Paris, 1633. Les dragons menacent le royaume.
Surgis de la nuit des temps, ils sont décidés à restaurer leur règne absolu. Usant de sorcellerie, ils ont pris apparence humaine et créé une puissante société secrète, la Griffe noire, qui conspire dans les plus grandes cours royales d’Europe.
Pour déjouer leurs complots, Richelieu dispose d’une compagnie d’aventuriers et de duellistes rivalisant de courage, d’élégance et d’astuce. Des hommes et une femme aux talents exceptionnels, prêts à braver tous les dangers et à risquer leur vie pour la Couronne : les Lames du Cardinal !
J'avais dans ma pile à lire depuis longtemps (un an ? deux ?) cette intégrale à la réputation flatteuse, qui aurait fait de Pierre Pevel une sorte de chef de file francophone d'une renaissance d'une certaine forme de littérature.
Publié par Bragelonne, maison phare de la fantasy en France, Pierre Pevel a un jour dit à son éditeur : "Tu vas rire, j'ai l'intention d'écrire une histoire de cape et d'épées avec des dragons et le Cardinal de Richelieu". Mais celui-ci n'a pas ri, et a même encouragé l'auteur à développer son idée. Il en résulte trois romans, publiés avec succès par Bragelonne et réunis dans cette belle intégrale.
Très vite Pierre Pevel nous met dans l'ambiance. Sa Paris de 1633 est décrite avec précision, il nous plonge dans les bas-fonds, ou au contraire les palais avec un luxe de détails qui force le respect, bien qu'il prenne des libertés parfois, mais c'est pour les besoins de son histoire, donc ça passe sans problème. Un peu au détriment de l'action parfois, mais on s'y croit.
Le premier tome est introductif, il nous permet de nous familiariser avec cette petite dizaine d'aventuriers émérites, aux caractères très dissemblables mais aux aptitudes complémentaires, placés sous les ordres de la Fargue, qui reconstitue son groupe au début de l'histoire après une première dissolution cinq ans plus tôt. C'est très fourni, un poil confus parfois, mais on sent que l'auteur a déjà un canevas très précis, et que nombre d'éléments a priori sans intérêt vont avoir leur utilité par la suite.
Le second tome est moins dense, mais aussi plus échevelé. Les dragons y tiennent une place plus importante, et sont moins suggérés. Et bien sûr ce tome 2 s'achève sur un énorme cliffhanger.
Le troisième est dans le même ton, avec ce mariage assez heureux entre roman de cape et d'épées (un peu comme Les Trois Mousquetaires, d'ailleurs des personnages du classique de Dumas sont présents dans le néo-classique de Pevel) et de fantasy, cette part-là étant quand même franchement réduite. C'est peut-être mon grand regret dans cette lecture, j'aurais aimé un peu plus de dragons, de magie...
Les trois tomes peuvent se lire indépendamment, car Pevel prend le temps de faire des rappels, de présenter ses personnages à chaque tome, ce qui permet à tout un chacun de raccrocher les wagons s'il prend le train en marche.
La scène finale prend place dans le plus beau monument de Paris (non, pas celui-là, souvenez-vous de l'époque), et propose un véritable feu d'artifice (au propre comme au figuré) qui parachève de fort belle manière cette trilogie.
En définitive ces Lames du Cardinal furent une bonne lecture, grâce à une plume plutôt élégante, assortie d'une belle inspiration classique et une immersion dans le Paris du début du XVIIIème siècle toute en précision. Le rythme aurait peut-être mérité d'être resserré, mais l'impression finale est celle d'un bon moment, malgré la part ténue de la fantasy.
A noter que Pierre Pevel a obtenu le Prix des lycéens aux Imaginales 2009 (l'un des grands festivals de l'imaginaire français) et le prix Morningstar du David Gemmell Legend Award en 2010. Le succès et la renommée du titre sont tels qu'un jeu de rôle va bientôt sortir.
Spooky