Attention, curiosité ! Globalia, de Jean-Christophe Rufin, est un roman de science-fiction qui n'ose pas le dire. Comme Le Meilleur des Mondes et 1984 en leur temps. Il est d'ailleurs édité dans la collection "nrf" chez Gallimard, soit la collection grand public de l'éditeur. La jaquette supplémentaire (voir photo) n'est pas plus significative. Pourtant l'intrigue ne laisse aucun doute. Globalia est un super-Etat qui regroupe les anciens Etats les plus riches du monde (en gros, l'Europe élargie, l'Amérique du Nord et l'Australie), où la liberté est totale, donc nulle. Car comme dans tous les états totalitaires, la pensée a tendance à s'uniformiser. Le reste du monde est désigné sous le nom générique de non-zones, et malgré les apparences, il noue des liens étroits avec Globalia, où les dirigeants s'ennuient. Pour déjouer et démasquer d'éventuels ennemis intérieurs, ils mettent sur pied une grande machination. Au centre du complot, Kate et Baïkal, jeune couple aux envies d'ailleurs. Trouveront-ils le bonheur dans les non-zones ? Je vous le concède, ce n'est pas un scénario très original. Ce qui tranche, c'est la vitalité de l'écriture de Rufin -malgré quelques longueurs- et la justesse de sa connaissance de la géopolitique. Il est vrai que Rufin a été salué pour ses romans très portés sur l'humanitaire et l'aide aux nations déshéritées (L'Abyssin…). Son parcours et ses convictions trouvent ici une confluence certes inattendue, mais logique. Globalia, une histoire d'aventures et d'amour, comme le claironne la jaquette ? On peut le dire. Mais c'est aussi et surtout une nouvelle vision utopiste très cohérente.