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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

livres

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Quand Gwendy Peterson avait douze ans, Richard Farris, un homme étrange avec un chapeau melon lui a donné une boîte munie de boutons qui permettait de distribuer friandises et pièces anciennes, mais qui pouvait aussi détruire des mondes. Les années ont passé, Gwendy est devenue sénatrice du Maine et une écrivaine célèbre. Un jour la boîte réapparait dans sa vie. Les mystérieux hommes en jaune veulent mettre la main sur l’objet maudit, et Gwendy doit les en empêcher, quel qu’en soit le prix. Mais où dissimuler un objet avec de tels pouvoirs ?

 

L'histoire de Gwendy a commencé ici et a continué , avant de connaître sa conclusion dans ce troisième volet. L'adolescente de Castle Rock, dans le Maine, a désormais plus de soixante ans, est la deuxième sénatrice de son Etat, et s'embarque dans une expédition à destination d'une station spatiale en orbite pour faire des observations sur le climat terrestre. Mais aussi et surtout, et c'est un secret, pour donner un destin définitif à cette satanée boîte à boutons qui la suit depuis qu'elle a douze ans, et qui est la cause de tous ses soucis, y compris la forme d'Alzheimer précoce qui commence a altérer ses capacités cognitives. 

Cette novella (de 360 pages en poche, tout de même) marque une première dans l'œuvre de King, puisqu'elle prend pied -pour l'essentiel- dans l'espace, un lieu qu'il n'avait pas encore exploré. Elle brasse plusieurs autres éléments intéressants, comme une actualité qui nous parle à tous, car se situant en 2025, après que la Terre ait connu le fléau sanitaire du covid-19, que les auteurs évoquent en arrière-plan. L'autre ancrage dans la réalité est l'affichage féroce de Donald Trump, ennemi déclaré de King depuis de nombreuses années, et dont une sorte d'alter ego tient une place essentielle dans le récit. Je retient également l'évocation émouvante et flippante de la dégénérescence cognitive de Gwendy, une des phobies affirmées de King. Un transfert d'autant plus transparent que Gwendy est devenue au fil des années... écrivain, une alter ego de plus dans l'œuvre de l'auteur du Maine. Un auteur qui fait des allusions -comme souvent- à d'autres titres phares de son interminable bibliographie, en l'occurrence Ça (après tout, Gwendy est originaire de Castle Rock, et Derry appartient à la même géographie fictive) et La Tour Sombre, point nodal de son œuvre. Une Tour Sombre qui devient même un enjeu lié à la fameuse boîte à boutons, responsable de nombre de malheurs à travers le monde. On notera les initiales de celui qui amène la boîte à Gwendy la première fois, Richard Farris, qui évoque d'autres personnages dans le Kingverse.

King s'autorise aussi des références à la pop culture, avec des vaisseaux fantômes célèbres et plusieurs références au Seigneur des Anneaux de Tolkien, mais aussi à La Variété Andromède, roman de Michael Crichton.

Sans être dans la frange la moins intéressante de l'œuvre de King, le premier volet des aventures de Gwendy m'avait plu, sans plus. Le deuxième, laissé à Chizmar, était du même tonneau. Ce troisième et ultime volet, réunissant les talents des deux auteurs, est vraiment très bon. Il y a de nombreux éléments surprenants, du suspense, un découpage hors pair et beaucoup d'émotion. Et on se prend même à fantasmer d'un crossover entre Gwendy Peterson et Holly Gibney, une autre héroïne emblématique du King...

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

L'espèce humaine s'est déployée parmi les étoiles. Sur la planète Theroc, les humains vivent dans une monumentale forêt dont les arbres forment un esprit unique. À l'Initiative des lldirans, une espèce extraterrestre ancienne et pleine de grandeur, un vaisseau part explorer les limites du Bras spiral et découvre une nébuleuse mystérieuse, si opaque que même la lumière stellaire ne peut la pénétrer... Et qui, sous le regard horrifié des explorateurs, commence à grossir et à s'étirer. Un mal si ancien qu'il a été oublié les menace... une entité si puissante que l'existence même de toutes les créatures vivantes est en danger.

 

Je n'avais presque jamais lu de livre de Kevin Anderson, malgré son CV qui force le respect : il a écrit dans les univers de Star Wars, Starcraft, et il est entre autres le co-auteur, avec Brian Herbert, des préquelles de Dune et d'autres ouvrages dans le même univers. Il a écrit trois petits romans mettant en scène Mulder et Scully, héros de la série fantastique The X-Files, romans que j'ai lus il y a quelques années. ces contributions ne l'ont pas empêché de développer ses propres sagas, comme celle des Sept Soleils, qui compte 7 romans et une préquelle, ces sept romans étant disponibles chez Bragelonne. Cette nouvelle saga y fait suite, et j'ai voulu me plonger dans cet univers foisonnant, sans avoir lu la première série. Ce qui m'a un peu posé souci, car certains évènements ou concepts m'étaient, dès lors, un peu étranger.

Par exemple, qu'est-ce que le thisme ? Pourquoi les robots klikiss sont-ils aussi méchants, alors que d'autres créations cybernétiques, les compers, font elles preuve d'un dévouement totalement soumis aux fameuses trois Lois de la Robotique édictées par Isaac Asimov ? Qu'est-ce que la forêt-monde ? A quoi ressemblent les Ildirans ? etc. Le glossaire présent en fin de volume (mais pas signalé au début) peut aider à remettre plusieurs personnages et lieux dans le contexte.

Le roman peut, dans sa forme, dérouter certains lecteurs. En effet la trame narrative est partagée par une dizaine de personnages différents, humains, robots, Ildirans, Vagabonds... J'avoue que certains fils narratifs m'ont intéressé plus que d'autres, comme l'apparition d'une mystérieuse épidémie qui a ravagé une civilisation -inconnue- entière, ou l'histoire de cette milliardaire recluse qui finance des recherches médicales à la pointe sur une planète à la sécurité extrême.

 

Au fil de la lecture, les fils des intrigues se déploient, puis se recoupent pour converger vers deux sujets principaux, une épidémie mortelle et la menace sourde et cosmique de créatures considérées jusque-là comme légendaires. Comme l'indique l'auteur en avant-propos, c'est une lettre d'amour à de nombreux auteurs de SF classiques, comme Isaac Asimov, Arthur C. Clarke, Robert Heinlein, Andre Norton... C'est une lecture très plaisante, mais pas facile quand celle-ci est découpée en nombreuses séquences.

J'ai hâte de lire la suite, qui est déjà sortie.



Spooky

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

En marge d'un ouvrage consacré à Terry Pratchett (co-écrit avec mon amie Stéphanie Chaptal, et qui va sortir au printemps), j'avais envie de faire un focus sur une œuvre de Terry Pratchett injustement méconnue, et qui plus est, pour assumer le parallélisme, une saga qu'il a co-écrite, avec son compatriote Stephen Baxter. Lequel est surtout connu pour ses épopées spatiales brillantes, comme Titan, Evolution, ou encore Lumière des jours enfuis, qu'il avait co-signé avec Arthur C. Clarke. Clarke, dont je vais reparler.

J'ai donc jeté mon dévolu sur La Longue Terre, une suite romanesque de 5 opus, écrits entre... et ..., dont l'idée de départ est simple, mais géniale. Il existe des Terres parallèles à la nôtre, et l'on peut "passer" de l'une à l'autre de manière innée, ou bien en utilisant des petits boîtiers, dont un savant philanthrope (ou pervers) décide de mettre gratuitement les plans sur le marché, ce qui provoque un exode massif de la population terrestre vers ces autres mondes, vierges de toute surpopulation, de toute pollution et de tout contrôle, pour un temps du moins. AU-delà de cette absence de manifestation humaine, les Terres parallèles, bientôt désignées par le nom générique de La Longue Terre, comportent de menues variations : des climats différents, mais aussi des espèces intelligentes inconnues, telles les Trolls ou les Elfes. Ces Terres n'étant pas accessibles aux métaux, base de nombreux modes de transport classiques, les Humains mettent au point un moyen pratique de les explorer, des dirigeables, bientôt désignés twains. 

Nous suivons les aventures de Josué Valienté, passeur-né qui n'aspire qu'à vivre en paix sur Ouest-Madison 5, une réplique de la capitale du Wisconsin à 5 mondes de la Primeterre, celles de Sally, la fille de l'inventeur du Passeur, le fameux boîtier, qui a choisi de vivre en nomade sur ces mondes, mais aussi de Lobsang, une intelligence artificielle dont la conscience est incarnée dans le corps d'un livreur népalais, entre autres. leurs destins vont se croiser sur différents mondes de la Longue Terre. Au-delà des récits d'exploration, assez inventifs, sur cette Longue Terre, la Longue Mars et le Long Cosmos (oui, ces dimensions parallèles ne sont pas circonscrites qu'à la Terre...), c'est l'occasion pour les deux auteurs de parler d'écologie et d'humanisme. Ici en nous montrant comment l'exécution programmée d'un mère troll (créatures semblables à des ours, mais plus paisibles, et surtout liées entre elles, par-delà les Terres par une connaissance mutuelle enrichie par des chants) peut provoquer une guerre interdimensionnelle ; là, pourquoi l'éradication d'une nouvelle race humaine, plus évoluée, serait une grave erreur pour l'avenir de l'humanité toute entière. Avec en autre point d'orgue, l'éruption d'un mégavolcan sur la Primeterre, obligeant ses habitants à migrer vers les Terres parallèles... Dans le volume 4 Josué Valienté part à la recherche de ses origines, et de celles de son étrange pouvoir ; dans le cinquième, il est  âgé (et a le même que l'un de ses co-auteurs, Terry Pratchett), et part en quelque sorte faire une retraite spirituelle, plus rien ou presque ne le retenant sur la Primeterre ou en un endroit précis. Alors que les Suivants semblent monter en puissance, il décline doucement, à l'image de Terry Pratchett, atteint d'une forme de maladie d'Alzheimer...

J'ai retrouvé dans ce cycle des échos, ou plutôt une dimension comparable à celui de Rama, écrit par Arthur C. Clarke dans les années..., une saga que je tiens, du moins pour ses trois premiers segments, pour un chef-d’œuvre inégalé de la science-fiction, de par son message d'humanisme universel. L'hommage est corroboré par le fait qu'une capsule dans laquelle voyagent Josué et quelques-uns de ses amis à la fin du cycle s'appelle Oncle Arthur (et que le nom de Clarke y soit explicite). Baxter, qui est pour moi pour son héritier littéraire, propose, avec l'aide de Terry Pratchett, une dimension féministe mais surtout fortement attachée à l'écologie, au respect de notre monde. C'est à la lecture du volume 3, La Longue Mars, que j'ai senti un basculement fort vers cette tendance, entre la découverte d'une civilisation tournée vers les étoiles sur Mars et la thématique de l'émergence d'une génération spontanée nettement plus intelligente que l'Homo Sapiens, et consciente de cette supériorité. La collaboration entre ces deux écrivains brillants trouve son écho dans la confrontation entre les tenants d'une solution finale (j'utilise cette expression à dessein) et ceux d'une bienveillance sans angélisme, sans naïveté.

La conclusion du cycle, après la disparition de Terry Pratchett, reste dans la même veine : un message d'espoir, d'humanisme et de bienveillance, malgré les affreuses catastrophes auxquelles les Terriens ont pu être exposés.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

L’une vit le jour, l’autre vit la nuit... 

1846.  Un soir d’automne, le ciel est rouge au-dessus du village de Thiercelieux. Lapsa et Lune ont grandi ensemble mais cette nuit-là, l’appel de la lune rousse va les séparer. Lapsa découvre qu’on lui a menti sur la mort de ses parents et se jure de découvrir la vérité. Lune se lance à la poursuite d'un loup noir, jusqu’à un coffre...

 

Les Loups-Garous est un petit jeu sorti depuis 10 ou 15 ans, qui a connu un succès considérable. C'est en effet le jeu idéal pour une bande de copains... Qu'il inspire une série d'histoires originales n'était qu'une question de temps, et c'est Castelmore, division "poche" et "jeunesse" du géant de l'Imaginaire Bragelonne, qui a décroché la timbale. deux auteurs français reconnus de ce même Imaginaire, Silène Edgar et Paul Beorn, se sont donc associés pour raconter l'historie de ce groupe de gosses qui se retrouvent sous l'influence d'une sorte de malédiction dans leur village, aux prises avec des loups agissant seulement la nuit... Dès les premières pages ils font sauter les limites imposées par le jeu, en racontant une sorte de conte social dans les campagnes, dans une ambiance de paranoïa grandissante. C'est fin, c'est fun, c'est frais, je recommande.



Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Le hasard fait parfois bien les choses. C'est en préparant une table ronde pour le festival Voyageurs immobiles, qui s'est tenu à Cherbourg en août 2023, que j'ai lu ce roman de Silène Edgar, une autrice de fantasy qui faisait jusque-là "seulement" partie de mes contacts facebook, mais dont j'avais pu apprécier par ce biais la joie de vivre, la gentillesse apparente et l'enthousiasme lors de la sortie de chacun de ses livres. Et un jour j'ai lu La Maison de Feu. Voici le pitch, récupéré sur le site de l'éditeur, Bragelonne : 

Sous le soleil de Monos s’étale un gigantesque marais parsemé de volcans et d’atolls. Sur Polis, l’île centrale, le couple sacré, aux pouvoirs ancestraux, maintient l’Équilibre durant les quarante-neuf ans de la ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre.

Une guerre qui semble lointaine à la naissance d’Aïone. Et pourtant, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble à l’origine d’une cascade de bouleversements. Le volcan se réveille. Au contact de sa peau, ses frères sont transformés et développent le pouvoir de saisir l’avenir, de discerner le mana, de commander au vent…

Débute alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Équilibre ou de Chaos ? Le couple sacré et les mages de guerre accepteront-ils son existence ? Aïone et ses frères, aux dons enviables, seront-iels enlevés à leur village ? Et surtout… qui aura le pouvoir de calmer le Maelström au cœur du volcan ?

Sous le soleil de Monos s’étale un gigantesque marais parsemé de volcans et d’atolls. Sur Polis, l’île centrale, le couple sacré, aux pouvoirs ancestraux, maintient l’Équilibre durant les quarante-neuf ans de la ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre.

Une guerre qui semble lointaine à la naissance d’Aïone. Et pourtant, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble à l’origine d’une cascade de bouleversements. Le volcan se réveille. Au contact de sa peau, ses frères sont transformés et développent le pouvoir de saisir l’avenir, de discerner le mana, de commander au vent…

Débute alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Équilibre ou de Chaos ? Le couple sacré et les mages de guerre accepteront-ils son existence ? Aïone et ses frères, aux dons enviables, seront-iels enlevés à leur village ? Et surtout… qui aura le pouvoir de calmer le Maelström au cœur du volcan ?

 

Vous l'aurez deviné (ou pas), ce roman de fantasy a un cadre géographique que l'on pourrait qualifier de "proto-polynésien". Je ne suis pas très familier des histoires et légendes venant du pacifique sud (euphémisme, mes connaissances en la matière doivent se résumer au film Vaiana), mais de ce que j'en sais, les noms, les éléments cités, le cadre (des îles regroupées en royaumes libres, un climat plutôt chaud avec de la mousson...) y font nettement référence. Mais cela n'a au final pas d'importance, car l'immersion dans ce cadre est totale, Silène Edgar proposant de nous initier à un ensemble de rites, de traditions, une Histoire même, qui ont une grande cohérence. Nous voici en effet dans un village qui a les pieds dans l'eau, et la tête tournée vers le volcan qui le surplombe, et qui menace de faire des siennes, au mépris du cycle habituel consigné dans les archives dudit village, appelé "faré". Dans ce cadre, tenu par les mages, des personnes ayant à la fois des dons de medium, de guérisseurs, mais aussi un statut de chef et de juge de paix, un évènement inattendu va en effet bouleverser un quotidien presque immuable, rythmé par la saison de pêche, les cultures fruitières et la mousson. 

La plume de Silène Edgar est sans fioritures, à la fois sensitive et élégante. Elle dit être plus habituée aux formats courts, mais prouve avec ce premier volet d'une trilogie qui devrait tutoyer le millier de pages, qu'elle sait aussi, sans diluer, prendre le temps de raconter une histoire, pleine de péripéties. Une histoire pleine de magie, de personnages intrigants, de bruit et de fureur, dès ce premier tome, où certains protagonistes importants disparaissent déjà, sans qu'on s'y attende vraiment.

J'ai hâte de lire la suite. 


Spooky

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Après un premier volume intrigant, dans lequel, après une crue ayant presque submergé la petite ville de Perdido, on assiste à la reprise en main de la ville par ses habitants, ce deuxième volume de la série à succès de Michael Mc Dowell entre dans le dur.
 

Ainsi Oscar, héritier de l'une des scieries principales de la ville, a-t-il épousé Elinor, cette jeune femme mystérieuse apparue avec la crue, et lui a-t-il fait deux enfants, au grand dam de sa mère, Mary-Love. Ainsi les édiles de la ville ont-ils engagé Early Haskew, un ingénieur brillant, pour élaborer et mettre en œuvre le chantier d'une digue permettant de protéger la ville de futures crues de la rivière boueuse. Mais ce chantier va amener son lot de désagréments et de troubles, et l'ambiance particulière de la ville va peu à peu changer...

Blackwater est une petite ville avec ses enjeux de pouvoirs, ses mesquineries. Mc Dowell, par sa précision et la parfaite maîtrise de ses personnages (Elinor reste très mystérieuse) réussit à nous garder en haleine. Il tisse une toile comportant de nombreux fils, avec des personnages encore plus nombreux, mais dont lez positionnement est plutôt clair. Une seule scène étrange dans ce deuxième opus, mais c'est pour faire basculer l'histoire de cette fameuse digue dans une certaine direction. Et les ambitions d'Elinor, si elles ne sont pas encore complètement claires, commencent à se préciser un peu...

 

Spooky

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Et voici donc le nouveau Stephen King, réglé comme du papier à musique, sorti au mois d'avril dans sa traduction française.

Charlie Reade, un adolescent de 17 ans sans histoires, entend un jour les hurlements déchirants d'un chien derrière une maison réputée pour être habitée par un vieux grigou. N'écoutant que son courage, il passe par-dessus le portail rouillé et découvre le vieil homme en question, Howard Bowditch, qui s'est cassé la jambe en tombant d'une échelle devant sa maison. Le jeune homme appelle les secours, et propose à M. Howditch de s'occuper de sa maison et de son chien pendant sa convalescence. N'ayant aucune famille proche, le misanthrope accepte à contrecoeur. Mais un nouveau revers de fortune va bouleverser la vie de Charlie à jamais.

 

Ça commence bien, très bien, même si plusieurs éléments font écho à d'autres histoires de King : l'ado qui aide une personne âgée ronchonne (Un Elève doué, Le Téléphone de M. Harrigan) ; une pièce ou une dépendance visiblement habitée (plein de ses histoires)... Ça commence bien, avec la chienne Radar, qui va vite devenir le fil rouge de l'histoire, et aussi la raison pour laquelle Charlie va entrer dans ce cabanon, qui recèle un passage vers un  autre monde. Un monde qui semble gagné par une forme malveillante d'entropie appelée la gris, laquelle s'attaque aux humains qui y vivent et les gangrène petit à petit...

Vous l'aurez compris, le monde dans lequel bascule Charlie est un monde de fantasy, un genre déjà exploré par l'auteur par le passé avec des fortunes diverses. D'abord pour La Tour Sombre, une série romanesque de huit tomes qui ne m'a pas vraiment convaincu. Ensuite pour Le Talisman des Territoires, un diptyque coécrit avec son ami Peter Straub et que j'ai trouvé bancal. Mon avis sur le volume 1 ici, et sur le 2 . Et puis il y a Les Yeux du Dragon, le conte écrit pour sa fille Naomi lorsqu'elle avait 13 ans. Peut-être son meilleur de la bande, parce qu'allégé pour coller à son public, malgré un caractère kingien assez présent. Dans Conte de fées, il y a quelques 'allusions au reste de son oeuvre, hormis Cujo au début. On pourrait voir des connexions avec La Tour Sombre (avec ce puits obscur, les pistolets de cow-boy de M. Bowditch, ou encore quelques occurrences du nombre 19, étroitement lié au cycle précité. Mais ce qui fait, à mon sens, la réussite des contes de fées classiques, c'est leur brièveté, leur concision grâce à des figures, des scènes fortes. Chez King, les allusions aux contes tels que Jack et le Haricot magique, les Trois petits cochons et le Magicien d'Oz sont fréquentes, très fréquentes, mais mal amenées. Certes, Charlie est quasiment seul dans sa quête, malgré quelques rencontres fortuites ou pas, et il y pense, mais il pense assez peu à autre chose, et cela alourdit le récit (qui compte 730 pages dans cette édition grand format).

En fait je suis globalement déçu, voire très déçu par ce roman. Billy Summers, qui ne comportait pas de fantastique, m'a enthousiasmé. Si ça saigne comportait trois très bons segments sur quatre, et même si tout n'était pas exceptionnel, la moyenne de qualité de ses derniers écrits (la Trilogie Hodges, les Gwendy Peterson...) était relativement élevée. Je n'ai retrouvé ce King, capable de nous faire émouvoir presque aux larmes, de mettre en place des personnages empathiques, forts, que dans le premier quart, quand l'essentiel de l'histoire prenait pied dans notre quotidien, notre monde. Il n'y avait pas (encore ?) cette ironie, ce cynisme, ces charges habituelles contre la religion, la société de consommation, le populisme, mais je pensais les retrouver plus tard dans le récit. Or, dès que Charlie pénètre dans cet autre monde (qui s'appelle finalement Empis), on perd tout second degré, toute subtilité, pour se retrouver dans une quête qui devient épique, avec des enjeux qui changent et nous perdent en cours de route. Et ça devient long, chiant. Même l'évocation ténue du mythe de Cthulhu ne ressemble à rien. Robert E. Howard et Edgar Rice Burroughs sont aussi invoqués dans la dédicace). La fin, qui se déroule à nouveau dans notre monde, est d'une platitude sans nom. Bref, c'est foiré à 75%, de mon point de vue. Je n'avais pas détesté un King à ce point depuis le trou d'air narratif du début des années 2000, avec des histoires comme Cellulaire, Histoire de Lisey, Duma Key.

Pour tout vous dire, j'ai eu l'impression que toute cette partie de l'histoire avait été écrite par quelqu'un d'autre. Mais contrairement à Sleeping Beauties, où j'ai attribué à demi-mots le foirage à son fils Owen, là il n'y a qu'un seul nom sur la couverture. Espérons que son prochain récit, Holly, centré sur son personnage fétiche de cette bonne dernière décennie (et prévu pour avril 2024 en France), lui permettra de remonter le puits de médiocrité où il s'est vautré avec ce roman quasiment sans intérêt. On gardera tout de même la synergie entre Charlie et sa vieille chienne Radar, qui transpire de l'amour de King pour les canidés. La relation si particulière entre l'ado et son père, qui a sombré dans l'alcoolisme après la mort dramatique de son épouse, avant de remonter la pente avec l'aide de Charlie, dont les sentiments contrastés et complexes sont bien rendus. Ainsi que le transfert entre King lui-même (ou plutôt ses peurs) et M. Bowditch : le handicap, la vieillesse, la solitude, l'addiction aux médicaments et à l'alcool (on revient au père de Charlie)... Des éléments qui auraient probablement fait une bonne novella...

 

Sur le plan de la maquette, le roman tranche avec ses devanciers puisque les Editions Albin Michel proposent un rabat des deux côtés de la couverture (pour présenter Stephen King d'une part - c'te blague !- et pour livrer un court commentaire de l'auteur en guise d'accroche pour le roman), et chaque grand chapitre comporte en guise de titre une suite d'actions qui y sont contenues (comme dans d'anciens romans-feuilleton) ainsi que des illustrations (fort belles) en noir et blanc réalisées par Gabriel Rodriguez (pour les chapitres pairs) et Nicolas Delort (chapitres impairs). De quoi spoiler le contenu desdits chapitres, et/ou attiser la curiosité de la lectrice ou du lecteur. A noter que les droits d'adaptation du roman ont été achetés par le producteur et réalisateur Paul Greengrass qui va certainement les vendre au studio le plus offrant.

 

Bref, l'un des pires King depuis plus de dix ans. Voire plus.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Je me fais rare sur ce blog depuis quelques temps. Comme beaucoup le savent, c'est principalement dû à l'activité d'auteur qui prend une partie non négligeable de mon temps libre depuis quatre ans maintenant. Oui, quatre ans. L'occasion de faire un petit bilan de cette activité, d'abord en déroulant ma bibliographie.

Hommage à J. R. R. Tolkien - Promenade en Terre du Milieu est sorti en mars 2020. Six jours avant le premier confinement, ce qui a probablement obéré son début de carrière, plus virtuel que physique, les librairies ayant fermé pendant 3 mois à l'époque. Cela reste mon bébé, le bouquin que je voulais faire depuis 30 ans, et dont je suis fier à 99%. Emaillé d'une iconographie abondante et variée (dont une partie vient directement de ma collection personnelle), il vous permet d'en savoir plus sur la vie, l'oeuvre et l'influence (dans des domaines inattendus, comme les sciences) du Professeur.

 


Hommage à The Witcher - La Saga d'un chasseur de monstres est sorti 18 mois plus tard. Soit juste avant la sortie de la première saison de la série Netflix centrée sur Geralt de Riv. Il vous permet d'en savoir plus sur les nouvelles, les romans, les séries télé, le film, la comédie musicale, le jeu de rôle, la comédie musicale qui ont forgé la légende d'un véritable phénomène culturel polonais. Avec toujours plein d'images dedans.

 


Curieux d'explorer de nouveaux formats, mais également soucieux de continuer à partager ma passion pour des grands noms de l'imaginaire, je passe chez les Editions ActuSF en mars 2022, pour vous proposer le Guide Stephen King. Un ouvrage qui se veut avant tout un guide de lecture (et de visionnage, la part d'adaptations étant aussi fructueuse que sombre). Avec ce souci d'être au plus près de l'actualité, d'amener des expertises au travers d'interviews soigneusement choisies.

 

 

Parce que je n'avais pas tout dit dans mon premier ouvrage, je vous propose un complément avec Le Guide Tolkien en octobre 2022 chez le même éditeur ActuSF.

 

 

Parce que Stephen King est un auteur que tout le monde connaît (parfois sans le savoir), le public a répondu présent en librairie et un an après, le Guide dédié est ressorti en version poche, avec des corrections, ainsi qu'une mise à jour à tous les niveaux, l'actualité kingienne étant un maelström permanent.

 

Un petit mot de l'ouvrage ci-dessus. Il s'agit d'une encyclopédie visuelle consacrée aux figurines inspirées de l'oeuvre de Tolkien. Son auteur et éditeur, Christian Mallet, m'a fait l'honneur et le plaisir de me demander d'en écrire la préface. Tâche dont je me suis acquitté avec le plus grand plaisir, ravi de figurer dans cet ouvrage de qualité. Lequel est disponible essentiellement par correspondance, n'hésitez pas à cliquer ici pour en savoir plus !

 

Et sans encore spoiler, sachez qu'un nouveau Guide sur un auteur majeur de l'imaginaire est prévu pour ce mois d'août en librairie, cette fois-ci en collaboration avec une personne qui tient une place importante dans tout ça : il s'agit de Stéphanie Chaptal, traductrice-autrice-éditrice (elle a fait plein de trucs en -ice, au bon lait de brebisss), notamment chez Ynnis. C'est aussi grâce à elle que j'ai rencontré Sébastien Rost, mon premier éditeur chez Ynnis. Ses ouvrages sont tous bons, mangez-en !

Au-delà de cet ouvrage, qui est au stade de la relecture, je commence tout juste l'écriture d'un autre Guide. Mais il est bien sûr trop tôt pour vous en parler, sauf pour vous dire que si tout va bien, il sortira d'ici un an. Et après ? Trois autres projets en tête, seul ou en collaboration, qui ont bien sûr besoin d'être maturés avant d'en parler aux éditeurs.

Et l'occasion est bonne pour mettre en lumière le travail de relecture de quelques amis qui de par leur vision d'aigle, leur intransigeance et leur culture étendue, ont su rendre ces ouvrages meilleurs avant de passer entre les rets de l'éditeur. Un clin d'oeil amical et rempli de gratitude en direction de Guillaume Narguet, AnneEli Mo et Vivien Stocker.

Que vous dire d'autre sur cette deuxième vie d'auteur ? Elle me remplit de fierté. L'écriture est un besoin vital chez votre serviteur, depuis plus de trente ans. Le fait que des éditeurs y trouvent apparemment leur compte est une satisfaction immense, et que des lectrices et des lecteurs les achètent un honneur dont je n'avais jamais osé rêver. Cette vie d'auteur me permet de voyager un peu, d'aller défendre ces ouvrages derrière des tables de dédicace un peu partout en France, et même en Belgique, et c'est vraiment quelque chose d'unique. C'est aussi l'occasion de rencontrer d'autres autrices et auteurs, des éditrices et des éditeurs, de discuter de sujets très divers à bâtons rompus, et parfois de voir apparaître des projets. Alors pour tout ça, MERCI.

 

Spooky, en apesanteur.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Benjamin Planchon est un jeune auteur de fantastique français, rencontré lors d'un festival du fantastique à Annecy en 2022. Le Domaine des Douves est son premier roman, et il ne manque pas d'attraits.

 

Clovis, restaurateur de tableaux, est en train de faire son footing dans la forêt de Saint-Ouen qu'un message tragique lui parvient. Un incendie a ravagé le Domaine des Douves, théâtre de ses jeux d'enfant, et le corps retrouvé dans les ruines fumantes serait celui de sa grand-mère, Phéodora. Il traverse la France pendant des heures pour rallier les lieux, et redoute de revenir sur se lieux magnifiques et cruels. Lorsqu'il arrive, les lieux presque inchangés, mais aussi la catatonie du policier qui l'avait contacté devant le puits de l'oubli font remonter de nombreux souvenirs à la surface : les fêtes somptuaires données par son clan, le mutisme de sa grand-mère, les errances de sa mère avant sa noyade dans les douves du domaine... Mais aussi sa jeunesse de peintre maudit à Paris, avec ses toiles toxiques (au sens premier du terme), une toxicité qui lui permet de jeter son enfance torturée aux orties, ou plutôt dans la Seine.
 

Le ton est très vite donné dans le roman : on a l'impression que la pourriture, la corruption, l'horreur sont à portée de mains, qu'il suffit de fermer les yeux pour toucher du doigt ce pourrissement généralisé. L'ensemble du récit baigne dans une atmosphère d'étrangeté, entre ces créatures fantasmées (mais que l'on peut imaginer grâce notamment à leur identification via des noms-valises), les actions qui sortent de l'ordinaire. Ce Domaine des Douves dans lequel revient Clovis est un endroit hors du temps, hors du monde, mais auquel il est irrémédiablement lié. C'est délirant, un peu à la manière de ce qu'un Boris Vian a fait en son temps. Dès lors, si l'on choisit de suivre Benjamin Planchon dans son délire, il faut se laisser porter, prendre pour argent comptant toute cette étrangeté, et prendre le roman pour ce qu'il est : un récit sur l'identité, le deuil, la rédemption, la résilience.

Inclassable, surprenant.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l’Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l’implacable crue de la rivière Blackwater.

Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s’apprêtent à se relever… mais c’est sans compter l’arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d’une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.

Après que James Caskey, le patriarche, ait proposé à Elinor de l'héberger en attendant qu'elle se retourne, a jeune femme se met à fréquenter Oscar, son neveu. Le mariage est bientôt prononcé, malgré les réticences fortes de Mary-Love, la mère du marié. Elinor fait l'unanimité dans la petite communauté, sauf auprès de Mary-Love, et de Bray, le jeune domestique de couleur qui travaille pour Oscar. Mais elle reste un mystère pour tous : aucun contact avec l'extérieur, Elinor dit être la seule survivante de sa famille.

Voilà une histoire qui a récemment fait beaucoup parler d'elle dans la presse et dans la sphère imaginaire française. En effet cette histoire est sortie en six livraisons mensuelles en 1983, tenant en haleine de nombreux lecteurs et lectrices. Stephen King, qu'il a inspiré pour La Ligne verte, dit de lui que c'est le meilleur auteur de romans de poche américain. C'était également un scénariste remarquable : co-créateur des mythiques Beetlejuice et L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Ici il était probablement au sommet de son art : sous couvert d'une saga familiale sus le soleil et la torpeur du Sud des Etats-Unis des années 1910-1920, il nous livre un récit dont on ne peut se détacher, car l'horreur surgit au détour du chemin, presque sans prévenir.

Il aura fallu attendre 2022 pour qu'un éditeur français, Monsieur Toussaint Louverture, décide de le publier, en financement participatif d'abord, puis dans le commerce. Au-delà du soin apporté à la traduction, assurée par Yoko Lacour avec la participation de Hélène Charrier, il y a également un souci de créer des objets particuliers : "Autant inspirés par Hetzel, que les jeux de cartes ou les tatouages, nous avons voulu créer des livres un peu fantasmatiques, une version toute personnelle des pulps, qui ne ressembleraient à aucun autre livre tout en faisant penser à tous. Chaque couverture est le résultat de très nombreuses heures de travail, que ce soit pendant sa conception ou son impression.

Elles sont toutes les six différentes mais toutes unies par un même processus de fabrication. Impression offset suivie d’une dorure noire puis d’une dorure dorée et enfin d’un gaufrage pour donner du relief et mieux capter la lumière."

 

Spooky

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