Espagne, 1944. Carmen, enceinte de son second enfant, voyage dans les forêts pour rejoindre son second mari, le capitaine Vidal. Avec elle, la petite Ofelia, 11 ans, qui sympathise en cours de route avec un étrange insecte. Ofelia découvre la face cahée de son beau-père, un fasciste tyrannique et dénué de sentiments, simplement attaché à la vie de son fils à naître. Entre temps, la fillette suit le petit insecte dans les dépendances du moulin où se trouve le détachement de Vidal. Elle entre dans un labyrinthe de verdure et de pierre, au fond duquel se
cache un étrange personnage.
Guillermo del Toro a dit porter ce projet en lui depuis 20 ans. Ce n'est qu'avec le succès de Hellboy qu'il ne pourra le mener à bien. Au départ l'histoire que voulait porter le réalisateur à l'écran était bien différent : "Il y était question de la révolution espagnole et l'histoire parlait d'une jeune femme enceinte qui rejoignait son mari dans une maison restaurée par ce dernier. En visitant la demeure, la future mère découvrait un jardin en forme de labyrinthe, où elle croisait un satyre. Elle faisait l'amour avec la bête qui lui proposait de sacrifier son enfant pour que le labyrinthe puisse fleurir. Si la femme avait accepté, elle aurait vécu pour l'éternité aux côtés du satyre. Même si au final, des ressemblances demeurent, la nouvelle version du Labyrinthe de Pan est malgré tout très différente, mon côté sentimental ayant finalement pris le dessus."
La version finale d'El laberinto del fauno diffère en effet pas mal. D'abord l'héroïne est une pré-adolescente. Pas de relations contre nature du coup. Et le mari devient un militaire borné et diabolique, campé par l'excellent Sergi Lopez. Le détachement militaire est en effet harcelé par un groue de partisans communistes, qui a ses ramifications jusque dans le personnel de la ferme. Le film est l'occasion pour Del Toro de déployer une partie de son imaginaire, et notamment quelques créatures légendaires, comme un faune, un homme blanc "sans" yeux, et
des fées quelque peu originales. Les effets spéciaux sont impeccables, et le maquillage de Doug Jones, qui avait déjà été remarqué en Abe Sapien dans Hellboy, revêt encore une fois des costumes incroyables. La petite Ivana Baquero, qui joue Ofelia, est sans doute promise à un grand avenir, si elle ne subit pas la malédiction qui entoure les enfants ayant commencé dans des grands succès fantastiques.
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Le véritable monstre du film est en fait le fascisme, énorme pieuvre bouffie, avide de pouvoir, et difficile à abattre. Un fascisme entièrement incarné par Vidal, qui n'hésite pas à achever ses ennemis de 10 coups de revolver. Le Labyrinthe de Pan est un beau film, il bénéficie d'une magnifique photographie, et le bestiaire développé par le réalisateur est intéressant. Mais le film rate le statut de chef d'oeuvre à cause d'un certain manque de folie.
On ne profite pas vraiment du labyrinthe, par exemple. Del Toro est resté sage.