Déjà le troisième tome pour la trilogie de David S. Khara aux Editions Critic. Si j'avais découvert le monsieur avec ses Vestiges de l'Aube (initialement chez Rivière Blanche, entre-temps réédité dans une nouvelle mouture chez Michel Lafon), c'est bien son Projet Bleiberg qui aura marqué la reconnaissance du public envers l'auteur.
Comment en effet minimiser l’explosion Bleiberg, qui atteint aujourd'hui les 100 000 exemplaires vendus, pour un tirage initial de 1 500 exemplaires ? Force est de constater que même moi, qui avais pourtant apprécié Les Vestiges de l'Aube, j'ai incomparablement plus accroché à Bleiberg et ses suites. Parce que le mélange d'Histoire et d'histoire est franchement réussi, que les personnages sont attachants et que le montage hollywoodien de la trame scotche d'emblée le spectateur, qui n'a pas franchement le temps de reprendre son souffle en cours de lecture.
Ce troisième opus va une nouvelle fois mettre Eytan Morgenstern face aux dirigeants du Consortium, qui oeuvrent depuis des siècles dans l'ombre et sont notamment à l'origine des expériences qui ont transformé le jeune enfant en machine à tuer quasi-indestructible. Cette fois-ci, c'est aux proches d'Eytan qu'ils vont s'attaquer, espérant que le géant pliera sous la menace. C'est mal connaître l'agent du Mossad et l'affection que lui portent ses amis, depuis Jérémy et Katherine en passant par Eli et Avi. Chacun, avec leurs forces et leurs faiblesses, vont accompagner leur ami et l'aider à remonter la piste de ceux qui s'attaquent une fois de plus à eux. En parallèle, l'auteur lève un peu plus du voile qui recouvre le passé d'Eytan, remontant à la période où il venait tout juste de s'évader du camp de Stutthof. De quoi comprendre un peu plus la psychologie du personnage, et les différentes étapes par lesquelles il a pu passer avant de devenir l'agent qu'on connaît. Ce qui est également vrai pour les autres personnages, auxquels on finit sans mal par s'attacher.
Le lecteur est d'emblée propulsé dans l'histoire, et les enchaînements de l'intrigue n'offrent aucun temps mort. Cinématographique dans son approche des scènes d'actions, et la description des réactions de ses personnages, l'auteur maintient d'un bout à l'autre du roman son emprise sur l'esprit du lecteur. Sans compter que le fond de l'histoire, qui s'intéresse aux recherches sur la biomécanique, est une nouvelle fois parfaitement intégré, sans donner à aucun moment l'impression de faire dans l'encyclopédique. Tout en choisissant un cadre plus contemporain, les éléments d’Histoire ici utilisés remontant à la guerre du Golfe (si on excepte les flashbacks ayant trait au passé d’Eytan).
J'avais franchement aimé Le projet Bleiberg, presque davantage Le Projet Shiro, et voilà que Le Projet Morgenstern prend le dessus du peloton. Depuis ses premières armes avec Les Vestiges de l'Aube, il n'y a pas de doutes, David S. Khara a fait mûrir sa plume. Les liens entre Histoire et histoire sont plus maîtrisés, les personnages plus travaillés, le style hollywoodien gagne en efficacité au fil des romans. Bref c'est du tout bon. J'ai hâte de voir ce que le Monsieur nous réserve pour la suite.
Vladkergan