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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

http://www.livredepoche.com/sites/default/files/styles/cover_book_focus/public/media/imgArticle/LGFLIVREDEPOCHE/2012/9782253169697-T.jpg

 

May, dix ans, est peut-être en train de mourir. Le Dr Goldberg l’a envoyée dans la maison ronde, au milieu de la forêt, rejoindre Thomas et Lola, Nora et la docteure Anne, chargés de distraire les enfants malades. Et de leur apprendre le monde. Un monde qui ressemble au nôtre. Mais qui en est prodigieusement distinct et distant. Où tout est différent, subtilement ou violemment. Encore heureux qu'il y ait le changement, sans lequel la vie ne vaudrait pas d'être vécue. Et l'Extension, si vaste qu'elle cache peut-être ce que May nomme en langage grimm’s mondo paradisio.

 

Michel Jeury, au début des années 1970, a changé la science-fiction avec sa trilogie, Le Temps incertain, Les Singes du temps et Soleil chaud poisson des profondeurs. Il revient au crépuscule de sa vie d'auteur avec ce roman gigogne, qu'il appelle lui-même son testament au genre. J'ai été désarçonné presque d'entrée de jeu, et j'ai dû cravacher en cours de lecture pour raccrocher les wagons. Car ce roman se déroule dans un monde en déliquescence, un monde qui tourne autour de May, laquelle, ainsi que les autres personnages (si j'ai bien compris), créent d'autres réalités, générées par des changements. A l'issue de ces changements, chacun n'est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, et garde un vague souvenir de sa vie passée. C'est assez déroutant, car ils changent aussi de noms, de caractères...

 

Là où Jeury m'a vraiment touché, surpris, c'est dans l'invention d'une sorte de novlangue, un Espéranto fortement inspiré du français avec des touches d'anglais, composé parfois de mots-valises, parfois de termes tronqués tout aussi évocateurs... Il y a ainsi plusieurs niveaux de langage, plusieurs "langues" suivant le plan de réalité -ou la phase- où l'on se trouve, ce qui donne une véritable identité à ce roman.

 

Jeury n'exclut pas le souci de l'écologie, l'attention à l'autre au travers de son personnage de May, une adolescente un peu frivole mais aussi attentive au monde qui l'entoure (animaux, hélicoptères...). Il y a de la poésie dans May le Monde, c'est indéniable.

 

Et au final, Jeury ne tranche pas : avons-nous simplement suivi une histoire avec des identités multiples, ou s'agit-il simplement d'une sorte de mécanisme de défense de la petite May, dans un état critique ? C'est dans cette ambigüité, à mon sens, que tient le véritable intérêt du roman. Dans le doute.

 

Spooky

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