Soyons réaliste. Signes n’est pas le meilleur des trois derniers films de M. NIght Shyamalan. Loin de là. Après les fantômes de Sixième Sens et les super-héros d’Incassable, le petit prodige s’est ici attaqué aux extra-terrestres, autre thème-phare du cinéma fantastique. Sans oublier de réciter ses classiques (Spielberg et Hitchcock pour les plus visibles), la recette semble à présent éculée. Graham Hess est un ancien pasteur qui a perdu la foi à la suite de l’accident de voiture qui a couté la vie à sa femme. Un matin il trouve ses champs défigurés par d’étranges figures géométriques, les fameux crop-circles. Ce n’est que le début d’une menace folle. Avec son frère (interprété avec brio par Joaquin Phoenix, flamboyant dans Gladiator) et ses deux enfants, Morgan et Bo, il va se barricader dans sa cave.
Coups de théâtre, musique empruntée aux films de SF des années 1950, regards terrifiés, plages d’humour placées pour faire baisser la tension, Shyamalan connaît la chanson. En plus il est servi par un quatuor de comédiens (Mel Gibson en tête, en pasteur qui veut renier son ex-vocation) en parfaite adéquation avec le sujet. Alors, me direz-vous, si les ressorts marchent, si les comédiens et la musique sont au poil, qu’est-ce qui ne va pas ? L’accord entre tous ces éléments. Shyamalan joue encore le jeu des symboles chromatiques (observez les vêtements des personnages au fur et à mesure que la tension monte) et il y a toujours cette langueur, ce côté contemplatif, si propre au cinéma indien.
Mais la mayonnaise ne prend pas. La situation se décante alors qu’on ne comprend pas vraiment pourquoi, le réalisateur s’attribue un rôle-clef dans l’intrigue ; son jeu fait pâle figure à côté des vrais comédiens, et surtout, SURTOUT, la toute dernière scène (trop américaine, diront certains) assassine définitivement un film qui avait déjà du plomb dans l’aile.