pas quand le transfert de sa cible doit avoir lieu, son commanditaire l'engage à rester en planque pendant des semaines dans l'immeuble depuis lequel il devra abattre le méchant. Et à se créer une identité à usage temporaire, afin de ne pas éveiller les soupçons dans son entourage géographique : celle d'un écrivain qui vient écrire un livre, dont le sujet est top secret, dans un bureau loué pour l'occasion. C'est donc cette installation qui nous est conté par le menu : la sympathisation avec ses voisins de la banlieue où il loue une maison, ses déjeuners avec les avocats et les comptables qui travaillent dans les bureaux se trouvant au même étage que le sien, et même un début de romance. Nous avons aussi la description de tous ses préparatifs pour réaliser son contrat, et aussi pour... d'autres choses, qui vont se révéler par la suite. Et comme Billy s'ennuie un peu, qu'il fait quelque part le bilan de sa vie avant de se ranger des voitures, il se met à écrire. A écrire vraiment, en se disant que ça va s'arrêter lorsque son contrat arrivera à son terme et qu'il sera payé (2 millions de dollars) pour l'avoir mené à bien.

Je vais faire un peu de spoiler par la suite, mais pas tant que ça. Billy abat sa cible, et part en planque, au mépris du plan de fuite que son commanditaire avait préparé pour lui, car il sentait que quelque chose n'allait pas dans cette idée de se faire embarquer par des faux employés de voirie de la ville de Red Bluff dans la panique générée par la fusillade. Et c'est au cours de cette planque qu'un évènement inattendu va chambouler la vie de Billy. Il va recueillir une jeune femme, Alice, après qu'elle ait été droguée et violée par trois hommes et laissée pour presque morte devant l'appartement où il se terrait depuis un jours ou deux. Nous en sommes à la moitié du roman, et je n'en dirai pas plus sur son déroulement, mais la lecture en a été... passionnante.

 

J'ai dévoré le roman en trois ou quatre jours, totalement pris par la triple vie que Billy construit patiemment, ses envies d'autre chose une fois sa retraite prise, et le virage que prend l'une de ses vies après l'arrivée d'Alice. C'est un récit à tiroirs, ainsi qu'un récit encapsulé, puisque nous avons la retranscription au moins partielle du roman que l'apprenti-écrivain est en train de composer. King est bluffant de réalisme, de savoir-faire, de puissance dans chacun de ces récits, et il réussit même à ajouter un nouveau tiroir à la fin de Billy Summers. Il y a pas mal d'easter eggs également, avec un gros appui sur The Shining (ce qui occasionne la seule -minuscule- incursion de fantastique dans le récit. Une pincée du Fléau avec le surnom d'un personnage secondaire, un morceau des Enfants du Maïs, de 1922, de Ça dans un lieu où s'arrêtent Alice et Billy...

Il y a tout de même quelques longueurs, surtout dans la première moitié du roman (qui compte 550 pages), lorsqu'on nous décrit la routine que Billy met en place. Bien sûr, il y a une lecture psychanalytique à faire dans les sentiments des deux membres de ce duo inattendu, qui les ramène à leurs traumatismes respectifs, tout récent pour Alice, très ancien pour Billy... Et la fin du roman, comme souvent, est déchirante, pleine de dignité. On pensait qu'après des histoires comme The Shining, Les Tommyknockers, Misery, Le Corps, La Part des Ténèbres (liste non exhaustive), King avait tout dit sur la figure de l'écrivain, mais non, il réussit à nous montrer comment un écrivain peut naître. C'est fascinant. Je vous laisse avec cette citation, peut-être la meilleure définition de ce métier particulier :

"Saviez-vous qu'il était possible de s'asseoir devant un écran ou une feuille de papier- et de changer le monde ?"


Spooky.

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

En replongeant dans une affaire non résolue datant des années 1980, Carl Mørk et l’équipe du Département V découvrent avec stupeur que depuis trente ans, un tueur particulièrement rusé choisit avec une régularité effrayante une victime et l’élimine en déguisant ce meurtre en accident ou en suicide.

À chaque fois, sur le lieu du crime, un petit tas de sel.

Sur fond de restrictions sanitaires dues au Covid-19, Mørck et ses acolytes se lancent dans une enquête dont ils n’imaginent pas l’ampleur.

 

Deux ans après Victime 2117, le Département V est de retour. L'étau se resserre autour de Carl au sujet de cette vieille affaire du pistolet à clous, et cette énigme du sel pourrait bien être la dernière... Mais l'énergie que mettent Assad, Rose et Gordon, ses rusés adjoints, à trouver le ou la coupable l'emmènent dans une spirale infernale. Une spirale dans laquelle le lecteur ou la lectrice est irrémédiablement pris(e), dès les premières pages. Adler Olsen est diabolique, nous montrant tour à tour les différentes étapes de l'enquête, mais aussi l'action et les pensées de l'assassin, dans une course contre la montre d'autant plus étouffante que la pandémie de covid-19 s'est invitée dans l'histoire, l'auteur danois l'intégrant relativement habilement dans son intrigue. Cette enquête est la neuvième et (en principe) avant-dernière de cette série du Département V, une enquête où Gordon va laisser des plumes. Et Carl aussi, malgré l'aide inattendue de la famille de la dernière victime du tueur au sel. On sent toutefois que l'auteur est un peu fatigué, le rythme baissant nettement aux deux tiers des 550 pages du roman.
 

Interrogeant de manière allusive la société danoise, au sein de laquelle des individus sans scrupules font l'objet d'une traque sans répit, Jussi Adler Olsen s'apprête donc à boucler sa série star. Que va-t-il devenir ? La suite et fin, vite.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Octave est un jeune homme simple qui a consacré l’essentiel de sa vie à sa petite sœur, Ariane. Son existence n’est pas parfaite mais faire le bonheur de la fillette lui suffit. Alors, le jour où une licorne débarque sous son toit pour lui demander de l’aider à sauver une sorcière, son monde vole en éclats. Octave et Ariane découvrent un univers mystérieux et magique dont ils ne soupçonnaient pas l’existence...
Et, pauvres mortels, ils ne sont pas au bout de leurs surprises.

 

Le roman bénéficie d'une couverture un brin intrigante, avec ces lumières qui semblent voyager dans un bois... Il s'agit en effet d'une scène réelle du roman, au cours de laquelle on VOIT la quintessence, l'énergie qui irrigue le monde, et dont certaines créatures ont appris à se servir, alors que d'autres aimeraient l'asservir... Lorsqu'Octave et sa soeur Ariane mettent le pied dans ce que l'on appelle le monde caché, ils découvrent un univers très construit, avec son organisation, ses antagonismes et ses enjeux de pouvoir. On comprend assez vite qu'il ne s'agit que d'une introduction à une saga bien plus ambitieuse. Beaucoup de choses nous sont présentées dans ces presque 300 pages initiales, qui relatent beaucoup d'évènements (dont deux combats aériens entre créatures légendaires !), et une mort inattendue. C'est une vraie découverte, car pour un premier roman c'est vraiment ambitieux (même si, on le répète, il est destiné à connaître plusieurs suites).

 

Rencontrée au festival Trolls & Légendes de Mons, Camille de Montgolfier m'a parlé de son premier roman, dont j'ai souhaité vous parler après sa lecture. Elle fait déjà preuve d'une écriture délicate et d'une narration claire, au service d'une histoire truffée de personnages bien campés, attachants pour certains. On n'évite pas des petits soucis de relecture (menues fautes, personnages "connus" avant d'être présentés), mais cela n'entrave en rien le plaisir de lecture.

 

J'ai hâte de lire la suite, Camille & Pygmalion !

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Grandir, c’est parfois affronter les démons qui vous hantent.

Jamie n’est pas un enfant comme les autres : il a le pouvoir de parler avec les morts. Mais si ce don extraordinaire n’a pas de prix, il peut lui coûter cher. C’est ce que Jamie va découvrir lorsqu’une inspectrice de la police de New York lui demande son aide pour traquer un tueur qui menace de frapper… depuis sa tombe.

 

Alors, ça donne quoi, ce dernier King en date ? Eh bien, d'abord, deux petits mots sur le titre français, "Après", qui diffère de l'original, "Later" ("plus tard", pour les non-anglophones). Ce changement n'est pas forcément utile, puisqu' "Après" laisse entendre qu'il se passe un évènement particulier après lequel les choses changent pour notre Jamie. Or le roman raconte une suite d'évènements, et notre narrateur ne cesse de dire "on verra ce qu'il se passe plus tard" (en VO) bien sûr. Au final cela ne fait pas une grande différence, mais ces changements de titre sans justification ne cessent de m'agacer.

Ensuite... C'est une sorte de retour aux sources pour l'écrivain du Maine, qui fait preuve de concision avec ce roman de moins de 300 pages (en VO, parce qu'en VF Albin Michel a réussi à l'étirer vers les 330, ce qui justifie son prix un brin élevé - 20,90€ - ça aussi, ça m'agace), qui ne se perd pas trop dans de longues descriptions, et qui propose une variation intéressante sur le thème pourtant éculé des fantômes, et des gens qui peuvent les voir. D'ailleurs il est fait plusieurs fois mention du très bon film de M. Night Shyamalan, Sixième Sens, pour bien montrer que King s'en démarque. Il s'en démarque, mais explore une nouvelle fois l'un de ses sujets favoris, l'enfance et l'adolescence. Et avec brio, même si la brièveté du récit ne lui permet pas de trop développer le personnage de Jamie. Mais encore une fois, tout y est : l'émotion (on a quand même des gens qui meurent, et pas que des méchants), le suspense (la première moitié est encore redoutable de ce point de vue), le langage qui met très vite le lecteur dans la connivence ; et cet enfant qui devrai dire prématurément adieu à l'innocence face à ces trépassés... King a bien mis cette grosse dose de polar qui émaille une partie de son oeuvre depuis la Trilogie Hodges, et ça fonctionne bien.
 

Et comme par exemple pour L'Outsider, on n'a pas le fin mot sur la créature qu'affronte l'adolescent dans la deuxième moitié du roman, mais en définitive ce n'est pas grave, le charme opère assez largement. C'est un bon King, sans être excellent.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Après Hommage à J. R. R. Tolkien - Promenade en Terre du Milieu, voici donc le deuxième ouvrage écrit par mes soins, toujours chez Ynnis Editions, à paraître le 10 novembre. En voici la présentation de l'éditeur :

Dans un monde abandonné des dieux, gangrené par une force maléfique appelée la magie, des enfants sont transformés en soldats pour combattre des monstres à travers des rites impies et violents. The Witcher, cette saga sombre, peuplée de créatures folkloriques et de légendes, est devenue l’une des plus grandes séries de jeux vidéo de tous les temps, acclamée pour son écriture mature et complexe. Alors que l’œuvre polonaise a traversé les frontières pour devenir un phénomène mondial, Geralt de Riv, son personnage principal, est désormais une figure majeure de la pop culture du XXIème siècle. Romans, jeux vidéo, séries, comics, longs métrages… Retour sur une saga protéiforme à travers des entretiens et dossiers inédits et richement illustrés !

Le temps d’un ouvrage, explorez un monde original empreint du folklore européen. Vous y rencontrerez entre autres Geralt de Riv et ses pairs, la vénéneuse Yennefer de Vengerberg, des sorcières, des elfes ou des monstres, héros ou anti-héros d’une saga désormais incontournable.

Bienvenue sur le continent.

 

La réalisation de cet ouvrage a duré un certain temps. Dès le mois d'avril 2020, après la sortie de l'ouvrage sur Tolkien, mon éditeur et moi avons discuté d'une nouvelle collaboration. Avec la sortie récente de la première saison de la série Netflix The Witcher, cette franchise nous semblait dans l'air du temps. Votre serviteur a alors réfléchi à un sommaire, discuté et validé par son directeur éditorial, avant de faire des recherches, de lire et de voir les différentes déclinaisons de l'oeuvre d'Andrzej Sapkowski, de contacter des personnes ressources, et, in fine, de s'atteler à la rédaction du contenu. La livraison du manuscrit a été retardée par des aléas éditoriaux liés à la crise sanitaire, mais au final le voilà, presque 18 mois après ses prémisses, cet ouvrage qui vous permettra de savoir tout, ou presque, sur le chasseur de monstres albinos ! Origines, résumés des différents récits, interviews d'experts, influence, au travers d'articles richement illustrés, à l'instar de tous les Hommages édités chez Ynnis. Vous comprendrez ainsi, au fil des chapitres, comment, d'une simple nouvelle écrite un peu par hasard, un voyageur de commerce à la moustache dupondtesque est devenu un symbole pour la culture polonaise, voire une figure tutélaire pour tout un genre...  Comment un enfant abandonné par sa sorcière de mère est devenu une machine -défaillante- à tuer les monstres dans un monde sur le déclin, broyé par les rouages d'une machination énorme. Vous découvrirez ainsi qui est le véritable héros de Wiedźmin.

 

Mais un tel ouvrage, si j'en suis l'auteur, n'a pu se faire sans l'aide d'un certain nombre de personnes. Merci donc à Sébastien et Philippe pour leur soutien jusqu'à la dernière minute du bouclage, à toutes celles et tous ceux qui ont oeuvré au sein de la maison d'édition pour que cet ouvrage voie le jour, physiquement , merci à Camille pour son enthousiasme et son énergie pour donner de la visibilité aux ouvrages Ynnis. Merci à celles et ceux qui ont accepté de relire ma prose, AnneEli et Guillaume, si cet ouvrage est lisible, c'est grâce à vous deux ! Je pense également à Mathieu Saintout, boss d'Arkhane Asylum, à François Hercouët, éditeur chez Urban Comics, à Marcin Blacha, story director chez CD Projekt Red, à Daniel Njo Lobé, acteur de doublage de Geralt dans les jeux video, un homme remarquable (dont vous pouvez lire la deuxième partie de l'interview ici), à Etienne Le Roux, formidable illustrateur... Tout le monde n'a pas pu tenir dans cet opus, c'est pourquoi je vous proposerai prochainement des petits bonus ici même. Restez connecté(e)s !

 

J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire cet Hommage que j'en ai eu à le réaliser...

Si vous souhaitez précommander l'ouvrage, c'est par ici !

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Partie seule dans un lieu reculé pour les vacances, Lina se perd dans un épais brouillard. Lorsque la brume se dissipe enfin, la jeune fille découvre au cœur de celle-ci un village incongru… peuplé de personnages mystérieux et hauts en couleur.

 

Ynnis Editions présente ce court roman (de 1975) comme étant la source d'inspiration d'Hayao Miyazaki pour Le Voyage de Chihiro. Il y a en effet quelques éléments communs : une préadolescente coupée de sa famille, qui se retrouve à travailler dans un endroit étrange, avec ses propres codes... Il y a aussi une sorcière, pas très aimable, qui prend tout de même Lina sous sa coupe. Une sorcière qui est en fait la tenancière de la pension Picotto, où l'enfant trouve une seconde famille, avec des personnages hauts en couleurs. Pour payer le gîte et le couvert, elle doit travailler auprès des autres résidents de l'Avenue extravagante, une libraire surprenante, un petit garçon qui ne voulait pas enlever son masque, un perroquet appelé Cornichon qui conserve un trésor dans sa cage, un tigre très sensible, un confiseur dont les bonbons ne font pas grossir (mais donnent mal au ventre)...

Une population bigarrée, donc, au sein de laquelle Lina va faire son trou, et va se révéler très douée pour mettre de l'huile dans les rouages... L'autrice, Sachiko Kashiwaba, fait ici preuve d'une belle inventivité, dans un genre que je qualifierais de "merveilleux", probablement inspiré par de nombreuses légendes japonaises. Sympathique, mais ne vous attendez pas à un récit proche du film de Miyazaki. ;)

 

Spooky

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