J'avais beaucoup aimé le premier film de la "série", écrit, réalisé et joué par John Krasinski. On y suivait les mésaventures d'une famille qui essaie de survivre dans un décor champêtre à la menace mortelle représentée par des monstres qui réagissent au moindre son. Ce premier opus était court, d'une efficacité et d'une tension comme j'en ai rarement vu.
Je n'ai pas encore vu le deuxième, mais la perspective de me replonger dans ce concept si excitant m'a incité à aller le voir au cinéma, d'autant plus que si John Krasinski n'est plus à la réalisation, il est resté producteur et a sans doute touché un peu au scénario, même si seul Michael Sarnoski (réalisateur remarqué de Pig, avec Nicolas Cage) en est crédité. Cette conviction vient essentiellement du fait que ce nouveau long-métrage se révèle, au fil de son déroulement, plus malin, complexe et profond qu'il n'y paraît de prime abord. Jugez plutôt.
Samira est une jeune femme qui s'ennuie à mourir dans un centre de soins palliatifs, au milieu de vieillards cacochymes et d'activités totalement dénuées de sens, malgré la bienveillance et l'énergie de l'infirmier Reuben. Mais la promesse d'une pizza, d'une vraie pizza au cours d'une sortie à New York la décide à sortir de sa torpeur. Sur place, elles e rend compte que le spectacle de marionnettes n'est pas si mal, même si elle décroche vite, rattrapée par ses angoisses. Sortie prendre l'air, elles e rend vite compte que quelque chose ne va pas. Des voitures de police passent à toute allure et les gens regardent obstinément le ciel. Le chaos se déchaîne vite, avec l'apparition de créatures de cauchemar qui attaquent toute créature que ferait le moindre bruit.
Pour Samira, comme pour d'autres, commence alors une fuite sans espoir, mais aussi la recherche de derniers moments de bonheur avant la nuit.
J'avais vu une bande-annonce somme toute assez classique, appuyant essentiellement sur l'aspect survival du long métrage, en soi assez efficace. Une grosse partie peut se résumer à cela, mais Sarnioski et Krasinski y ont ajouté une dimension particulière avec l'état de santé de Samira, qui très vite se retrouve incapable de courir, de faire des efforts, etc. S'appuyant d'abord sur son infirmier et sur Frodon, son chat d'assistance (quand je vous dis que Tolkien est partout !), elle va devoir faire preuve de beaucoup de sang-froid et d'intelligence, même après sa rencontre avec Eric, un étudiant anglais qui se retrouve totalement perdu dans cette attaque.
A l'instar du premier film, l'intrigue se resserre autour de ces deux personnages et de quelques-uns qu'ils croisent ou recroisent (on notera la présence de Djimon Hounsou), et au-delà des jump scares, assez nombreux, l'efficacité et la crédibilité reposent sur Lupita Nyong'o (qui après 12 years a slave, Us, Black Panther 1 et 2, et les trois derniers Star Wars, montre qu'elle se construit une filmographie intéressante) et Joseph Quinn (acteur britannique vu dans Game of Thrones, la saison 4 de Stranger Things et bientôt dans Gladiator 2 et le prochain reboot des 4 fantastiques). Leur duo, d'abord hésitant, fonctionne finalement pas si mal, et je dois dire que Lupita Nyong'o, méconnaissable, m'a bluffé dans ses expressions de terreur, de TERREUR EXTREME, et de fatigue extrême. Son personnage est d'ailleurs beaucoup plus fouillé que celui de son partenaire, qui s'en rend compte (le personnage de son partenaire) et décide de tout faire pour l'aider à accomplir son rêve, avant de probablement mourir dans les crocs des monstres.
Ceux-ci sont d'ailleurs toujours aussi flippants, leur présence étant annoncée par un mélange de cliquetis et de grognements sourds entrecoupés de halètements semblables à ceux d'un cheval. Des bruits qui précèdent souvent des attaques brutales, souvent venues des hauteurs, ces créatures ayant la faculté de s'accrocher aux façades des immeubles pour aller chercher leurs proies à peu près partout. Je ne sais pas si leur destinée cinématographique va s'approcher de celles d'Alien et ses multiples suites, mais si Krasinski reste dans le secteur, ça peut faire des films à la fois flippants et profonds.
Ah, on notera la présence toute particulière du chat d'assistance de Samira, qui sert un peu de fil rouge et d'ange gardien par moments...