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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

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Connaissez-vous Allan Quatermain ? Ceux qui me répondent que c'est un barbu tout propre accompagné de Sharon Stone auront raison... et pas. Ceux qui me parleront d'Indiana Jones pareil. Pourtant c'est un personnage romanesque à découvrir...

Créé en 1985 dans le roman Les Mines du Roi Salomon, Allan Quatermain est un aventurier comme on n'en fait plus, un profiteur de la colonisation anglaise de l'Afrique du Sud, un poltron cupide. Eh oui, à mille lieues de l'image que l'on se fait d'un aventurier, et encore plus des adaptations au cinéma qui ont pu être faites du roman de Haggard... Les années ont un peu effacé cette figure, pourtant le roman vaut largement le détour. Il s'agirait du premier roman de fiction britannique dont la trame se situe en Afrique.

 

Un jour où Quatermain était un peu désoeuvré, il fait sur un bateau la connaissance de Sir Henry Curtis, un lord anglais flanqué de Good, ancien officier de marine. Sir Henry est à la recherche de son frère, parti plusieurs années plus tôt à la recherche des fameuses mines du Roi Salomon, que la légende place au coeur du Kukuanaland, un royaume indigène perdu vers le nord des terres connues d'Afrique du sud. Curieusement, alors qu'il n'est pas vraiment courageux, au contraire, Quatermain accepte de venir en aide au malheureux, surtout parce que c'est lui qui a aiguillé le frère peu de temps avant qu'il ne disparaisse. Commence alors une équipée inoubliable au coeur du désert, vers des contrées inconnues et mystérieuses. Quatermain est donc flanqué de Sir Henry, un géant à l'allure scandinave qui fait preuve d'une belle opiniâtreté, de Good, personnage fort surprenant et affublé de caractéristiques qui étonneront l'indigène lambda, mais aussi d'Umbopa, un colosse zoulou qui semble étrangement savoir beaucoup de choses sur le parcours des trois hommes blancs...

 

Bien sûr, étant écrit en 1885, le roman est truffé de remarques infantilisantes, limite racistes envers la population africaine. Pourtant, si l'on sait lire entre les lignes, et si l'on se renseigne un peu, on sait que Haggard a vraiment vécu plusieurs années sur place, et qu'au final il pose un regard bienveillant sur ceux qu'il appelle des Cafres (et qu'on appellera Nègres plus tard). Certaines situations pourraient sembler ridicules, mais elles ne sont que le reflet d'un humour qui se veut assez simple, et qui forcément est suranné en 2010. Par exemple le fait de tuer des animaux par pur plaisir, ou encore le peu d'importance accordée à une vie humaine ; et pourtant ce ne sont pas des malandrins de la pire espèce qui font cela, mais un lord anglais, un ancien officier de la Marine... Pour tout vous dire je ne me suis pas attaché à ces détails, propres à l'époque, tâchant de m'intéresser à l'histoire proprement dite. Car Haggard, et ce pour la première fois dans son parcours d'écrivain, épure son écriture, l'appauvrit presque, en décidant d'être efficace. Sur ce plan c'est totalement réussi. Pas de fioritures, on est pleinement dans le récit d'aventure, et même si Quatermain nous gratifie régulièrement de ses réflexions, cela reste assez basique.

 

 

Cependant, le long d'une grose première moitié du bouquin, il ne se passe pas grand-chose. Les aventuriers avancent, peinent, puis arrivent, presque miraculeusement, dans un royaume oublié et très surprenant. C'est à partir de là que le récit prend de l'ampleur. Une ampleur épique tout d'abord, puisque ce royaume est fortement militarisé, et que bien malgré eux nos amis vont être à l'origine d'une guerre de succession, qui se résumera à une bataille  inoubliable. Une bataille vraiment dantesque, avec des dizaines de milliers de combattants de part et d'autre. Mais, alors qu'on pensait l'histoire finie, on en vient aux fameuses mines du titre. Et là mes amis, je dois dire que j'ai beaucoup aimé ce passage. Je n'en dirai pas plus, mais sachez que c'est un excellent passage de roman d'aventures. Par contre la scène finale m'a un peu déçu, c'est une sorte de happy end dont l'auteur aurait pu se passer.

 

Il faut noter le rôle des femmes dans ce récit, à une époque où elles ne servent souvent pas à grand-chose dans la littérature. Ici elles sont au nombre de deux, et sont toutes les deux issues de l'ethnie que nos héros découvrent. L'une est une sorte de sorcière sans forme réellement définie, tellement vieille qu'elle a peut-être vu les débuts du monde, et l'autre est une jeune femme d'une beauté intense qui tape dans l'oeil, si l'on peut dire, du capitaine Good. Gagool, la première, jouera un rôle déterminant dans la découverte des fameuses mines du titre.

 

Dans l'ensemble c'est un roman qui inspire le respect, de par son ampleur épique, ses personnages surprenants, la force de son écriture, ainsi que des passages vraiment grandioses. Un vrai classique.

 

Bonus : Une quête, un trésor, des batailles épiques, un roi oublié qui revient prendre possession de sa couronne, ça ne te rappelle rien ?, me souffle Monsieur D. à l'oreille de son haleine douteuse. Bon sang, mais c'est bien sûr, Haggard aurait-il influencé un certain JRR Tolkien ? Le pas est vite franchi, mais je n'en dirai pas plus sur ce chapitre, je le fais déjà assez par ailleurs.

 

A noter qu'une adaptation en BD est en cours pour les plus feignants (le roman se lit cependant assez vite, disons entre 3 et 5 jours), et que vous trouverez mon avis à son sujet ici.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Ressources et amis

Comme vous l'avez peut-être remarqué, le présent blog fait partie d'une communauté de blogs sur la plateforme Over-Blog. C'est une communauté qui a son propre forum, qui organise des concours, des challenges... Je n'y suis pas forcément très présent, mais j'admire l'énergie et la volonté d'Alex et Alice, les créateurs et modérateurs, pour faire vivre cette communauté. Autre mondes c'est quoi ? Une bonne centaine de membres qui tentent sur leurs sites ou leurs blogs de faire partager leur passion pour la science-fiction, le fantastique, la fantasy... Je ne vais pas très souvent sur les blogs des autres, pour ne pas dire jamais, et ce n'est pas par snobisme, c'est juste que ce n'est pas trop mon truc, même si moi-même j'anime deux blogs, suis modérateur sur un site d'avis sur la BD, m'ocupe d'un groupe facebook rattaché à ce site, j'en passe et des meilleures...

 

Aujourd'hui, afin de me faire pardonner de cet égoïsme scandaleux, je vais donc vous parler d'une partie de ces blogs, ceux qui interviennent le plus sur le forum dédié ou le 'zine auquel nous contribuons ensemble. J'espère que les absents, qui sont nombreux, ne m'en voudront pas...

 

Allez on commence par Alex. Illustrateur de grand talent, dans une mouvance réaliste mais avec de nombreuses variations de style, il réalise des illustrations et des couvertures pour les Editions Octobre, divers magazines, des sociétés très diversifiées... Son book vaut largement le détour, même s'il ne dévoile qu'une partie de l'éventail de ses productions.

 

Depuis deux ans maintenant, le blog d'Alice témoigne de son immense activité de lectrice de science-fiction, fantastique et de fantasy. Romans, recueils de nouvelles, fanzines, webzines, Alice lit de tout et nous en parle ! Elle écrit aussi à ses heures perdues, relit les textes des autres, co-dirige avec Alex la communauté Autres-Mondes, et nous parle aussi de son actu à elle, de ses voyages, de ses découvertes... Un blog bien sympa, où je jette un coup d'oeil de temps en temps.

 

Le blog de Malek Hamadou  nous donne un aperçu de ses productions, que ce soient un roman et des nouvelles de SF, ou ses dessins, émargeant pour la plupart dans la fantasy.


Sur son blog Sedenta présente elle aussi ses dessins, dans une veine plus réaliste, plus Hard SF aussi parfois. Sedenta écrit aussi, et nous présente ses fictions -qui sont aussi parfois des fanfictions- mais aussi ses réflexions sur des personnages, des lieux emblématiques... Un blog très intéressant.

 

Space Freak adore écrire de la SF, et ça se voit ! Rendez-vous sur son blog !

 

Personne ne présente mieux Millevisages que lui-même : Mille livres, mille nouvelles sur les fantômes et les robots, mille lieux, mille planétes, mille héros,mille toiles de cinéma, mille raisons de venir voir de vos mille yeux mon seul blog. A vos mille écrans et bonjour chez vous.

 

Passionné par le Japon, la fantasy et la cornemuse, Fabrice nous propose un blog assez surprenant, mais qui vaut le coup d'oeil.

 

Jeune femme aux multiples facettes, Caliope expose dans son blog ses photos, ses recettes de cuisine, ses écrits, ses comptes-rendus de lectures...

 

Nadège se plaint de ne jamais finir ce qu'elle commence, pourtant ses écrits témoignent de son talent. Faites un tour sur Chronica pour vous en convaincre...

 

Sylvain est professeur des Ecoles, et il écrit à tour de bras, quand il ne peint pas de jolies petites toiles... Découvrez son blog !

 

Graphiste de grand talent qui manipule de nombreux outils, Aduna Faël nous expose ses oeuvres sur son site.

 

Zordar, rôliste émérite et humoriste raté, nous expose ses humeurs et ses écrits (souvent inspirés par la fantasy) ici.

 

Athal quant à lui joue à plein de jeux, lis des tonnes de bouquins, regarde des animes et joue au poker...

 

Gros et jeune lecteur de SF (mais pas que), bidouilleur d'informatique, cinéphile averti et ci-devant collaborateur du présent blog, GiZeus nous livre ses réflexions sur son espace à lui. Craignez, pauvres mortels !

(bon en vrai il n'est gros que dans sa consommation de SF)

 

J'ai failli oublier la librairie Soleil Vert. Si elles venaient à l'apprendre, nul doute que Dominique et Herveline m'enverraient tout droit sur la planète XFTRPLURZ me faire triogliomiser par les frankartrolliens inférieurs. Ce blog tient une place toute particulière dans ma sélection puisqu'il est la vitrine virtuelle d'une librairie spécialisée dans le polar et la SF dans le sud de la France, et que les deux jeunes femmes qui la gèrent sont à la fois charmantes, compétentes et passionnées.

 

J'en oublie certainement, mais que de talent mes amis, que de talent !!

 

Spooky.

 

 

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Fictions

Voici une courte nouvelle écrite cet été, et destinée à participer au concours organisé par la communauté de blogs Autres Mondes (dont je vous reparle bientôt). Il y aurait sans doute beaucoup de choses à dire sur ce texte, mais je vais vous livrer quelques clés de lecture.

 

- Lorsque le thème du concours, "Terre des dragons" a été dévoilé, je n'avais aucune idée. Et puis un jour sur facebook quelqu'un a partagé un outil de création de titre. La cave des mutilés est sorti. Ce titre m'a permis de commencer à réfléchir à mon texte.

- Au départ mon texte était bien plus long. Mais peu de temps avant la date à laquelle je prévoyais de rendre ma copie je me suis rendu compte que cela devait être limité à 3500 caractères. Du coup la structure de ce que j'avais écrit ne tenait plus, et j'ai dû tronquer mon papier.

- Tellement tronquer que la fin vous semblera bizarre, puisque le récit s'achève en plein milieu d'une phrase. Ce n'est pas une erreur, c'est bien parce que le récit s'arrête là. Définitivement. Si vous partez du fait que nous sommes dans la tête du personnage principal, vous le comprendrez peut-être.

- J'ai parlé de cette nouvelle avec une amie scénariste, à un moment où j'étais "bloqué" (avant que je me rende compte de cette limite de 3500 caractères, en fait) ; elle m'a sortie plusieurs pistes narratives, qui pourraient, si j'arrive à les coucher sur le papier, donner lieu à un récit bien plus ambitieux. J'espère pouvoir vous faire lire ça un jour, et ainsi rendre hommage à l'imagination fertile de cette amie. Vous voulez savoir qui c'est ? Indice : elle est rousse.

 

Et maintenant, voici cette nouvelle, qui n'a pas remporté le concours, qui est ratée, mais que j'assume complètement. Bonne lecture !

 

Spooky.

 

 

La cave des mutilés

 

Julien et Stéphane venaient juste d’emménager dans la vieille bicoque. Une super occasion, car le propriétaire en proposait un prix dérisoire, et ne semblait pas trop regardant sur l’orientation sexuelle de ses acheteurs, chose rare dans ce coin de Bretagne où ils avaient dû affronter pas mal de frondes anti-homosexuels.

 

Au bout d’une semaine, ils descendirent à la cave, qu’ils n’avaient que peu explorée jusqu’à présent. Celle-ci était encombrée de vieilleries en tous genres. Ils furent par exemple amusés de trouver un poste de TSF, ou encore ce qui ressemblait à une collection de drapeaux bretons. Au bout d’un moment, ayant un peu déblayé, ils dégagèrent une ouverture dans le fond de la pièce voûtée. Une porte en bois, de petite taille, fermée par un cadenas qu’une simple traction réussit à faire céder. Un couloir obscur s’ouvrit devant eux, avec une odeur assez nauséabonde qui s’évapora en un instant. Julien remonta chercher une lampe-torche et tous deux partirent à l’exploration.

 

Le boyau s’élargissait au bout de quelques mètres, et les deux jeunes gens débouchèrent dans une vaste salle, dont ils ne pouvaient voir les parois. Ils se rappelèrent que leur logis était accolé à une falaise haute d’une cinquantaine de mètres. Mais leur plus grande surprise se trouvait en contrebas. En effet le sol de la grotte était jonché d’ossements gigantesques. Se rapprochant, ils purent évaluer la taille des créatures, entre deux et quinze mètres pour la plupart, queue comprise.  Les animaux avaient une tête énorme, une longue queue mais aussi des excroissances sur le dos, comme des… ailes.  Mais le plus surprenant était le sort réservé à ces excroissances. Elles étaient toutes coupées, car les ossements qui les prolongeaient se trouvaient à terre. Et les uns comme les autres étaient coupés, et de façon nette. Visiblement on avait sciemment mutilés ces animaux étranges… Pourquoi ?

 

Juste au moment où ils se posaient la question, le sol se mit à trembler violemment. Tous deux perdirent l’équilibre, et Julien entendit son compagnon gémir lorsqu’il heurta l’un des énormes squelettes. Quant à lui, il fut projeté dans un recoin obscur de la grotte, et des grosses pierres se mirent à dégringoler sur lui. Bien sûr la torche avait été perdue, et vite éteinte par la chute d’une pierre. Une autre lui écrasa littéralement la jambe. Le tumulte ne dura que quelques secondes, mais cela lui sembla des heures, avec sa douleur qui menaçait à tout moment de le faire sombrer dans l’inconscience. Lorsque le calme fut revenu, Julien appela son compagnon. Aucune réponse ne lui parvint. Il essaya de se rappeler où Stéphane se trouvait avant le tremblement de terre, et tenta de le rejoindre en rampant. Sa jambe n’était que douleur. Après plusieurs minutes de tâtonnements, entrecoupés de halètements et d’appels de moins en moins assurés, il finit par retrouver le corps de son compagnon. Un projectile avait eu raison de sa tête. Au bout d’un moment, surmontant son chagrin, il décida de sortir de ce caveau. Mais ce fut peine perdue. Il se vidait de son sang par la jambe, et malgré le garrot qu’il avait réussi à faire avec sa chemise, ses forces déclinaient rapidement. Et il ne trouvait aucune issue, le boyau par lequel Stéphane et lui étaient arrivés avait dû être bouché. Il se sentit envahi par le désespoir. Il allait mourir à son tour, mutilé, comme son compagnon, comme les dragons qui l’entouraient.

 

Mais soudain il entendit un rugissement… Une lueur aveuglante… Puis tout devint

 

 

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Séries TV

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Réédition aujourd'hui d'une séries d'articles que j'ai écrits il y a déjà pas mal d'années, et qui avaient pour but de donner un aperçu de la série télévisée qui m'a donné mon pseudo. Attention, certains apssages, notamment dans le second et le troisième articles, comportent des révélation.


X-FILES : ARTICLE ONE



Cette série est apparue de manière confidentielle dans la mire française au cours de l’année 1993. Soumise aux caprices d’une programmation aléatoire, elle ne trouve son rythme de croisière qu’au bout d’une année, au point d’être devenue à l’heure actuelle l’une des principales locomotives d’audience pour la petite chaîne qui monte, j’ai nommé M6. Sans prétention aucune, je pense faire partie des rares pelés qui ont vu la première diffusion du pilote, titré Nous ne sommes pas seuls (quel programme !). Immédiatement accroché, je me mis à pourchasser les épisodes diffusés au petit bonheur la chance (le mardi à minuit, le jeudi en 3ème partie de soirée, le dimanche…). Depuis, la X-Files(titre original de la série)-mania a envahi l’Hexagone : cassettes vidéo, cartes à collectionner, casquettes, tee-shirts, romans, novellisations d’épisodes… et une diffusion massive le samedi soir pour accrocher le public. Aujourd’hui les fans réguliers sont environ 5 millions. Entre parenthèses, cette diffusion massive oblige M6 à rediffuser l’intégralité de l’antériorité, sous peine de perdre des spectateurs dans l’intervalle.

Pourquoi ce succès comparable aux phénomènes Star Trek et Star Wars ? D’abord pour une raison très simple : la série est arrivée en pleine morosité télévisuelle. Il y avait, au début des années 90, peu de créations novatrices et les vieux standards commençaient à s’essouffler. Aux Frontières du Réel a relancé une mode plus ou moins abandonnée depuis les années 50 : le goût pour le paranormal et l’inexpliqué. La vague des extraterrestres revient en force : témoins les bulldozers Independance Day et Mars Attacks ! De plus la série a cristallisé un sentiment profondément ancré dans l’esprit des Occidentaux, surtout des Américains : celui d’une manipulation sociale et intellectuelle par les autorités de la vie du citoyen lambda. On nous cache tout, on nous dit rien ! La série cultive et encourage donc une certaine paranoïa vis-à-vis de Big Brother. Il reste à espérer que ce sentiment, probablement justifié, ne plongera pas le monde dans le chaos.


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Un homme est à l’origine du phénomène : Chris Carter (photo ci-dessus), dont le nom est aujourd’hui indissociablement lié à sa série. Producteur, créateur, réalisateur, scénariste (parfois tout ça à la fois), il a pratiquement tout fait sauf jouer et maquiller. Auparavant connu comme rédacteur d’un magazine sur le surf et scénariste de séries médiocres telles Un Flic dans la Mafia, rien dans sa carrière n’annonçait son triomphe. Carter a à présent du mal à gérer son temps entre ses activités sur X Files et Millenium (une autre série créée depuis) et la promotion que son bébé génère. On parle même d’un long métrage… C’est bien joli tout ça mais de quoi ça parle ? Eh bien, voilà l’histoire : au sein du FBI est créé un service des affaires non-classées, en fait les enquêtes qui ont abouti à l’inexpliqué. la responsabilité en est confiée au jeune agent Fox Mulder, que ses camarades à l’école du FBI surnommaient Spooky (martien en VF, traduction plus qu'approximative), du fait de son goût pour les petits hommes verts. Mais son dynamisme et son flair inquiètent les hautes sphères du gouvernement, c’est pourquoi on lui adjoint la rousse Dana Scully, diplômée de médecine et connue pour son cartésianisme forcené. Sa fonction officieuse est de le surveiller et de fournir régulièrement des rapports sur les agissements de Mulder. Tous deux deviennent rapidement des vrais amis, leurs sensibilités opposées se complétant souvent (Scully possède une clé de l’appartement de Mulder). Ils sont sous les ordres directs du directeur-adjoint Walter S. Skinner, ancien du Vietnam. Mulder bénéficie des informations fournies par Gorge Profonde (clin d’œil au Watergate), puis de Mr X, des hauts fonctionnaires qui le manipulent en même temps qu’ils l’aident. protégé par un membre du Congrès, Mulder entretient d’étroites relations avec 3 loufoques fondus de paranormal, qui se surnomment eux-mêmes les Lone Gunmen (Les Tireurs solitaires), titre de la revue qu’ils éditent. L’ennemi, pour Mulder, c’est le Smoking Man (Homme à la Cigarette), un autre haut fonctionnaire, qui en vient même à tenter d’éliminer physiquement Mulder. Le problème, c’est que c’est homme mystérieux semble avoir travaillé avec son père sur un projet nébuleux dans les années 50/60.

 

A de nombreuses reprises les deux agents paieront de leur personne ou de celle de leurs proches leurs incursions dans la chasse gardée du Gouvernement ou de l’armée. L’agent Scully sera même enlevée (par des extraterrestres ?) pour l’implantation d’une puce sous la nuque. Elle découvrira plus tard que chaque Américain a fait l’objet d’un dossier médical secret où sont relatés des éléments inconnus. Les deux agents découvrent par bribes la vérité mais les preuves disparaissent ou sont insuffisantes pour que Skinner puisse vraiment intervenir, tiraillé entre son admiration pour Mulder et ses consignes hiérarchiques.


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En plus de ce synopsis original, Chris Carter a soigné le background de ses personnages. L’acharnement de Mulder à chasser le paranormal tient son origine dans son enfance : lorsqu’il avait 12 ans, il assista à l’enlèvement de sa petite sœur Samantha au sein d’une lumière intense venue de l’extérieur de leur maison. Cette scène donna lieu, à mon sens, à l’une des meilleures séquences de la série, car elle sous-tend un grand nombre d’éléments : l’existence des extraterrestres, l’accointance de ses parents avec la conspiration gouvernementale, la vocation de Mulder et sa vie gâchée par ce traumatisme… Vingt ans après Fox retrouvera Samantha pour la perdre aussitôt et découvrir qu’il s'agissait d’un clone (lors de l’excellent épisode La Colonie). Au fil des épisodes Mulder découvre que son père, savant fonctionnaire, a été profondément impliqué dans des affaires troubles avec Smoking Man ; peut-être même sa mère a-t’elle été la maîtresse de ce dernier ?

 

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Du fait de ses fonctions et de sa passion, Mulder vit seul, connaît quelques aventures sans lendemain qui rendent Scully jalouse. Tout ce qu’on sait de sa vie privée, c’est qu’il lit régulièrement Playboy et grignote des graines de tournesol. Son humour est assez pince-sans-rire et il éprouve une grande tendresse pour sa partenaire.

Scully, elle, n’a pas été traumatisée pendant son enfance, mais pendant sa collaboration avec Mulder. Elle est enlevée par des êtres au grand crâne et aux yeux sombres qui la soumettent –apparemment- à un examen médical. ; Scully sera retrouvée dans le coma dans un hôpital ; pendant son inconscience au seuil de la mort, elle rencontre son père disparu depuis peu. Cet épisode (Coma) est l’un de mes préférés, de par sa poésie, sa sensibilité. Totalement dévouée à son travail au FBI, Dana n’a pas de vie privée. On ne lui connaît pas de vice ; à peine la voit-on fumer dans un épisode de la troisième saison. Médecin de formation, c’est souvent à elle que revient la tâche ingrate de l’autopsie-dissection, ce qui donne parfois des scènes assez gore. Il est à noter qu’au début de la série Scully cherchait systématiquement une explication rationnelle à tout ce à quoi elle était confrontée ; au contact de Mulder elle a appris à croire (ou du moins envisager) presque tout. Comme Mulder, elle a souffert. Son père, tout comme sa sœur, sont assassinés, cette dernière prenant en plein cœur une balle qui lui était destinée.


Le directeur-adjoint Skinner prend de l’importance au fil des épisodes, en même temps que son personnage s’affine. Son rôle est un peu ambigu au début, car il entrave les enquêtes de Mulder. Mais comprenant que celui-ci œuvre pour faire éclater la vérité, il décide de s’humaniser, allant jusqu’à intervenir physiquement face au Smoking Man et Mr X. Sa vie s’en trouvera menacée, sa carrière presque ruinée, mais le respect que lui marquent les deux agents finira par le préserver. On sait qu’il est tenté de croire les histoires rocambolesques que lui rapportent Mulder. Lors de la guerre du Vietnam, Skinner a vécu une expérience de voyage astral, expérience qu’il avouera à Mulder ; de plus, des éléments laissent à penser que Skinner occupait peut-être la fonction de Mulder quelques années auparavant. Les personnages secondaires sont moins soignés mais cela n’enlève rien à l’intrigue, tissés de fils ténébreux. Sans leur part de mystère, ils deviendraient moins intéressants.

L’interprète de Fox Mulder, David Duchovny (prononcer Doukovni), était déjà un chevronné des plateaux de télé et de cinéma. Il collectionne les rôles de troisième zone tels Kalifornia ou Beethoven. Et fut un étonnant transsexuel du FBI (déjà) dans la série-culte Twin Peaks de David Lynch. Son humour et son charme explosent dans X-Files, avec peut-être une nouvelle facette de son talent ; Duchovny a en effet co-signé le scénario original de plusieurs épisodes, et s’intéresse de près à la réalisation. Son agenda, rempli 10 mois sur 12 par la série, il n’a pu pour l’instant reprendre sa carrière cinématographique, qui s’annonce très intéressante vue son aura (surtout auprès de la gent féminine). La Fox, firme productrice du phénomène, voulait une grande blonde de 26 ans toute en jambes pour le rôle de Scully ; c’est finalement Gillian Anderson, une rousse de moins d’1 mètre 70, qui remporte le jackpot (comme elle n’avait que 22 ans, elle a dû tricher de 5 ans pour participer au casting), enthousiasmant Chris Carter lui-même. Actrice de théâtre, elle n’avait jusqu’alors fait que des apparitions mineures dans des sitcoms. D’entrée, elle montre un jeu d’excellente facture, pour devenir phénoménale lors de la 3ème saison. Pour tous deux l’après-X-Files est assuré.

 

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Mitch Pileggi (Skinner) n’avait comme titre de gloire qu’un rôle intéressant dans la bonne série B d’épouvante Shocker. L’acteur, doté dans la vie d’un humour salace, se montre parfait dans la peau du directeur-adjoint du FBI, souvent impavide mais capable de sortir de ses gonds ou de douter lorsque sa moralité ou ses certitudes s’écroulent. Mitch Pileggi, «à fond» dans la série, a demandé à avoir une présence accrue dans celle-ci. Le très controversé Mr X (Steven Williams) a tenu un rôle différent dans l’excellente série 21, Jump Street et n’est donc pas un inconnu pour le grand public des séries policières américaines.

Côté artistique, Chris Carter a probablement réuni autour de lui une espèce de Dream Team avec des concepts et des idées autant novateurs que géniaux. Les maquillages (saisissants) sont signés Tony Lindala, qui a roulé sa bosse sur la moitié des meilleurs films d’horreur ou de science-fiction de ces 15 dernières années ; la série est intégralement tournée dans la région de Vancouver, en Colombie britannique, où la lumière particulière donne cet aspect brillant et luminescent à beaucoup de scènes. La réalisation est assurée par 6 ou 7 metteurs en scènes qui se relaient, parfois remplacés par le producteur R W Goodwin ou par Chris Carter lui-même. Deux équipes régulières de scénaristes travaillent en permanence, épaulés par d’autres employés de la Fox. L’action est soutenue, amplifiée, magnifiée par la musique de Mark Snow ; son générique (dont la composition est due au hasard) est devenu un tube mondial. Je connais un lycée dans la banlieue de Bordeaux où l’indicatif à échos de X-Files a remplacé la sonnerie d’appel. En moyenne, un épisode de série TV comporte entre 10 et 15 minutes de musique pour une durée totale de 52. Sur X-Files, chaque épisode en utilise entre 30 et 35. Tout cela explique (ou excuse) que la série mettant en scène Mulder et Scully soit considérée par beaucoup comme la meilleure, comme le furent en leur temps Star Trek, Le Fugitif ou Chapeau Melon et Bottes de cuir. Mais libre à vous de préférer Urgences ou Alerte à Malibu ; ces séries ont leurs qualités, je le conçois, mais elles ne m’interpellent pas.

 

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Pour l’heure, l’équipe de X-Files tourne la quatrième saison, montée vers la folie et la vérité, avant d’enchaîner sur un long métrage l’été prochain. Le succès et la qualité ont attiré bien des convoitises et des fans de poids : Spielberg aurait demandé Carter à réaliser un épisode de la série, et Stephen King a manifesté le désir d’écrire un scénario. Rien n’est décidé pour le moment. Une chose semble en tout cas acquise : Chris Carter quittera la série à la fin de la 5ème saison, estimant que tout ce qui se fera au-delà relèvera plus du commercial que de l’artistique. Lui survivra-t-elle ? Pas sûr car il en est l’âme, il a inspiré l’atmosphère, le rythme et les ellipses qui ont fait sa réputation.

Paris, le 20 novembre 1996.



THE X-FILES : ARTICLE TWO

 

Fox Mulder
Recruté par le Bureau après avoir étudié la psychologie à Oxford, l'Agent Spécial Fox Mulder montra une inclination particulière vers l'originalité dès ses débuts. Sa monographie, réalisée très tôt, sur les tueurs en série et les sciences occultes a permis d'arrêter un meurtrier célèbre. Il était suivi de près par le FBI quand il s'est tourné vers le paranormal. Convaincu par une expérience de régression hypnotique que sa sœur Samantha fut enlevée par une puissance inconnue quand ils étaient enfants, il devint obsédé par la découverte de la vérité cachée dans les Dossiers non classés, où atterrissent tous les cas extraordinaires, inexpliqués ou surnaturels. Le choix de Mulder de travailler sur les Dossiers non-classés n'était peut-être pas tout à fait sa volonté. L'Homme à la Cigarette, homme de paille du Syndicat, a suggéré de placer l'agent là où il pourrait être contrôlé. Ils n'ont jamais tué Mulder car il est très utile pour propager les mensonges qu'ils souhaitaient répandre. Le style de vie spartiate et besogneux de Mulder l'a éloigné de ses parents, qui ont été éliminés par des agents souterrains qu'il avait cherché à retrouver. Il découvrit finalement le secret à propos de sa sœur, apprenant qu'après son kidnapping et les expériences dont elle avait été l'objet, une présence céleste vint à son secours et transporta son âme au paradis. Après la résolution de ce problème, Mulder lui-même devint un Dossier non-classé lorsqu'il fut enlevé par un vaisseau spatial. Son corps fut retrouvé mort, mais, avec l'aide de Scully, Mulder est revenu à la vie. Sa quête de la vérité l'a amené au plus grand des sacrifices : son départ du FBI et sa séparation d'avec Scully et leur enfant.




Dana Scully
L'Agent Spécial Dana Katherine Scully n'est pas seulement un docteur en médecine spécialisée en médico-légal, mais aussi une personne qui s'accroche à la raison ; elle pense qu'il y a une explication scientifique derrière chaque Dossier non-classé. Ses croyances ont été mises à rude épreuve, et elle a vu des choses (en travaillant sur ces Dossiers) que ni la Science ni la logique ne pourraient justifier. Elle a même commencé à croire en l'existence des extra-terrestres. Contre le désir de ses parents, Scully, en sortant de l'Ecole de Médecine, intégra Quantico, où elle étudia durant 2 ans dans l'Académie du FBI. En sortant elle fut assignée à travailler aux côtés de Mulder sur les Dossiers non-classés, avec pour objectif de discréditer ses théories abracadabrantes et audacieuses. Au fil des années, elle a donné plus que sa propre vie pour ces Dossiers. Scully fut enlevée et, après un retour mystérieux, fut rendue fertile (alors qu'elle était stérile) par des expériences que l'on a supposé avoir été pratiquées sur elle. Elle découvrit alors qu'un implant informatique a été fait à la base de son cou. Son extraction provoqua la déclaration d'un cancer. La maladie connut une rémission avec l'implant d'une autre puce informatique. Une tentative d'assassinat sur Scully causa le décès de sa sœur Melissa. Elle réussit à trouver son partenaire, qui avait été enlevé, et trouva même le moyen de le ramener à la vie après qu'il ait été lui aussi soumis à des expériences extra-terrestres. La médecine, cependant, ne s'explique toujours pas comment Scully tomba enceinte après des années de stérilité. Bien qu'elle et Mulder craignaient le pire, William est né humain et en bonne santé. Comme ils commençaient à se faire à l'idée que le bébé fût le fruit d'une fécondation naturelle, des preuves mystérieuses prouveraient que William est encore plus qu'un miracle qu'ils ne l'imaginaient. Et ceci mit leurs vies en danger.




John Doggett
L'Agent John Doggett intégra le FBI en provenance du Département de Police de la Ville de New York, où il travaillait comme détective à la Division des Fugitifs. Approchant toutes ses enquêtes avec scepticisme, il croit que tout peut être expliqué avec les techniques policières standard. Ce n'est donc pas une surprise qu'après seulement 5 ans au Bureau, il soit affecté par le Directeur Kersh à la direction du groupe spécial lancé à la recherche de Mulder. Bien que son enquête s'enlisât, Doggett mit un point d'honneur à résoudre l'affaire. Une maîtrise et un doctorat d'Administration Publique de l'Université de Syracuse prouvent la volonté de Doggett de se conformer aux dogmes du Gouvernement. Il est l'exemple parfait du succès rapide et de l'efficacité. Avant de travailler dans la Police, Doggett eut le grade de sergent dans l'Unité amphibie du Corps des Marines des Etats-Unis et joua un rôle dans la Force Multinationale de Maintien de la Paix pour le Développement du Liban. Après 6 ans dans l'Armée, il fut mis à la retraite avec des recommandations après avoir été blessé sur le Front.

 

Monica Reyes
Bien que née à Austin, Monica Reyes fut adoptée par un couple de Mexicains et grandit à Mexico. Elle n'a jamais identifié ses parents biologiques. Elle sortit en experte en folklore et mythologie de l'Université Brown, obtenant son bac et sa maîtrise en 4 ans. Après avoir envisagé une carrière académique, elle entra à Quantico en 1990. La première mission de l'Agent Reyes fut d'intégrer un groupe spécial qui enquêtait sur des suspicions de rituels sataniques. Aucune des charges n'était justifiée, et Reyes publia un rapport en 1992. Reyes servit alors à l'antenne du Bureau dans l'Etat de New York, où parmi ses dossiers figurait le kidnapping de Luke Doggett, 8 ans, fils de l'Officier de Police John Doggett. Le garçon fut finalement trouvé mort, mais aucun suspect n'a été appréhendé. En 1999, elle fut transférée au Bureau de la Nouvelle Orléans. Elle y resta jusqu'à ce que l'Agent du FBI -ex-flic- Doggett la convainque d'accepter un poste au Département des Dossiers non-classés à Washington, DC.




Walter S. Skinner
Ex-Marine avec un sens aigu du devoir, le Directeur adjoint de Bureau Walter Skinner se montre parfois peu patient avec les méthodes d'investigation peu orthodoxes de Mulder. Plus d'une fois il a prévenu les deux agents que leurs enquêtes s'aventuraient dans des contrées dangereuses. Il a également été forcé de fermer leur Service, mais l'a réouvert de sa propre autorité.
Skinner semble être pris entre deux feux : les Agents Mulder et Scully d'un côté, et l'Homme à la Cigarette de l'autre. De fréquentes visites de ce dernier placent Skinner comme un autre laquais du Syndicat, mais ses efforts en faveur de Mulder et Sculy "à travers des réseaux non-officiels" démontre son intérêt pour les agents et leur travail. Cependant, Krycek a prouvé que le Directeur adjoint ne peut jamais être exclu des jeux de pouvoir. L'ex-Agent Krycek possède la console qui peut augmenter la densité de nanomachines dans le système sanguin de Skinner, le tenant à sa merci. Bien qu'il n'ait jamais été convaincu par les théories extra-terrestres de Mulder, Skinner est étonné de voir une lumière brillante et fut témoin de la disparition de ce dernier dans Requiem (7x22). Il fut rempli d'émotions contradictoires, comme il le dit plus tard à Scully en lui contant les événements. "On me demandera ce que j'ai vu", dit-il. "Et je ne peux nier ce que j'ai vu. Je ne le ferai pas."

 

Paris, Février 2002.



THE X-FILES : ARTICLE THREE































Voilà, c'est fini... Après neuf ans de bons et loyaux services, la série a tiré sa révérence en mai 2002. En France, la diffusion s'est achevée en janvier 2003. Nous allons essayer, dans le présent article, de faire un bilan.

Neuf années. Voilà une belle durée pour une série fantastique américaine. Dans un créneau différent, seul Star Trek (et ses spin-offs multiples) a fait mieux en terme de longévité (à noter que Buffy, l’une des rares séries fantastique de qualité du moment, en est à sa 6ème saison). Pendant ces 9 années, la série a acquis une réputation certaine, et a inspiré nombre d’autres séries, films, romans, BD... En terme de marketing, elle a généré une masse de goodies et de publicité sans précédent, comparable seulement à Star Trek, justement, et à Star Wars. Certains des acteurs sont devenus des stars, même s’ils ont du mal à se débarrasser de leur costume télévisuel. Sur le plan formel, il est important de noter qu’il y a eu une X-Files touch, caractérisée par une ambiance oppressante, une lumière très particulière, souvent tamisée (surtout durant les 4 premières saisons, où la production se tenait à Vancouver, au Canada) ; mais aussi par une musique très particulière due à Mark Snow, faites d’échos, de chocs, de mélodies lancinantes, en adéquation parfaite avec l’ambiance. Dès le premier épisode, les effets spéciaux (souvent numériques) se sont montrés largement à la hauteur des ambitions du créateur Chris Carter ; il en va de même des maquillages : on a vu dans cette série les plus “beaux” monstres de l’histoire du fantastique télévisuel. Sur le plan de l’intrigue, il est difficile d’être aussi clair, tant les scénaristes se sont ingéniés à balader les télespectateurs au cours de ces 9 saisons (pour tout vous dire, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris). A l’âge de 11 ans, le petit Fox Mulder assiste à l’enlèvement (par des extraterrestres ?) de sa soeur Samantha. Il n’aura de cesse de découvrir la vérité, au point, après des études de psychologie, d’intégrer le Service des Affaires non Classées, à Washington. Il s’agit en fait d’un cagibi sans fenêtre, où ses supérieurs l’affectent pour avoir les coudées franches. En effet, Mulder (surnommé Spooky -sic-, ce qui signifie à la fois bizarre, effrayant et dingue), doté d’une intelligence très au-dessus de la moyenne, fourre son nez un peu partout. On lui adjoint une collaboratrice toute fraîche émoulue de l’Académie du FBI, Dana Katherine Scully (Gillian Anderson), également médecin légiste. Lui, prêt à croire à la moindre affaire étrange, se heurtera à elle, cartésienne et incrédule. Mais peu à peu ils deviendront très intimes (au point de faire un enfant ensemble), et leurs points de vue convergeront. Mais Scully et Mulder seront enlevés à leur tour, et Scully, après son retour, fera équipe avec un ancien Marines, John Doggett (Robert Patrick, vu en mauvais Terminator dans Terminator 2), dont la mâchoire est aussi carrée que son esprit inflexible. Pendant la grossesse et la maternité de Scully, un autre agent fera son apparition : Monica Reyes (Annabeth Gish), qui a des pouvoirs de medium, pouvoirs qui lui ont permis de travailler en tant que profileur au FBI.
Cette équipe à géométrie variable a travaillé sous les ordres du Directeur Adjoint régional Walter S. Skinner (Mitch Pileggi), à l’attitude très très ambigüe au regard du service des Affaires non Classées. Plus tard apparaîtra le Directeur Alvin Kersh (James Pickens Jr), encore moins paternaliste que Skinner. Mulder est persuadé qu’un groupe d’industriels, de hauts fonctionnaires et de savants (surnommé le Syndicat) complote en secret en faveur d’une invasion extraterrestre ; et qu’un homme au passé nébuleux et aux motivations troubles, surnommé l’Homme à la cigarette (William B. Davis) et qui s’avèrera être le père biologique de Mulder (syndrome Star Wars ?), est leur principal homme de main. Les soupçons de Mulder et Scully sont confirmés par les confidences de deux mystérieux informateurs (Gorge profonde et Mr X) et la paranoïa entretenue par trois hurluberlus à la fois lubriques, intelligents et persévérants, les Lone Gunmen.

Autour de ce petit monde gravitent une galaxie de personnages au passé et aux motivations troubles, tels les agents Krycek (complice du Cancer man, assassin du père de Mulder, puis complice de celui-ci), Spender (fils du Cancer Man) et Follmer, Directeur adjoint comme il se doit très ambigü et ancien amant de Reyes. La famille des deux agents Mulder et Scully joue aussi un rôle non négligeable. Nombre de ces personnages perdront la vie au fil des saisons, et les ambigüités de certaines de ces disparitions ont permis aux scénaristes de multiplier quiproquos, fausses pistes et renversements de situation parfois vertigineux.

 

Cette trame dite “de la conspiration”, qui faisait tout le sel de la série, a fini par dégoûter les fans les plus endurcis. A partir de la 5ème saison, pic de la série, les audiences n’ont cessé de diminuer. Ces épisodes, parfois très crispants, alternaient avec plus ou moins de bonheur avec des intrigues du type “le Monstre de la semaine”, parfois humoristiques. C’est dans ces épisodes que peuvent s’exprimer les effets spéciaux, les décorateurs et les maquilleurs, mais aussi les talents comiques (eh oui !) de David Duchovny (Mulder) et des Lone Gunmen.


[SPOILER]

Que nous révèle The Truth (en VF La Vérité), le double épisode qui clôt la neuvième saison ? Eh bien pas grand-chose finalement, un peu à l’instar de l’ensemble de la série. Que s’y passe-t’il ? Mulder pénètre incognito dans une base ultra-secrète pour récupérer des informations secrètes, où il affronte et “tue” un super-soldat ; arrêté, il est jugé pour ce meurtre ; sa défense est assurée par Skinner face à un tribunal militaire, présidé par le Directeur Kersh. L’ensemble de la trame de la Conspiration y est rappelé, de manière un peu trop brutale... Le procès est truqué du début à la fin, et l’issue est sûre : Mulder est condamné à mort par injection létale... Ses amis (Scully, Skinner, Doggett et Reyes, aidés par un enfant prodige) le font évader. Mulder et Scully, en fuite, se rendent dans un pueblo du peuple disparu les Anasazi, au Nouveau-Mexique, où ils retrouvent l’Homme à la Cigarette, qui leur révèle que le 22 décembre 2012 est la date de l’invasion finale de la Terre par les extra-terrestres. Mais Rohrer, le super-soldat soi-disant tué par Mulder apparaît, suivi par des hélicoptères de la Conspiration, pour détruire les dernières preuves. Les deux ex-agents du FBI réussissent à s’échapper, laissant le Gardien de la vérité face à son destin... L’épisode se termine sur une scène où Scully réaffirme sa dévotion et son amour pour Mulder, laissant la porte ouverte à toutes les possibilités.


Le gros de ce double épisode est centré sur un procès, “classique” des séries télé, et l’on voit que l’équipe d’ X-Files n’est pas à l’aise dans cet exercice. Le rythme est trop haché, les personnages sont assez mal filmés...
Au cours de cet épisode réapparaîtront quelques personnages que l’on pensait disparus, comme l’ex-agent Alex Krycek, l’homme de paille à géométrie variable du Syndicat ; comme l’agent Jeffrey Spender, demi-frère de Mulder et fils du Smoking Man, au cours d’un passage totalement dénué d’intérêt, permettant simplement à l’acteur Chris Owens - au demeurant excellent- d’apparaître une dernière fois) ; comme Marita Covarrubias, qui travaille pour l’ONU, et dont le rôle aurait pu être mieux exploité ; notre agent préféré recevra l’appui inattendu du jeune Gibson Praise, un enfant qui peut lire dans les pensées. On retrouve l’aspect fantastique lorsqu’il révèle que l’un des “jurés” n’est pas un humain, scène assez chargée au niveau dramatique, mais qui malheureusement n’aura pas de suite... Au cours de sa détention, Mulder recevra la visite de l’esprit de Mr X, au cours de sa fuite il verra les Lone Gunmen... Du point de vue de la forme, en plus de la scène citée plus haut, seuls deux passages de ce double épisode renouent avec l’esprit X-Files : la base secrète du début, et le pueblo de la fin, comme un grand écart entre la technologie, la modernité et l’industrie (soit un grouillement symbolisant la vie) d’une part, et les traditions ancestrales, le désert, le passé et la mort d’autre part, des concepts élaborés et exposés tout au long des neuf saisons. Il est donc dommage que la fin se déroule de manière aussi peu typique de la série. On a un peu l’impression que les scénaristes ont tenté de rappeler tout ce qui s’est passé en neuf ans (gageure non relevée) au cours d’un même épisode (ce qui explique l’idée du “procès” - procès qui bafoue toutes les règles de droit, ce qui est ouvertement dit mais ne s’excuse pas), tout en revenant aux sources de l’histoire (cette région du Nouveau-Mexique et l’évocation des Anasazi ont rythmé certains des meilleurs épisodes de la saga).

[/FIN SPOILER]

 

Une forme un peu hybride donc, qui hésite entre l’exposition (prélude aux prochains films ?) et l’action (une fin uniquement bavarde aurait fortement chagriné les fans). Et la dernière scène, teintée d’un sentimentalisme au sirop d’érable, n’arrange pas l’affaire... Difficile donc d’être satisfait par cette non-fin, qui, au lieu de dévoiler la vérité, ne fait qu’embrouiller les cartes et ouvrir de nouvelles pistes de réflexions pour les dizaines de millions de X-Philes qui peuplent les fan-clubs. Espérons que les films à venir complèteront au moins un peu le goût sucré-salé que Chris Carter a laissé dans notre bouche.


Paris, Avril 2003

 

Mon avis sur le second film.

 

Octobre 2010 : on nous annonce un troisième long-métrage pour décembre 2012. A suivre...

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Il y a quelques temps je vous parlais du film éponyme réalisé par Christopher Nolan, sans tarir d'éloges à son sujet. Ca m'a donné envie de lire le roman dont il était adapté, écrit par Christopher Priest.

 

Première constatation : comme très souvent (pour ne pas dire toujours), le film est clairement une adaptation, au sens le plus simple du terme, c'est à dire une transformation. Cela se vérifie donc encore une fois, puisqu'il y a une couche narrative supplémentaire par rapport au film, à savoir la rencontre, de nos jours, de deux descendants des protagonistes principaux du film. Mais l'essentiel est là : la rivalité presque à la mort de deux prestidigi... prestigitati... deux illusionnistes des années 1870 à 1900 dans l'Angleterre victorienne. Leur relation des faits grâce à leurs journaux intimes respectifs, leur vie, leurs progrès dans l'art de l'illusion, et c'est tout. L'intrigue ne mérite pas un plus long résumé, sauf que... Sauf qu'elle s'avère riche, très riche, beaucoup plus que ce qu'il y a dans le film.

Il vous suffit de savoir que la rivalité entre Borden et Angier va bien au-delà de la mort, de la vie telle qu'on la conçoit classiquement, que le thème du double (et même du double je -non non, il ne manque pas une lettre à ce dernier mot) y tient une large place. Ce roman nous permet de nous immerger un peu dans la société victorienne, déjà largement exposée dans de nombreuses oeuvres -c'est d'ailleurs un réservoir incroyable pour les conteurs un peu en mal d'idées de départ. Je suis content d'y retrouver le personnage de Nikola Tesla, dont je vous ai déjà parlé, de retrouver certains passages importants -mais il y en a bien plus dans ce roman de 500 pages. Et, ô surprise, l'origine de l'inimitié des deux prestigita... magiciens est nettement plus dramatique que dans le film.  Et puis, le Prestige du titre n'est plus du tout le même... De là à traiter Christopher et Jonathan Nolan de tâcherons, il y a un pas que je ne franchirai certainement pas, la version cinématographique ayant réussi à garder sa propre cohérence.

 

C'est donc un roman assez touffu, à tiroirs mais aussi un peu long. Je l'avoue, certains passages du journal d'Angier, où il décrit ses tournées, m'ont un peu lassé. Bien sûr, la plupart des passages contiennent une évolution plus ou moins importante de l'intrigue, et cela aide à approfondir la personnalité du personnage, chose qui n'est pas toujours soignée dans la littérature de genre. Mais quel genre ? Difficile de déterminer. Je l'ai lu dans la collection Folio SF, l'utilisation de machines électriques ayant un rôle prépondérant dans l'histoire, l'appartenance de Christopher Priest au genre SF (il a écrit, rappelons-le, Le Monde inverti et La Fontaine pétrifiante, considérés comme des classiques du genre), me font dire qu'il s'agit là d'un récit steampunk, puisque nous sommes à l'ère victorienne et qu'aucun autre élément que ces machines ne fait entrer l'histoire dans un genre. Pour le reste, il s'agit de deux journaux intimes encapsulés par un récit à la première personne. 

 

Un roman étonnant, mais dont les longueurs ne plairont pas forcément à tout le monde...

 

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #BD

 

Il était une fois, Alphonse Tabouret. Il est né dans une forêt, avec le Monsieur, qui s’est un peu occupé de lui, mais pas très longtemps.


Un jour le Monsieur se fâche, pour une broutille de rien du tout, et laisse Alphonse tout seul. C’est là que son périple commence. Au fil des rencontres, il découvre des gens, bestioles, bidules, qui le font grandir un peu et lui font vivre des aventures chouettes et sans trop le vouloir vraiment. Le T.G.V. d’Alphonse Tabouret, c’est une promenade un peu naïve et tendre, avec parfois des trucs rigolos.

 

Quand j’ai eu le bouquin dans les mains, et que j’ai vu cette couverture, j’ai eu peur. Peur de quitter cette image magnifique, ce petit être tout simple en creux et en relief à la fois, entouré par un grand vide (celui du titre ?) et ces créatures étranges qui semblent l’attendre dans la forêt alentour. Et puis j’avais trop envie de voir ce qu’était cette petite fille aux longs bras, ce reflet seul dans une mare, à qui appartenaient ces pieds géants derrière la futaie… Embarqué dans le TGV d’Alphonse Tabouret, je me suis retrouvé à suivre les aventures de ce personnage naïf, mais si attachant, intelligent mais si seul… Car c’est là le vide d’Alphonse. Il se sent seul, il s’ennuie, il sait à peine qui il est… alors il se promène, il rencontre des gens, qui lui apprennent des choses… ou pas. Il y a des jeux de mots, des situations qui sont vraiment bien trouvés ; j’ai bien aimé par exemple l’histoire du saule pleureur, un fil narratif qui ne se dévoile qu’à sa toute fin ; ou encore un inventaire à la Prévert sur une certaine couleur, véritable trouvaille… Et puis cette langue si particulière à Sibylline, que vous ne pouvez connaître qu’en discutant avec elle, si unique, si déroutante et si jolie…

 

BD Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret


Le dessin de Jérôme d’Aviau, alias Poipoipanda, vaut à lui seul le détour. Son personnage tout simple, avec ses bras en fils, son visage lunaire et ses yeux minimalistes est d’une poésie rare, que l’on ne retrouve que dans certains albums de Lewis Trondheim, et les personnages qui l’entourent sont également d’une grande efficacité dans leur simplicité. Les décors, s’ils ne sont pas forcément fouillés, ont le mérite d’être aussi vivants que les personnages : l’omniprésence des arbres procure un sentiment de sécurité, mais aussi des possibilités narratives alléchantes. Il y a pas mal de pleines pages, où l’on trouve Alphonse en train de marcher dans la forêt, et il n’y a rien de plus universel.
Il faut aussi associer Capucine à cette belle réussite, puisque son lettrage délicat permet de suivre les dialogues tout à la fois absurdes et redoutables entre Alphonse et les gens qu’il rencontre. Ce livre est chatoyant.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Ressources et amis

 

On en parlait depuis presque aussi longtemps que les débuts de vampirisme.com. Mais ça y est, le rêve est devenu réalité, mon ami Vladkergan, créateur du susdit site consacré aux suceurs de sang (essayez de dire ça à voix haute pour voir ? ah vous faites moins les malins hein ?) lance le Salon du Vampire à Lyon. Que pourrais-je vous dire pour vous donner envie d'y aller ?

C'est un évènement de grande importance, qui est -à ma connaissance- une première en France, tout d'abord, et pour citer ce cher Vladounet, cette manifestation "se veut placée sous le signe de l’éclectisme, et où littérature, cinéma, musique et subculture tiennent une place de choix."

 

Après deux mini-conférences et deux débats sur le genre vampirique dans la librairie le bal des Ardents, c'est une péniche qui accueillera un ciné-concert. S'il y a un vampire parmi eux, gare aux autres ! Tout cela a lieu les 4 et 5 décembre, dans la capitale des Gaules ! Une occasion unique de rencontrer des amateurs, mais aussi des pointures du genre !


 

Et puis bon, j'espère bien en être, bon sang de bonsoir !

 

Pour en savoir plus, suivez ce lien vers le programme sur le site de l'association qui organise cet évènement à ne pas manquer...

 

Et toujours le site vampirisme.com pour tous les mordus ! (ahah des fois je m'étranglerais...)

 

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #BD

 

 Alfred est un auteur un peu à part dans la BD franco-belge. Voici le texte que j'avais écrit il y a quelques années pour son site officiel (aujourd'hui disparu). C'est le seul texte, dans la masse de tout ce que j'ai pu écrire, dont je sois intégralement fier.




Alfred est un drôle d'oiseau.

Dans la vie, l'appréciation de l'autre peut prendre de drôles de chemins. Il y a des coups de foudre, des revirements, mais aussi des relations qui se construisent au long cours. Au départ, je n'aimais pas le dessin d'Alfred. Mais à l'époque, je suivais de près la production du scénariste Eric Corbeyran, qui un jour m'a dit : "je connais un petit jeune, Alfred, qui a beaucoup de talent". Ensemble ils réaliseront trois albums, sans compter le collectif Paroles de taulards. Et puis, comme j'aime la BD en général, et que je suis assez curieux, je me suis plongé dans le cas Alfred. On se laisse très vite prendre par l'atmosphère très fantasy (au sens large) distillée par ses albums.

 

 
En lisant ces diverses BD, j'ai été frappé par plusieurs choses. D'abord le goût du jeune dessinateur pour les "gueules" impossibles de ses personnages, regardez la couverture de La Digue, remplie de faciès tous plus tourmentés les uns que les autres, digne d'une galerie d'outre-tombe et pourtant, inexplicablement, tellement vivants par la diversité de leurs expressions. Ensuite, parce que la plupart des récits illustrés par notre petit gars se déroule dans un univers que l'on taxerait facilement de fantastique, de prime abord, mais que j'appellerais décalé, car il n'y a pas forcément de place pour le surnaturel dans ces histoires. Plutôt un penchant pour l'absurde (La Digue), le conte (Octave), la dystopie (Le Chant du Coq) ou le torturé façon Tim Burton (Abraxas), au passage l'un des cinéastes préférés d'Alfred.

 

Serait-il donc un rêveur ? Au gré de quelques rencontres avec l'auteur, cette conviction a fini par se forger une consistance d'airain en moi. Pourquoi un rêveur ? Parce qu'il est un vrai poète de l'imaginaire, parce qu'un rêveur aime s'évader du quotidien (gris comme le rideau d'Abraxas) en planant, en voyageant, loin au-dessus de ses contemporains. Et quoi de mieux pour voyager qu'un oiseau ? L'oiseau, l'un des clins d'œil instaurés par Alfred dans ses albums... Vous ne comprenez pas ? Allons, ne me dites pas que vous n'avez jamais remarqué ce piaf en rebord de fenêtre (Le Chant du Coq), ces mouettes omniprésentes dans La Digue, au point d'en placer là où ils n'ont rien à faire (sur un chapeau dans La Digue), en seconde de couverture d'Abraxas... A croire qu'il ne peut se déplacer sans, comme en témoigne cet étourneau dessiné à la craie lors d'une mémorable photo pour le calendrier "Nu" des Editions Delcourt. On pourrait également relever ces corbeaux (plusieurs occurrences dans Abraxas), cet oiseau blanc (Abraxas encore, décidément une vraie volière), ce simulacre d'oiseau que l'on jette dans le feu dans cette même série...


Dans Un colt, qu'on en finisse !, l'oiseau (que nous avons appelé étourneau, faute de pouvoir l'identifier plus clairement) occupe une place privilégiée en tant que spectateur de la joute verbale à laquelle se livrent les deux protagonistes. On ne peut pas le louper, même s'il est au côté de deux charognards qui eux, ont tout à fait leur place dans cet album, attendant tranquillement la fin des deux personnages.
Dans un genre tout à fait différent, Alfred a dessiné un petit album d'humour, Monsieur Rouge entre en scène, aux Editions Petit à Petit ; pas d'oiseau dans cet album-là, et (peut-être est-ce lié, cet album me semble le moins intéressant dans cette bibliographie)...
La meilleure illustration étant selon moi cette petite mouette en (magnifique) couverture d'Octave et le Cachalot ; alors qu'il n'y a pas vraiment d'oiseau dans l'album, Alfred a quand même réussi à en placer un, et pas n'importe où !

Une autre constante chez Alfred, peut-être due à sa jeunesse : son intelligence éditoriale, sa soif d'évoluer. Nonobstant un style graphique complet qui n'appartient qu'à lui, il explore de nouvelles voies graphique en s'essayant au conte pour enfants (Octave) ou encore au strip humoristique (Monsieur Rouge), avec un bonheur me semble-t'il mitigé. Ce goût du semi-risque vient peut-être du passé d'Alfred qui, avant d'être auteur de BD, s'est lancé à l'âge de 18 ans dans l'expérience de la micro-édition avec la structure Ciel Ether. Une expérience qui, visiblement, lui a beaucoup servi. Ce jeune homme n'a peur de rien, et a décidé de se faire plaisir tout en faisant de la bande dessinée, ce qui est plutôt rare. La chanson dit qu'un oiseau vit d'air pur et d'eau fraîche... Alfred, lui, se nourrit du rêve des nuées, et son fluide nourricier est l'inspiration ; assurément, Alfred est un drôle d'oiseau.



Spooky.


 

Mise à jour : depuis l'écriture de cet article, Alfred a évolué vers un style plus adulte, avec des histoires parfois violentes sur le plan psychologique, et plus du tout ou presque d'osieaux. J'espère au moins que l'adolescent rêveur est devenu un homme épanoui, en même temps qu'un auteur accompli, avec cette évolution.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Jeux

 



Tiens, aujourd'hui on va parler d'un sujet totalement à part sur ce blog. Il s'agit du jeu de rôle Les Loups-garous de Thiercelieux. J'ai découvert ce truc en jouant avec un groupe de bdphiles le week-end dernier à Lyon.

Le village de Thiercelieux (curieux nom) est sous le coup d'une malédiction. Certains de ses habitants se changent en loups-garous la nuit tombée. Mais il est absolument impossible de les reconnaître en plein jour. Chaque nuit, ils se réveillent, et partent en quête de nouvelles victimes. Alors, chaque matin, les villageois s'efforcent de deviner qui est le loup-garou, quitte à tuer un innocent. Plusieurs personnages peuvent jouer un rôle important dans cette quête au loup-garou : le chasseur, qui s'efforce de le débusquer, et qui, s'il meurt, emporte quelqu'un avec lui dans la tombe. La sorcière, qui a le pouvoir de ressusciter une personne tuée pendant la nuit, ou encore la voyante, qui connaît peu à peu les vraies identités des villageois. Il y a aussi le voleur, qui a la possibilité, pendant la première nuit, d'échanger son identité (de voleur) contre l'un des personnages disponibles (en général, deux ou trois). Il peut ainsi devenir un loup-garou.


La partie est dirigée par un maître de jeu extérieur, qui ne joue pas d'autre rôle. Chaque participant voit son identité révélée individuellement durant la première nuit. Les loups-garous, qui peuvent agir en bande, peuvent donc ainsi se reconnaître. C'est au cours de la seconde nuit que les choses sérieuses commencent, et qu'un rituel se met en place. Après le tour de passe-passe du voleur, le maître de jeu appelle la voyante, qui désigne la personne dont elle veut connaître l'identité. Elle se rendort, et les loups-garous se réveillent, se mettent d'accord sur une victime, puis se rendorment. La sorcière est ensuite réveillée, on lui désigne la victime des loups-garous. Elle a la possibilité de ressusciter la victime, mais aussi d'en empoisonner une autre. c'est l'un ou l'autre. Puis elle se rendort à son tour...


Au matin, le maître de jeu désigne le nom de la/les victime(s) de la nuit. Sa carte est retournée, et son identité révélée. Cela peut, suivant les tractations de la nuit, être n'importe quel personnage. Les villageois survivants doivent alors discuter et désigner la personne qui, selon chacun, est la plus suspecte. Les loups-garous masqués participent bien sûr au débat, et ont tout intérêt à faire éliminer un bouc émissaire, de préférence un personnage susceptible de les éliminer (chasseur, voyante...). L'intérêt pour les villageois est bien sûr de démasquer un loup-garou. La personne éliminée est celle qui emporte le plus de suffrages. Le jeu s'arrête si tous les loups-garous ont été tués. C'est au cours de ces débats que se jouent la plupart des parties, car à l'intuition doit se mêler le bluff. Le joueur désigné voit sa carte retournée, et son identité révélée aux yeux de tous.


Le village se rendort, et le cérémonial reprend. Vous l'aurez compris, les possibilités sont multiples. Les relations peuvent complètement se détériorer au cours d'une partie. A coup de bluff, d'intuition, de manipulation, c'est une lutte qui reviendra au plus malin. Le risque est aussi, pour les plus chevronnés, de se faire éliminer très vite, car ils connaissent le jeu, et masquent parfois trop leur vraie nature, ce qui entraîne la méfiance des joueurs débutants. Il est parfois possible de retourner une tendance dans les votes, à coups de bluff, et d'hénaurmes affirmations parfois. Les joueurs peuvent aussi mentir éhontément "vous faites une grave erreur, je ne suis pas le loup-garou !"

Ce qui est bien dans "loups garous", c'est que le fait d'être mangé en pleine nuit (et donc d'être éliminé) ne vous met pas hors jeu : c'est très plaisant de découvrir la nuit suivante les identités de ses bourreaux et d'assister ensuite aux attaques et défenses verbales des uns et des autres ! on se délecte parfois du talent de menteur de certains

Et puis, ce jeu est plein de certitudes plus infondées les unes que les autres ! "je suis sûr que tu es un loup garou !" dit un villageois à un autre ; "ah je savais que c'était toi !" dit l'autre après avoir accusé et tué les 3/4 de ses amis villageois...


Notez que pendant la nuit, mis à part le maître de jeu, les bruits sont rares, puisque les loups-garous, la sorcière et les autres doivent désigner leurs victimes, et s'exprimer par gestes (ou par le regard, éventuellement). Les autres villageois ont donc tout intérêt à être attentifs aux bruits, cela peut les orienter dans leurs choix... Il ne faut pas s'endormir pour de vrai... Les loups-garous peuvent aussi jouer le bluff pendant ce temps-là, et faire du bruit tout le temps, histoire de brouiller les pistes... Le jeu peut être corsé par l'ajout d'autres personnages, comme le capitaine, dont la voix compte double au moment du vote, et qui doit désigner un successeur s'il vient à être éliminé, ou encore la petite fille, qui peut entrouvrir les yeux au moment où les loups-garous désignent leur victime... Position risquée, car si les méchants prédateurs la voient, c'est elle qui risque de se faire croquer !

Bref, comme vous le voyez, autour d'un concept très simple, c'est un jeu très intéressant, qui permet d'étudier la psychologie de chacun des joueurs. Et même des gens qui se connaissant intimement depuis plusieurs années, peuvent être déroutés par leurs proches... Le jeu peut se jouer à partir de 8 joueurs, jusqu'à 18 ou 20 je crois, mais ne devient vraiment intéressant qu'avec 12 à 15 joueurs.


Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille le site officiel du jeu.

Bonne partie !

 

Spooky.

 

Bonus : les bons conseils de Maître Ryle sur ce jeu et d'autres :

 

Pour l'avoir essayé, je confirme que ce jeu est effectivement très bien (pour ceux qui l'ont connu, le principe est un peu le même que ce jeu de killer où l'assassin devait faire un clin d'oeil à sa victime sans se faire repérer par les autres qui devaient le démasquer). Il a l'avantage d'être destiné à un grand nombre de joueurs (dans un sens c'est également un inconvénient, car il n'y a aucun intérêt d'y jouer à moins de 6), mais pour les grosses soirées entre copain où l'on ne sait pas quoi faire, c'est vraiment sympa

 

Le format également très pratique, puisque loin des encombrantes boites de monopoly et consorts, il s'agit simplement d'un jeu de cartes.

Il y a d'ailleurs pas mal de bons jeux qui sortent régulièrement sous ce format et qui passent totalement innaperçu du grand public. Certains font même appel à quelques noms célèbres de la bd pour illustrer ces cartes, je pense nottament à Florence Magnin (L'autre Monde, Mary la noire) qui a illustrer certains de ces jeux : Guildes, Pirates des Caraibes (aucun lien avec le film.. enfin si, c'est quand même une histoire de pirates dans les caraIbes, mais il doit avoir au moins 10 ans), Il était une fois, ...

 

En voici quelques uns à essayer également, ceux-ci ont l'avantage de pouvoir être joués par un nombre plus réduit de joueurs (3 min) :

- Il était une fois (Halloween Concept) : chaque joueur dispose de cartes représentant personnages (un roi, un méchant, des loups, ...), lieux (une tour, une forêt, un royaume, ...) objets (un couteau, une fenêtre, ...) et événements (une dispute, des retrouvailles, ...) et doit les utiliser pour composer une histoire. Il dispose également d'une carte "conclusion" (du style "et ils vécurent heureux", "il retrouva son frêre perdu", "et selon la légende ils dansent encore", ...) par laquelle il doivent achever lors histoire, chaque joueur essayant d'amener l'histoire vers sa conclusion à lui

 
- Citadelle (Multisim) : les joueurs doivent bâtir la cité la plus puissante. Ils incarnent à tour de role roi, marchand, voleur, clerc etc. chacun disposant d'un talent spécial (le marchand gagne plus d'argent pour construire sa ville, le voleur peut se servir dans la bourse d'un autre etc.)

- Wanted (de jesaisplusqui) : Bienvenue au far west. Les joueurs ici se divisent entre sherifs, adjoints, bandits, chasseurs de prime, ... chacun ayant un but précis (les adjoints doivent proteger le sherif qui doit arrêter hors la loi et renégats, qui veulent l'abattre lui et les chasseurs de primes, etc.). Tout cela se joue à coup de fusillade et de duel en fonction des cartes tirées (armes à longue ou courte portée, munitions, ...).
Comme pour les loups, les joueurs jouent ici leur carte face cachée, et en dehors du shérif qui porte une jolie étoile, il est difficile de savoir si le joueur à côté de vous est votre allié ou votre ennemi, voire juste quelqu'un qui a seulement besoin que vous surviviez un tour ou deux de plus

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Mesdames, Messieurs, un peu de sérieux, je vous prie.

Si vous faites partie du monde occidental, vous savez que le 11 septembre 2001 a été une énorme conflagration, et probablement l'événement fondateur de l'entrée dans le XXIème siècle. Comme vous le savez, 4 avions avaient été détournés pour atteindre et détruire des objectifs majeurs, représentants symboliques de la puissance américaine. Les Etats-Unis, qui se pensaient invincible sur leur propre sol, ont subi de plein fouet ce traumatisme.


Près de 5 ans plus tard, après de nombreux reportages et documentaires, c'est le cinéma qui s'empare de l'événement. Premier de cordée, Vol 93, réalisé par Paul Greengrass (Bloody Sunday, La Mort dans la Peau), se pose d'ores et déjà comme un classique incontrournable.

Parce qu'il ne s'embarrasse pas d'effets inutiles. Parce qu'il n'y a aucune star dans son film, et même des amateurs, comme le responsable du contrôle aérien, qui est le Vrai. Parce qu'il s'est basé sur les archives nationales, les témoignages des familles de victimes, ou encore les données de la boîte noire de l'avion, Greengrass a probablement raconté une histoire à 90% vraie.


Vol 93 raconte le destin des 100 ou 200 passagers et membres de l'équipage de l'avion qui porte le même nom de code.  Le film raconte, en temps réel (sur 95% du métrage), ce qu'il est arrivé à cet avion, le seul à ne pas avoir atteint sa cible, à savoir la Maison Blanche. La préparation des derniers instants pour les 4 terroristes. L'attente fébrile dans l'avion, qui prend du retard au décollage. Le détournement effectif de l'avion. la révolte des passagers, qui comprennent qu'il s'agit d'une mission suicide. Si j'utilise des phrases courtes dans ma note, c'est que le film est comme ça. Des coups de poing assénés à la chaîne.


Pourtant, Greengrass ne sombre pas dans la facilité politique. Il filme son histoire caméra à l'épaule, l'avion tressaute à la moindre turbulence... Ses héros ne sont pas des foudres de guerre. Ses pirates kamikazes ne sont pas des monstres sanguinaires, juste des fous de dieu qui ont été manipulés. Son avion n'est pas une espèce de super-tank filmé comme une voiture. Non. les faits, rien que les faits. Résultat, on est scotché au siège quand la fin -inéluctable, brutale, définitive- survient sur le grand écran. On était dans l'avion avec eux, on avaie envie de tout faire pour que ce tombeau volant parvienne à être repris... On était aussi à New York, à Washington, à Boston, dans ces salles du contrôle aérien, à vouloir leur dire que c'est un détournement, et même une mission suicide... On y était, bordel...

 

Spooky.


 

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