Le Jour des Triffides est donc un récit de survie, en même temps qu’un récit initiatique. Ceux qui ne sont pas devenus aveugles doivent-ils aider à tout prix les autres ? Ou au contraire les laisser à l’abandon pour que s’opère une sélection « naturelle » ? L’auteur ne tranche pas, préférant montrer les deux aspects.
Ce roman est un classique « ancien » de la SF, puisqu’il date de 1951. En pleine période de Guerre froide, à l’époque où chaque écrit parlant d’un ennemi désigne clairement celui qui se trouve de l’autre côté du Détroit de Bering. Mais, alors que certains autres récits du même auteur (Le péril vient de la mer, Les Coucous de Midwich (adapté plusieurs fois au cinéma sous le titre Le Village des Damnés…) – certes plus tardifs - font preuve d’une certaine modernité dans le ton, dans les éléments traités, celui-ci se montre plutôt engoncé dans des sous-intrigues démodées, comme cette histoire d’amour à l’eau de rose qui sert de moteur sur un tiers du roman. Par contre, c’est une adolescente qui prend les choses en main à un moment, peut-être parce que l’auteur se lassait du ron-ron dans lequel il s’était installé.
Pour le reste, c’est un survival d’assez bonne tenue, un peu naïf sur certains aspects (la traditionnelle accusation des Russes, le peu de « survivants »…). Si vous êtes amateur(trice) de ce type de récit, c’est tout de même un classique que Terre de Brume et Folio SF ont eu l’heureuse idée de rééditer (ou d’exhumer) après deux ou trois décennies de statut d’introuvable.