Malgré les progrès réalisés dans ce domaine, intégrer à grande échelle des effets spéciaux numériques dernier cri dans un film coûte encore très cher à notre époque, et si le film en question ne réalise pas des entrées faramineuses, rentrer dans son argent peut se révéler difficile. La solution pour amortir le coût des effets spéciaux peut être de les réutiliser pour un second film, voire une série télé : même si les recettes sont encore plus basses que pour le 1er film, le budget nettement moindre fait que dans l’ensemble, les producteurs finissent par récupérer leur beau grisbi. Cela avait été envisagé après l’échec du Godzilla de Roland Emmerich, dont la créature en 3D avait coûté une fortune. Mais ce sont finalement les producteurs du StarShip Troopers de Paul Verhoeven qui ont sauté le pas : après avoir lancé une série animée pour la télévision en 2000, ils ont concocté cette année une suite destinée à une sortie directe en DVD et qui réutilise les mêmes créatures arachnides en 3D que dans le 1er épisode.
Sous-titré Hero of the Federation, ce film nous invite à suivre les péripéties d’une petite escouade de soldats de la Fédération qui se retrouve prise au piège sur une planète peuplée d’une infinité de ces inhospitaliers insectes que l’on a pu voir démembrer et empaler joyeusement les amis de Casper Van Dien dans le film de 1997. Tandis que leur héroïque général entreprend de retarder l’avance des féroces créatures, les troufions se mettent en quête d’un abri d’où ils pourront attendre l’arrivée d’hypothétiques secours venus les évacuer. Ils se réfugient dans un bâtiment désaffecté dans lequel ils tombent sur un ex-capitaine de la Fédération, déserteur et assassin. Il est néanmoins intégré à l’équipe du fait de son statut d’ancien héros de guerre. Encerclés par l’armée des arachnides, les soldats parviennent à repousser une première vague d’assaut grâce à l’aide de ce mystérieux allié, mais le pire reste à venir, car…
Si le scénario est toujours signé Ed Neumeier (mais cette fois, il ne s’inspire plus d’un roman de Robert Henlein), en revanche c’est Phil Tippett, génie des effets spéciaux, qui succède à Paul Verhoeven derrière la caméra pour cette suite fauchée, peu inspirée et totalement 1er degré de ce qui fut l’un des films les plus controversés du cinéaste néerlandais. Exit les Barbies sexy (Dina Meyer, Denise Richards) et les Ken souriants (Casper Van Dien, Jake Busey) du 1er épisode, place à une brochette d’acteurs de séries télé : Richard Burgi (Sentinel, la 1ère saison de 24 h Chrono), Colleen Porch (Charmed), Sandrine Holt (Les Repentis, série produite par John Woo), Kelly Carlson (Nip/Tuck), Brenda Strong (La Vie à 5, Seinfeld, mais qui avait également fait une apparition dans le 1er Starship Troopers… dans un autre rôle !)… ce n’est clairement pas son casting qui vous incitera à acheter ce DVD. Non que ces braves gens soient mauvais, ils font ce qu’ils peuvent avec les répliques pourtant pas brillantes qu’on leur donne à prononcer, mais disons qu’entre les biceps de Richard Burgi et les seins de Dina Meyer sous la douche, mon choix est vite fait. Exit également le côté “parodie de film de propagande militariste” : il n’y a pas grand’chose à lire entre les lignes de Starship Troopers 2. Le budget du film étant visiblement très limité, vous pouvez également oublier les grandes scènes de bataille, parce que si recycler les modèles 3D et les animations des arachnides du 1er film ne coûte pas cher (encore qu’on ne les voit pas beaucoup durant le film, et que ce sont toujours les mêmes images qui sont réutilisées), en revanche, engager des dizaines de figurants humains et les mettre en scène dans une grande bataille exige des moyens qui n’ont pas été fournis à Tippett. Tout le film est donc tourné en huis-clos et se rapproche finalement plus d’un ersatz d’Alien que d’une vraie suite à Starship Troopers.
Du 1er film, il ne reste donc grosso modo que le scénariste, le background et une certaine violence. Hero of the Federation est un petit film de S.-F. désargenté, qui se déroule presque entièrement dans l’obscurité pour vous cacher la pauvreté de ses décors et le petit coup de vieux qu’ont pris les effets spéciaux de 1997, et qui lorgne finalement beaucoup plus du côté de La Mutante que du film de Paul Verhoeven. A une époque où tant de films de genre se sentent obligés de s’étendre sur 2h ou plus, celui-ci a le bon goût d’être court (à peine plus d’1h20) mais c’est là l’une de ses rares qualités, avec un scénario pas trop tarte (mais sans génie non plus). S’il serait sévère de qualifier cette suite de navet, force est de reconnaître que les dialogues souvent bébêtes, le manque de rythme (malgré quelques scènes d’action, le film est souvent assez mollasson), la prévisibilité de la “surprise” qui survient vers le milieu du film, alliés à son côté très cheap, font de Starship Troopers 2 une petite série B assez médiocre et très dispensable. Les fans du 1er film préfèreront le revoir que d’acheter ou louer ce Hero of the Federation.