C’est en lisant la chronique plutôt enthousiaste de mes amies de la librairie Soleil vert que j’avais rajouté ce titre sur l’une de mes innombrables et légendaires listes de bouquins à lire. Et comme je suis toujours à la recherche de « vieux » ouvrages qui valent le coup de la lecture, celui-ci m’intéressait doublement.
Bien sûr, Le Scarabée ça ne vous dit rien comme titre. Son premier défaut est d’être sorti à peu près à la même époque qu’n monument de la littérature fantastique, le Dracula de Bram Stoker. Si le chef-d’œuvre vampirique n’avait pas été publié en même temps, nul doute que Le Scarabée aurait connu un vif succès. A l’instar de son illustre confrère il mêle une sorte d’enquête policière à des éléments fantastiques.
Ce roman prend pied dans la Londres de son époque, une ville pas tout à ,fait débarrassée des effets du fameux smog, et au carrefour de nombreuses croyances et cultures en cette période victorienne qui n’en finit d’ailleurs pas d’inspirer les auteurs plus d’un siècle plus tard. Ce roman fait preuve de beaucoup d’originalité ; en premier lieu le choix de changer de narrateur à chaque grande partie (le roman en compte quatre), ce qui permet d’avoir un récit avec une sensibilité mouvante au fil des pages. Seconde originalité, ou plutôt première vraie surprise, il y a pas mal d’humour distillé dans le récit ; entre la fille qui rabroue son père à une époque où les femmes commençaient à prendre leur indépendance, et de multiples scènes volontairement cocasses, il y a de quoi sourire au fil des pages. L’auteur propose ainsi une histoire profondément moderne, avec une écriture sans affectation, jouant habilement entre action échevelée et introspections parfois surprenantes. C’est en cela également qu’il aurait pu avoir plus de succès. Car un siècle plus tard ce roman n’a pas pris une ride, ou presque, et pourrait se passer de nos jours en ajustant simplement certains éléments. Le dernier quart du bouquin est une poursuite effrénée, sous la houlette d’un détective, l’humour est encore plus présent, à tel point qu’on a même quelques regrets à quitter certains des personnages du roman quand survient la fin, qui elle est un peu précipitée. En sus se trouve un épilogue que j’ai trouvé étrangement étranger à l’histoire, comme s’il avait écrit par quelqu’un d’autre…
Mais au fait, de quoi ça parle ? Eh bien tout simplement d’une sorte de complot qui semble prendre Paul Lessingham, brillant député de la Chambre des Communes, basé sur des éléments égyptologiques. Le Scarabée du titre, sans trop en dévoiler, semble être une créature métamorphique aux intentions peu louables, mais encore nébuleuses sur une bonne partie du roman. Sachez seulement que la mythologie égyptienne antique est présente sans tenir une place trop importante, et que l’auteur compense sa probable méconnaissance du sujet par des artifices intelligents.
Un classique inconnu à recommander à tous les amateurs de littérature fantastique victorienne.
Spooky.