Je lis du Ketchum, et plus rien d'autre n'existe autour de moi. Je suis là physiquement mais si on s'adresse à moi, mes réponses seront :" hum humm", "ha ouaiiii", humm c'est sûr" ...trucs dans le genre, quoi. Et merde, je l'ai lu sur la journée et comme d'habitude je commence mon deuil d'avoir perdu un ami cher.
J'arrive. Cet homme a le Pouvoir et le Génie de t'embarquer en immersion absolue. Dès la première ligne. Son style d'écriture est simple, pas de chichis inutiles, à la portée de toutes et tous. L'histoire, un peu moins. Droit au but. Il sait jouer et étaler des faits simples (et malheureusement d'actualité, merde), et les transformer en pure dégueulasserie psychologique. T'es quand même proche de la Vraie Terreur. De page en page, c'est crescendo gogo.
Je ne dirai rien sur l'histoire en elle-même. Seulement qu'il émane de ce bouquin une profonde tristesse. Moins "trash" qu'Une Fille Comme Les Autres (tout dépend du ressenti personnel) mais côte à côte tout de même, mamma mia.
Le malsain/malaise est donc bel et bien là. Il plane et ne te quitte pas. Tu ne peux pas le délaisser des yeux, ce bouquin. Tu veux savoir jusqu'où l'innommable va aller. La collaboration Lucky McKee/Ketchum fonctionne du Feu de Dieu. Ces deux-là et King, Ils n'sont pas potes pour rien
Bref. C'est une histoire d'Amour, de fusion éternelle et d'humains qui ne savent plus ce qu'ils font.
Les voix se sont tues. Notre corps est fatigué, tellement fatigué. Nous regardons un instant en bas, vers l'entrée, puis nous finissons de grimper les marches, vers la chambre et la fenêtre. Et ce que nous trouvons au-delà de la fenêtre, est confortable et sûr. Une simple couverture au milieu de la nuit orageuse et sans étoiles, notre véritable foyer, dans cette maison familière que nous avons aimée, qui a été "chez nous" mais qui ne l'est plus, d'où tant d'amour s'est enfui. Si nous pouvions pleurer, nous pleurerions. Nous nous nichons là pour la dernière fois. La dernière...
PS : Le remerciement à Guillermo Del Toro, à la fin. Peut-être pour l'aura poétique qu'on retrouve dans ses films et qu'on retrouve ici même. Peut-être.
J'avais découvert Christopher Priest avec son classique Le Monde inverti, il y a déjà pas mal d'années. Après une longue coupure, c'est le visionnage de l'excellent film Le Prestige qui m'a envoyé vers le roman original, dont il est l'auteur. Et c'est le bandeau "Prix Bob Morane", "Prix de la British Science Fiction Association", "John W. Campbell Award" qui m'a mené à nouveau vers lui.
Ce roman, si on peut l'appeler ainsi, prend pied dans l'Archipel du Rêve, qui a donné son nom à un autre roman, écrit en 1981. 32 ans plus tard, il y revient, avec un principe proche : des récits plus ou moins courts, interconnectés, qui tissent une toile narrative complexe, une toile au sein de laquelle sont nichés des morts mystérieuses, des phénomènes inexpliqués, sous couvert d'un guide de voyage consacré à certaines îles remarquables, parmi les milliers que compte l'Archipel. Si l'on est dans une zone géographique, voire une dimension fantasmée, l'époque décrite est proche de la nôtre, du fait, par exemple, de l'existence d'internet. Il y a quelques personnages, dont certains sont récurrents : des artistes, des journalistes, des personnages politiques, qui sont quasiment inoubliables. Tout n'est pas résolu, tout n'est pas dévoilé, loin de là, dans cet opus, et nul doute que la lecture de l'Archipel du Rêve constitue un complément plus qu'utile.
Cependant la lecture des Insulaires se révèle au pire enthousiasmante, au mieux, galvanisante. Plusieurs récits encapsulés ont la densité et la qualité de vrais romans, et l'écriture de Priest, traduite avec brio par Michelle Charrier, permet de passer un excellent moment de lecture de ce livre-univers. Il va falloir que je me penche sur plusieurs autres de ses récits.
Dans un futur pas si lointain, les planètes colonisées par la Terre se sont rebellées. Au prix d’une guerre sanglante, les colonies ont acquis leur indépendance. Un siècle a passé sous l’égide d’une paix qui semble désormais durable. Néanmoins, un incident inexplicable frappe un transport de troupes de la flotte coloniale, scène d’ouverture pour le moins prometteuse qui ouvre sur pas mal de questions. Cela pousse les militaires qui dirigent la Confédération des Planètes Colonisées à déclencher le plan « Guerre Spéciale » afin de parer à toute menace. L’enjeu : dénicher au sein des jeunes générations les ados dotés d’un potentiel secret susceptible d’être porté à son plus haut niveau, via un entraînement au sein de l’académie militaire.
J'ai vu deux filiations dans le roman de Mauméjean : les romans SF de Robert Heinlein et Joe Haldeman, centrés sur la guerre, mais aussi la Stratégie Ender, d'Orson Scott Card, dans lequel on forme des jeunes (très jeunes) recrues à attaquer des extraterrestres, et qui se passe au sein de l'académie militaire. C'est aussi le cas pour la Guerre spéciale, qui a pour héros un trio d'aolescents canonique : le musclé pas très malin, la petite asiatique qui fait tourner les têtes et battre les coeurs, et le petit malin, issu des couches les plus modestes. L'atmosphère scolaire est habilement construite, entre gentils enseignants et figures d'autorité, voire de terreur.
Mais... Mais on attend presque tout le roman que le récit prenne son envol, après un prologue un peu alléchant, où l'on voit un officier abattre froidement tous les occupants de son bâtiment. Mauméjean semble coincé entre l'hommage à ces patriarches de la SF et le roman "de commande", qui se doit de rester dans certains clous. oh bien sûr, on a quelques éclairs, sur l'importance de la connaissance, sur l'obéissance militaire, mais cela reste fugace. Et la fin est d'une platitude absolue, venant achever le sentiment de déjà-vu qui caractérise le roman. Un lecteur adulte, ou chevronné sur la SF, s'ennuiera une bonne partie de sa lecture. En revanche, un jeune lecteur (à partir de 11 ans) y trouvera un récit sympathique, didactique sans être chiant, et indéniablement bien écrit.
Il m'est arrivé de participer à des campagnes de crowdfunding, sur ulule ou ailleurs, souvent sur des projets auxquels je croyais, et le hasard a la plupart du temps bien fait les choses. Une fois de plus, avec Darryl Ouvremonde, la pioche fut bonne. Il faut dire que les noms associés avaient de quoi allécher. Rémi Guérin, scénariste au nez creux du "manga français" City Hall, Nicolas Mitric, qui préside actuellement, entre autres, aux destinées de la saga intergalactique Kookaburra. Mais surtout Olivier Péru, qui a commencé entant qu'auteur de BD avec son frère Stéphane, avant de se consacrer à l'écriture, d'abord en BD, avec entre autres Zombies, mais également dans le roman, avec les très réussis Druide et l'ambitieux Martyrs.
Darryl Ouvremonde est sa création, en quelque sorte son message d'amour à son cadet Stéphane disparu subitement il y a quelques années. Un récit qu'il a écrit dans son coin pendant 7 ou 8 ans, avant d'en parler à ses deux compères précités, avec lesquels il a lancé un studio de création, Termites Factory.
Darryl Ouvremonde est un livre-monde. Il comporte 600 pages pour le roman, et de nombreux bonus dont je parlerai plus loin.
Collégien à Montréal, Darryl semble être un adolescent ordinaire.
Il fugue pourtant toutes les nuits... C'est qu'il a fort à faire dans l'Ouvremonde, où il exerce le métier de journalyste. À dire vrai, il n'est encore qu'apprenti, mais grâce à son courage et son pouvoir sur les Glyphes liant les mondes entre eux, Darryl compte bien écrire un jour pour le Veilleur, le quotidien le plus respectable de l'Ouvremonde.
À ses yeux, une enquête, c'est une quête ! Hélas, dans certaines quêtes, il arrive qu'on perde un peu plus que des plumes. C'est ce que risquent de découvrir Darryl et son maître, le célèbre Tortup, dont le mauvais caractère n'a d'égal que le talent pour le scoop.
Leur prochain artycle les entraîne tous deux sur l'île de Croque-Corbeau car une insaisissable rumeur prétend que les habitants de ce triste bout de terre ont disparu en une nuit. Qu'y a-t-il à découvrir là-bas où jamais personne n'a écrit un bon papier ? Rien de moins qu'un mystère qui pourrait changer l'Ouvremonde... et le nôtre.
J'ai ADORE ma lecture. Encore une fois Olivier Péru nous fait profiter de sa plume élégante et agile. Son univers est bien posé, très cohérent en termes de créatures et de decorum, et ses personnages sont riches et complexes. J'ai beaucoup aimé les deux adolescents dont on suit les aventures en parallèle dans les deux mondes, puis lorsqu'ils sont réunis et à nouveau séparés. J'ai eu peur à un moment qu'on se retrouve avec un groupe un peu trop fourni de héros, à l'image de Goonies (une influence citée dans le roman), mais il n'en est rien, on perd peu de vue les deux personnages principaux.
Il y a beaucoup d'autres références à la pop culture dans Darryl Ouvremonde : Resident Evil pour certaines ambiances et personnages zombiesques, Les livres dont vous êtes le héros pour certains passages dans le Monde blanc, ou encore la série videoludique des Zelda pour qualifier le decorum typiquement fantasy de l'Ouvremonde. Les plus grands créateurs sont également cités : HP Lovecraft, Stephen King (pour son cycle de la Tour sombre) ou encore Tolkien, sans parler de George Romero, le cinéaste amateur de zombies qui nous a quittés il y a peu... Que des bonnes références donc, pour un one-shot qui fait rêver, voyager, et même un peu réfléchir avec la postface de Péru, qui replace l'ensemble dans son histoire personnelle.
Il y a donc quelques bonus de qualité, comme des nouvelles, prenant pied dans le même univers, écrites par Patrick Mc Spare, compère de Péru sur la série des Hauts Conteurs (une histoire policière très bien menée), Jean-Luc Cano et Rémi Guérin, lequel se met dans la peau du regretté Stéphane Péru. On trouve ensuite une galerie conséquente des portraits de Princes architectes, des portraits sans doute inspirés par des amis des auteurs. Une demie-douzaine d'illustrateurs a participé en livrant des illustrations disséminées dans le roman (mélangées à celles de Péru). L'ensemble est juste magnifique. Il y a également des tas de fanarts de "copains", avant que l'ouvrage se termine par la liste complète des ululeurs ayant participé au financement et les remerciements de Guérin et Mitric.
Grande qualité donc, que je vous invite à découvrir via le lien ci-dessous. Pour lire le roman, il fallait hélas faire partie des 850 souscripteurs. Peut-être y aura-t-il un jour une réédition dans le circuit commercial classique, ou même une adaptation au cinéma ? En tous les cas, vous serez prévenus.
Pour en savoir plus, vous pouvez aller sur la page ulule du projet. a noter qu'il a été financé en 13 minutes et 20 secondes, ce qui doit en faire l'un des projets les plus rapidement financés sur la plate-forme.
Sébastine, collégienne maladroite au grand cœur, se réveille un matin avec des oreilles de chat sur la tête et de mystérieux pouvoirs. Catapultée super-héroïne du jour au lendemain, la jeune fille va devoir apprendre à maîtriser cet étrange cadeau. Mais dans l'ombre, d'anciennes forces maléfiques complotent pour instaurer le chaos sur terre. Leur arme : manipuler les esprits tourmentés.
Voici le premier volume des aventures de Sébastine, adolescente débrouillarde de notre temps. Mais surtout l'occasion, pour son auteure, de parler avec leurs mots de problèmes pouvant toucher des pré-adolescentes. Ici les abus sexuels sur un enfant. L'intention est louable, bienvenue, et ma foi assez compréhensible pour un(e) primo lecteur/trice.
C'est, à ma connaissance, le premier roman (ou plutôt novella, puisque l'ensemble ne compte que 150 pages au format poche) d'Elinska, jeune auteure pleine de bonnes intentions. On sent cette jeunesse dans l'écriture, qui manque un peu de liant, même si elle se veut relativement crédible, surtout au niveau des dialogues, mettant en scène des collégiennes. De même son héroïne, censée être maladroite, ne l'est que l'espace de quelques pages ; après l'acquisition de ses pouvoirs elle est très sûre d'elle, et mieux, connaît déjà plein de formules magiques... Un brin de relecture/correction n'aurait pas non plus fait de mal, mais ce n'est pas toujours évident au sein des petites structures comme les Editions Et toc !
Elinska scande ses chapitres de petites illustrations au style manga très affirmé, et même assez plaisant sur certaines.
Un roman qui souffre de quelques menus défauts du fait de la jeunesse de son auteure, mais dont le but - informer les très jeunes filles des dangers des pédophiles- est atteint. A recommander aux préadolescentes avides d'aventures. Le volume suivant sortira dans quelques temps.
Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…
A peine sorti en 2015, ce roman a bénéficié d'un buzz exceptionnel, comme quoi il s'agissait d'un thriller mémorable, dont les droits d'adaptation ont été acquis par Spielberg, qu'il a été vendu à plus de 10 millions d'exemplaires, blablabla... Publié en France par Sonatine, qui s'est fait connaître grâce au Livre sans nom, il y avait de quoi se poser la question... Attisé par la curiosité, j'ai voulu me faire ma propre idée.
Cela commence bien, voire très bien, avec l'histoire de cette jeune femme qui est tuée, et ce thriller sentimental qui s'enclenche peu à peu. L'originalité de l'histoire tient dans cette idée de faire d'une passagère de train le témoin malgré elle d'un drame qui s'amorce. Mais dès le premier tiers, cela s'enlise dans la romance limite cucul, des aller-retours entre trois maisons, et un triangle amoureux à six côtés. L'intrigue peut se résumer à trois questions : "Est-ce qu'il/elle m'aime ?" ; "Est-ce qu'il/elle me trompe ?" ; "Et si c'était lui ?". Car figurez-vous que le meurtrier est FORCEMENT un homme. J'aurais aimé être surpris, avoir droit à la culpabilité du personnage le moins soupçonnable, ou à une cabale. Au cours du roman, j'avais envie de rajouter à la liste "Il reste des frites ?". La toute fin rattrape un peu les longueurs (pourtant le roman n'est pas très long, 420 pages en poche, ce qui est peut-être long pour un thriller de ce calibre).
Pourtant, j'avais envie d'aimer ce livre : Hawkins écrit bien, enfin, pas mal du tout pour un premier roman, elle arrive à nous faire mettre dans la tête de ses héroïnes, au nombre de trois, lesquelles ont des fêlures, des démons qui les empêchent d'agir rationnellement. Je n'ai pas vu le film qui adapte le roman, mais il est possible, du coup, qu'il ait gommé ou estompé les longueurs du roman.
Bref, un thriller "domestic" (terme consacré Outre-Manche, apparemment) dont le pitch et certains éléments sont loin d'être inintéressants, mais qui ne mérite tout de même pas le battage médiatique qui a été fait autour.
Elles touchent les aides sociales et ne rêvent que d’une chose : devenir des stars de reality-show. Sans imaginer un instant qu’elles sont la cible d’une personne gravement déséquilibrée dont le but est de les éliminer une par une. L’inimitable trio formé par le cynique inspecteur Carl Mørck et ses fidèles assistants Assad et Rose doit réagir vite s’il ne veut pas voir le Département V, accusé de ne pas être assez rentable, mettre la clé sous la porte. À condition que Rose, plus indispensable que jamais, ne se laisse pas assaillir par les fantômes de son propre passé...
Depuis ma rencontre avec Jussi Adler Olsen l'an dernier et les différents éléments qu'il a su évoquer devant une petit aréopage de blogueurs, j'étais curieux et impatient de lire ce septième opus des enquêtes du Département V. Comme promis, en parallèle, ou plutôt entremêlée à l'enquête, qui porte sur plusieurs affaires, nous sommes également dasn la tête de Rose. Son secret, cette histoire familiale qui lui pourrit la vie et la rend psychotique, va enfin trouver sa résolution. Mais les séquelles, pour elle comme pour ses collègues et amis, seront certainement importantes, d'autant plus que certains reviennent aux affaires...
Ce volume 7 entame d'ailleurs la deuxième phase de la série, avec une suite de révélations sur les secrets que gardent les principaux protagonistes en eux. Le volume 10 bouclera le tout, mais ce sera dur de tenir jusqu'à 2020...
Mais revenons à l'enquête principale, avec ces bimbos qui sont prêtes à tout, ou presque, pour continuer à profiter du système et se faire une place au soleil en en faisant le moins possible et cette assistante sociale qui s'occupe de leur cas et semble au bord de la crise de nerfs... Encore une fois Adler Olsen nous propose une étude de la société danoise -la sienne- très fine, au travers des laissez-pour-compte, de ceux qui se battent, au détriment de leur vie et de leur santé mentale, pour maintenir l'ordre, et de ceux qui aident les laissés-pour-compte, en dépit de leurs convictions profondes...
Adler Olsen livre encore une fois un polar qui en dit beaucoup sur la séociété danoise, sa déliquescence, due en partie à l'incompétence de ses dirigeants. Fort, très fort, même si j'ai senti une baisse de rythme au milieu du roman.
Elle mit bas au petit matin, sur la table de la cuisine. De violentes contractions l’avaient réveillée. Elle braillait à pleine gorge, elle pensait qu’elle allait mourir.
À Pigalle, le crime ne dort jamais. À l’heure où les rapaces croisent les oiseaux de nuit, le vieil Antoine trouve un nourrisson dans un meuble abandonné sur le trottoir et décide de lui offrir un nouveau foyer. Jusqu’à ce qu’un inconnu lui fracasse le crâne et lui enlève l’enfant. Le brigadier Muriel Hardy prend en charge une enquête où tout, étrangement, semble lui échapper. Dans ce quartier de malheur bat le pouls de la violence mais y répondent aussi, parfois, la justice et la solidarité.
Après Le Vampire de Bacalan, Jeanne Faivre d'Arcier change de registre pour nous livrer un roman -court- au contenu hybride. L'action se passe entièrement à Pigalle, quartier populaire, touristique et chaud de Paris. La plupart des protagonistes sont les occupants d'un immeuble typique du quartier, entre artistes, prostitués, marginaux et bourgeois décadents. Une micro-société surprenante, touchante, effervescente...
Au-delà de cette histoire d'enfant recueillie par cette équipe de bras cassés, l'intention de l'auteure est pour moi de nous dépeindre cette faune pigallienne toute particulière, qui semble plus ou moins figée dans le temps, dont les fêlures et les histoires pourraient faire l'objet de plusieurs histoires très riches. Pour ce faire, Jeanne Faivre d'Arcier utilise un langage foisonnant, accessible (pas trop d'argot parisien), et des scènes fortes, comme celle où le bébé traverse presque littéralement les murs et les plafonds de l'immeuble pour échapper aux investigations d'une gendarme en plein doute existentiel. On n'est pas loin du vaudeville, un genre qui se prête bien au cadre.
Encore une fois JFdA a su faire preuve d'une écriture inventive pour raconter l'un de ces petits drames de la vie.
Bon, tout le monde la connaît l’histoire du pauvre type obligé de se farcir un circuit mal fléché pour se débarrasser d’un anneau pourri dont il a hérité – encore merci, cousin ! Arrivé là, y a pas de raison pour que vous échappiez au récit des origines ô combien passionnantes de tout ça – si, si, j’insiste – avec le fameux Bingo le Posstit encore jeunot. On vous fera la totale : les pieds poilus dégoûtants, le magicien bien chargé, les Nains (ou les nains d’ailleurs, allez savoir pour la majuscule), un pur dragon de compet’, l’inévitable trésor (c’est inclus dans le forfait), et comme promis, la babiole super magique (donc forcément appeau à embrouilles).
Moi j’dis, y a de quoi en faire trois films !
Tout le monde l'aura compris, nous sommes dans une parodie du Hobbit. Paru en 2003 en VO, puis en 2007 (2012 pour la présente éditione en poche), ce roman reprend les grandes lignes du roman de Tolkien, mais s'autorise -forécement- de grands libertés dans le contenu. J'ai souvent du mal avec les parodies, car je trouve qu'elles partent dans tous les sens, sans vraiment être un projet autre que "on va planter des tas de délires". Mon avis sur celle-ci est mitigé. Autant Adam Roberts (auteur d'autres parodies) a une belle plume, très agréable lorsqu'il se laisse porter.
Bien sûr, l'imagination est là, mais en termes de jeux de mots, la plupart m'ont laissé de glace. L'auteur part bien sûr dans pas mal de dérapages à plusieurs niveaux, mais du coup on se perd parfois dans l'histoire... Et puis faire de Snob le dragon une sorte de double de Tolkien (parce que c'est un philologue), je n'ai pas trop su quoi en penser, car le personnage est assez chiant.
A noter un passage d'une trentaine de pages sans AUCUNE trace d'humour, qui correspond à la Bataille des Cinq Armées. Pour le coup, je n'ai pas compris ce parti-pris, même si en soi ce passage est plutôt bien écrit.
Bref, une lecture un peu mitigée, mais à connaître pour les tolkienophiles.
Dans la chambre 217 de l’hôpital Kiner Memorial, Brady Hartsfield, alias Mr Mercedes, gît dans un état végétatif depuis sept ans, soumis aux expérimentations du docteur Babineau.
Mais derrière son rictus douloureux et son regard fixe, Brady est bien vivant. Et capable de commettre un nouveau carnage sans même quitter son lit. Sa première pensée est pour Bill Hodges, son plus vieil ennemi…
Stephen King boucle, avec ce roman, la trilogie commencée de façon remarquable avec Mr Mercedes, et continuée de manière magistrale avec Carnets noirs. Il revient au sujet d'origine, à savoir le Mr mercedes du titre, pour un retour vraiment inattendu, même si la fin du premier roman laissait présager l'argument de ce retour. Bref, on retrouve Hodges, en compagnie de son assistante (enfin, désormais associée) sociopathe Holly, et de Jerome, le jeune chic type.
J'ai trouvé cette conclusion un brin en-dessous de Carnets noirs. King avait bien sûr envie de boucler la boucle, de donner une destinée -heureuse ou dramatique- à ses personnages, mais j'ai parfois eu l'impression, au fil des pages, qu'il ne savait pas trop où il allait. Jerome ne sert presque à rien, Holly me semble moins percutante dans son comportement si particulier, et quant à Hodges... J'aurais préféré que King lui donne un autre destin. La fin n'est pas forcément celle à laquelle on pourrait s'attendre avec l'écrivain, mais là où il sait nous surprendre dans le bon sens, il peut le faire dans le mauvais.
Malgré ces reproches, qui ne sont pas anodins, j'ai trouvé la lecture de cette Fin de ronde assez plaisante, comme souvent avec l'auteur, avec cette langue riche pouvant jouer sur plusieurs niveaux. On fait d'ailleurs une petite incursion dans le fantastique avec cet opus, même si les nouvelles technologies sont également présentes.