Nous sommes en 1920. La littérature fantastique est un peu en sommeil. Les derniers auteurs marquants sont HG Wells (qui écrit encore à cette époque, mais ses récits trop politisés ont perdu de l'intérêt) et Bram Stoker. Kafka et Lovecraft viennent toiut juste de sortir leurs premiers romans marquants, mais le vide est presque sidéral car ce dernier par exemple, ne sera quasiment pas publié de son vivant. C'est dans ce contexte que s'inscrit le roman de David Lindsay, un classique inconnu du grand public, et qui pourtant mérite le détour à titre historique.
Londres, années 20. Au cours d'une séance de spiritisme, un étrange personnage fait soudain irruption dans la pièce au moment même où se matérialise le spectre, qu'il « tue » sans autre forme de procès. Pour toute explication, il invite Maskull, l'un des assistants, à le suivre jusqu'à son observatoire et lui propose de l'envoyer, à bord d'un étrange vaisseau de cristal, sur une planète où il pourra rencontrer le « maître de tout ».
Ainsi commence pour Maskull, catapulté dans un décor d'une beauté inouïe, parmi les êtres les plus improbables, une aventure qui va d'heure en heure à la fois l'éclairer sur lui-même et épaissir le mystère de sa présence en ces lieux.
Un voyage au fond de l'âme humaine, un classique de la littérature anglaise, l'œuvre d'un authentique génie visionnaire.
La conquête spatiale n'est pas encore au goût du jour, et Lindsay, comme beaucoup d'écrivains de son temps, ne peut proposer un habillage technologique au voyage de ses personnages ; ainsi le voyage vers Acturus, ou plutôt le transfert, est-il vite expédié en quelques lignes d'une vacuité très compréhensible, l'auteur se concentrant sur la découverte de la planète Tormance, qui tourne autour d'Arcturus. Sa faune et sa flore exotiques. Ses habitants aussi, si particuliers... Lindsay intègre d'ailleurs un élément intéressant dans l'interaction avec ses personnages : une forme d'échange biologique et morphologique que je n'ai jamais lue ailleurs... Maskull est catapulté dans un monde étrange, étranger, il se retrouve en quête d'une figure divine, et au cours de son errance il va croiser des personnages qui vont influer sur sa façon de percevoir les choses, sa façon de penser la sexualité, son rapport à la musique, à la vie... Au fin fond de l'univers, Maskull va peut-être se trouver, lui, au lieu de trouver la vérité...
Voyage en Arcturus est une lecture dense, parfois ardue, à la limite de la métaphysique par moments. Merci à Herveline de m'avoir donné envie de lire ce livre, c'est un classique très intéressant et désormais difficile à trouver...
Spooky