Jane est une nouvelle venue à Donnerville. Âgée de 26 ans, célibataire et plutôt jolie, elle vient pour s'occuper de la bibliothèque municipale. Quelques jours après son arrivée, elle trouve sur son bureau une enveloppe qui lui est destinée, avec 50 dollars à l'intérieur, et un message, signé par "Le Maître du jeu", l'invitant à trouver la suite à l'étage supérieur. Elle y trouve donc une deuxième enveloppe, avec 100 dollars et un nouveau message crypté... Avec l'aide de Brace, un usager de la bibliothèque, elle va continuer le jeu de piste, à la difficulté croissante.
Je n'avais jamais entendu parler de Richard Laymon. A vrai dire j'ai trouvé ce (gros) bouquin pour pas cher, et comme il est édité par Bragelonne, je ne me suis pas trop posé de questions ; j'aurais dû, étant donné que le "marché" du thriller horrifique américain est quand même trusté par Albin Michel et d'autres éditeurs comparables, alors que Bragelonne, lui, écrase celui de la fantasy et de la SF. Et la lecture de la préface, signée par Dean R. Koontz, auteur phare du genre dans les années 1980 et 1990, aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Car il n'y dit rien des qualités d'écriture de Laymon, concluant seulement que l'auteur est lui-même, pas un autre (!) [en clair, Laymon c'est Laymon, c'est pas King, Koontz ou Mc Cammon].
Assez vite j'ai senti que Laymon avait un gros défaut : le manque d'efficacité. Il est capable de vous décrire précisément une scène sans intérêt. En fait, il détaille tout. Mais pas comme Stephen King, qui arrive tout de même à garder une certaine efficacité dans on récit malgré les nombreux délayages. Il vous expliquera comment Jane entre dans sa salle de bains, enlève ses chaussures, puis ses chausssettes, se brosse les dents, puis enlève son chemisier, sa culotte, se fait couler un bain, se lime les ongles... STOOOOOOOP ! Va à l'essentiel, Dick !
L'idée d'origine du jeu de piste est assez bonne, et les rebondissements à chaque nouvelle enveloppe plutôt pas mal vus. Mais dans ce type d'histoire, il faut tenir son lecteur en haleine, sous peine de le perdre. Et puis, on se doute bien que le lecteur-type de ce genre de récit est un homme blanc de 15 à 45 ans, pas la peine de rappeler toutes les deux pages que Jane ne porte pas de soutif, que sa culotte est mouillée par la sueur ou que sa chemise glisse agréablement contre sa peau... On peut être affriolant sans en rajouter... Avec ces insinuations, le personnage de Jane passe pour une fontaine de désir, alors qu'au final elle ne conclue pas, ou très peu. Autre chose qui m'a gêné : le fait que Jane fasse tout de suite confiance, ou presque, à Brace, un total inconnu, et qu'elle ne se confie absolument pas à ses amis, sa famille ; certes, elle semble être loin de ses racines, mais même en 1994, date de première publication du roman, le téléphone existait déjà...
Richard Laymon a, d'après les Editions Bragelonne, la réputation d'être un sacré "page-turner", le genre d'écrivain qui de par son écriture, vous oblige à tourner la page pour voir ce qu'il se passe sur la suivante. Cette réputation ne se vérifie que dans le dernier tiers du bouquin, quand l'histoire vire soudain au glauque. Heureusement car je commençais à douter de l'intérêt de celui-ci... Mais la fin, hélas, n'est pas des plus réusies, et du coup je dois dire que globalement ma lecture ne fut pas des plus satisfaisantes... 450 pages qui ne prennent pas aux tripes, c'est dommage pour un récit de ce type...
Spooky.