Les terres de Falanor sont attaquées par une armée de guerriers albinos. Un petit groupe de survivants s’échappe pour prévenir le roi Leanoric de l’invasion. Composé du légendaire héros Kell, de sa petite-fille Nienna et son amie Katrina, ainsi que de Saark, l’ancien champion du roi, disgracié après son aventure avec la reine. Faisant route vers le sud, le groupe est assailli de tous côtés par des créations monstrueuses qui drainent le sang de leur victime pour le ramener à leurs maîtres, des créatures mi-vampires, mi-machines. Ce sang est raffiné pour devenir de l’huile-de-sang, qui est pour eux semblable à un combustible alimentant leur corps mécanique et leur donnant l’immortalité. Mais alors que Falanor tente de repousser l’invasion, Nienna découvre la vérité sur son grand-père Kell : la légende qui fait de lui un héros semble bien plus belle que la réalité, ou bien pire…
Voilà un roman qui puise à plusieurs sources. La première d'entre elles est bien sûr le Légende de David Gemmell, maître-étalon de la dark fantasy de ces dernières années. Comme Druss, Kell est un ancien guerrier légendaire qui espérait couler une retraite tranquille, mais qui va devoir reprendre les armes pour sauver son roi, mais aussi et surtout sa petite-fille. Cet élément est nouveau, car souvent on nous dit que le vieux guerrier est... vieux, sans toujours préciser son âge. Ici la légende guerrière est grand-père d'une jeune fille de 17 ans. Il est doté d'une arme vivante, capable de prendre le dessus s'il le lui autorise. Et dans ces conditions, Kell est invincible et immortel, comme les héros de certains romans de Moorcock, autre figure essentielle du genre, mais plus ancienne.
Ces éléments relèvent de la fantasy, mais d'autres sont à rapprocher du steampunk, puisque Kell se retrouve aux prises avec des créatures génétiquement et/ou mécaniquement modifiées. Mais parfois ces modifications échouent, et engendrent des monstres mécaniques, de monstrueuses choses dont les chairs sont truffées de mécanismes, de rouages... Il me semble qu'Andy Remic n'a pas encore vraiment exploité cet aspect de son univers, et je suis curieux de voir comment les Chancres (comme sont appelées ces aberrations) seront utilisées dans la suite de la trilogie.
Un autre élément surprenant est la présence de vampires. Pas des vampires "biologiques", si j'ose dire, mais issues elles aussi de manipulations : leurs crocs sont commandées mécaniquement, et le sang qu'elles prélèvent serviront à un brassage qui leur premettra de vivre.
En parallèle des aventures de Kell et les siens, nous suivons également le parcours d'Anukis, jeune femme du clan des Vachins, d'où sont originaires ces "vampires d'airain". Son père est l'"inventeur" de ces vampires mécaniques, mais il a disparu depuis quelques temps et c'est l'objet de sa quête, dont elle ne sortira bien sûr pas indemne.
L'univers dans lequel évolue le récit est dur, les personnages sont cruels et sans merci, et l'on assiste à de nombreux combats. En cela ces Chroniques des Vampires d'airain s'approchent de l'esthétique et de la thématique de l'univers Warhammer (célèbre jeu de rôle, pour ceux qui ne connaîtraient pas). Même si l'ensemble n'est pas très original, Remic arrive, grâce à son savoir-faire d'écrivain, à insuffler un véritable rythme à l'ensemble. Il sait aussi garder une part de mystère, concernant par exemple les Moissonneurs, qui semblent aider les Vachins dans leur incessante quête de sang humain.
La suite, que j'attends de pied ferme avec ma hache, permettra sans doute de dire si cette trilogie se détache du lot. Tiens au passage, je trouve la couverture française bien meilleure que l'originale ci-dessous, qu'en pensez-vous ?
Spooky.