J'ai lu les épreuves non corrigées de ce premier tome, intitulé Le Grand Pays, qui propose de faire la connaissance de Malïn, jeune prince mineur d'un royaume qui se retrouve ravagé par une étrange maladie qui ronge la peau. Refusant de se suicider - un suicide obligatoire lorsqu'on est infecté- , Malïn parvient à s'échapper du Palais, et échoue dans une contrée au-delà de l'océan, Le Grand Pays, où sa destinée doit s'accomplir. Accompagné par Alia, une courtisane promise à un autre prince, il parcourt cette nouvelle contrée afin de trouver une Tueuse-Démon, seule personne capable d'abattre le Démon, la créature qui a contaminé tous ceux de sa race.
Attention, la suite de l'histoire comporte pas mal de révélations, donc si vous ne souhaitez pas que je vous gâche l'essentiel de votre lecture, passez votre chemin.
Je n'ai pas aimé ce roman. Souvent je me plains de problèmes de narration, de développement de l'histoire, mais ici ce n'est pas le cas. En fait j'ai eu l'impression de lire une histoire de bric et de broc, où peu d'éléments tenaient réellement ensemble. Les deux (ou trois, si l'on ajoute la tueuse que les deux adolescents réussissent à embarquer dans leur entreprise) héros ont quatorze ans, et se comportent comme des adultes, enfin presque. Alors bien sûr, à un moment, Malïn est sous l'emprise d'une entité supérieure, ce qui explique sa métamorphose, mais cela sonne complètement faux. Pour sauver leur pays, ils partent donc en quête d'une tueuse-démon, un personnage mythique lorsqu'ils débarquent dans le Grand Pays, et puis d'un coup ils arrivent dans l'école qui forme ces sorcières... A un autre moment les enfants se retrouvent richissimes, et cela leur permet de lever une armée, laquelle armée conquiert sans coup férir, et quasiment en un clin d'oeil, le Palais pour permettre à la Tueuse-démon d'affronter son ennemi séculaire. Ces facilités m'ont vraiment énervé, sans compter la fin, où Malïn commet un acte totalement incompréhensible. Certes, Alia l'a attaqué, mais sa "vengeance" me semble expédiée de façon trop cavalière pour être vraiment satisfaisante.
Le Grand Pays oscille entre plusieurs genres, sans vraiment en emprunter les éléments fondateurs. Il y a un peu de fantasy, puisque nombre d'éléments du récit : présence de la magie, éléments mythiques, environnement vaguement médiéval. un peu de terreur dans certains passages qui se veulent noirs mais qui sont finalement assez maldroits, et on pourrait par moments parler de récit d'initiation ou d'introspection puisqu'il y a des moments où nous sommes dans l'esprit de Malïn, seul. Malheureusement les auteurs n'entrent pas vraiment dans ces genres, préférant rester en surface, et l'on se retrouve avec un récit d'aventure où deux enfants font joujou avec la magie et les vies, mais avec une accroche très réduite envers le lecteur. Pourtant ils essaient de placer leur somme romanesque à un niveau supérieur, avec ces quatre personnages qui sont fascinés par des routes colorées ou ces statues cyclopéennes. Mais c'est trop peu.
Une oeuvre mineure, au mieux.
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir l'univers d'Ange, j'avais réalisé une interview il y a quelques temps.