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Je l’ai déjà clamé sur tous les toits, et dans le présent fanzine (oui, j’exagère, mais c’est moi le rédac’chef, hahahah), mais je considère Stephen Baxter comme le digne successeur d’Arthur C. Clarke, l’un des plus brillants auteurs de “Hard SF” des années 1950 à... nos jours, puisqu’il vient juste de décéder. Il utilise toutes les connaissances actuelles de la science pour imaginer ce qui pourrait en découler, et livrer des romans brillants dans leur rigueur et leur propos, mais un peu difficiles à digérer de par l’aridité de son écriture (Voyage, Titan...). Son dernier roman sorti en France, Evolution, témoigne une fois encore de ce défaut (qui court sur plus de 700 pages), mais cette fois-ci sa technique s’est quelque peu retournée ; ainsi, ce n’est plus (pour l’essentiel) de la prospective, de l’anticipation qui fait le terreau sur lequel il élève son arbre fruitier, mais bien de l’histoire supposée.
L’ambition d’Evolution est vaste, mais inscrite dans son titre même. Proposer une histoire de l’évolution qui a mené à l’Homme, depuis un petit mammifère vivant il y a 65 millions d’années, jusqu’à son futur, 500 millions d’années dans le futur. Oh bien sûr, des humains vivant à notre époque, des archéologues qui plus est, servent de pivot, mais les neuf dixièmes du bouquin sont découpés en longues nouvelles (une vingtaine en tout) où l’on suit un personnage (une femelle essentiellement) présente à un moment-clé de notre histoire, ou plutôt de notre proto-Histoire la plupart du temps. Car, une fois n’est pas coutume, Baxter se montre plutôt inventif dans les récits se déroulant dans le passé, plus que dans celles se déroulant dans le futur. Etrange paradoxe, car l’essentiel de sa fiction rétrospective se base, comme il l’avoue lui-même, sur des suppositions pas forcément fondées, en accord avec les connaissances que nous avons de nos ancêtres. Il en résulte un ouvrage baroque, bancal, sombre le plus souvent, car l’humanité est née du chaos. Elle causera sa propre perte, et disparaîtra après avoir dévasté sa planète, si riche de promesses jusqu’à son arrivée. Dans le torrent des siècles, Baxter a pêché des éléments par-ci par-là, donnant des scènes dramatiques, comiques, intenses... ce n’est pas une thèse, mais une fiction qui se termine sur une chaîne moléculaire étincelante, partie de Purga (le mammifère qui a tout “déclenché”), avait traversé des générations de créatures qui avaient grimpé, bondi, appris à marcher et à arpenter le sol d’un monde différent. A la fin de la chaîne, ces créatures étaient redevenues petites et sans conscience, étaient remontées dans les arbres. L’ouvrage se termine sur l’image d’une étrange symbiose entre l’ultime petite-fille de Purga et les arbres. Riche en poésie darwinienne (si tant est qu’on puisse associer ces deux termes), Baxter réussit son pari à écrire une Histoire de l’Humanité excitante et plausible, mais échoue encore une fois à intéresser son lecteur.