8 novembre 1793. Manon Roland, une figure de la Révolution Française, meurt sous le couperet de la guillotine, quelques jours après le décès de l'humaniste Olympe de Gouges. Avec elles, les espoirs des Filles de Lilith s'éteignent une fois encore dans la plus terrible injustice.
Rue du Faubourg-Saint-Honoré, Camilla attend Robespierre dans ses appartements. Le tyrannique et mystique Robespierre, son amant. L'une des plus redoutables machinations de notre Histoire vient de s'enclencher, selon un plan vengeur qui n'épargnera rien ni personne.
Les succubes sont des démones qui se servent de leur pouvoir sexuel pour prendre possession d’un homme et le mener à sa perte, notamment pendant son sommeil. Ici le principe est détourné pour nous présenter des personnages réels, presque humains, qui interviennent au grand jour pour manipuler les grands de ce monde en ébullition qu’est la France de la Révolution française. Curieusement j’ai pensé au Chant des Stryges pour le fond de l’histoire, celui de créatures légendaires qui oeuvraient dans l’ombre à la conduite du monde… Mais ici le scénario tourne vite court, il n’y a pas une once de réalisme dans la conduite du récit. Pire que ça, on nous montre des personnages historiques, tels Robespierre, dans des attitudes assez ahurissantes, à mille lieues du personnage tel que la chronique nous l’a rapporté. Autre problème, le brassage des mythologies et des figures mystiques, sans aucun souci de cohérence. Certes, le succube est une figure universelle, mais cela n’autorise pas une aussi grande dispersion.
Le décor historique n’est pas inintéressant, avec quelques références aux manœuvres politiques à l’assemblée constituante par exemple.
Côté graphisme, Laurent Paturaud a du talent, c’est un fait, ses ambiances et ses cadrages sont plutôt réussis, ainsi que ses personnages féminins, tous plus gironds les uns que les autres. Dommage que ces personnages aient l’air de sortir du même moule…
Difficile d’être enthousiaste pour une bd aussi ratée, même si le dessin est loin d’être désagréable…
Bioshock est sans doute l’un des jeux les plus populaires sortis à ce jour sur Xbox 360. Se voulant être un descendant de la série System shock, il s’agit d’un FPS* teinté de survival horror.
Qu’est ce qui différencie un FPS d’un autre ? En règle générale, il s’agit de jeux ultra-bourrin qui ne nécessitent aucunement l’utilisation d’un cerveau… certains diront que c’est ça qu’est bon. Personnellement, ça m’a toujours gonflé. Mais je dois avouer qu’avec l’arrivée des consoles nouvelles générations et de leurs images à couper le souffle, les éditeurs s’en donnent à cœur joie pour nous plonger dans des ambiances bluffantes. Que ce soient les derniers Call of duty qui transforment votre salon en champs de batailles ou le récent Farcry 2 qui fait pousser la savane sur votre moquette, la mise en scène permet une immersion totale. Mais au-delà de ça, on ne fait que suivre le cours de l’histoire au gré des fusillades et votre personnage n’évolue jamais ou très peu, ce qui devient très vite barbant. La solution pour éviter cet ennui est souvent de faire des jeux extrêmement courts qui nécessiteront seulement 5 ou 6 heures pour être terminés. Ajoutons à cela le côté survival horreur qui m’insupporte depuis le tout premier Resident evil et je me dis que, forcément, ce Bioshock n’est pas pour moi.
Il m’a fallu 10 minutes pour être scotché à la manette.
L’histoire se déroule à la fin des années 50. Votre personnage est le seul survivant d’un crash en pleine mer à proximité d’un phare inconnu. Vous entrez dans cette étrange bâtisse ou vous trouvez un bathyscaphe qui vous conduira dans les profondeurs de l’océan pour découvrir une monumentale cité sous-marine : Rapture. Mais cette mystérieuse ville semble à l’abandon, votre arrivée est cependant remarquée et vous serez rapidement confronté aux chrosomes ; des humains génétiquement modifiés en soif d’Adam.
Reprenant les principes de System shock 2, vous serez guidé par radio par un inconnu et vous allez évoluer sur 3 principaux plans ; la génétique, l’armement et le piratage. C’est là tout l’intérêt de ce jeu par rapport aux multiples autres shoot’em up. Découvrir ces différentes évolutions révolutionnaires qui restent néanmoins crédibles pour l’époque, donne vraiment envie de progresser dans un univers steampunk très bien imaginé.
Vous découvrez petit à petit le principe de cette cité érigée par un industriel mégalomane qui souhaitait fuir les barrières économiques et éthiques de la surface. Pour mettre en œuvre son projet il a fait appel à l’élite de l’industrie, des sciences et de l’art afin de créer une société parfaite où personne ne limitera leurs génies respectifs. Les évolutions que vous allez acquérir tout au long du jeu sont issues de leurs recherches, malheureusement elles ont rapidement créé une dépendance et la démence chez les utilisateurs. Ce nouvel Etat est maladroitement géré par les petites sœurs, des gamines atrocement lobotomisées qui sont chargés de récupérer l’Adam, la substance qui permet de changer son génome. Vous croiserez régulièrement ces énigmatiques enfants que vous pourrez tuer ou sauver pour récupérer leur précieux chargement indispensable à votre survie. Elles sont toujours accompagnées de leurs effrayants et redoutables gardiens (emblème de la licence) qui se déchaîneront sur vous si vous osez touchez un seul de leurs cheveux. Tout le background est très bien fouillé, chaque décor, arme ou personnage est assez crédible pour que l’on puisse croire à ce rêve tombé en ruine. On s’amuse à imaginer cette utopie sous-marine dans son état de grâce.
Point de vue jeu en lui-même, le principe intéressant est qu’il n’y a aucun temps mort, tout vous est expliqué sur des écrans, par radio ou grâce à de multiples messages enregistrés que vous découvrirez au fur et à mesure de votre aventure. Tout est fait pour vous donner envie de fouiller le jeu ; il y a de nombreux moyens de compléter son patrimoine génétique, les cartes sont bien faites, chaque pièce ou passage recèle une petite surprise, chaque ennemi peut être étudié afin de connaître le meilleur moyen d’en venir à bout. En bref, rarement un FPS n’aura été aussi complet. Niveau mise en scène, rien à redire non plus, les situations stressantes sont multiples et sont particulièrement bien rendues. L’atmosphère étouffante accentue ces effets.
Malgré tous ces points positifs, les défauts propres au genre ne sont pas inexistants puisque vous passez quand même votre temps à défourailler de l’élite dégénérée et à fouiner partout de peur de passer à côté d’une évolution. Donc au final, ça devient quand même un peu lassant mais ce, très proche de la fin. Et il faut quand même avouer qu’au regard des performances de la plate-forme, les graphismes ne sont pas exaltants. Par rapport à un Gears of war 2, par exemple, le décalage sur ce point est frappant. Mais cet opus date de deux ans maintenant, et le suivant, prévu pour fin 2009, sera sûrement bien plus bluffant visuellement.
Je vais m’arrêter là pour ne pas vous gâcher les surprises d’un scénario qui, à défaut d’être captivant, a le mérite d’être présent, ce qui est loin d’être toujours le cas et je vous engage à découvrir ce jeu qui, maintenant, vaut bien sa durée de vie que je qualifierai de considérable pour ce style de jeu.
Nico.
*FPS : First Person Shooter (jeu de tir à la première personne).
Bioshock est disponible sur PC, Xbox 360 et Playstation 3.
Configuration minimum sur PC : PIV 2.4GHz, 1Go de RAM, Carte 3D 128Mo, WIN XP SP2, Windows Vista
Novembre 1866 : un cadavre de pierre vient d’être découvert au Cimetière du Père-Lachaise !
Le quotidien Le Petit Journal dépêche sur place Tristan, pour faire un article à sensations. L’occasion idéale de faire ses preuves : il résoudra l’enquête avant la police ! Attention : que manigance Émile Auguste d’Onfroy, personnage aussi inquiétant qu’énigmatique, qui le suit pas à pas ?
Entre policier et fantastique, une plongée dans le Paris du XIXème siècle.
Cet album sent bon ! Dans la lignée de la tradition littéraire des Gaston Leroux et autres Sir Arthur Conan Doyle, nous avons une enquête sur fond de phénomènes étranges survenant à Paris dans la seconde moitié du XIXème siècle. Une période et un lieu que j'apprécie beaucoup, et dans lesquels Marc Piskic a su installer une ambiance très réussie, à base de brume et d'ombre savamment installées. Jusqu'ici adaptateur de deux romans d'Agatha Christie, ce jeune auteur propose donc une première oeuvre en tant qu'auteur complet, qu'il a patiemment et longuement peaufinée afin de livrer un futur classique. Son dessin est un peu torturé, inspiré par quelques maîtres des années 1980-1990 (Delitte et Guy Conhaye), mais il convient à merveille aux circonstances de son histoire. Le récit n'est pas très original pour l'heure, mais dès que j'ai lu la dernière page, j'ai voulu connaître la suite. Gros challenge pour Marc Piskic.
Voilà, j'ai cédé aux sirènes du web, et me suis fait interviewer à mon tour. Je parle un peu d'Ansible, de bandes dessinées et de quelques autres trucs. Si ça vous intéresse, c'est là.
Spooky.
(attention, c'est un site où il y a parfois des filles un peu dénudées, faites donc attention si vous êtes sur votre lieu de travail)
En passant, je vous signale l'excellente interview de Vladkergan, fondateur du site vampirisme.com, auquel votre serviteur participe de temps à autre. Cette interview est très intéressantye, Vladkergan s'y essaye à une synthèse historique de l'oeuvre vampirique, du 18ème siècle à nos jours, sans oublier les principales figures du genre. Belle performance. Par ailleurs il présente son blog, devenu en peu de temps une référence sur le sujet.
Je vous invite donc à aller lire cet entretien qui plaira à tous ceux qui s'intéressent aux littératures fantastiques.
Bien avant que Peter Jackson adapte avec succès Le Seigneur des Anneaux au cinéma, nombreux sont les fans de son oeuvre qui ont essayé de s'y coller, sans succès. Ce 3 mai 2009 a été la sortie officielle d'un film assez remarquable sur internet : The Hunt for Gollum est un film de fans pour les fans, diffusé à titre entièrement gratuit. Alors alors, de quoi ça parle ?
Il se place juste avant l'intrigue principale du Seigneur des Anneaux, au moment où Aragorn est mandaté par Gandalf pour retrouver l'Anneau. Il suit les traces d'une créature étrange, un Hobbit vivant de façon sauvage, amateur de poisson et d'enfants dans le berceau. Vous l'avez deviné, il s'agit de Gollum. Mais Aragorn n'est pas seul à traquer l'étrange créature... Sur ce canevas tout simple, une équipe de fans s'est amusé à tourner un moyen-métrage (moins de 40 minutes) avec un budget de 3 000 Livres sterling (environ 4 500 euros), qu'elle a mis gratuitement en ligne, en accord avec les ayant-droits de Tolkien. On est très vite happé par ce moyen-métrage. Malgré le manque de moyens, l'équipe a su fair epreuve de pas mal de talent. Le réalisateur en premier, Chris Bouchard, qui arrive à faire de très jolis plans avec pas grand-chose, à créer une véritable ambiance. Bien sûr, la plupart des plans sont réalisés dans une forêt relativement banale, mais l'ambiance y est. Les acteurs, notamment celui qui interprète Aragorn, se débrouille pas trop mal, même s'il imite par moments un peu trop Viggo Mortensen, l'interprète du rôle au cinéma. La musique, calquée sur les partitions d'Howard Shore, est elle aussi au diapason.Bien sûr, il y a des trucs un peu gênants, comme cette scène avec Arwen qui tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et ces Elfes au maquillage un peu raté, mais les défauts sont minoritaires par rapport aux qualités de ce moyen-métrage.
En résumé ? Un petit film plutôt bien foutu, dont l'intérêt scénaristique est très réduit, mais fort sympathique. Mais où est-ce qu'on peut voir ce petit film ? Mais ici pardi !
Initiée en 2000 par Bryan Singer, la franchise X-Men est devenue l'une des plus rentables de l'histoire du cinéma. Après trois films reprenant les aventures du célèbre groupe de super-héros, la "Maison des idées" (surnom de l'éditeur Marvel) ainsi que son partenaire 20th Century Fox ont décidé de décliner l'univers avec une série de spin-offs, c'est à dire des longs-métrages dans le même univers, concentrés sur un personnage particulier. C'est donc Wolverine, le plus populaire, qui s'y colle en premier.
L'Australien Hugh Jackman, auquel ce rôle a apporté une gloire planétaire, revêt donc pour la quatrième (et certainement pas la dernière) fois le marcel ultra-moulant et les "griffes" en adamantium de Wolverine. Comme le titre l'indique, nous remontons aux origines du personnage, un mutant né au coeur du 19ème siècle, qui tue par erreur son père en utilisant pour la première fois des os qui lui poussent entre els doigts. Avec son frère Victor, doté de "talents" similaires, James Creed traversera les époques, et surtout les guerres puisqu'il combattit sous les couleurs des Etats-Unis, de la Guerre de Sécession à celle du Vietnam. Une guerre à l'issue de laquelle il est repéré par un officier étrange, le Coloner Stryker, qui lui propose d'intégrer (avec son frère toujours) une unité de super-soldats dévoués aux missions à haut risque. Mais lassé des tueries sans justification, James décide de déserter. On le retrouve quelques années plus tard, dans les Rocheuses canadiennes, employé comme bûcheron et filant le parfait amour avec une institutrice. Mais celle-ci, ainsi que les anciens coéquipiers de Jimmy, est tuée sauvagement par son frère, dont le goût pour le sang n'est pas éteint, loin de là. Décidé à se venger, celui qui souhaite désormais se faire appeler Wolverine va à nouveau croiser la route de Stryker, qui va lui proposer le moyen de vaincre son frère, en participant à l'expérience Weapon X (X pour 10).
Autant le dire tout de suite, je n'attendais pas grand-chose de ce spin-off. La franchise X-Men s'étant déjà asséchée avec le troisième volet, dont le réalisateur Brett Ratner n'était qu'un gamin qui faisait joujou avec des effets spéciaux. Ce qui m'intéressait le plus lorsque je lisais ces comics étant adolescent, c'était l'effet de groupe, la concaténation des pouvoirs des mutants composant les X-Men. Bryan Singer avait brillamment su saisir cette alchimie dans ses deux premiers films. Mais comme la Fox voulait exploiter le filon, elle a lancé les chantiers de diverses adaptations sur les personnages les plus forts. On est donc face à du commercial pur jus, plus dans l'artistique. Devenu "ultra-bankable" malgré l'échec international d'Australia, ils ont confié à Hugh Jackman le soin de chapeauter lui-même ce spin-off. Malgré toute l'admiation que m'inspire le comédien, la sympathie de l'homme, je ne suis pas sûr de faire confiance au producteur exécutif Hugh Jackman. Certes, il maîtrise son personnage de mutant exorché vif, mais de là à lui laisser la main mise sur le casting, le choix du réalisateur... Je crois qu'en l'occurrence il a voulu un jeune auteur sur lequel il pourrait exercer son influence, il fallait donc un "yes-man" qui fasse plus "auteur" que "clippeur". De nos jours Jean-Luc Godard pourrait être engagé sur un remake de Conan le Barbare, ça ne changerait pas grand chose puisque 80% des plans seraient filmés sur fonds bleus avec des effets rajoutés en post-prod. C'est donc Gavin Hood, réalisateur du remarqué mais un peu méconnu Mon nom est Tsotsi, qui fut choisi. Celui-ci ne montre pas d'appétence particulière pour les films d'action avec des morceaux d'effets spéciaux dedans, mais ce n'est pas ce qu'on lui demande en fait. Il a juste à crier "action !", à être derrière le combo et à se balader sur les plateaux télé pour faire la promo (et encore, là c'est Jackman qui s'y colle).
Le film est truffé d'incohérences, dont la moindre n'est pas le pouvoir de la petite amie de James, devenu Logan puis Wolverine, dont les effets varient suivant les besoins du scénario. La réalisation est assez molle, le scénario relativement creux. Pourtant le film est loin d'être de la daube en boîte. Parce que Hugh Jackman est tout de même un très bon acteur, qu'il a en face de lui Liev Schreiber dans le rôle de son frère haï. Même s'il est sous-exploité, on sent qu'il y a un véritable acteur dans cet être mi-homme mi-félin qui doit faire gaffe à l'endroit où il plante des doigts quand il se nettoie les coucougnettes. Oui, Dents-de-Sabre a le poil soyeux, l'oeil vif, mais lui aussi veut ressembler à Hugh, bordel ! Par contre le reste du casting est assez inconsistant. Entre un Stryker au charisme d'amibe (Danny Huston) et un Gambit passe-partout (pratique pour un prochain film, prenez un brun aux cheveux longs, et ça passe !), sans parler de la copine de Logan, la très mignonne Lynn Collins, qui a trois lignes de dialogues. Bon ok, il y a aussi Dominic Monaghan, incontournable dans Le Seigneur des Anneaux et Lost, mais on a du mal à le voir en mutant. Et puis il y a des scènes ou des éléments inutiles, même dans l'éventualité d'autres films, comme ce combat de boxe entre Wolverine et le Blob.
Je vous énumère des défauts, mais pourtant je n'ai pas détesté ce film ; je l'ai trouvé honnête, on va dire dans une tranche peu exigeante en matière de films de super-héros. Peut-être parce que malgré tout, malgré ses poses un peu théâtrales parfois, j'apprécie Wolverine et les barreaux de chaise qu'il fume dès qu'il peut, ses grimaces de dur à cuire et le fait qu'il ne roule pas des mécaniques malgré son côté balèze. Parce que je ne connaissais pas Gambit, et que j'aimerais le revoir en action par la suite, tout comme Deadpool, le tueur de mutants, dont le principe m'intéresse pas mal. Parce que c'est du pur divertissement, qu'il faut le prendre comme tel, sans chercher à le mettre sur le même niveau que les deux premiers films de la franchise, et tout cela malgré de nombreuses incohérences.
Babylon Babies fut un roman écrit par Maurice G. Dantec, paru en 1999 chez Gallimard. Faisant suite à ses autres romans La Sirène rouge et Les Racines du mal, c'est un récit très dense qui mêle science-fiction, thriller ethico-biologique et figures bibliques. La trame originelle du roman se présentait comme suit (attention spoilers) : 2013, le personnage principal, Hugo Cornélius Toorop (héros de La Sirène Rouge), est un mercenaire dont la mission consiste à escorter une jeune femme schizophrène, Marie Zorn, de Sibérie jusqu'au Québec (où vit Dantec) pour le compte d'une secte. Il s'avère que la jeune femme est la mère porteuse de jumelles génétiquement modifiées, représentant le prochain stade de l'évolution humaine, d'où le titre du roman.
Soucieux de toucher un plus large public que Dantec (dont l'écriture "serrée", critique, sans concession, n'est plus à prouver), Mathieu Kassovitz -le réalisateur- décale son intrigue de quelques années dans le futur, sans plus de précision (cela se passe après 2017, puisqu'une allusion à cette année y est faite). Le film est renommé Babylon A.D., ce qui signifie Le Règne de Babylone, le titre original en disant un peu trop au sujet du pitch au goût du réalisateur. Le convoyage de la jeune Marie (devenue Aurora dans le film) est quant à lui prévu jusqu'à New York, ville qui permettra au public anglo-saxon de mieux s'y retrouver. Et bien sûr, le film a été tourné dans la langue de Shakespeare.
Le rôle principal du film est tenu par Vin Diesel, la star bankable des Chroniques de Riddick, XXX et Fast & Furious. Beaucoup de conditions pour générer un blockbuster américain qui pourtant est une production presqu'à 100% française (la Fox est cependant présente, ainsi qu'à la distribution américaine). Il est à signaler que c'est le studio qui a réalisé le montage pour la sortie aux USA.
Babylon A.D. est un film sur la foi selon son réalisateur."Pas tant sur la forme que sur le fond. Quand on regarde Blade Runner, on voit d'abord un film de science-fiction et d'action. Mais au fond il parle de Dieu, de notre existence sur cette planète, de la création..." Ilan Goldman, le producteur, se dit lui passionné par le thème de la foi traité dans le film : Beaucoup de gens ont besoin de croire. Et, de fait, certaines personnes utilisent la religion pour essayer d'apaiser les âmes et d'autres veulent en faire du business. Cela m'intéressait de participer à un film qui dénonce ce phénomène ainsi que la volonté sécuritaire de certains pays.
Reste qu'au bout d'une heure quarante de métrage essentiellement centré sur l'action, il est difficile de faire un nouveau Nom de la Rose... Un long métrage avec notamment une course-poursuite entre des scooters des neiges et des drones qu'on croirait sortis de Star Trek, mais aussi quelques scènes de bagarres à la sauce Yamakasi. Kassovitz a voulu placer à la fois ses amis et ses références, se faisant quand même plaisir avec un budget confortable (grâce à son précédent film,Gothika, qui a très correctement marché).
Cela donne un film bâtard, à cheval entre plusieurs genres, entre plusieurs traditions. Bénéficiant d'un casting international (Diesel donc, qui tient correctement son rôle de mercenaire, sans en faire trop, mais aussi la Malaise Michelle Yeoh, toujours en forme, ainsi que les Français Mélanie Thierry -le "paquet" convoyé par Diesel-, Gérard Depardieu et Lambert Wilson). Le film partait sur des bases assez faibles, on avait l'impression de voir un téléfilm français de troisième zone, un peu fauché, et filmé avec les pieds. Mais Kassovitz se reprend par la suite, s'éclatant visiblement dans les scènes plus remuantes ou avec les engins un peu futuristes. Comme dans Les Rivières pourpres, autre réalisation de Kasso (mais qui commence à dater), j'ai trouvé le montage étrange. Comme s'il manquait des scènes, comme s'il avait voulu filmer les moments-clés du roman sans vraiment se soucier de leur enchaînement. Du coup, il n'y a pas vraiment d'atmosphère propre au film, et la fin arrive de façon un peu abrupte, sans qu'on y croie vraiment. Et puis, quid des étranges pouvoirs d'Aurora, qui sont à peine utilisés dans le film ? Il y a des chances pour qu'une fois de plus le studio ait revu le montage, en dépit de toute cohérence.
L'impression générale ? Du gâchis, comme souvent lorsqu'un roman de cette ampleur est adapté au cinéma. La transposition enlève beaucoup d'éléments au récit initial, et on se retrouve avec une sorte de suite de cascades sans réelle âme.
Deux ans après sa sortie en France, je me décide enfin à lire le tome qui conclut la saga Harry Potter. Non, ne vous moquez pas, je ne suis pas le dernier, je connais au moins un ami fantasticophile qui en est au précédent.
Nous retrouvons notre binoclard à baguette dans une situation de fugitif, les partisans de Dumbledore ayant pris le pouvoir dans le monde des sorciers. Même Poudlard, leur école, est dirigée par des valets du Seigneur des Ténèbres. Pourtant Harry, accompagné des inévitables Ron et Hermione, se consacre à la dernière mission confiée par Dumbledore : détruire les Horcruxes, ces fragments d'âme de Voldemort dispersées un peu partout. Sa quête va le mener face à son ennemi mortel, et leur destin va se dessiner très vite.
Quitte à faire hurler les puristes, je trouve que ce roman conclusif est peut-être le pire de la série. Il est de loin le moins inventif, JK Rowling se "contentant" de répéter à l'envi ses acquis des 6 premiers tomes. Il y a peu de nouveaux éléments, mis à part les fameuses Reliques de la Mort, assez mal exploitées finalement. On pourrait résumer ce roman en deux étapes : la réclusion des trois amis, puis le combat final à Poudlard. La réclusion est longue, beaucoup trop longue. Rowling s'attarde encore une fois sur les errances psychologiques d'Harry, à moitié dépressif. Le seul avantage lorsque le bouquin sera adapté au cinéma, c'est que ça pourra être expédié en dix minutes de métrage sans perte de sens, et que le réalisateur pourra représenter le combat assez vite, dans les grandes largeurs. Et ce combat, malheureusement, est assez mal mené, on eût aimé une fin plus noire. La fin est vraiment trop convenue, trop politiquement correcte pour que l'on ne soit pas déçu eu égard à la noirceur croissante des récits dans la saga. Ce roman est l'occasion pour JK Rowling de revisiter une dernière fois de nombreux lieux qui ont construit la légende de la série : Poudlard bien sûr, mais aussi le Ministère de la Magie, Pré-au-Lard... Ah si, notons une spectaculaire scène de pillage de la banque Gringotts qui malheureusement sera mal exploitée par la suite.
Bref, une conclusion qui plaira peut-être aux plus sensibles d'entre nous (et aux plus jeunes aussi), mais qui ne contentera pas du tout les amateurs d'aventures.
Dans un futur lointain, l'Humanité a essaimé sur la centaine de planètes qui composent la confédération de Naflin. Les Syracusains, alliés des mystérieux Scaythes et de l'église du Kreuz complotent pour renverser l'ancien système et établir un empire galactique. Quelques voix s'opposent à ces derniers, au nombre desquelles figure celle d'Aphykit et de Tixu Oty. Sur leurs épaules repose le sort de l'Humanité toute entière...
Cette histoire, c'est celle des Guerriers du Silence, un roman dont je vous ai déjà parlé. cette fois-ci nous allons parler de son adaptation en bande dessinée, aux Editions Delcourt.
C'est une adaptation qui me semble assez bonne ; d'emblée nous sommes plongés dans l'univers de la Confédération de Naflin, au coeur de l'action. Le décor n'est pas posé, on est obligé de suivre de suite, ou de lâcher, malgré les petites clés de lecture encyclopédiques dans les pages arrière des couvertures. J'ai eu le plaisir de retrouver ces petits éléments inventés par Bordage, le colancor, le chairmarché, le Kreuz, les Scaythes les déremats... C'est un univers de grande ampleur, qui compte beaucoup de personnages. J'ai été assez satisfait de la représentation des Scaythes, ces tueurs mentaux aussi terrifiants que mystérieux. Je ne connaissais pas le travail de Philippe Ogaki, mais je trouve qu'il ne s'en sort pas trop mal, notamment au niveau des architectures, des designs techniques. Par contre il doit quand même progresser au niveau des personnages. L'inspiration du manga est fortement marquée, mais je ne suis pas sûr qu'elle devrait l'être autant dans une histoire de Bordage. Il y a aussi un petit manque de maturité au niveau des visages. Aphykit par exemple est de plus en plus moche au fil des pages, un comble pour un personnage dont la beauté doit être transcendée de par son essence très particulière (et qui change plusieurs fois de coiffure dans la série, alors qu'en principe elle n'en a pas le loisir). Il y a de belles ambiances réalisées par ce dessinateur dont l'encrage rappelle par moment celui de Bruno Maïorana sur Garulfo (en même temps c'est Thierry Leprévost, qui a colorisé la série sur le sympathique batracien qui travaille sur "Les Guerriers du Silence" à partir du second tome). A propos d'animal pataugeant dans le liquide, j'ai été déçu par le monagre, cette créature abyssale et légendaire qui aide Tixu. On n'en voit finalement pas grand-chose alors que dans le roman il tient une place non négligeable. Le graphisme d'Ogaki rappelle également celui de Patricia Lyfoung, avec laquelle il collabore sur La Rose écarlate...
Alors bien sûr, adapter un roman de 700 pages en BD, même en 4 tomes, ce n'est pas évident. Algésiras, dans son travail d'adaptation, a forcément fait des raccourcis. Nous n'avons pas par exemple droit aux discussions entre Filp Asmussa et Long Shu Pae, ni aux conversations de Shari avec sa pierre, ou aux moments où Tixu découvre et apprivoise son osmose avec l'antra d'Aphykit... Ces raccourcis sont là pour ne pas alourdir encore plus un pavé déjà difficile à digérer. Les Guerriers du Silence et ses suites est un livre-univers, et le faire passer au papier est déjà une gageure, plutôt bien relevée par l'équipe de la BD. Mais certains éléments, tout comme dans le roman original, me semblent toujours obscurs, comme les motivations de Bilo Maïtrelly, qui ne semble aider Tixu -au péril de sa vie et de ses séides- que parce qu'ils sont complanétaires... Comme je l'ai dit, on est directement plongé dans l'univers du livre, sans explication préalable. Ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre originale risquent d'être un peu déroutés. Ainsi on a du mal à comprendre les positionnements des différentes factions, leurs motivations, on risque de les mélanger en plus... La BD a ce mérite de mettre des "visages" sur ceux-ci. Les interprétations graphiques d'Algésiras et Ogaki me semblent assez bonnes ; Oslustrist ressemble pas mal à l'idée que je m'en faisais, par exemple...
Une question me taraude pourtant : pourquoi Tixu garde-t-il ses vêtements après son transfert en déremat sur Marquinat ? Il devrait se retrouver nu comme un ver.
La fin de ce quadriptyque peut paraître frustrante, à cause de son côté "non-fin", justement, mais c'est normal, le roman original a connu deux suites. L'indication à la fin du tome 4 "Fin du premier cycle", laisse cependant penser que ces suites seront aussi adaptées. Peut-être quand Ogaki en aura fini avec Meteors...
En conclusion ? J'ai été agréablement surpris par cette adaptation. Grâce à un dessin plutôt bon, réhaussé par des coloristes chaleureux et talentueux ; les raccourcis ne gênent pas trop la lecture, mais Algésiras est obligée de composer avec les déficits en narration de l'oeuvre originale.