De nos jours, les media se font l’écho d’un évènement hors du commun. Les glaces du Groenland, sous l’effet du réchauffement climatique, ont libéré un U-boot, prisonnier depuis la seconde guerre mondiale. Cette annonce de mauvais souvenirs chez Oskar Manstein, philologue émérite de l’Université de Berlin. Avec l’aide de son disciple John Ackroyd, lui aussi spécialiste de langues orientales antiques, il entre en contact avec les autorités américaines, qui complotaient afin d’arriver à cette situation.
Car le sous-marin recèle un terrible secret : le journal de bord d’un savant, maître à penser de Manstein, qui faisait donc partie d’une mission ultra-secrète partie en 1941 en quête du mythe du surhomme sur le site de Thulé. Décodé par l’honorable vieillard, le journal livre donc l’effroyable horreur à laquelle dut faire face l’expédition von Mullendorf dans les glaces du grand Nord, et à laquelle Jack et plusieurs autres vont devoir à leur tour être confrontés…
Ecrit par Romain Garnier, lui-même philologue (spécialiste des langues), L’Héritage de Glace est un thriller compact, qui recèle de nombreux éléments, reflétant la grande érudition de son auteur. Certains passages, passionnants, ont leurs revers.
D’abord un problème de rythme se fait rapidement jour. La période pendant laquelle les deux universitaires décryptent le journal est expédiée en une petite vingtaine de pages, alors qu’elle aurait mérité sans doute plus de place. Il est probable que l’auteur –guidé ou pas par son éditeur- ait voulu éviter d’embrouiller le lecteur par un langage trop technique, ce qui est louable dans l’esprit, mais je pense que Romain Garnier avait les capacités de nous proposer un récit intéressant. Bien sûr la séquence suivante est consacrée à la restitution de ce journal, une séquence ma foi plutôt réussie puisque l’on se retrouve peu ou prou dans le sous-genre lovecraftien, du moins sur le plan du thème puisqu’on n’atteint pas la dimension gothico-paranoïaque des écrits du reclus de Providence.
Je l’ai dit, le roman est compact, dense. Les chapitres, de taille à peu près classique, sont découpés en longs paragraphes ; trop longs parfois. Quelques respirations liminaires eussent été de bon aloi pour une lecture un peu plus agréable.
Les expérimentations nazies avant et pendant la guerre ont créé une sorte de mythe, de légende urbaine les concernant. Du Groenland au Tibet, Hitler aurait envoyé des hommes à la recherche de l’immortalité, de la toute-puissance afin d’assurer les mille ans du IIIème Reich. Romain Garnbier récupère donc cette posture et parle de nombreux mythes indo-européens. Intéressant, mais désordonné parfois.
De même qu’une romance avec une agent de la CIA est amorcée au début du roman ; la façon dont elle est décrite est un peu maladroite. Il en est de même dans une scène de controverse entre sciences dures et sciences molles. L’auteur a probablement mis beaucoup, peut-être trop, de sa personne, de ses opinions, dans le personnage de Jack Ackroyd et ses relations à autrui. Dans ses prochaines aventures –et nul doute qu’il y en aura vue la façon dont le roman s’achève- il faudra mieux doser sa personnalité et prendre du recul.
En définitive, un roman intéressant, dense, mais un peu maladroit par moments.
Spooky.