Ne vous fiez pas à la couverture très "bit-lit" de ce roman, car le contenu contredira très vite cette imagerie.
En effet nous sommes dans un récit très classique, où les personnages troubles sont vite visibles, où les chasseurs de vampires sont relativement naïfs, où les ailes de la nuit sont toujours porteuses de mauvaises aventures.
Allemagne, fin du XIXème siècle. La sortie peu d'années auparavant du roman Dracula de Bram Stoker, a secoué l'Europe. Pourtant son sujet, les vampires, n'est pas une fiction. Gérald de Lacarme, jeune érudit français épris de surnaturel, doit remplacer au pied levé son père qu'un vieil ami teuton a appelé au secours. En effet sa maisonnée semble être en proie à une malédiction à laquelle les saigneurs de la nuit ne seraient pas étrangers. Lorsqu'il arrive, Gérald ne rencontre que Marion, l'une de leurs deux filles, dont la beauté égale le comportement énigmatique. Sa soeur jumelle, Charlotte, est elle clouée au lit par une anémie quasi mortelle en plus d'être handicapée par une cécité congénitale. Gérald finira par découvrir la nature du mal qui ronge la demeure et ses habitants, mais le combat laissera des traces...
Le Mal en la demeure est le premier roman d'un jeune auteur, Stéphane Soutoul, passionné par le fantastique et les récits vampiriques en particulier. On sent l'influence d'oeuvres comme Dracula (cité dans les premières pages) pour le déroulement de l'intrigue ou les films de la Hammer pour le manque de nuances parfois. Cela plante le récit dans cette tradition classique dont je parlais plus haut. Mais le point intéressant est que ce récit s'inscrit dans un cycle plus large, où une famille (les Lacarme) voue sa vie au combat contre les forces de ténèbres, ce qui laisse présager plusieurs romans aux héros différents, mais aux liens familiaux ou affectifs très forts. A ce titre, la nouvelle (De simples souvenirs...) qui complète le récit principal sert de passerelle avec la suite, ce qui est un procédé original et bien mené, cette nouvelle révélant plus de dynamisme que le récit principal. Le roman n'est pas exempt de menus défauts, telle une petite propension à la logorrhée parfois, alors qu'une concision aurait apporté plus d'efficacité. Ou encore, par endroits, une certaine défaillance dans la correction des fautes d'orthographe, un défaut pas insurmontable mais gênant.
Il y a tout de même de la qualité. Stéphane Soutoul écrit bien, son style, bien qu'ampoulé par moments, permet de bien saisir les sentiments des personnages, ou de comprendre l'action lorsque celle-ci s'emballe, ce qui n'est pas toujours le cas dans des récits fantastiques. L'auteur a visiblement voulu toucher le public le plus large possible, et l'objectif est atteint, il n'est nul besoin d'avoir des connaissances dans le genre vampirique pour bien saisir le récit. Comme l'auteur se positionne sur un créneau classique, certains diront "basique", la lecture est plaisante et accessible. L'idée d'utiliser le tissu familial comme point de départ et soutien de l'intrigue est intéressante, il ne reste qu'à bien la développer dans les récits suivants.
Spooky.