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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Personnalités

Un samedi soir, au Grand Rex (à Paris)...

 

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Trois jours après l'avoir croisé fugacement pour une séance de dédicaces, me voici donc en train de faire la queue pour avoir une belle place dans cette belle salle de 2 800 places. Il faisait froid, et certains étaient présents depuis 5 heures lorsque l'accès à la salle est autorisé. Chaque visiteur se voit remettre un exemplaire de Docteur Sleep. Surprise, une centaine d'entre eux est signée par l'auteur. 

 

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Voici une heureuse gagnante... 

 

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Nous nous installons au chaud, et au bout de quelques minutes Augustin Trapenard, animateur télé (le Grand Journal, sur Canal+), enseignant en littérature anglaise et américaine et critique, arrive pour introduire la vedette américaine, à savoir Stephen King. Reçu sous les ovations, l'auteur, accompagné d'un traducteur (Xavier Combes) est surpris par l'enthousiasme général, loue la beauté de la salle, et s'installe pour répondre à quelques questions, d'abord de l'animateur, puis au bout de quelques minutes, de l'auteur Maxime Chattam, lui aussi édité par Albin Michel.

 

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Puis le public est invité à poser quelques questions, avant que la soirée ne se conclue par une lecture par King des deux premières pages de son roman.

 

Je ne vais pas vous faire un compte-rendu exhaustif des échanges, mais ayant pris des notes, je vais vous donner quelques idées fortes. Attention, si vous ne connaissez pas l'oeuvre de King, il y a quelques spoilers, que je signale par des balises [SPOILER].

 

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(oui, j'ai souvent pris en photo l'écran géant qui retransmettait en direct au-dessus de la tribune, c'était plus net avec mon appareil)


Le King a commencé la séance en agitant un scorpion en plastique devant le nez de l'animateur (le coquinou), puis a déclaré que 5 à 10% d'entre nous, excités par ce rendez-vous, ont oublié de fermer leur porte à clé. Et qu'en rentrant, nous allions nous demander si quelqu'un n'était pas rentré par effraction. Il était ainsi sûr de nous gâcher la nuit.

"Si je vous transmets ma peur du noir, je suis HEUREUX."

 

A la question sur le choix vers lequel de ses romans s'est porté King pour faire une suite, [SPOILER] il a rétorqué "Une suite à Carrie ? Mais elle est morte ! Que pourrais-je faire ?"[/SPOILER]

 

Quand on lui demande ce qui lui fait peur, au-delà de la réponse classique qu'il a lui-même installée dans l'inconscient collectif "les clowns" (cf. Ça), il nous a parlé des camping-cars. C'est chiant à doubler sur les autoroutes, on ne peut pas voir qui est à l'intérieur car les vitres sont teintées, ils ont des zones réservées sur les aires de repos. Si le Mal se tapit quelque part, c'est bien dans ces engins diaboliques.

 

Sur la figure enfantine largement présente dans son oeuvre, il a répondu qu'il s'agissait de symboles vivants de l'imagination. Si par exemple on dit à un enfant que le Père Noël ne peut passer par un conduit étroit de cheminée, il vous répond qu'il saura passer quand même. Si vous n'avez pas de cheminée, il passe par les conduits d'aération, et ainsi de suite.

 

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Sur ses goûts, King a cité la série Breaking Bad (suscitant une ovation dans la salle), Sons of Anarchy, et parmi les auteurs qui l'ont inspiré au début de sa carrière, Ray Bradbury, Robert E. Howard, Howard Phillips Lovecraft et Richard Matheson. Parmi les films, Le Projet Blair Witch lui a fichu une trouille bleue.

 

La Tour sombre est clairement la clé de voûte, ou le pivot, de son oeuvre. Mais il n'en a pas fini avec cet univers si particulier, et y reviendra sans doute, par exemple au sujet de la mort des compagnons de Roland. S'il devait toutefois désigner un ouvrage préféré, il citerait le Fléau. Cependant, après l'accident de 1999 qui a failli lui coûter la vie (rappelons qu'il a été renversé par une camionnette sur une route près de chez lui), un roman tient une place particulière, c'est Histoire de Lisey, qui raconte l'histoire d'un amour de longue date, avec les deux membres d'un couple qui ont développé leurs propres références, leur langage ; un amour qui lui a permis de penser à celui qu'il partage avec son épouse Tabitha depuis 43 ans à présent.

 

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On lui demande de raconter sa vie d'écrivain, qu'il définit comme morne et ennuyeuse. Il se lève le matin, prépare son petit-déjeuner et celui de sa femme, promène son chien, nourrit son chat, puis se rend dans son atelier, séparé de quelques dizaines de mètres de sa maison, un endroit qu'il appelle" Woodlands". Là, il lance sa théière, allume son matériel, et entre dans sa bulle, dont il ne sort que le soir, sur le chemin jusqu'à chez lui. Dans son bureau se trouvent des posters, des livres en pagaille, un énorme Godzilla empaillé avec lequel joue sa petite-fille. Pour lui le processus d'écriture reste un mystère.

 

Lorsqu'on lui demande s'il a eu des difficultés à écrire une scène, King évoque celle, dans Shining, [SPOILER] où Danny Torrance entre dans une pièce où il ne doit pas aller, avec cette femme morte dans une baignoire, qui ouvre les yeux lorsqu'il s'approche. Il avait le coeur qui battait très fort au moment de l'écrire ; cela tombe bien, Doctor Sleep se raccroche directement à cette scène. [/SPOILER]

 

Pour 22/11/63, il a également éprouvé des difficultés à écrire la scène de la mort d'une jeune femme. Mais il ne s'autorise aucun interdit. There is no place that I won't go, dit-il. Il pense être complètement fou, mais ça lui plaît.

 

Il pense qu'il lui reste 10 à 12 ans de carrière, et dit I'll continue to write until God shut me out.

 

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Sa carrière est tout de même émaillée de collaborations avec d'autres écrivains. Parmi ceux qu'il préfère, il cite Peter Straub (avec lequel il a fait Le Talisman des Territoires), son fils Joe Hill (qui semble bbien parti pour faire aussi bien que son père, et dans le même genre) et John Mellenkamp, avec lequel il a écrit une comédie musicale. Parmi les réalisateurs qui l'ont adapté, ses préférés sont Frank Darabont (les Evadés, la Ligne verte) et Rob reiner (Stand by me). A l'évocation du nom de Stanley Kubrick (qui a adapté de façon fort décriée Shining), il dit simplement avoir souhaité bonne chance à l'équipe de production après avoir lu le script.

 

Ses personnages préférés ? Il ne peut en détester aucun, même Randall Flagg, si particulier. Il garde une certaine tendressee pour Annie Wilkes, héroïne de Misery. Interrogé sur son style, il dit ne pas en avoir, mettre son style au service de l'histoire, et pas le contraire.

 

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Un moment drôlatique est celui où King raconte le premier film qu'il a vu au cinéma, Bambi, lequel l'a terrifé lorsque Bambi demande à sa mère ce qu'il se passe, et que celle-ci lui répond que ce sont peut-être les Humains dans la forêt qui font tout ce raffut. Nous sommes les monstres. Disney a terrifié plus de gens que lui. King a pris des petites voix pour interpréter les deux biches. :)

 

Le moment le moins sympathique de la soirée fut quand une personne du public expliqua qu'elle avait fait une thèse de doctorat sur l'oeuvre de King (murmure d'admiration de la salle), et qu'en tant que tel il connaissait probablement les réponses à toutes les questions le concernant (là, l'humeur changea radicalement), avant de finir en proposant de dédicacer à King le bouquin qu'il avait écrit sur lui (et la bronca s'éleva dans les travées du Grand Rex). Il apporta son ouvrage sur scène, lequel fut à peine regardé par SK, qui le signa et le laissa sur une table en partant. La suffisance franchouillarde en plein.

 

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Pas de questions dérangeantes, rien sur sa dégénérescence oculaire, sa phobie des avions, ses orientations politiques (King est le seul auteur américain, à ma connaissance, ayant clamé publiquement être fier de payer beaucoup d'impôts), pas d'annonce au sujet de ses projets, c'est resté bien sage tout dfe même. Au final King s'est montré très à l'aise dans l'exercice, spirituel, inspiré, drôle et même facétieux. Ce fut une soirée riche en bonheurs et en moments forts. Sacrée semaine...

 

Spooky

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S
<br /> Je ne peux pas le croire, toi le pro de l'interview d'auteur ?!<br />
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S
<br /> <br /> Ben on était 2 800 dans la salle... :)<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Ah ça devait être bien intéressant en effet ! Mais dis-moi Spooky, toi-même tu n'as pas posé de question au maître ?<br />
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S
<br /> <br /> Hélas non, trop tétanisé pour ça :)<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Ca devait être génial et très interessant en vue de ton article qu'on dévore j'avoue !!!<br /> <br /> <br /> Pour Sons of Anarchy, normal étant donné qu'il fait son apparition dans un épisode ^^<br />
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S
<br /> <br /> C'était vraiment pas mal, oui :)<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Eh be ... connais pas ce bonhomme (enfin, si, de nom) mais quelle soirée t'as passée ... t'as dû savouver ... :)<br />
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S
<br /> <br /> Oui, carrément :)<br /> <br /> <br /> <br />

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