Les romans de vampires sont tellement à la mode en ce moment qu'il commence à devenir difficile d'y voir clair. Au ilieu de l'omniprésence des équivalents dentus du clafoutis, à savoir la saga Twilight, on trouve des petites perles, des oeuvres qui sortent réellement du lot.
Les Radley est de ceux-là. Ca commence comme une gentille parodie de la série précitée (et d'autres), puis soudainement le virage du sérieux est pris, et l'on est malgré soi embarqué.
Dans la petite ville de Bishopthrope, en Angleterre et de nos jours, les Radley tentent tant bien que mal de vivre une vie normale malgré leur condition de vampires. Peter, le père, est médecin, et maintient son mariage à flot grâce à l'amour qu'il porte à Helen mais qui n'est pas partagé. Helen quant à elle ne peut aimer Peter comme elle le souhaiterait car elle a été convertie secrètement par le frère de celui-ci, Will. La conversion est un rituel vampirique qui consiste à échanger les sangs entre un vampire et l'une de ses victimes, la transformant irrémédiblement en créature de la nuit et en en faisant des amoureux intemporels. Un syndrome Tristan et Iseult horrifique en quelque sorte. Leurs deux enfants adolescents n'ont pas conscience de leur véritable nature. En effet leurs parents ont décidé avant leur naissance de devenir abstinents, c'est à dire d'éviter autant que possible de sucer le sang humain. Cela signifie se nourrir au maximum de viande rouge fraîche et crue, se protéger la peau avec de l'écran total indice 60... Mais un incident va tout changer.
En effet au cours d'une soirée lycéenne la jeune Clara va devoir repousser les avances alccolisées d'un camarade, qui insiste trop. Cédant à ses instincts, la jeune fille finit par saigner à mort son agresseur. Elle appelle à l'aide ses parents, qui vont devoir escamoter le corps, non sans avoir auparavant fait appel à l'oncle Will, qui entraîne dans son sillage une unité d'enquêteurs spécialisés dans les quenottes. S'ensuit une succession de situations diverses, oscillant entre l'ouvertement grotesque et le trépidant.
Matt Haig n'est pas un spécialiste du vampirisme, mais c'est un bon écrivain. Il découpe son roman de façon très nerveuse, avec des chapitres courts (4 ou 5 pages en moyenne), alternant les scènes avec les différents protagonistes (une dizaine au total) vers un crescendo total et final. On est très vite happé par son écriture à la fois dynamique et moderne, et on ne lâche pas le bouquin avant la dernière page, ce qui m'est arrivé rarement ces derniers temps. Je n'oserais dire que ce bouquin a renouvelé le genre vampirique, mais il en propose une variation très intéressante, qui ne verse pas dans le gothique larmoyant ou le pseudo-romantisme à deux sous. De plus on baigne dans une ambiance d'humour noir britannique (mais pas absurde, attention !). Les vampires en question peuvent voler, certains hypnotiser leurs interlocuteurs, mais Haig a le mérite de ne pas abuser de ces pouvoirs, pour rendre ses personnages plus attachants. Le decorum vampirique est donc relativement discret, et la lecture de ce livre pourra sans doute contenter les amateurs de fantastique (et pas seulement les vampirophiles) et les lecteurs avides de qualité d'écriture.
Lisez-le ou je vous mords !
Spooky.