Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
...:::Ansible:::...

...:::Ansible:::...

Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

http://www.albin-michel.fr/images/couv/7/0/3/9782226215307m.jpg

 

Après le retour de Bernard Werber dans mes lectures, voici la découverte d’un autre auteur français, émargeant presque dans le même genre et chez le même éditeur. C’est donc de son dernier roman que je vais vous parler.

 

Léviatemps nous emmène dans le Paris de 1900, en pleine Exposition universelle. Une Paris en pleine mutation, avec l’arrivée de l’électricité, les voitures automobiles… Une Paris en passe de devenir le territoire d’un tueur en série diabolique, dont les victimes sont retrouvées avec une expression de terreur sur le visage. C’est après la mort affreuse de Milaine, une prostituée qu’il appréciait, et l’inertie manifeste des policiers chargés de l’enquête, que l’écrivain Guy de Timée décide de mener ses propres investigations, en compagnie d’une autre « courtisane » et d’un jeune inspecteur de police qui aimait Milaine. Leurs questions vont les emmener au sein de l’Exposition universelle, bien sûr, mais aussi dans les bas-fonds de la ville, les cercles paranormaux, le milieu de la prostitution…

 

Première constatation : c’est bien écrit. Maxime Chattam a un style clair, qui permet de bien comprendre ce qu’il se passe. Le décor est bien planté. On sent que l’auteur a potassé sur l’Expo universelle, sur ce qu’était Paris en 1900, sur les caractères des différents quartiers… Il ne se cantonne en fait que dans deux ou trois zones, mais c’est suffisamment précis pour être documenté. L’intention était probablement de proposer une immersion dans ce lieu et cette période de basculement, puisque c’est le début du règne de l’électricité, règne toujours en cours plus d’un siècle après. On a souvent dit que Jack l’Eventreur avait « inventé » le vingtième siècle. Chattam en propose donc sa version, à Paris, dix ans plus tard, mais avec un personnage aux motivations encore plus dérangeantes que le tueur de Whitechapel… C’est plutôt bien trouvé, l’ambiance est réellement présente, on s’y croirait.

 

Deuxième constatation : Chattam est un auteur moderne et moderniste. Il applique à des personnages qui ont vécu un siècle en arrière des pensées et des comportements des années 2000. Ainsi Guy de Timée effectue un véritable  boulot de profileur pour remonter la piste du tueur de prostituées. D’accord, c’est un érudit, aristocrate, qui a beaucoup lu, qui a essayé de fréquenter différentes catégories socio-professionnelles pour les comprendre et en faire des personnages crédibles dans ses romans. Mais la facilité avec laquelle il dresse le portrait-robot du tueur est déconcertante. La scène d’analyse graphologique est, à mon sens, l’une des plus lourdes du bouquin. Il entre facilement dans le Cénacle des Séraphins, un cercle d’amateurs du paranormal soi-disant extrêmement fermé, aussi bien qu’auprès du roi des Pouilleux, une sorte de parrain des travailleurs de rue des bas-fonds. Ca ne devait pas arriver beaucoup en 1900 de pouvoir passer d’un milieu à l’autre comme ça. Autre petit défaut, on n’entre pas dans « l’esprit » d’Hubris, le tueur (c’est comme ça que le surnomme Guy, qui en fait une sorte de personnification du mal, mais dans le sens de sa démesure). Car si l’on découvre in fine son œuvre, on aurait aimé en savoir un peu plus sur ses motivations secrètes, sur la façon dont il « justifie » ses actes. Sauf à une occasion, on reste sur les enquêteurs, Guy et ses deux amis, et il manque une dimension au roman.

 

L’autre bonne idée, narrative celle-là, est d’embarquer le lecteur dans des fausses pistes. Les égouts de Paris sont peuplés d’étranges créatures, les enquêteurs suspectent tel personnage ambivalent, puis tel autre… Sans en faire trop, car on risque vite d’être lassé par ce procédé. Ici la balance est bien équilibrée, on sent la maîtrise narrative sur ces éléments. On sent également une légère influence de Clive Barker pour certains éléments, mais Chattam n’en fait pas trop, pour ne pas non plus se laisser emporter dans le côté délirant (et parfois malsain) de son illustre confrère.

 

Au final, Léviatemps est un roman plutôt bien fichu, à l’ambiance réussie, mais qui souffre de menus défauts, relativement peu handicapants pour apprécier ce thriller. Je pense lire d’autres bouquins de Chattam s’ils sont du même tonneau. Il y a des amateurs dans la salle ?

 

 

Spooky.

Commenter cet article
G
<br /> <br /> Lu aussi, et déçu. Très déçu. Je lis Chattam depuis un bon moment, et après la trilogie Autre Monde qui m'avait agréablement surpris dans un registre peu exploité par l'auteur, me voilà à la fin<br /> de Léviatemps, avec le goût amer d'un gateau mal dosé. Oui c'est bien écrit, mais si loin de la trilogie du Mal, j'espérais un retour en force de ses écrits torturés. Las, je me retrouve plongé<br /> dans une assez insipide visite du Paris néo XXeme. La première moitié est longue et poussive et la seconde bien qu'agréablement rythmée et enfin palpitante semble avoir été accouchée au forceps.<br /> Jusqu'à présent j'attendais le nouveau Chattam avec impatience, dorénavant ce sera avec méfiance. J'attends peut être trop de l'auteur qui semble vouloir goûter à d'autres genres d'écriture. Bien<br /> lui en fasse, mais je conseillerais tout ce qu'il a écrit avant Léviatemps à quelqu'un qui veut le découvrir.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Ok Gloo, je comprends ce que tu veux dire. Comme c'était ma première lecture de Chattam, je pense que j'ai peut-être été un peu bienveillant :)<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> <br /> Voilà c'est lu. Je suis aussi assez d'accord avec toi. Notamment cet "anachronisme moderniste" quant aux capacités des héros à dresser le portrait-robot. Tu évoques les égoûts : un passage<br /> particulièrement bien réussit qui renvoie à des scènes filmiques assez courantes des films d'horreur mais aussi à une légende urbaine bien connue : celle du crocodile dans les égoûts.<br /> Je suis moins enthousiaste quant aux descriptions de l'Expo, pour moi vraiment trop légères surtout si on en connait pas la magnificence. Et comme tu le dis, il se cantonne à deux ou trois<br /> endroits. C'est déjà ça.<br /> Mais voilà Chattam écrit bien donc, on se régale quand même.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Content que ça t'aie plu. :)<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> <br /> Moi je fais partie de ce qui n'y pnt jamais gouté. Mais heurueusement tu es là Spooky. Par ce que tu b=viens de me donner le prétexte pour en lire 1 : car j'adore cette période fin XIXe 1900 et<br /> particulièrement l'expo universelle de 1900. Alors comme je l'y connais un peu cela va motiver ma lecture. A suivre donc....<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Qu'est-ce que tu ferais sans moi ma chère ? :) Je pense que la elcture te plaira, tiens-moi au courant :)<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Ouaip, j'en suis !<br /> Je l'ai connu via Fantastic'arts. Mon premier Maxime Chattam fut L'âme du mal. Après avoir terminé les deux premiers (L'alliance des trois & Malronce), là je<br /> suis entrain de lire le 3ème tome (Le coeur de la Terre) de la Trilogie "Autre Monde". J'ai aussi commencé, mais mis en attente, Les arcanes du chaos. Et enfin La<br /> théorie Gaïa m'attend bien sagement sur mon étagère.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Si tu as besoin d'un endroit pour publier une chronique, tu sais à quelle porte frapper ;)<br /> <br /> <br /> <br />

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog