Hobbit... Quel mot étrange... David Day, écrivain canadien spécialiste de Tolkien, s'est penché sur la question dans cet ouvrage intitulé The Hobbit Companion, illustré par Lidia Postma. S'attachant à ce qui fit l'essence de l'oeuvre du Professeur, il se base sur la langue, ou plutôt les langues pour analyser ce mot ainsi que d'autres qui l'entourent ou le composent. Ainsi le terme Hobbit, dans un dictionnaire de langue anglaise fantasmé, est-il entouré de termes qui pourraient le définir, tels hoax (blague, canular), hob, (furet, belette), hobbledehoy (jeune homme gauche, grand dadais), hoblike (drôle, rustaud), hobnob (boire, trinquer)... Nous avons ainsi les analyses sémantiques de Bilbo, Baggins, Gollum, Brandybuck, Took, Bag End, puis par glissement Thorin et Gandalf (premiers compagnons de Bilbo dans Bilbo le Hobbit), Smaug, Frodo et ses amis (Sam, Pippin et Merry). Day revient par la suite sur la vocation cachée de Bilbo, à savoir devenir un hobber, c'est à dire un chapardeur...
Loin de moi l'idée de taxer David Day d'incompétence (son Tolkien's Ring, par exemple, est reconnu comme un ouvrage de premier plan), mais force est de constater que cet ouvrage est d'une légèreté rédactionnelle assez effrayante. La plupart du temps Day se contente d'accoler les termes anciens ayant inspiré Tolkien, avec leurs significations propres (en vieil anglais, en allemand, en norvégien ancien) ; cela se justifie pour les langues anglo-saxonnes, mais lorsque Day cite le français (pas forcément ancien) et le grec antique, cela me laisse pantois. Je soupçonne le traducteur d'avoir "arrangé" certains cheminements sémantiques à sa sauce, pour rendre l'ouvrage plus accessible aux Français ne connaissant pas grand-chose aux langues anglaises. Je trouve que c'est limite une insulte à l'intelligence des lecteurs de Tolkien... D'ailleurs si on regarde de plus près le texte, on se rend compte que cette traduction est assez approximative, ne se référant que très vaguement aux textes de Tolkien, même traduits.
Autre constatation négative : Day focalise complètement son analyse sur les éléments présents dans Bilbo le Hobbit, bien évidemment une mine d'or sur le sujet, mais se détourne de façon coupable du Seigneur des Anneaux, traité seulement au sein d'une demi-douzaine de pages sur les 92 de l'ouvrage... Pourtant il y a 4 Hobbits présents presque en permanence dans le roman...
Rajoutez à cela de nombreuses redites (y compris des phrases entières copié-collées successivement), et vous obtiendrez un ouvrage mal écrit, traité par-dessus la jambe par l'éditeur (incapable de relire une bibliographie visiblement composée à la hâte), et en plus illustré par des dessins d'une laideur à pleurer. Le pire bouquin sur Tolkien que j'aie jamais lu. Il en fallait un, je l'ai trouvé.
Spooky.