Vous avez certainement vu cette affiche un peu partout. Eh oui, Christophe Gans, le surdoué malheureux du cinéma français s'est attellé à l'adaptation live de l'un des plus célèbres jeux video d'horreur, Silent Hill.
Le jeu a connu plusieurs opus (4, me semble-t-il), et vu que les adaptations de ce genre se multiplient, celle-ce était à prévoir. C'est donc à Christophe Gans, réalisateur frustré du Pacte des Loups et de Crying Freeman que Samuel Hadida a décidé de confier le film, à partir du script de Roger Avary (Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Killing Zoe).
Epaulé par Nicolas Boukhrief (Le Convoyeur), Gans réalise un film dont l'histoire de fond vient des numéros 1 et 3 du jeu. Il emprunte toutefois son esthétique au numéro 2 et les mouvements de caméra au numéro 3. Le film est ambitieux, puisque 106 décors ont été réalisés uniquement dans ce but. Le tournage a eu lieu au Canada. C'est le character designer Patrick Tatopoulos (Stargate, Independance day, Godzilla, Pitch Black, les Chroniques de Riddick, I, Robot et Underworld) qui s'est chargé des effets spéciaux des créatures du film.
Silent Hill raconte le calvaire d'une mère, Rose, qui perd sa fille aux abords d'une ville abandonnée, Silent Hill. Sa fille adoptive Sharon rêvait depuis longtemps de revenir dans cette ville, qu'elle dit être "chez elle". Au fil de ses recherches, Rose va découvrir que la ville n'est pas si morte que ça, et qu'elle recèle d'étranges créatures...
Pendant des années le jeu a hanté des millions de joueurs, qui en ont parfois perdu le sommeil. Gans a tenté de créer cette atmosphère inquiétante au moyen d'images étranges, comme "fracturées" parfois. L'ambiance, poisseuse, graisseuse, teintée de brouillard, est complètement réussie. Silent Hill vous prend et ne vous lâche pas. La mise en scène est efficace, aboutie. Gans a l'étoffe d'un bon réalisateur. Simplement, il lui faudrait des bonnes histoires. Non que celle-ci soit franchement mauvaise, mais le scenario laisse quand même pas mal de blancs, et l'on a l'impression que certaines scènes ont été coupées. Roger Avary a visiblement eu un peu de mal à lier les différents éléments de l'univers du jeu.
Autre point noir, l'interprétation. L'héroïne ne semble pas vraiment atteinte par ce qui lui arrive : la perte de sa fille, l'horreur inhérente à la ville, les implications de pas mal de scènes... Radha Mitchell (Pitch Black, Neverland), bimbo mais pas trop, traverse le long métrage avec deux expressions sur le visage : j'ai faim et j'ai peur. Point. Sean Bean, qui est pourtant un bon acteur, se retrouve au rang de faire-valoir sans grand intérêt. Il faut dire que son rôle a été rajouté tardivement dans le scénario. Heureusement que la petite fille, Jodelle Ferland, sauve un peu la mise par des regards et des poses inquiétantes.
Bref, Silent Hill n'est pas encore le grand film de Gans, mais on s'en approche petit à petit. Un film à voir pour l'ambiance capiteuse et démoniaque, mais à fuir pour l'écriture et l'interprétation.
Spooky.