Etre fedeylin, c'est accepter.
Accepter de sortir de sa bulle le jour de l'éclosion, et rejoindre la rive de son peuple après avoir traversé la mare et ses divers dangers.
Accepter de grandir, de faire l'apprentissage d'une caste prédéterminée jusqu'à devenir adulte et passer ensuite sa vie à travailler au sein de cette caste.
Accepter que la paix fragile entre fedeylins et gluants soit émaillée d'accidents regrettables.
Accepter les raids meurtriers des migrateurs.
Accepter, lors du passage à l'âge adulte, que l'un des Pères, garants de l'équilibre du peuple fedeylin, parachève l'extraction de ses ailes lors d'une cérémonie à laquelle assiste l'ensemble de son peuple.
Mais Cahyl, seul survivant de l'une des pontes de sa mère, ne pouvait accepter tout cela. Né sans marque, toute sa jeunesse n’a été que mensonges et dissimulations. Doté d’une faculté d’empathie sans précédent ou presque, il pouvait lire dans l’esprit de ceux qui l’entouraient, qu’ils soient fedeylins ou gluants. Et puis Cahyl, qui avait peu d’amis, se lia avec Glark, le gluant qui l’avait sauvé des poissons le jour de son éclosion. Une amitié qui le poussera à commettre l’irréparable.
J’ai démarré ce roman avec des doutes : un premier bouquin de fantasy, genre ultra-balisé et bouchonné, une jeune romancière qui avait fait ses armes sur un forum d’écriture et de béta-lecture… Le récit débute cahin-caha, on a du mal à comprendre qui sont les Fedeylins, s’il s’agit de créatures originales ou d’allégories de libellules, par exemple… Et puis je me suis pris au jeu. Ce récit à la première personne, dans l’esprit de Cahyl, permet une immersion profonde dans la société fedeylin, dont l’organisation en castes révèle la rigidité. Et Cahyl, différent, contraint à la discrétion, voire à la marge, mais aussi à la pluridisciplinarité dans son apprentissage, nous propose un panorama assez complet de celle-ci. La naïveté initiale du héros, si elle peut être irritante pour un lecteur adulte au départ, permettra à un adolescent d’appréhender le monde à travers un prisme original. Et Cahyl est suffisamment intéressant et logique pour que l’on s’identifie à lui.
Le récit avance donc bien, jusqu’à un rebondissement énorme, en contrepoint à la cérémonie du mudeylin (passage à l’âge adulte), qui est mené de belle façon, et donne vraiment envie de lire la suite des aventures de Cahyl et de son ami Glark.
Spooky