Au Japon, Hayao Miyazaki est un demi-dieu. En France, il commence à être connu grâce à des titres comme Princesse Mononoke, Le Voyage de Chihiro ou Mon Voisin Totoro, et d’une exposition de son oeuvre, conjointe à celle de son ami Moebius, autre géant des univers dessinés.
Le Château ambulant, précédé d’une flatteuse réputation, est donc sa dernière création à débarquer sur nos écrans. Cette adaptation d’un roman fantastique anglais de Diana Wynne Jones (Howl's Moving Castle, édité en France sous le titre de Le Château de Hurle) nous conte l’odyssée de la jeune Sophie et d’un sorcier, Hauru. Sophie est une jeune (18 ans) chapelière qui croise un jour la route d’un sorcier, Hauru. Mais la Sorcière des Landes, jalouse, lui jette un sort, et Sophie se retrouve dans le corps d’une mamie de 90 ans. Fuyant la ville pour éviter la honte, et rejoint, presque par hasard, le château ambulant d’Hauru, assemblage hétéroclite de maisonnettes, bunkers, cheminées, etc., mû par un démon du feu. Sophie entre au service d’Hauru, espérant qu’il pourra le délivrer du sort qu’on lui a jeté. Le reste du film, malheureusement, sombre dans une suite de scènes quelque peu confuses. Hauru disparaît régulièrement, apparemment pour participer (mettre fin ?) à la guerre qui vient d’éclater au-dehors. Sophie rajeunit de temps en temps, apparemment lorsqu’elle parle d’amour. Mais cela ne semble pas très cohérent. De plus, plusieurs personnages apparaissent, sans qu’on comprenne réellement leur utilité, ni même leur positionnement exact. Peut-être cette fois-ci a-t-on un “effet The Grudge” inversé : l’introduction de symbolisme oriental dans un conte anglais nuit à sa lisibilité.
Alors bien sûr, on ne peut, malgré cette gêne quant à l’histoire, manquer de la regarder avec des yeux d’enfant. Car Miyazaki instille toujours une certaine poésie dans ses films. Son amour du beau s’exprime non seulement dans les décors, les paysages, extrêmement léchés, mais aussi sur les personnages (Hauru est androgyne, Sophie, bien que “très âgée”, reste belle...). Il y a aussi une inventivité, des détails qui rendent l’univers du film charmant : le démon du feu, l’épouvantail... Et toujours, Miyazaki oblige, une attirance folle pour la nature et la sérénité, au détriment des machines, de la guerre... Mais là où ces messages sont clairs dans Mononoke ou Chihiro, c’est plus ambigu dans Le Château ambulant... ce qui a un peu gâché mon plaisir.
Spooky.