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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films

Personnellement, pour ma part, dans l'humble solitude de mon esprit partagé, bref, à mon avis : Panic room est soit très réussi, soit complètement raté. Et croyez-moi, je ne compte pas trancher ici. Je suis allée voir un certain film : l'histoire d'une jeune femme fraîchement divorcée et décidée à reprendre ses études, qui emménage avec sa fille dans une nouvelle maison, et qui dès la première nuit, doit affronter un trio de cambrioleurs. Je suis ressortie en ayant vu un autre film : l'anatomie d'une pièce hermétiquement close sous tous ses angles, y compris en coupe murale et en câbles téléphoniques. Surtout, n'en concluez pas que je n'ai pas aimé. Ce serait inexact, et, je pense, injuste pour le film. Retraçons brièvement le synopsis : une femme (Jodie Foster) et sa fille diabétique emménagent dans une immense maison sophistiquée et lugubre à la fois ; la caractéristique de cette demeure étant qu'elle a appartenu à un millionnaire paranoïaque, qui s'était bâti une "panic room". La panic room, sorte de chambre forte dont l'accès est impossible une fois la porte close de l'intérieur, contient matériel de survie, système d'alarme vidéo de la maison, ligne téléphonique vers l'extérieur.

Elle renferme aussi, tout le suspense du film est là, le trésor de l'ancien propriétaire. Ce que recherchent les cambrioleurs se trouve donc dans la panic room, où se sont réfugiées très logiquement l'héroïne et sa fille à leur intrusion. Questions : comment vont-ils rentrer ? Comment vont-elles sortir ? En théorie, ce sont bien ces deux interrogations qui motivent le scénario. Dans les faits, il faut le reconnaître, on se fiche un peu des différentes tentatives des personnages pour entrer ou sortir. L'histoire de cette femme et de sa fille rebelle n'intéresse pas David Fincher; sans doute l'héroïne manque-t-elle de cette fascinante fêlure qui dans tous ses précédents films, lui avait donné matière à exploiter son talent de mise en images. Que peut-il tirer des personnages tels qu'ils lui sont donnés ? Rien. Il se concentre alors sur la "panic room", multipliant les prouesses visuelles pour filmer toujours différemment le refuge devenu piège. Et des idées de mise en scène, D. Fincher en a. Peut-être un peu trop, finalement, pour le bien de son film : ce n'est pas un thriller, c'est un exercice de style (même si parfois, l'un n'empêche pas l'autre). J'applaudis à deux mains la performance du réalisateur, qui n'est responsable ni du manichéisme politiquement correct du scénario (revoilà le "bon nègre"), ni de la faiblesse des retournements de situation.



David Fincher a rempli son contrat, brillamment. Il nous donne à voir un film intéressant, un film qui sollicite l'esprit critique. Mais ce n'est en aucun cas un suspense. Combien peut-on ménager de coups de théâtre dans une histoire close sur elle-même à ce point-là ? Les seules circonstances où l'idée de la chambre close fonctionne, c'est dans les romans policiers à énigmes. Peut-être D. Fincher ne s'est-il pas réellement investi dans son film. Et peut-être Jodie Foster a-t-elle eu du mal à remplacer Nicole Kidman. Honnêtement, je crois que le suspense aurait été plus crédible avec cette dernière, quelque chose comme : la rousse évaporée face aux dangereux maniaques, ou plutôt un truc du genre "je suis belle et féminine, mais je suis une femme des années 2000, vous ne m'aurez pas comme ça". Plus sérieusement, je reste persuadée que le type de personnage induit par la présence purement physique et éminemment évocatrice de Nicole Kidman aurait apporté un plus au film. Jodie Foster est cependant très bien : tendue et réceptive à la fois, affolée et déterminée, bref, un concentré de ce qui fait Jodie Foster dans ses meilleurs rôles. Il manque juste un soupçon d'âme à son interprétation. Sa sensibilité se distille sur la longueur, au fil de petites touches très fines, et dans ce film, elle n'a tout simplement pas le temps d'"incarner" le personnage, de l'habiter. Alors elle joue bien, C'est sûr, comme un stradivarius pourrait produire un beau son même manié par un violoniste débutant. Mais lorsqu'on dispose d'un tel instrument, on prend le temps d'y réfléchir, et on se demande s'il n'est pas capable, à lui seul, de faire naître l'émotion que l'on désire. Je ne suis pas convaincue que D. Fincher aime les acteurs. Je crois par contre qu'il adore raconter des histoires, et que la mécanique très linéaire de "Panic room" est à l'opposé de sa manière de penser. Il n'y a pas de message caché dans ce film, rien d'autre qu'un défi. L'imagination technique du réalisateur ne peut s'appuyer sur aucun biais scénaristique pour s'exprimer. Davantage d'espace réservé à Jodie Foster, un personnage moins caricatural pour Forrest Whitaker, auraient sans doute changé la donne. Dans l'état actuel des choses, D. Fincher a réussi un film froid, qui tourne à vide mais qui tourne magnifiquement, et dans lequel éclate son talent incontestable. S'il est passé à côté d'une réalisation de genre, il a marqué le film de son empreinte ; au vu du scénario, on peut trouver ça plutôt audacieux de sa part. Au vu des acteurs qu'il avait à sa disposition, on peut lui reprocher un certain manque d'ambition. Plus difficile de manier des personnalités comme J. Foster ou F. Whitaker qu'un Brad Pitt, sans doute ! Mais le résultat est de toute manière intéressant, ce qui n'est déjà pas si mal, et il a réussi un beau portrait de pré-adolescente. C'est donc un film à conseiller.
Bérengère
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