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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films

LE SEIGNEUR DES MOIGNONS

Après La Communauté de l’Anneau, qui a posé un certain nombre de certitudes (Jackson sait faire de la fantasy, dompte les effets spéciaux, jongle avec 9 équipes simultanément, respecte l’oeuvre de Tolkien, les acteurs sont littéralement prodigieux dans leurs rôles respectifs...), il est peu de dire que l’on attendait beaucoup de ce second volet. Pour ceux qui connaissent les livres, ils savent qu’il est plus sombre, plus dur, qu’il comporte beaucoup de combats, en même temps que l’on assiste à la lente plongée de Frodo vers le côté obscur (ça ne vous rappelle rien ?). Les (rares) critiques disponibles avant la sortie mondiale du film, le 18 décembre laissaient entrevoir un long métrage aussi bon, sinon meilleur, que le premier. Votre serviteur vous dira qu’il est moins bon, et qu’il fallait s’y attendre. d’abord parce que l’intrigue est éclatée entre plusieurs fils narratifs divergents (navré pour ceux qui n’auraient pas vu le premier volet, mais la Communauté de l’Anneau s’est dispersée à la fin de celui-ci).

Ce qui entraîne une multiplicité des points de vue ; une structure entrelacée chère à Tolkien, et qui permet de suivre une quinzaine de personnages principaux. Ensuite parce que la matière du second livre est complexe, touffue, au point que Jackson a préféré déplacer vers le chapitre final un épisode-clé, celui de la rencontre de Frodo et Sam avec Arachne, afin de donner plus d’ampleur et d’espace a ce qui fait l’essentiel des Deux Tours, à savoir le début de la Guerre de l’Anneau. En effet, à l’heure où Frodo et Sam semblent s’égarer sur le chemin du Mordor, le Seigneur des Ténèbres, j’ai nommé Sauron, décide d’anéantir le royaume de Hommes, avec l’aide du sorcier Saroumane. Les Elfes de Fondcombe s’en vont par-delà les mers, sentant que leur temps est terminé. Le Roi du Rohan, Theoden, s’enfonce dans une apathie suicidaire sous l’influence de Grima Langue-de-Serpent (l’excellent Brad Dourif), sbire de Saroumane. Aragorn, Legolas et Gimli, lancés à la recherche de Merry et Pippin, désespèrent de les retrouver. Tout semble indiquer que le règne de Sauron est sur le point d’arriver. Pour connaître la suite, allez au cinéma... Si l’on reprend les acquis du début de cet article, on ne peut que les constater ; Jackson et son équipe font un travail formidable. Les challenges se situent sur d’autres points de l’intrigue : en particulier Gollum, la bataille du Gouffre de Helm et les Ents. Gollum, ancien Hobbit qui a été dépossédé de l’Anneau par Bilbo, l’oncle de Frodo, a été entièrement réalisé en images de synthèse à partir des mimiques et de la voix de l’acteur Andy Serkis. Il veut récupérer son “précieux”, en possession de Frodo ; celui-ci le capture et le persuade de le mener au Mordor. Le personnage, l’un des plus importants de l’histoire, est incroyablement réussi ; on oublie très vite qu’il s’agit d’une créature numérique pour se concentrer sur le dilemme qui ronge Gollum/Smeagol : sa nature bienveillante de Hobbit et son esprit corrompu par l’Anneau se disputent constamment. A noter, dans cette optique, une séquence particulièrement réussie, où les deux personnalités nous apparaissent presque simultanément, grâce à une différence d’angles de vue et d’éclairages. Champ/contre-champ : le B-A BA du cinéma.

Le “gros” morceau du film est sans conteste la bataille d’Helm’s Deep. Jackson a décidé de lui donner toute l’ampleur qu’elle doit avoir, en lui consacrant 45 minutes, soit presque un tiers du métrage ! Pas grand-chose à dire à son sujet, si ce n’est que le logiciel Massive, spécialement créé pour le film, a là encore accompli des prodiges. En effet, il permet de visualiser littéralement des dizaines de milliers de combattants ayant leur vie propre. La guerre est une saloperie, et Tolkien, qui a combattu pendant le premier conflit mondial, en a gardé de grandes rancunes envers la bêtise et la violence. La violence des combats est très graphique, on est parfois trop près de l’action ou des personnages, une réminiscence du passé “gore” du cinéaste peut-être... Au cours de leur fuite après avoir échappé aux Uruk-Haï, Merry et Pippin se retrouvent au sein de la forêt de Fangorn, peuplée d’être étranges... Ils y feront la connaissance de Sylvebarbe, mi-homme mi-arbre, représentant d’un peuple qui déteste être troublé par la guerre et le désordre. Pour ma part, j’attendais beaucoup de la vision de ces Ents à l’écran. Le résultat ne m’a pas enchanté, ni déçu, juste... désorienté. A la lecture du livre de Tolkien, je m’imaginais des troncs massifs, bien campés sur des branches épaisses ; je ne m’attendais pas à voir ces créatures fines, presque décharnées parfois. Mais la facilité, au niveau technique, aurait peut-être résidé, justement, dans des camouflages comme ceux des Romains dans certains albums d’Astérix. Et puis, allez dans le jardin, regardez votre arbre préféré, envisagez-le dans la hauteur : a-t’il l’air si trapu ?



Il faut savoir que Tolkien a truffé son ouvrage de références à son abhorration pour tout ce qui est industriel, usiné. Les Ents représentent la bienveillance de la nature, face à la destruction industrielle et hégémonique orchestrée par Saroumane... La caméra de Jackson est toujours aussi virtuose, sans toutefois donner de vertige (mis à part durant les combats, mais est-ce innocent ?), soutenue par une musique omniprésente, puissante, qui devient de plus en plus facile à identifier ; en effet, chaque intrigue possède son propre thème, le thème de Saroumane souligne l’avancée de ses troupes sur les remparts d’Helm’s Deep, par exemple. A multiplication des intrigues, apparition de nouveaux personnages, au premier rang desquels les deux précédents, Gollum et Sylvebarbe, particulièrement réussis. A la Cour du Roi Theoden (Bernard Hill l’incarne avec... noblesse, lui qui avait joué courageusement le Capitaine du Titanic de James Cameron), suzerain du Rohan, Aragorn rencontre sa nièce Eowyn (Miranda Otto), qui tombe amoureuse de lui. Le frère de cette dernière, Eomer (Karl Urban), conduit les Cavaliers du Rohan qui courent les champs à la recherche de quelques orcs à trucider. Au cours de leur périple vers le Mordor, Frodo et Sam, guidés par Gollum, tomberont sur Faramir (David Wenham), frère de Boromir et preux chevalier. Il est intéressant de remarquer que les sorciers et les Elfes (dont Saroumane, Sauron, Gandalf, Elrond et Arwen), sont nettement moins présents dans ce second épisode, ce qui n’est que justice car il s’agit d’une épopée guerrière. Parmi les anciens, on notera également le rôle essentiellement comique tenu par Gimli, qui déroutera certainement les fans de ce guerrier bourru. Mais là encore, cette digression de Jackson vis-à-vis du texte originel n’est pas innocente. Ces moments de pure comédie (dont une plaisanterie filée à propos du lancer de nains, d’un goût moyen) sont placés dans les moments de tension extrême, afin de désamorcer quelque peu l’excitation qui prend le spectateur au moment d’un épisode essentiel. On notera que ce rôle de “désamorceur” était tenu dans le premier film par Merry et Pippin, et qu’ici leurs rôles sont nullement comiques, leur positionnement est en train de changer et annonce leur transformation dans Le Retour du Roi. Frodo également change, on le sent de plus en plus absent des contingences matérielles, de la fureur qui peut se déchaîner autour de lui. Certaines de ses poses sont même carrément christiques, comme s’il n’appartenait déjà plus à ce monde en perdition... Au niveau de l’ambiance, le compositeur, Howard Shore, a sorti tout l’attirail wagnérien, normal pour un récit essentiellement guerrier inspiré des contes de tradition anglo-saxonne... On le voit, plusieurs niveaux de lecture se révèlent au fur et à mesure de la réflexion autour de ce second film.

Par manque de place, je ne peux que vous recommander deux excellents sites internet relatifs à l’oeuvre de Tolkien : www.numenoreen.com et surtout www.elbakin.com, mais également le très bon essai de Vincent Ferré (Sur les Rivages de la Terre du Milieu, Editions Pocket). Contrairement à la plupart des films fantastiques, la bande-annonce (qui donne par ailleurs le frisson), ne montre qu’une petite partie du film. Celui-ci vous réserve de nombreuses surprises. Au final, ce deuxième opus est d’une bonne qualité, peut-être supérieure à La Communauté de l’Anneau, peut-être équivalente, mais pour l’instant il est difficile de se prononcer vraiment, notamment en raison de son intrigue multiple. Une chose est sûre : les combats sont grandioses ! Le passé du réalisateur dans le domaine du gore plaide certes en sa faveur... Mieux vaut attendre l’ensemble des trois segments pour donner un avis définitif. Vivement Le Retour du Roi !

Spooky.

Spooky.
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P
<br /> <br /> Brad Dourif?? J'avais jamais fait attention, mais il joue dans vol au dessus d'un nid de coucou! Wouah!!que de beau figurants!!<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Eh oui !<br /> <br /> <br /> <br />

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