Le nom d'Herbert George Wells réveillera quelques échos chez certains d'entre vous. La Guerre des Mondes, L'Homme invisible, L'Ile du Dr Moreau, La Machine à explorer le temps... Autant de classiques de la science-fiction qui ont créé des éléments essentiels du genre. Même plus de 100 ans après son oeuvre reste d'une grande modernité et ne cesse d'étonner et d'inspirer. Au temps de de la comète est un roman plus tardif, écrit dans les premières années du XXème siècle, après que l'auteur ait amorcé un virage essentiel dans son oeuvre. En effet, même si l'aspect social (dans l'Homme invisible notamment) était déjà présent -souvent en filigrane- dans ses oeuvres les plus connues, ses écrits d'après 1900 se font plus politiques et didactiques. Celui-ci n'échappe pas à cette tendance.
Nous sommes donc en 1905. L'Angleterre connaît l'un des pires moments de son histoire, avec les grèves ouvrières et les tensions avec l'Allemagne. Concomitamment un évènement cosmique retient l'attention : une comète a fait son apparition dans le système solaire, et devrait frôler la Terre d'après les calculs des Astronomes. Le récit se concentre sur William Leadfeld, un jeune commis qui courtise une jeune femme de bonne famille depuis de nombreuses années. Mais un beau jour celle-ci s'enfuit avec un jeune aristocrate, ce qui provoque la fureur et des envies de meurtre chez le jeune homme, socialiste de surcroît. Ne voyez aucune malveillance dans la dernière partie de ma phrase, mais Wells place ce positionnement politique au coeur de son récit. C'est l'occasion de décrire l'état de décrépitude de l'Angleterre, tant au niveau social que politique, et de faire la promotion du marxisme, alors en pleine expansion en Europe. Sur le fond, ce n'est pas inintéressant, mais rapidement le discours politique lasse. Et puis on se demande ce que ça vient faire dans une histoire de comète...
[SPOILER]Eh bien figurez-vous que ce cher Willie pressentait un changement de grande ampleur avec la crise économique et sociale. Mais ce changement survint plus brutalement et de manière inattendue. Pendant que les flottes britannique et teutonne en décousent sur la Mer du Nord, que lui-même est sur le point de comettre l'irréparable grâce à une arme à feu payée avec ses derniers deniers, le vagabond céleste frôle l'atmosphère terrestre, et son passage modifie l'équilibre des gaz. Irrémédiablement. Transformant l'air en une sorte d'euphorisant. Ainsi, après un évanouissement planétaire, tous les êtres se réveillent débarrassés de toute idée noire, de toute envie de querelle, la colère disparaît complètement des sentiments possibles. Bien sûr, leur mémoire n'est pas effacée, ils se souviennent de leurs vies antérieures, mais n'ont aucune envie de s'y replonger. [/FIN SPOILER]
Ainsi donc, non seulement il n'y a plus d'élément fantastique ou science-fictionnesque (mise à part la comète, qui est plutôt une sorte d'image du marxisme), mais Wells nous propose là une utopie... N'étant pas trop à l'aise avec ces notions, je ne m'avancerai pas sur la validité de celle-ci, mais je dois dire qu'en tant que lecteur lambda je n'ai pas été enchanté par ma lecture, la balance social/action penchant énormément d'un côté.
Spooky.