Bonjour Justine, comment avez-vous découvert l’œuvre de Tolkien ?
J'étais adolescente, et un ami d'un de mes parents m'a prêté le Seigneur des Anneaux, une vieille édition qui, dans mon souvenir, est rose fuchsia. Je n'en jurerais pas, toutefois. Je l'ai lu, j'ai trouvé ça très chiant mais d'une beauté sans commune mesure. Je suis donc tombée amoureuse immédiatement.
Cela vous a donné envie d’écrire, vous aussi, de la fantasy ?
Absolument pas. J'estime n'avoir jamais écrit de fantasy, d'ailleurs, à part le roman sur lequel je travaille depuis à peu près quarante-sept ans, Rouge-Sel, dont je parle à chaque entretien histoire de tenter d'entretenir mon fan-club (mon cousin et son rottweiler, Panpan). Je ne sais pas si Tolkien m'a donné envie d'écrire, puisque j'écrivais déjà. Étant donné ma force d'évocation pour les univers complexes (je bluffe, je n'écris jamais que les états d'âme de deux persos vivant dans la boue), j'aurais été figée par la honte si j'avais voulu écrire « comme l'autre, là-bas, l'anglais avec la pipe ».
Votre premier roman, Chien du Heaume, est souvent présenté comme inspiré par Tolkien. Pas en termes de création d’un monde complet, mais plutôt en termes de personnages, de valeurs… Qu’en pensez-vous ?
Je pense que c'est carrément n'importe quoi. J'ai autant de Tolkien dans mes écrits qu'il y en a dans les trois films du Hobbit. C'est dire. Par contre je ne mets personne avec du guano sur le visage et je n'aurais pas choisi un Beorn en forme de balai à chiottes, peut-être que c'est une tare.
Quels sont, pour vous, les auteurs très influencés par le Professeur ? Pensez-vous que cette influence va finir par s’éteindre ?
Jamais. Tolkien est immortel. Enfin, son héritage. Bref. Non. On raconte des histoires depuis la nuit des temps et il y a tissé de si beaux fils que les trames s'en souviennent, comme on l'entend dans j'ai encore rêvé d'elle.
Justine, merci.
Je ne sais pas s'il y a de quoi.