Une véritable épidémie de meurtres ravage la France. D’un endroit à l’autre, les scènes de crime semblent se répondre. Comme un langage ou un jeu. Plusieurs tueurs sont-ils à l’œuvre ? Se connaissent-ils ? Très vite, l’Hexagone ne leur suffit plus : l’Europe entière devient l’enjeu de leur monstrueuse compétition. Pour mettre fin à cette escalade de l’horreur, pour tenter de comprendre, une brigade pas tout à fait comme les autres, épaulée par un célèbre profiler.
Maxime Chattam s'affirme de plus en plus, au fil des tomes, comme le chef de file du thriller à la française. Pas un défenseur acharné de l'intrigue avec des bérets et des baguettes dedans, je tiens tout de suite à rassurer nos amis américains, mais comme un véritable écrivain, qui sait allier une efficacité dans l'écriture avec des idées, un univers qui s'affirment au fil des romans.
J'ai dévoré ce roman, sur 95% de sa longueur. Pourtant sa construction, son sujet, la plupart des éléments qui le composent n'ont rien de spécialement original, mais la maîtrise est là, entre la découverte des différents meurtres, la psychologie des personnages, les processus techniques, juridiques et scientifiques utilisés par les enquêteurs. Ayant fait des études de criminologie, on peut supposer que l'auteur sait de quoi il parle.
Mais plutôt que de nous servir une histoire classique, où l'enquêteur s'en sort sans une égratignure, ou alors en extirpant les éclats de verre des pieds en rigolant, Chattam nous balance en plein milieu du bouquin un renversement de posture. Juste après, si j'ose dire, une scène qui vient un peu comme un cheveu (ou un poil pubien) sur la soupe, mais qui du coup justifie la suite. Le lecteur, du coup, doit s'adapter à cette nouvelle posture, une psychologie réellement différente. Et puis peu avant la fin, on est passé à deux doigts d'un autre bouleversement... Il n'y a que la fin qui m'ait un peu déplu, une sorte de deus ex machina qui permet à l'auteur de rattacher cet opus à d'autres de ses romans, ce procédé lui permettant de développer une théorie globale sur le crime. Pourquoi pas, mais je reste un peu sceptique quant à la légitimité de ce rattachement entre romans.
J'ai également apprécié le fait que ce soient des gendarmes (et non des policiers) qui soient mis en avant, comme c'est le cas dans 99% des histoires de ce type.
Un bon point -de plus- est le fait qu'on voyage pas mal dans ce roman ; du Val d'Oise au Lot-et-Garonne, en passant par la Pologne, l'Ecosse et le Québec, Chattam nous fait découvrir des lieux parfois fascinants et des pans d'Histoire méconnus, plaçant La Conjuration primitive un cran au-dessus du thriller de qualité.
Spooky