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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Le rythme des adaptations de Stephen King a repris du poil de la bête ces derniers temps, et plutôt dans le sens des "bonnes" adaptations. On a eu Le Singe au printemps, La Vie de Chuck cet été, et bientôt Running Man. Voilà pour les films, sachant que It: Welcome to Derry, qui sort bientôt sur Prime Video, est une série déclinant l'histoire de Ça. Petit rappel historique pour l'histoire qui nous intéresse aujourd'hui : The Long Walk a été écrit dans les années 1960 par King, alors étudiant, qui en a eu l'idée en faisant de l'auto-stop pour rentrer chez lui. C'est le premier roman qu'il termine, mais il est refusé par plusieurs éditeurs. L'auteur du Maine rencontre le succès en 1973 avec Carrie, ce qui lui permet de ressortir cette première histoire, remaniée, en 1979, sous le pseudonyme de Richard Bachman. 
 

L'histoire ressemble grandement à une descente aux enfers, avec ces jeunes gens pleins d'entrain et de vigueur qui prennent ce défi à la rigolade, à savoir marcher le plus longtemps possible de la frontière canadienne vers le sud, à travers l'Etat du Maine entre autres. Les profondeurs des limites humaines sont explorées : la noirceur, la solitude, la peur, la compassion, sans parler bien sûr de l'épuisement physique et mental des marcheurs. Dans une Amérique ultra-libérale où l'esprit de compétition, la surconsommation et l'individualisme montent en puissance, Marche ou crève est une histoire coup de poing que je vous incite (au même titre que quasiment tous les titres initialement signés Bachman) à découvrir.

Alors bien sûr, le scénario (signé JT Mollner) diverge quelque peu de l'histoire, sur des points de détail et... sur la fin. Il faut noter que Frank Darabont (l'un des meilleurs adaptateurs de l'auteur avec les magnifiques Les Evadés et La Ligne verte, entre autres) a longtemps été attaché au projet, avant que cela n'arrive entre les mains de Francis Lawrence (Hunger Games, Je suis une légende). Les décors, les designs des véhicules, maintiennent le récit dans les années 1960, contemporaines de l'écriture du roman. Le groupe des marcheurs est réduit de moitié, de 100 à 50, sans doute pour des questions de rythme. Le film a nécessité de longues séquences de marche des acteurs (environ 15 km par jour, parfois sous une chaleur accablante sur les routes du Manitoba, au Canada), mais aussi de l'équipe technique, qui devait, la plupart du temps, avancer à la même vitesse qu'eux.

 

Francis Lawrence a opté pour une prise de vues sans effets racoleurs, montrant l'horreur croissante que traversent les marcheurs parfois dans ce qu'ils ont de plus trivial : le besoin urgent d'uriner, de déféquer, les crânes traversés par les balles des fusils lorsque les marcheurs ont reçu plus de trois avertissements...

Le film se concentre sur l'amitié naissante entre Ray Garraty et Peter Mc Vries (Cooper Hoffmann et David Jonsson, très bons même si un peu âgés pour les rôles), deux jeunes gens que tout ou presque oppose, mais qui vont décider de s'entraider pour aller le plus loin possible, avec une demi-douzaine d'autres marcheurs mis en avant. Face à eux, le Commandant, organisateur de la Longue Marche, une figure dictatoriale qui se complaît dans la violence. Un personnage que Mark Hamill (le Luke Skywalker de Star Wars) a pris un malin plaisir à incarner, contrefaisant notamment sa voix pour en faire un gueulard au timbre proche de celui d'une certain Donald Trump.

Et... C'est tout. On a des personnages intéressants, sans atteindre la profondeur de ceux du roman, probablement inspirés par des copains de lycée ou de fac de King. Exit la charge sociopolitique qui en faisait sa force, la rage qui transpirait de ces pages, une rage commune à presque tous les Bachman, une rage qui serait salvatrice dans les Etats-Unis d'aujourd'hui, qui s'enfoncent dans le consumérisme, l'impérialisme et l'obscurantisme. Un des meilleurs bouquins de l'auteur aujourd'hui le plus censuré dans son propre pays. Les personnages changent trop vite, on ne voit pas bien les conflits intérieurs et extérieurs qui les minent...

Si j'ai passé un bon moment de cinéma, je ne peux qu'être déçu par la frilosité des scénaristes et producteurs qui avaient l'occasion de taper un peu sur leurs propres dirigeants. Mais la peur de la censure a sans doute joué, sans parler du fait que le film dure moins de 110 minutes, ce qui est trop court pour développer un propos politique un tant soit peu étayé... A noter cependant que certains supports physiques sont annoncés avec 40 minutes de plus ainsi qu'une ou plusieurs fins alternatives.

Ce Marche ou crève rejoint donc la cohorte (pas si fournie cependant) des "bons films, mais pas plus" adaptant l'œuvre du King. Vraiment dommage. 

 

Spooky

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